Louna est revenue de New York légèrement... changée. La jeune femme, ayant prit conscience de beaucoup de choses, a pas mal évolué en deux semaines et a changé l'ordre de ses priorités. Alors que le doute sur sa famille l'envahissait jusqu'alors, il n'en est désormais plus rien et c'est avec sérénité qu'elle aborde son retour au Haras.
Surtout qu'elle ne va pas manquer de travail ! Entre le débourrage de Caraanu à terminé et l'entraînement de son piquet à commencer il y a pas mal de choses à faire. Sans parler du travail avec Lovely Alibi qui risque d'être long et fastidieux. En gros, la demoiselle ne risque pas de s'ennuyer avec tout ça !
« Attention. »
Un bruit sourd d'un sabot frappant la paroi de son box. Un couinement équin.
« Attention !! »
Cette fois c'est des dents qui claquent et un hennissement plus conséquent.
« J'ai vu Louna !! »
Il n'avait pas voulu que la demoiselle se risque à entrer dans le box de l'appaloosa seule. Il s'était donc porté volontaire pour entrer et lui enfiler une muselière pour chevaux. Chose acrobatique et sportive. Maintenant qu'elle était en pleine forme, Lovely Alibi était une furie à elle toute seule. Un ouragan. Il fallait redoubler d'agilité pour éviter ses dents et ses sabots. Et c'est avec peine et tout de même une morsure qu'Izikel lui enfila la muselière, attacha une longe au licol et sortit du box pour souffler un peu.
« Pourquoi tu l'as choisi déjà ? » « Pour son potentiel. » « Personne ne t'avais dit que c'était un monstre ? » « Ils allaient l'envoyer à la boucherie ! » « Et tu compte acheter tout les chevaux qui vont aller à la boucherie ? »
Cette fois la demoiselle ne répondit rien. Elle se contenta de regarder le bras rougit du garçon alors qu'il partait vers la sellerie. Dans son box, la jument se déchaînait, vraisemblablement mécontente de son sort. Heureusement, elle n'avait pas de voisins, mais cela n'empêcha pas Caraanu Pi de répondre par un long hennissement plaintif. Louna n'y répondit pas, elle gardait le regard fixe sur la jument tâcheté. Elle était belle pourtant. Qu'est-ce qui n'avait pas marcher durant son débourrage ? Elle l'ignorait. Certains disaient une main trop dure. D'autre une mauvaise volonté équine. Les avis divergeaient trop pour se fixer vraiment. Et puis, la demoiselle voulait voir de ses propres yeux.
Au bout de quelques minutes, la jument se calma un peu. La demoiselle s'approcha de la porte et la rouvrit. Aussitôt, l'appaloosa se mit au fond de son box, oreilles plaquées en arrière et dents en avant. Mais cette fois, aucun risque de morsure. Elle s'approcha doucement de la jument en levant un peu la main. La jument jeta la tête sur elle mais quand elle vit qu'elle ne pouvait pas mordre, elle se replia sur elle-même, au fond du box. Quand Louna ne fut plus qu'à quelques centimètres, prête à poser la main sur son encolure, elle prit peur, se plaquant contre la paroi du box, se levant sur ses postérieurs.
« Lààà... Chuuuut... Lovely... Là... »
Dans une lenteur et une douceur infinie, la demoiselle leva la main pour la poser sur l'encolure de la jument et la caresser. Elle était tellement tendu qu'elle en tremblait. Louna ne cessait de lui parler doucement pour tenter de la calmer un maximum. Il lui fallu de très longues minutes pour arriver à ce que la jument se détende un peu et cesse de trembler. Elle caressait seulement son encolure mais c'était déjà un bon pas en avant. Avec toujours autant de calme, elle attrapa la longe et fit un pas vers la sortie. Lovely hésita un certain temps puis avança d'un pas en suivant Louna. Elles firent ensuite un second pas et ainsi de suite jusqu'à arriver dans l'allée. Avec calme, la demoiselle attacha la jument par les longes d'attaches de chaque côté du licol et se tourna vers Izikel, assit sur un ballot de paille.
« Et voilà... Tu m'aide pour le pansage ? » « J'ai quand même fait le plus dur ! "Et voilà..." Pfff... Ouai vas-y, donne moi un cure pied. »
La demoiselle n'attendit pas plus et lui donna l'objet demandé. Depuis qu'ils étaient revenu de New York, elle trouvait le jeune homme un peu changé. Il était un peu plus piquant avec le monde. Peut-être à cause de la tristesse qui teintait encore son moral ? En attendant, elle le trouvait plus acerbe et cynique. Surtout avec elle. Mais il continuait de l'aider quand elle lui demandait et il restait un ami malgré tout, alors elle n'allait pas plus loin. Elle avait toujours peur de la confrontation avec lui. Elle ne voulait pas la provoquer. Pourtant, elle n'était pas comme ça. Elle savait qu'avec Liam, Kwaïgon, Ezra, Myriam ou même Lou, si elle sentait que quelque chose n'allait pas, elle se planterait devant eux et le leur demanderait. Mais pas avec Izikel... Et elle ne savait pas vraiment pourquoi...
De son côté elle attrapa une étrille et entama le pansage de la jument. Celle-ci sursautait un peu quand on posait la main sur elle, mais elle restait plutôt sage dans l'ensemble. Elle avait seulement tenté de tuer Izikel une fois avec ses postérieurs. Ce qui était une évolution en soi. La demoiselle passa au bouchon alors que le moniteur s'occupait de ses crins, quand Liam entra dans l'élevage, un sourire aux lèvres.
« Ah ! Louna ! Je te cherchais justement ! »
Il s'approcha pour lui faire la bise et fit de même avec Izikel.
« Ça va Walig ? » « On fait aller... »
Ce qui signifiait qu'il n'était pas dans un bon jour. Liam se contenta d'hocher la tête avec un air compréhensif et se tourna vers Louna en souriant de nouveau.
« Ça va ? » « Très bien ! Et tu as l'air rayonnant ! Une bonne nouvelle ? »
Le trentenaire baissa un instant les yeux en glissant les mains dans les poches de son bermuda.
« Une très bonne. » « Quoi donc ? » « Je suis pas venu pour ça ! » « On s'en fout de ça ! » « Mais oui aller dis !! »
Tous les regards étaient sur lui. Il sourit timidement et releva la tête fièrement.
« Je vais être papa... Myriam est enceinte... »
La réaction ne se fit pas attendre. Louna serra son bouchon contre elle en ouvrant de grands yeux, avant de sautiller sur place et d'aller jusqu'à Liam pour l'enlacer. Sans regarder, elle tendit une main vers Izikel en faisant un moulinet du poignet pour le faire venir. Il les rejoignit d'un pas un peu las mais entoura finalement les deux éleveurs de ses bras. Ils restèrent ainsi une longue minutes. Caraanu Pi les regardait avec curiosité. Lovely attendait avec crainte de savoir ce qui allait sortir de ce rassemblement. Les autres n'en avait que faire. Quand ils se décolèrent les uns des autres, Liam avait les yeux brillants de larmes. Izikel en rit, avant de reprendre son démêlage de crins.
« C'est cool ça ! En tout cas, si tu commences à pleurer maintenant, j'ose même pas imaginer ce que se sera le jour de la naissance du petit ! »
L'éleveur rit en s'essuyant les yeux.
« C'est vrai... »
Il croisa le regard de Louna qui le regardait avec tendresse, en serrant son bouchon entre ses mains, devant sa poitrine. Elle ne pu s'empêcher un grand sourire.
« C'est génial même ! Toi qui en rêvait... Félicitations !!! »
Elle le prit une fois encore dans ses bras avant de venir caresser Lovely, par surplus d'amour maternel. Liam se remettait doucement de ses émotions et se remettait les idées en place, même si ce n'était pas si simple.
« Bon... Du coup, je venais pour le cours collectif de cet après midi... Pour la distribution des chevaux. » « Oui ! Tu as prévu quoi ? » « Aujourd'hui c'est détente et ballade. On en profitera pour faire un peu de trotting et un sprint ou deux pour remettre les chevaux dedans. » « C'est pas mal ! Tu pensais distribuer comment ? » « Alors, je voulais faire : Ezra et Priam, Kwaïgon et Nakache, Lou et son cheval, Izikel et Kira ou Rainbow, toi et Caraanu, et moi avec Kira ou Call... » « Call n'est pas blessé ? » « Si toujours... » « Pourquoi tu ne prends pas Priam ? Ezra avec Kira, il la connait bien maintenant il la montait tout le temps quand vous n'étiez pas là et je prendrais Rainbow... » « Moi ça me va. » « Pareil. » « Alors on se retrouve à quinze heures à la carrière près de la plage ! » « Ok à toute ! »
L'éleveur leur adressa un signe de la main et quitta l'élevage. Un joli programme pour une reprise en douceur. Les deux cavaliers terminèrent leur pansage en silence et Louna fini par détacher la jument pour l'emmener au dehors. Elle n'avait pas beaucoup de chemin à faire et comptait seulement la mettre au pré pour qu'elle bouge un peu. Izikel l'accompagna pour encadrer la jument et même si leur trajet se passa sans secousse, il préférait être là.
La jument parti de suite en sentant la muselière quitter sa tête. Elle lança quelques ruades avant de faire le tour du paddock au galop. Quelques arrêts glissés et des demi tour pour mieux repartir et la voilà qui ruait encore dans tous les sens. Les deux cavaliers restèrent un moment à l'observer avant de reprendre le chemin de l'élevage.
« Merci de m'avoir aidé Izikel. »
Le jeune homme la considéra un instant avant de hocher de la tête.
« De rien. On se voit plus tard. »
Louna hocha la tête, la gorge un peu nouée par ce ton sans expression. Oui, Izikel allait vraiment mal. Elle ne l'avait jamais vu aussi bas... Elle le regarda partir un instant et entra de nouveau dans son élevage. Il faudrait régler cette histoire à un moment ou à un autre de toute façon...
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« Nara ! Tro-tter ! »
La jument pie parti au trot sans attendre. En place grace au gogue, appliquée au bout de sa longue. Elle tournait depuis dix minutes maintenant et la demoiselle ne comptait pas prolongé trop la séance. Elle voulait seulement faire une reprise de travail douce, bien que la jument serait bientôt au vert du fait de sa gestation.
« Et Galop ! »
La jument prit le galop sous la demande de sa propriétaire. Sage et à l'écoute. Elle était belle tout de même. Louna sourit en la voyant tourné au bout de sa longe. Après ce poulain, elle la mettrait sans doute à la retraite. Il y avait de la relève qui prendrait la main. Kira d'une part, et Lovely une fois que celle-ci serait mieux dans sa tête.
Doucement, la pie ralenti en prenant le trot puis le pas. Elle baissait la tête de temps à autre en soupirant. La demoiselle la laissa aller à sa guise. Elle avait assez travailler pour aujourd'hui... Et puis, Louna ne voulait pas trop forcer. Elle avait bien mérité une retraite avancée et tranquille.
« Nara, a-rrê-ter. »
La jument ne tarda pas à s'immobiliser sur la piste et attendre en mâchant son mors, avec une grande patience. Elle était prête à continuer, malgré la sueur qui tâchait sa robe tricolore. Pour Louna, elle était prête à faire n'importe quoi de toute façon. La demoiselle sourit de nouveau en roulant sa longe pour se rapprocher de la jument. Elle défit l’enrênement et l'entraîna au dehors pour prendre le chemin de l'élevage. Désormais, c'était soins pour la douce pie !
La douche était un réel délice pour Nara, qui se laissait faire en regardant le pré au loin. Elle savait que de toute façon, elle finirait là-bas après la douche. Elle passait tout ses après-midi au pré. Il fallait profiter du beau temps en même temps. Louna termina de lui égoutter les membres avec une serviette et se releva. Elle était fin prête. Après une dernière papouille, elle prit le chemin du pré avec Nara sur les talons.
Plus que trois chevaux dans la journée, et la demoiselle aura fait le tour de l'élevage... Mais avant ; le premier cours collectif de l'équipe...
L'insouciance les animait. L'air chaud de Californie les enveloppait tendrement, leur donnant cette nette impression qu'ici, ils étaient en sécurité et que rien ne pouvait leur arriver. Ils étaient au sommet de leur art, forts et ivres de vie. Le fou rire qui secouait Louna, Liam et Lou-khyan se communiqua vite aux deux arrivants, Ezra et Kwaïgon. La journée s'annonçait belle. Ils comptaient partir en ballade tous ensemble. Myriam venait tout juste avec un panier garni, quand une ombre arriva derrière eux...
Une bourrasque de vent frais traversa l'allée en même temps que le rire cristallin de Louna cessait, alors que son regard se posait sur le visage perdu d'Izikel. Le jeune homme commençait à remonter la pente, à rire à nouveau. Il remontait à cheval et était partant pour cette virée improvisée. Mais son visage portait la marque d'une tristesse profonde et d'une détresse infinie. Son regard d'acier tomba dans celui de Louna et ils se fixèrent, immobiles. Le temps fut suspendu à ce moment, et alors que les rires se turent et que les regards convergèrent vers l'irlandais, un nuage passa sur le soleil éclatant, plongeant l'allée dans l'ombre...
“ Le Haras va fermer ses portes... ”
Sa phrase n'avait été qu'un murmure. Son souffle, bien que saccadé à cause du sprint qu'il venait de faire, était retenu. Il serra les dents et le montant de la porte en baissant finalement le regard, cachant ainsi la larme qui perlait sur sa joue. Pour sa part, il ne savait pas où aller. Sans le Haras, il était à la rue. Et tous le savait. C'était la même chose pour Kwaïgon d'ailleurs. Le coréen avait le regard dur, mais son visage ne portait aucune autre expression. Il s'était refermé comme une huître, attendant que l'ouragan passe.
Ezra retint un juron alors que Lou-khyan se laissait glisser le long du mur, dépitée. Le métisse retint sa main alors qu'elle frappait une porte de bois. Myriam regardait désespérément Liam, qui fixait Louna dans une conversation silencieuse. Il remuait un peu les lèvres et elle gardait le regard sur lui, acquiesçant d'un clignement. Finalement, le doyen de l'équipe brisa le silence, annonçant qu'il allait tâcher d'en savoir plus. La ballade était loin. Et l'insouciance n'était plus.
Rien n'est éternel. Toute chose a une fin. Mais ils ne s'attendaient pas à ce que leurs vies prennent un si rapide tournant. Et ils ne voulaient qu'une chose : que le cauchemar cesse...
La demoiselle regardait par le hublot, avec une certaine mélancolie. Quitter Full Horse n'était finalement pas une mince affaire. Refaire les cartons et les malles, ils en avaient l'habitude désormais, mais se dire qu'ils ne reviendraient peut-être plus, c'était ça le plus dur. Ils faisait le voyage en plusieurs morceaux. Les malles avec le matériel des chevaux avaient été envoyé en tant que gros colis, passer en fret sur une compagnie aérienne. Quand aux chevaux, ils étaient dispatchés entre les membres de l'équipe.
Louna et Liam faisaient le voyage les premiers. Liam avait avec lui Orcanta, Call et Dom. Louna quand à elle partait avec Priam et Caraanu Pi. Ils allaient rejoindre le domaine de Peter, en Normandie. Le garçon avait accepté de les accueillir pour une durée encore indéterminée. Liam avait trouvé des bungallow près d'une plage. A cette période de l'année, ils étaient tous vides. Ils avaient prit trois bungallows qu'ils louaient et se partageaient. Louna en avait un avec Lou-Khyan, mais elle avait la possibilité d'accueillir Enzo. Liam et Myriam en avait un autre, tandis que Kwaïgon, Ezra et Izikel se partageaient le dernier.
L'organisation n'avait pas été si difficile que cela à mettre en place. Ils voyageaient avec deux jours d'intervalle chacun. Louna et Liam installeraient tout le monde et il ne resterait plus que les derniers chevaux et les valises. Le reste serait déjà en place. Non, ce qui avait été le plus difficile, cela avait été de quitter le Haras en lui-même...
Liam tourna la tête vers Louna. Ils en étaient à leur seconde heure de vol sur les onze qu'ils avaient à parcourir et la jeune femme ne dormait toujours pas, contrairement à la majorité des passagers. Le vol se faisant de nuit, c'était plus facile ainsi. Il posa avec délicatesse la main sur son bras, ce qui fit pivoté la tête de la petite blonde. Elle avait les yeux humides mais sans expression. Le trentenaire soupira et se tortilla sur son siège pour l'embrasser sur le front.
“ Tu le reverra. Maintenant dors, tu vas arriver en miettes sinon. ”
La demoiselle hocha de la tête et referma le volet du hublot alors que Liam éteignait les écrans et les liseuses...
***
“ Vas-y ! Encore !! T'es plus très loin ! STOP ! ”
La lourde caisse de transport de Call, le dernier à débarquer, toucha le sol non sans un peu de bruit. Le cheval à l'intérieur, muselé et solidement attacher, avait les oreilles couchées en arrière et regardait le monde avec la folle envie de le dévorer tout cru. Il n'avait jamais vraiment aimé les voyages... Liam soupira et s'avança pour récupérer son cheval. Ils avaient ensuite cinq cent mètres à faire pour rejoindre un parking avec le camion de Peter qui les attendait. Louna était parti un peu devant et tenait tant bien que mal les quatre autres chevaux du voyage.
“ Et voilà monsieur ! ” “ Merci ! ”
L'éleveur attrapa la longe que lui tendait l'homme et entraîna Call à sa suite avant que ce dernier ne donne un coup de sabot ou de nez à quelqu'un. Il rejoignit Louna sans peine, si on omettait l'étalon de cinq cent kilo qui gigotait la tête dans tous les sens au bout de sa longe pour montrer qu'il n'était clairement pas content.
“ Il est loin le camion ? ” “ Sur le parking là-bas, de l'autre côté du bâtiment. ”
La demoiselle pointa du menton le bâtiment qu'ils avaient derrière eux. La seule façon d'en faire le tour c'était de le contourner et donc de passer devant tous les hangars à avion, ouverts. Le tout avec seulement quatre mains et cinq longes en tout. Liam soupira et attrapa la longe d'Orcanta. Il enroula cette de Dom autour de son encolure et s'agenouilla auprès du poney. Ce dernier pointa ses petites oreilles sur lui avec intérêt. Il avait été sage durant tout le vol et se tenait tranquille comme s'il était au beau milieu d'un vaste pré.
“ Dom, tu me suis d'accord ? C'est pas le moment de te perdre ! Aller, on y va. ”
Louna sourit et passa devant avec Priam qui tremblait comme une feuille et Caraanu Pi qui regardait autour de lui en ne sachant pas s'il devait être impressionné ou non. La seule chose qui permettait aux deux étalons d'avancer c'était la voix douce de leur propriétaire, qui leur parlait sans arrêt. Et le calme olympien d'Orcanta et Dom. D'ailleurs, le poney ne se fit pas prier, et une fois Louna parti, il suivit au petit trot le trio de devant. Liam se mit en route avec Call et Orcanta.
Cependant, il avait été fou de penser que Dom serait obéissant s'il le prévenait comme un enfant. Aussitôt la porte du premier hangar ouvert, Dom tourna la tête vers l'ouverture béante et même s'il continuait dans le même petit trot, à priori dans le même sens, il fut irrémédiablement attiré à l'intérieur du hangar... Liam le suivit un instant du regard avant de le siffler. Le poney revint de lui même sur ses pas, trottinant joyeusement -c'est que les autres chevaux et les cavaliers pressait le pas et lui avec ses petites jambes, était obligé de trotter pour garder le rythme.
Au second hangar, le poney récidiva. Cette fois, le sifflement de Liam ne fit rien. L'éleveur se planta sur ses pieds et hurla d'une voix forte résonnant dans le hangar.
“ DOM VIENS ICI ! TOUT DE SUITE ! ”
Tous les chevaux alentours sursautèrent, même Orcanta. Dom eu un sursaut et entama la courbe de retour vers le groupe. Louna, surprise, comprit vite la situation quand elle vit le poney allonger le trot pour la rejoindre. Elle sourit de nouveau et reprit la marche en avant. Le reste de la traversée des hangars se fit sans encombre. La frayeur qu'avait eu Dom lui avait suffit pour rester sage. Ils arrivèrent au camion tous entier. Même Priam et Call s'étaient calmés sous le cri de Liam. Peter les accueilli avec un grand sourire, et ils embarquèrent tous dans le camion...
***
Le domaine O'Dell n'était pas aussi grand et aussi luxueux que Full Horse. Cependant, il y avait tout le confort dont on pouvait avoir besoin. Une grande carrière, un manège assez grand pour travailler une dizaine de chevaux sans se gêner, un rond de longe couvert et une grande écurie, comportant une quarantaine de box, plusieurs pré et un grand espace de pansage, avec solarium. Le domaine comportait deux selleries, dont la plus petite avait été vidée rien que pour eux. Leurs malles de matériel chevaux attendaient déjà à l'intérieur, bien alignées autour de la pièce. Dix box avaient été dégagés pour eux. Dom passerait son temps en pré, ou avec Cara, quand à Lovely Alibi, elle avait un enclos rien que pour elle dans une partie d'un petit paddock. [nota : à ce moment là de l'histoire, il n'y a pas Arès, et Bill est déjà sur place vous verrez pourquoi plus tard.] Peter avait tout fait pour qu'ils se sentent chez eux. Trois voitures hybrides de location les attendaient pour qu'ils puissent rejoindre sans mal les bungallows, à une vingtaine de minutes de route de là. Ils ne pouvaient pas demander mieux en attendant de trouver une solution à tous leurs problèmes...
Les chevaux étaient installés et Liam raccrochait tout juste d'avec Myriam quand Louna entra dans le salon du bungallow de Liam. Ils avaient décidé de partager le même cette nuit là, en attendant d'aller chercher Myriam et Lou-Khyan le surlendemain. Surtout qu'ils étaient revenu tard du domaine et que la demoiselle ne voulait pas s'isoler pour cette première nuit sur le sol français. Le trentenaire soupira en se laissant tomber dans le canapé moelleux qui faisait face à la cheminée. Louna le rejoignit, se blottissant contre son épaule. Ils restèrent un instant silencieux et immobiles, jusqu'à ce que Louna brise le silence.
“ Alors ? Tous le monde va bien ? ” “ Oui ça va... Les filles partiront avec Nara, Kira, Unfor et Great... Il ne restera plus que Nakache et Lovely Alibi. ” “ Ça va... Les quatre premiers voyagent bien. ” “ Oui ! Et ils sont sages surtout... ”
De nouveau le silence tomba sur eux. Ils étaient presque apaisé, chacun dans leurs pensées. Mais cette fois, c'est Liam qui brisa le silence.
“ Il faut qu'on dorme Louna... Les prochains jours ne vont pas être simple. ” “ Je sais... ” “ On se voit demain pour le petit dej' ! On reparlera à tête froide. Bonne nuit petite puce ! ”
L'éleveur se leva et déposa un baiser sur le front de la blondinette avant de partir vers sa chambre. Louna le suivit du regard jusqu'à ce que la porte se referme. Il avait raison. Trop d'émotions et trop de choses à faire... Il vaudrait mieux qu'elle se repose elle aussi...
To be continued...
159 Lignes Merci pour la correction !!!
Dernière édition par Oror le Jeu 9 Jan - 9:37, édité 1 fois
Toute l'équipe s'est finalement bien installée en Normandie, à l'écurie de propriétaire que tient Peter, une amie de Louna. L'anglais expatrié en France se fait un plaisir d'accueillir tout le monde et leur laisse libre accès à toutes ses infrastructures, faisait son possible pour que toute l'équipe et les chevaux se sentent le plus à l'aise possible.
Tout le monde est donc arriver sain et sauf en Normandie après la fermeture brutale du Haras nomade et les sourires sont revenus sur les visages. Chacun s'est bien adapté au changement, et même si tous ne se considèrent pas chez eux et attendent avec impatience la réouverture du Haras -dont ils ignorent encore la date. Ils ont rencontrés celui qui va être leur nouveau coach de saut, Logan et prenne aussi ce temps pour reprendre l'entraînement des chevaux, de façon à revenir plus forts et prêts pour les compétitions à FH.
Après avoir eu un cours de saut le matin même avec Logan et avoir déjeuner avec l'équipe -sauf Liam et Myriam- Louna décide de se pencher sur Lovely Alibi en ce début d'après-midi d'un radieux automne français...
La demoiselle, au centre du rond de longe, agitait son stick derrière la jument appaloosa pour qu'elle galope. Elle ne voulait pas faire de séance d'éthologie au sens strict, mais simplement la voir bouger et la faire bouger. Même si elle vivait en paddock, elle ne bougeait pas beaucoup. Accouder à la barrière, Izikel regardait la demoiselle faire. La seule fois où il avait tenter de s'occuper de la jument, il en était ressorti avec des morsures. Il laissait donc désormais Louna faire, puisque la jument ne l'aimait pas. En fait, cette jument n'aimait pas les hommes. Il n'avait donc aucune chance avec elle... Peut-être plus tard, quand Louna aura gagner sa confiance. Mais pour l'instant, il la laissait faire.
La demoiselle donna un nouveau claquement de langue et la jument reprit le galop. Elle avait de bonnes allures, dommage qu'elle ne se laisse pas approcher. Au bout de quelques tours, la demoiselle fit changer la jument de sens et la fit repartir au galop. La jument le fit de bonne grâce. Tant que la cavalière restait à bonne distance d'elle, elle ne bronchait pas. Louna arrivait à l'approcher, dans de grands moments de bonté de la part de la tacheté, mais c'était encore rare. Le pansage était une chose encore trop compliqué pour qu'il soit fait tous les jours. La jument était donc couverte de poussière et de boue. Mais pour l'instant, la cavalière ne voulait pas l'embêter plus que cela.
Louna cessa de la solliciter et la laissa ralentir d'elle-même. La jument baissa le nez et prit un petit trot léger et calme. En évitant soigneusement la cavalière bien sûr. Cette dernière rejoignit Izikel, déposant sa chambrière à côté de la porte. Elle s'appuya sur la barrière en soupirant. Ils restèrent ainsi un moment à observer la jument, et enfin, Izikel brisa le silence.
“ Elle est belle quand même. Elle a une belle action. ” “ Ouai... Dommage qu'elle soit aussi sauvage... ” “ Ça va venir... Je suis certain qu'à force tu pourras l'approcher. ” “ J'espère... Tu m'aide à la remettre dans son paddock ? ” “ Ouep ! ”
Le jeune homme sourit. Depuis qu'ils avaient quittés le Haras, il s'entendait un peu mieux avec Louna. Leur relation avait souvent été en dent de scie en ce moment mais les choses avaient l'air de se calmer un peu maintenant. Ce qui était plutôt une bonne chose. Le cavalier fit tranquillement le tour du rond de longe pour fermer le couloir qu'ils avaient mit en place pour faire aller la jument du paddock au rond de longe. Louna traversa le rond pour ouvrir la porte et pousser la jument dans le couloir. Elle n'eut pas besoin d'en faire beaucoup, l'appaloosa fila d'elle-même au galop et Izikel referma la porte du paddock derrière elle.
“ Bon ben c'est pas trop dur. ” “ Plus facile que de la faire entrer dans le rond en tout cas ! ” “ C'est certain... ” “ Tu veux un café ? ” “ Pourquoi pas ! ”
Louna lui sourit tendrement et prit le chemin du club-house avec l'irlandais. Finalement, la journée commençait à être longue et elle avait bien avancé. Entre le cours de saut du matin, et les soins de Nara en début d'après midi et maintenant Lovely Alibi, ça lui faisait une bonne journée. Arrivée au club-house, la demoiselle se laissa tomber dans un canapé et laissa Izikel préparer le café. Il ne tarda pas à revenir avec deux tasses pleines qu'il déposa sur la table basse devant le canapé. Il s'assit dans un fauteuil en face de la demoiselle et sourit.
“ Merci ! ”
Un court silence s'installa entre eux, mais il n'était pas lourd pour autant. Juste un de ces silences qui permettent de réfléchir et sont appréciables. Finalement, c'est Izikel qui reprit la parole, de sa voix douce.
“ Tu as vu les rumeurs sur la ré-ouverture du Haras ? ” “ Oui ! Mais ils ne donnent pas le nom du nouveau repreneur... ” “ C'est vrai... ” “ Mais se serait top ! ” “ A qui le dis-tu ! J'espère que c'est vrai et pas seulement une rumeur... ” “ Toi qui avais des doutes ! Finalement tu es partant alors ? ”
La demoiselle sourit, malicieuse. Izikel était celui qui avait été le moins enthousiaste pour l'équipe. Louna l'avait obligé à prendre part au projet et finalement, il y allait de bon coeur. L'irlandais n'était pas méchant au fond, il avait seulement eu une période un peu compliqué à vivre. Mais maintenant qu'il reprenait pied, tout rentrait dans l'ordre. Le jeune homme sourit en retour un peu timidement.
“ Oui... ” “ Cool ! ” “ Alors, quand est-ce que tu vas voir Enzo ? ”
Il avait sourit, même si c'était un peu forcé. La demoiselle savait que les choses n'étaient pas encore évidentes entre les deux hommes, mais elle faisait avec. Et Izikel prenait sur lui pour rester courtois en la présence de Louna et en cela, elle lui était reconnaissante.
“ Je pars dans deux jours. J'y vais quelques jours, mais je ne sais pas encore combien de temps exactement... ” “ C'est cool ! Tu veux que j'essaie de bouger un peu Lovely pendant ton absence ? ” “ Tu peux essayer. Mais si vraiment elle te fais la vie dure, laisse tomber. Elle est en paddock alors elle peut quand même bouger. ” “ C'est vrai... Mais bon, j'essayerais quand même. ” “ Merci... ”
La demoiselle sourit avant de plonger de nouveau le nez dans son café. Elle était bien là, avec le jeune homme pour seule compagnie. Mais ils ne tardèrent pas à être rejoint. La porte du club-house s'ouvrit sur Ezra, qui avait l'air inquiet.
“ Hey ! ” “ Hey !! ”
Le jeune homme s'approcha d'eux. Il était un peu essoufflé et de plus près, semblait plus inquiet encore. Izikel se leva instinctivement et l'interrogea du regard.
“ Est-ce que vous avez vu Liam récemment ? ”
Les deux jeunes gens échangèrent un regard.
“ Pas depuis la fin du cours de saut de ce matin. ” “ Je l'ai vu partir avec Myriam après le déjeuner... Il devait travailler Call je crois. ” “ Justement, Myriam m'a appelé. Il se sont disputé en rentrant et Liam est parti. Elle ne l'a plus revu depuis... ”
Louna eut un pincement au coeur. Liam, disparu ?
“ Elle sait où est-ce qu'il est parti ? ” “ Non... ” “ Mais il a prit la voiture ? ” “ Je ne sais pas... ” “ Elle t'a dit pourquoi ils s'étaient disputés ? ” “ Non. ”
Le métisse soupira. Il ne savait absolument pas quoi faire. Louna quand à elle soupira et leva les yeux au ciel en réfléchissant. Où pouvait-il bien être ? C'était un mystère...
“ Bon... Allons chez eux, il faut en savoir plus quand même. ”
Les hommes acquiescèrent et ils sortirent du club-house pour aller jusqu'au parking. Direction, le bungalow des Dufour-Mathers...
***
Entre les mains d'Ezra, la voiture ne mit pas très longtemps à atteindre le bungalow. Non sans effets sur Izikel mais il s'en sortait sans rendre son déjeuner. Il sorti de la voiture la main sur la bouche. De l'autre côté, qui courait déjà vers la porte, Louna et Ezra allaient parfaitement bien. Ils trouvèrent Myriam a faire les cent pas dans le salon, les joues rougies par les larmes.
“ Vous l'avez trouvé ? ” “ Non... ” “ A propos de quoi vous vous êtes disputé ? ” “ Je... euh... A propos de l'équipe... ” “ Et il est parti par où ? ” “ Là... Par là... ”
La demoiselle désigna la baie vitrée, encore hésitante. Louna croisa le regard d'Ezra alors que Walig passait enfin la porte, un peu pâle.
“ Je vais voir dehors... ” “ J'ai déjà été jusqu'à la plage ! ” “ Je vais voir. Et vous vous restez là. ” “ Ok. ”
Izikel lui fit un geste entendu de la main et s'effondra sur le canapé. Louna ne tarda pas et prit le chemin de la plage en passant par l'arrière du bungalow.
Un vent faible soufflait sur la plage, mais à première vu, il n'y avait personne. Louna regarda à droite et à gauche. À droite, la plage et une forêt, mais à gauche, une colline surplombait l'océan, dessinant quelques falaises escarpées. C'est dans cette direction que parti la jeune femme. La marée était descendante et le temps qu'elle atteigne la petite falaise, elle se serait un peu retirée. Myriam n'avait pas du voir ce détail là mais pour la demoiselle, Liam avait du aller s'enfermer dans une crique ou un truc du style. En tout cas, connaissant Liam, se serait bien son style...
La jeune femme mit vingt bonnes minutes a atteindre la falaise. Les bras croisés sur sa poitrine, pour retenir son cardigan du vent. En arrivant le long de la colline, elle repéra un escarpement qui contournait un pic. Les vagues venaient encore se briser dessus. Elle serait sans doute un peu mouillée. Elle soupira et remonta le bas de son jean jusqu'à ses genoux.
“ C'est parti... ”
Elle posa le pied sur l'escarpement glissant, en se tenant à la paroi de ses mains. Elle fit un pas, puis deux, et...
“ Louna !! ”
La demoiselle se retourna juste à temps alors qu'une vague venait s'écraser à ses pieds, l'éclaboussant allègrement. Liam, pied nu, son jean remonté jusqu'à ses genoux, son polo voletant dans le vent, était sur la plage, à quelques pas d'elle. La jeune femme le fusilla du regard et le rejoignit en quelques pas.
“ Enfin Liam ! Où t'étais ?! On est tous mort d'inquiétude ! ” “ J'étais par là... ” “ Ça fait deux heures que t'es parti ! ” “ Arrêtes de me crier dessus ! Tu vas pas t'y mettre toi aussi ! ” “ Désolée... ”
L'éleveur soupira et la considéra un instant, le regard lui aussi désolé. Louna était soulagé de l'avoir retrouvé mais ne comprenait pas bien ce qu'il s'était passé. Elle chercha la réponse dans son regard, mais en vain. Il avait les traits tirés et fatigués et semblait infiniment las. Comme si le pire problème du monde lui tombait dessus et qu'il devait trouver une solution tout seul.
“ Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Je ne comprends rien... ”
L'éleveur soupira, levant un instant les chaussures qu'il tenait à la main. Il soupira fortement et baissa les yeux en se frottant le front de sa main libre. Finalement, il croisa le regard de Louna.
“ On s'est disputé avec Myriam. C'est tout. ” “ Oh je t'en prie ! Il n'y a pas que ça ! ”
Le trentenaire soupira encore, cherchant visiblement ses mots. La demoiselle pour sa part avait de nouveau croisé ses bras et commençait à avoir un peu froid avec le vent qui soufflait sur la plage. L'océan s'agitait de plus en plus derrière eux et le ciel se voilait peu à peu. Il y aurait sans doute un orage dans la nuit.
“ Liam... J'aimerais comprendre... ” “ Je sais... Moi aussi j'aimerais comprendre... ” “ Bon aller viens. J'ai froid... Rentrons. ”
L'éleveur acquiesça et suivit la demoiselle, bien que de mauvaise grâces. Sur le chemin, la demoiselle envoya un message à Ezra. Elle avait retrouvé Liam et ils se dirigeait vers le bungalow de la blondinette. De toute façon, avec la marche qu'elle avait faite, elle était plus près du sien que de celui de l'éleveur. Ils restèrent silencieux tout au long du trajet et ce n'est que lorsque la demoiselle referma la porte de sa maison qu'elle reprit la parole. Elle indiqua le canapé à Liam et s'installa dans un fauteuil à côté de lui.
“ Bon aller... Allumes mes lumières, que je comprenne un peu ce qu'il se passe... ”
Le brun eut un sourire, en se laissant tomber sur le canapé. Il fini par prendre une grande inspiration et garder le regard fixé sur la cheminée devant lui.
“ Myriam a... Des doutes. Elle... Elle ne sais pas si... Pfff... Si elle veut retourner à Full Horse ou pas. ” “ Elle t'as expliqué pourquoi ? ” “ Oui... Elle ne veut pas que notre enfant soit élevé au Haras. ” “ Ah... ”
Liam acquiesça sans rien dire et soupira de nouveau. Que dire de plus ? A vrai dire, il ne savait pas vraiment. Louna chercha ses mots un instant avant de reprendre le fil de la conversation.
“ C'est... C'est légitime. ” “ Tu trouves ? ” “ Je... Je trouve seulement qu'elle n'a pas tord dans le sens où, avec un enfant en bas âge, c'est dur de suivre une école nomade et de déménager tous les trois mois. ” “ Mais y'a des gens qui le font... Y'a pleins de gosses dans cette école... Et regarde l'ex de ton Enzo... Elle a eu une gamine au Haras et elle y arrivait très bien. ” “ Je n'ai pas dit que c'était impossible. J'ai dis que ça lui paraissait sans doute très compliqué. Et elle n'a pas tout à fait tord, c'est une organisation particulière à avoir. ” “ Mais c'est possible... ” “ Bien sûr que c'est possible mais si tu reste aussi buté Liam, vous n'irez pas très loin. ”
L'éleveur soupira de nouveau en croisant le regard de la demoiselle. Elle n'avait pas tord dans un sens. Myriam était très inquiète quand à leur avenir et sa grossesse n'arrangeait en rien les choses.
“ Je sais... ” “ Elle flippe, c'est tout. ” “ Alors qu'est-ce que je dois faire ? ” “ La rassurer. Tu dois la rassurer et lui montrer que c'est possible. ” “ Je vois mal comment. ” “ Ça, c'est à toi de voir. C'est toi qui la connaît le mieux quand même. ” “ Ouai... Mais c'est compliqué... ” “ Je n'ai pas dit que ça allait être simple. ”
L'éleveur soupira de nouveau et acquiesça. Ils restèrent un moment silencieux, chacun réfléchissant à ce qui s'était déjà dit et à la situation. Liam cherchait sans doute une solution, alors que Louna pensait à sa moitié, de l'autre côté de l'Atlantique.
“ Elle a... Elle a aussi remit en cause l'équipe. ” “ Comment ça ? ” “ Elle dit que je passe trop de temps avec les chevaux et pas assez avec elle... ” “ Tu pense qu'elle a tord ? ” “ Je ne sais pas... Mais je ne peux pas laisser les chevaux seuls ! C'est quand même les miens et je dois m'en occuper. ” “ Certes... Mais tu ne pense pas qu'en organisant ton temps différemment tu pourrais passer plus de temps avec elle ? ” “ Si sans doute... ” “ Liam, je sais que tu as l'habitude de garder beaucoup de sentiments pour toi. Mais avec elle, tu dois t'ouvrir un peu. Combien de fois tu lui as dit que tu l'aimais ? Qu'est-ce que tu fais, chaque jour, pour la convaincre que tu tiens à elle ? Si elle réagit comme ça, c'est parce qu'elle est morte d'inquiétude et qu'elle ne sait pas ce qu'il va se passer une fois qu'elle aura accoucher. Elle a besoin de toi, tout simplement... De ton soutien et de ton amour... Tu comprends ce que je veux dire ? ” “ Je crois... ”
Ils échangèrent un regard sans que le demoiselle ne sache s'il avait comprit ce qu'elle voulait dire.
“ Mais... Tu crois que je devrais abandonner l'équipe ? Prendre une maison à la campagne et... ” “ Stop ! Arrêtes toi là ! Qu'est-ce que tu veux toi ? ” “ Je veux monter cette équipe de compétition, retourner à Full Horse et avoir cet enfant. Mais je ne veux pas la perdre. ” “ Tu dois lui parlé Liam. Mais aussi lui prouver que tu tiens à elle. ” “ Je sais... ”
Il soupira de nouveau, le regard un peu perdu mais plus calme que lorsque la demoiselle l'avait trouvé. C'était déjà un bon point. Louna fini par soupirer elle aussi et vint se mettre à côté de l'éleveur sur le canapé. Elle s'enfouit dans ses bras, restant là un moment.
“ Merci... ” “ Pas de quoi. Maintenant, tu vas me faire le plaisir de rentrer chez toi et de prendre ta journée de demain pour la passer avec ta fiancée. ” “ D'accord. ” “ Aller ouste ! Je veux plus te voir chez moi ! ”
Le trentenaire sourit et déposa un baiser sur le front de la demoiselle. Un coup de fil et quelques trente minutes plus tard, Liam était de nouveau chez lui et Kwaïgon passait déposé Lou-Khyan, en échange des deux irlandais qui venait posé la voiture de Louna. Drôle de trafic mais plus ou moins efficace.
Désormais, la demoiselle ne voulait plus qu'une chose, un bon repas chaud et son lit...
L'équipe est au complet et bien arrivée en Alaska après un voyage sans péripétie notable. Les chevaux commencent a être habitués aux changements de pays et il n'y a que Call qui continu de faire des ravages parmi les membres d'équipages de leurs avions. Une petite inquiétude a planer un instant sur les deux juments gestantes, proches de leurs termes, mais elles ont voyager toutes les deux sereinement.
L'équipe est désormais installée à Anchorage et mis à part le temps qui leur complique les choses, le calme et la paix domine entre les rangs. Ils n'attendent plus que l'arrivée de tous leurs poulains avec impatience, en particuliers les deux éleveurs et Kwaïgon, qui s'inquiète peut-être plus que les autres de la tempête...
Caïpirigna regardait sa maîtresse avec une curieuse expression. Elle avait l'air d'hésiter entre la prendre pour une proie et lui sauter dessus, ou quémander des caresses. Finalement, elle du choisir la seconde option car elle se mit à ronronner en fermant subitement les yeux de contentement, en restant toujours assise et la tête en l'air, orienté vers Louna. La lynx avait un comportement étrange ces temps-ci qui ne plaisait guère à sa maîtresse. L'éleveuse avait l'impression que le jeune félin était sans arrêt sur ses gardes... Comme si elle voyait des fantômes mais encore plus qu'avant. Ses quart d'heure de folies étaient certes moins nombreux mais elle dormait aussi bien moins et souvent, la jeune femme trouvait la lynx assise sur le rebord de sa fenêtre en pleine nuit. C'est Izikel qui avait hérité d'elle pour la nuit et elle trouvait quand même le moyen de s'échapper et se poster devant la fenêtre souvent volets ouverts de Louna. S'en était perturbant. D'ailleurs, elle se demandait aussi comment un animal avec d'aussi grosses pattes arrivait à être aussi agile, silencieux, et à tenir sur un aussi petit rebord de fenêtre sans tomber à la renverse. Caïpi avait donc de quoi encore étonner sa maîtresse...
La demoiselle sourit et se pencha en avant pour caresser la douce tête du petit félin, qui ne resta pas pour autant très longtemps. Elle avait tout de même une conception du câlin bien à elle, et quelques caresses suffisaient à la contenter. Elle s'en fut donc toute guillerette alors que Louna rejoignait Liam et Izikel dans le club-house. Il était presque minuit et elle venait échanger son tour de garde avec l'un des garçons. Les deux juments, Nara et Orcanta, avaient toutes les deux montrer des signes de mise-bas imminente plus tôt dans la journée et pour ne prendre aucun risque, ils avaient mit en place des gardes d'une heure toute la nuit. Ils ne voulaient en aucun cas rater les naissances ! Pour que se soit plus pratique, ils avaient mit les deux juments dans l'élevage de Louna et un peu à l'écart des autres, en ajoutant un ballot de paille à chaque box. Elles étaient donc parer pour l'événement !
La demoiselle entra vite dans le club-house. Le Haras était désert et entre la neige qui tombait en continu, le vent glaçant et le froid poignant, il ne faisait pas bon de rester dehors trop longtemps. Dans la grande salle commune, Liam avait allumé un feu et rapprocher les deux canapé de l'âtre. Izikel avait ramener des couvertures et des thermos de chocolat et café chauds. Eux aussi étaient parés pour la nuit ! Il leur fallait bien ça de toute façon. Louna avait effectué le premier tour de garde qui était un peu plus long que les autres, et maintenant c'était à Izikel. Dès qu'elle entra, le jeune homme enfila sa doudoune et fila à petite foulées jusqu'à l'élevage. Louna vit du coin de l'oeil Caïpi qui le rattrapait en bondissant au dessus des tas de neige, ce qui la fit sourire. Leur comportement à eux cette nuit-là devait la surprendre à elle aussi. La demoiselle referma la porte rapidement et se retourna vers Liam.
“ Il fait affreusement froid... Vivement que la tempête se termine ! ” “ A qui le dis-tu ! Impossible de travailler dehors dans ces conditions... Et je t'explique pas l'état de Dom... Il pleure à chaque fois qu'on passe devant un pré... ”
Dom Pérignon, le petit cheval miniature de Liam avait passé la plus grande majorité de sa vie au pré et il vivait très mal de devoir être enfermé dedans. Malgré que Liam le sorte tous les jours en paddock dégagé, il se débattait comme un beau diable à chaque fois qu'il passait à proximité d'un pré. Ce qui arrivait tous les jours sur le chemin des paddocks, au retour comme à l'aller.
“ Pourquoi tu ne lui reprend pas une couverture intégrale ? Tu lui mettrais juste le matin et tu le ferais passer seulement la nuit à l'intérieur... ” “ Pour qu'il la perde une nouvelle fois ? ” “ Je sais que sa spécialité est de se déshabiller dès que tu as le dos tourné mais il serait moins malheureux... ”
Le trentenaire soupira et haussa des épaules. Certes, la demoiselle avait raison et il le savait, mais il avait déjà perdu trois couvertures dans les prés enneigés de la Norvège sans pouvoir les retrouver. Il hésitait donc fortement à investir une nouvelle fois.
“ Et puis cette fois on lui achète des sangles de remorque pour qu'il ne la perde pas, sa couverture ! ”
Elle sourit tout en se laissant tomber dans un canapé tout en attrapant un thermos estampiller "chocolat". Liam ne tarda pas à la rejoindre, en prenant un son talkie walkie dans la main.
“ C'est vrai... Et puis ce n'est pas comme si je ne pouvais pas me le permettre... ” “ Je suis certaine qu'il te sera reconnaissant ! ”
Liam sourit, alors que la demoiselle portait le thermos à ses lèvres. Le silence s'installa doucement entre eux alors qu'ils fixaient le feu crépiter dans l'âtre. Ils étaient bien là, emmitouflés dans leurs couvertures avec leurs thermos. Si bien qu'ils en auraient presque oublié pourquoi ils étaient là. Mais la voix d'Izikel crépita bientôt dans la talkie, chuchotant.
“ Hey le club ! Faut rappliquer de suite sinon vous aller tout louper ! ”
Liam sauta sur ses pieds le premier et répondit à Izikel avant de vite enfiler son blouson.
“ On arrive ! ”
Ni une ni deux, ils filaient dehors en courant dans la neige, des lampes de poches braquées devant eux. Heureusement que le club-house n'était pas loin des élevages ! ils entrèrent tout doucement dans l'allée de Louna pour ne pas perturbé les juments et se penchèrent chacun sur une porte. Izikel était du côté de Nara, alors que Caïpi, perchée sur une poutre, était au dessus d'Orcanta.
Les deux juments étaient sur les flancs et le travail était bien avancé. Chez Nara, la tête du poulain ne tarda pas à pointer et le reste du corps suivit très vite. Aussitôt, la jument pie replia des longues jambes sous elle et se plia en deux pour venir sentir et lécher le tout jeune poulain, taché comme elle. Louna en était émerveillée. Elle n'osait plus dire un mot et se contentait d'observer avec admiration. C'était déjà la seconde naissance de son élevage mais elle était autant émerveillée que la première fois. Nara était décidément une poulinière formidable.
De l'autre côté de l'allée, Liam poussa un "oh !" d'étonnement et les deux jeunes spectateurs de Nara ne purent que se retourner.
“ Qu'est-ce qu'il se passe ? ” “ Je pense qu'il est isabelle pearl... Je ne m'y attendait pas... ” “ Et c'est une demoiselle ou un petit mec ? ” “ Ça je ne sais pas... ”
Louna quitta un instant des yeux Nara pour venir admirer le nouvel arrivant de Liam. Encore tout tremblant sur ses frêles antérieurs, le poulain se laissait lécher à grands coups de langues de sa mère, qui était déjà relevée. Ils passèrent le reste de la nuit à naviguer d'un box à l'autre pour surveillé les juments et leurs tout jeunes poulains. Deux mâles, un noir tobiano et un isabelle pearl. Chuwbaka pour l'un et Sinok pour l'autre, selon les voeux de leurs heureux propriétaires...
Ce n'est qu'au petit matin, lorsque Kwaïgon et Ezra vinrent prendre le relais que le trio infernal consenti à aller prendre un peu de repos. À leur réveil ils auraient de toute façon un tas de paperasse à faire !
Ça y est, les poulains sont arrivés ! Les naissances tant attendues des élevages est enfin là. Mais avec toute l'animation qu'à provoquer ces arrivées, sans compter celle de Prisme, le poulain orphelin, la demoiselle en a quelque peu délaisser son premier poulain qui a désormais bien grandi, Caraanu Pi.
Alors que le reste de l'équipe a une journée off, la demoiselle en profite pour grimper en selle et remettre son jeune crème dans un esprit de travail. Logan, sensible à l'évolution du couple, vient épauler la demoiselle dans sa séance...
Les flocons tombaient sans arrêt depuis maintenant quelques jours. Chaque jour au petit matin, des chenilles dégageaient les allées et les accès aux espaces de travail couverts. Les chevaux étaient gardés au chaud, à l'exception d'un irréductible qui creusait des tunnels avec le bout de son nez pour atteindre le fond de son pré. Le petit Dom s'en donnait à coeur joie et avait l'air ravi que chaque matin, la neige soit revenu recouvrir ses traces de la veilles. Liam avait cédé, et avait acheté une couverture d'extérieur au poney. Il ajoutait dessous une polaire et attachait le tout avec trois sangles de remorque qu'il avait ajusté au diamètre du poney. Il n'avait pour l'instant pas réussi à ôter tout son attirail, même si il essayait.
La demoiselle se glissa en douceur hors de son lit, sans réveiller son cher et tendre et s'empara de la salle de bain. Il était encore très tôt mais Logan lui avait proposer de prendre le manège à six heures pour éviter de rencontrer trop de monde. Liam, qui était tout de même un lève tôt, avait refusé de se lever aussi tôt. Il avait même décidé de prendre sa journée pour rester avec Myriam, laissant à Izikel le soin de s'occuper de ses protégés. Mais le jeune éthologue ne prendrait ses fonctions que quelques heures plus tard, à un moment plus décent de la matinée. Ainsi, c'est sur les coups de quatre heure trente que la demoiselle quitta la salle de bain pour rejoindre les cuisines du Haras. Il n'y avait personne à cette heure-ci, ce qui était plutôt logique. Les gros obus de café du matin n'avaient même pas commencé leur manège pour servir la quelque centaine de cavalier du Haras. La jeune femme se fit donc un café grâce à la petite machine individuelle et se servit en tartine. Elle ajouta une bûche dans l'immense cheminée qui faisait face au réfectoire et raviva le feu. Elle s'installa alors devant, déplaçant une chaise pour pouvoir appuyé ses pieds contre le rebord du foyer.
Son regard se perdit un instant dans le feu, vaquant à ses pensées. Elle buvait son café à petites lampées, sans vraiment faire attention à ce qui l'entourait. Derrière elle, les frigos et congélateurs ronronnaient doucement. La grosse pendule, au dessus de la porte principale, tic-taquait de façon régulière. La bûche craquait dans les flammes devant elle et le feu murmurait tendrement, suintant parfois à cause de l'humidité du bois. Elle s'entendait boire son café et mastiquer ses tartines. Puis... Un léger chuintement. Comme le frottement d'une chaussure sur le pied d'une chaise en bois. La demoiselle tourna la tête, attentive, mais du coin de l'oeil, elle ne vit rien. Elle resta un instant immobile ainsi, à l'écoute. Mais seul le craquement du bois lui répondit. Soupirant, elle refit face au feu pour terminer son déjeuner...
L'allée était calme. Un peu trop ? Plus que dans la journée simplement. La demoiselle s'avança doucement dans son élevage et jeta un oeil à chacun de ses pensionnaires. Nakache somnolait au fond de son box. Kira, en face de lui, était couchée de tout son long. Elle releva la tête pour regarder la demoiselle mais se recoucha en soupirant, visiblement pas prête à travailler. Priam mangeait tranquillement la paille qui tapissait son box. Bill somnolait gardant jalousement entre ses antérieurs un bouchon rose fluo. Dans le dernier box, Nara grignotait son foin alors que Prisme et Chuwbaka étaient allongés de tout leurs longs, l'un à côté de l'autre. La demoiselle sourit à cette image mais ne s'attarda pas. Elle devait préparer Cara. Le crème lui était debout dans son box et attendait visiblement la demoiselle. À chaque fois qu'elle entrait dans l'écurie il était à sa porte et attendait qu'elle vienne le saluer. Après, si elle ne restait pas, il repartait à sa paille ou son foin. Mais il mettait un point d'honneur à ce qu'ils se saluent au moins une fois par jour. La jeune femme sourit et approcha doucement du grand crème pour lui caresser toute la tête.
“ Oui mon grand ! C'est pour toi que je viens ! ”
Le jeune entier ronfla des naseaux pour accueillir la demoiselle et recula pour lui laisser de la place.
“ Attends, je vais chercher tes affaires. ”
Avec un sourire, elle se dirigea vers la sellerie. Ses boots noires claquaient doucement sur le sol dallé de l'écurie, mais sans pour autant résonner. Elle attrapa tout le harnachement du cheval dans la sellerie et fit un nouvel aller retour pour prendre son seau de pansage, les protections et un couvre-rein. Elle s'attela ensuite au pansage du crème, lui enlevant sa couverture avant tout. Grâce à cette dernière il gardait d'ailleurs une robe impeccable. Le débarrasser de ses saletés ne prit pas très longtemps à la demoiselle. Elle eu d'ailleurs aussi vite fait de le seller et lui mettre son filet. Elle jeta le couvre rein sur son dos avant de l'attacher rapidement et fini par enfiler ses gants et mettre sa bombe. Un rapide coup d'oeil à sa montre lui indiqua même qu'elle avait quelques minutes d'avance. Parfait !
Malgré son avance, Logan était déjà là quand elle entra dans le manège silencieux, sur les coups de six heures. Il avait enlevé son manteau et perché sur un chandelier, laissant voir le pull bleu chiné qu'il portait. En bas, il avait toujours une culotte d'équitation noire et des bottes de la même teinte, souvent poussiéreuses. Au pied d'un chandelier qui formerait avec un autre les pilier d'un futur vertical, il y avait Legolas, couché, le nez entre les pattes avant. Il remua de la queue quand il vit Louna mais ne releva pas pour autant le nez. Logan lui, s'affairait à monter une ligne de triple sur un quart de longueur.
“ Salut ! ”
Le jeune homme lâcha sa barre qui émit un bruit sourd en rencontrant le sable et leva les yeux vers la cavalière. Un sourire doux se dessina sur son visage alors qu'il lui répondait, les yeux pétillants d'une joie communicative.
“ Salut ! En forme ? ” “ En forme ! Et toi ? ” “ Toujours moi ! ”
Il sourit en faisant demi tour pour aller chercher une autre barre dans la réserve. Louna le suivit des yeux, en laissant son crème marcher, rênes longues. Elle aimait beaucoup Logan et comprenais sans soucis ce qui avait poussé Liam à placer en lui toute sa confiance. Il était toujours d'humeur égale et malgré sa timidité, il arrivait toujours à leur redonner le sourire. C'est ce qu'elle appréciait sans doute le plus chez lui...
Tranquillement, elle remonta petit à petit sur ses rênes pour chercher le contact avec Cara. Elle savait que l'étalon avait une bouche sensible et n'aimait pas vraiment le contact. Elle se devait donc de toujours le monter avec des pincettes et une main très légère. Elle marcha longuement à travers tout le manège avant de prendre le trot. Logan peaufinait ses installations avec l'oeil averti du moniteur. Après une bonne détente au trot qui se passa sans encombres, la demoiselle prit le galop. Cara était frais comme un gardon et s'en donna à coeur joie, partant un peu vite lorsque la demoiselle lui demanda le galop. Mais la cavalière se garda bien de resserrer son emprise sur les rênes et les rendit au cheval, les laissant filer. Étonné, le crème ralenti de lui même jusqu'à ce que la demoiselle ajuste de nouveau ses rênes. Elle passa quelques barres au sol en chemin et changea de main, avant de finalement reprendre le pas et rejoindre Logan, au centre du manège.
“ Il a l'air bien aujourd'hui ! ” “ Il l'est ! En pleine forme ! Alors dis moi, quel est le programme du jour ? ” “ Alors, aujourd'hui, on va travailler sur les trajectoires. Donc avec de faibles hauteurs, mais en obligeant le loulou a passer bien au milieu et lever les pieds. Et le tout sur un enchaînement de quatre sauts dont un triple et un isolé. Ça te paraît bien ? ” “ Ça me paraît nickel ! ” “ Alors c'est parti, au trot ou au galop, comme tu veux. L'isolé d'abord, cercle devant le triple puis le triple. Pour l'instant ce ne sont que des croix partout. ”
La demoiselle reprit doucement ses rênes et demanda le pas à l'étalon. Cara s'exécuta sans poser de problème. Pour le mettre bien en jambe, la demoiselle commença par un cercle devant l'obstacle isolé, avant de se diriger dessus, bien au milieu. Elle garda ses jambes au contact à l'abord mais toucha peu aux rênes, pour ne pas gêner le crème. Il pointa ses fines oreilles en avant, le nez en l'air, quand il vit l'obstacle et accéléra un peu l'allure, sans pour autant prendre le galop. Mais la jeune femme le laissa faire. Il fit un gros saut au dessus de la barre qui déstabilisa un peu la demoiselle mais elle reprit vite son équilibre. Elle fit le cercle comme demander devant le triple, incurvant bien le cheval, avant de le diriger vers la première croix du triple. Cara accéléra de nouveau mais cette fois, il fit un saut relativement normal, se concentrant rapidement sur les deux barres qui suivaient. Deux foulées, la seconde croix, puis une foulée et la dernière. Le tout se passa sans aucune hésitation de la part du crème, qui se contenta de ronfler des naseaux à la réception du dernier. Dès que la demoiselle lui rendit les rênes, il ne mit au pas et baissa le nez jusqu'au sol.
“ C'est bien pour un début ! Parfait même. Après, je ne pense pas qu'il ai vraiment besoin d'aide pour lever les jambes, mais je vais quand même mettre les V. Ton travail à toi va être de vraiment le centrer sur les barres. D'accord ? ” “ Oui M'sieur ! ”
Ils échangèrent un sourire alors que Logan plaçait des verticaux partout, plaçant à chacun un couloir de barre en V qui arrivait au milieu des barres. [hj : comme ça] Une fois toutes les barres en place, la demoiselle prit le galop et dirigea l'étalon sur le vertical isolé. De nouveau Cara pointa les oreilles bien en avant et paru hésiter un peu face au nouveau dispositif. Mais un appel de langue rassurant de la cavalière termina de le convaincre. Il passa le vertical en laissant une bonne marge mais la demoiselle s'y attendait et suivit bien le mouvement.
“ Laisse - lui un peu plus de rênes sur le triple, qu'il se gère un peu tout seul. ”
La demoiselle acquiesça sans répondre. Elle fit son cercle et mit le crème sur la ligne du quart. Il chargea un peu le vertical d'entrée et de suite, Logan réagit.
“ STOP !! De suite !! ”
Surprise, la demoiselle reprit fortement ses rênes et le crème se stoppa devant le vertical, renâclant un peu.
“ Fais le reculer, donne des petits à - coups dans les rênes sans être violente ni brute. ”
La demoiselle s'exécuta et aussitôt l'étalon recula. Quand il fut à trois foulées, le jeune homme leva la main pour stoppé la jeune femme, qui réajusta ses rênes en interrogeant le moniteur du regard.
“ Interdiction de charger. Maintenant, dès que tu te sens prête, tu le lance sur le vertical, sans élan de plus. Il le sautera, il est pas très haut. Mais pour qu'il comprenne que ce qu'il a fait, ce n'était pas ce que tu lui voulais. ” “ Ok. ”
La demoiselle attendit un instant et talonna le crème en relâchant ses doigts des rênes. Aussitôt l'étalon prit le trot et fit un effort pour se projeter au dessus de la barre, deux foulées plus loin. Il prit automatiquement le galop ensuite mais la demoiselle le laissa faire. Quand elle eut terminé, elle se remit sur un cercle.
“ Reviens de suite. ”
Sans repasser aux allures inférieurs, elle remit l'étalon sur la ligne du milieu. Cette fois, il n'accéléra pas, ayant bien comprit la chose. La demoiselle s'appliquait sur ses trajectoires, soignant ses lignes droites et ses cercles. Le triple se passa aussi sans encombre du début à la fin et finalement, la jeune femme reprit le pas et rendit les rênes à l'étalon. Logan monta un peu les barres et vint doucement vers la demoiselle.
“ Ça va ? ” “ Très bien. ” “ Bon. Il faut surtout pas qu'il prenne de mauvaises habitudes et s'il recommence, n'hésite pas à le stopper net. On va recommencer, avec un poil plus de hauteur. Rien de bien méchant hein. On est à soixante centimètres sur l'isolé pour finir à un mètre à la sortie du triple. ” “ Ok ! C'est parti ! ”
Le demoiselle reprit donc le galop et se dirigea vers l'obstacle isolé. Elle mit le cheval bien au centre, regardant déjà au loin pour la suite de son tracé. Cara se laissa faire, suivant toutes les indications de sa cavalière. Il avait bien comprit qu'il ne fallait pas charger les barres et sautait juste ce qu'il fallait, n'en touchant aucune. Il avait une grande volonté de bien faire et cela se ressentait dans son travail.
“ C'est bien ça ! Parfait même pour ce dernier passage. Tu peux lui rendre les rênes. Je vais installer un rond pour travailler un peu sa souplesse et on le laissera là-dessus je pense. ” “ Ça me va ! ”
La séance n'était certes pas terminée mais elle n'avait pas durer une heure. Cependant, la demoiselle préférait cela plutôt qu'une séance trop longue et improductive. Elle caressa fortement le jeune entier et le laissa marcher librement dans le manège. Pendant ce temps là, Logan rangeait quelques une des barres et des chandelier pour installer une marguerite avec des plots dans un coin du manège.
Quand elle sentit le crème détendu, la demoiselle le remit au trot, cherchant un contact moelleux avec la bouche du cheval. Dès qu'elle l'obtint, elle vint sur le dispositif en incurvant l'entier. Plus elle rapprochait le cercle, plus l'entier devait lever les pieds. Elle fit quelques tours en variant la taille du cercle avant de changer de main et de faire la même chose. Après cela, elle marcha longuement le jeune entier, en recherchant une extension d'encolure maximum. Logan rangea les dernières barres et rappela Légolas à lui. Le berger australien n'avait pas bouger de toute la séance.
“ On se voit plus tard ? ” “ Pas de soucis ! Merci Logan ! ” “ Avec plaisir ! ”
Ils échangèrent un sourire et les deux "L" sortirent, laissant la porte ouverte pour la demoiselle. Au dehors, les flocons tombaient toujours, donnant une visibilité très réduite sur le paysage. La jeune femme soupira avant de caresser de nouveau son entier. Il avait bien travailler pour une séance aussi matinale ! Le couple marchait tranquillement, mais peu à peu, le silence se faisait un peu lourd. La neige empêchait le bruit de se propager, ce qui donnait une ambiance particulière au Haras. Cara dû le ressentir car il se stoppa et releva le nez en regardant au dehors. Il ronfla des naseaux, comme s'il était inquiet et piétina le sable lourd du manège. Aussitôt, la demoiselle se pencha sur son encolure pour le caresser. Il eu un sursaut au contact de la main de sa cavalière.
“ Là ! C'est juste moi... Bon aller, on rentre. Moi aussi ça me donne des frissons cette ambiance... ”
Ni une ni deux, elle se dirigea vers la porte et l'étalon ne se fit pas prier. Il n'avait pas l'air de vouloir rester là lui non plus...
De retour à l'écurie, la demoiselle pu découvrir qu'il y avait un peu d'animation. Les chevaux étaient presque tous bien réveiller et mangeaient leurs rations goulûment. La jeune femme s'occupa du pansage de son entier avant de jeter un oeil aux poulains. Prisme n'était pas là. Orion avait dû venir le chercher pour un biberon. En attendant, Chuwbaka était pendu aux mamelles de sa mère. La demoiselle sourit mais n'entra pas dans le box, ne voulant pas déranger le jeune poulain dans son repas. Elle fit un dernier tour des écuries avant de prendre le chemin du Haras. Elle comptait sur un second petit déjeuner de la journée en compagnie de son cher et tendre. Elle n'avait pas trop aimer ces impressions étranges qui l'avaient poursuivit dans la matinée et voulait se rassurer. En attendant, elle sentait qu'il se tramait quelque chose sans savoir quoi, et c'est bien ce qui l'embêtait le plus dans tout cela...
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Nota : Je m'excuse d'avance pour cette série qui sera sans doute un peu fastidieuse à lire car elle ne contient aucun dialogue (ou seulement sur la toute fin). Et contrairement à ce que je fais habituellement, elle est à la première personne. Cependant, pour votre confort, les textes seront courts. Merci d'avance au correcteur !!
Tout le monde dit que lorsque l'on est aux portes de la mort, toute sa vie défile devant ses yeux. J'ai plusieurs fois fait cette dure expérience que celle de flirter avec sa faucheuse, et pourtant, jamais avant ce jour, je n'avais eu cette sensation. Celle d'être seule face à ses souvenirs... Au début c'est effrayant. On ne sait pas où on est, ni pourquoi on y est. C'est comme un rêve, sauf que c'est un rêve avec un sens, et une forte impression de déjà vu. Et puis, à force de revivre ce que l'on a vécu, une fois qu'on arrive au bout de ses souvenirs, que l'on en a fait le tour, on se rend compte que l'on sait pourquoi. On se souvient du "pourquoi" et puis ensuite, avec une certaine douleur, du "comment". Et puis on se prend à penser aux autres... Ceux qui sont à l'abri, de l'autre côté du voile... Ceux que l'on aime et qui nous aime en retour. On se demande ce qu'ils font. Ce qu'ils deviennent. Si le temps au dehors s'est écoulé avec autant de lenteur et de rapidité à la fois. Et combien de longues heures se sont écoulé depuis que nos yeux se sont fermés...
Emprisonné dans mon propre corps... Il y a quelques temps, je vous aurez confié que c'était ma plus grande hantise. Mais maintenant, je lâche prise... J'ai fini par me laisser emporter par mes souvenirs et je les vis, avec plus ou moins de tristesse. N'est-ce pas un formidable moyen de prendre de la hauteur et du recul sur toute la vie que l'on a vécu jusque là ? N'est-ce pas là le meilleur moyen d'apprendre de ses erreurs ? De son passé ? J'ai toujours entendu dire que l'histoire était un témoin, et qu'il fallait apprendre d'elle, pour ne pas commettre les même erreurs dans le futur... Le monde n'a pas l'air d'en avoir conscience, car il fait toujours les même erreurs... L'homme également je crois... Mais moi ? Aurais-je la force et le pouvoir de me relever de mes cendres ? D'apprendre de ma propre histoire ? Seul vous pourrez me le dire... A moins que seul l'avenir ne le sache...
Je suis née à New York. Enfant attendue et adorée dès sa naissance de Mike et Christine Reg. Enfant unique, ou presque. Un père en passe de devenir chef d'entreprise à ma naissance, une mère femme au foyer, dans les beaux quartiers de la grande pomme. Un avenir tout tracé, dans la théorie. Mais comme vous le savez, la pratique n'a pas été à la hauteur des espérances de tout le monde... Quant on vit une double vie, il faut s'attendre à ce qu'un jour, on en récolte les fruits. Mais ces fruits là n'étaient pas les meilleurs, loin de là. Seize années passé dans un luxe total, à outrance, dans un monde fait de faux semblants. Matérialiste au possible, avec un emploi du temps de ministre avant l'âge. Le cliché dans toute sa splendeur ! C'est ce que j'étais... Mais les choses ont changés. Un beau matin, mon nom fait la une des journaux. Mon père arrêté. On découvre son identité secrète : celle d'un ponte des trafiquants de drogue aux Etats-Unis. Il a des dettes de sang sur les bras, et ses ennemis veulent la peau de sa famille. Famille dont je fais parti. La protection des témoins joue un rôle, sans qu'il ne soit pour autant très efficace. Sur le papier je suis envoyée chez mon oncle à Paris... Dans la pratique, mon oncle me mets à la porte dès qu'il en a l'occasion... Je me retrouve seule, dans une ville que je ne connais pas, dans un pays dont je ne parle pas vraiment la langue et sans toit au dessus de ma tête. Commence une descente aux enfers digne des drames du cinéma hollywoodien...
Une année à vivre dans la rue, c'est très long. Je ne pensais pas pouvoir y survivre. Il a fallu que je développe un sens de l'observation sans faille, et des techniques de survies urbaines bien nouvelles pour moi. Se passer d'eau chaude, de chauffage. Ne garder que l'essentiel avec soit, et le défendre bec et ongle contre les autres. Connaître la faim, et le froid. La douleur de la perte... C'est difficile à imaginer tant qu'on ne l'a pas vécu. On ne peut en avoir qu'une infime idée... Cependant, j'ai toujours eu de la chance dans mes malheurs. Comme si le sort avait pitié de moi... Parmi toutes les mauvaises connaissances que j'ai faite et les ennemis qui se sont accumulé dans mon dos, il y en a eu un pour me sortir de la rue. Peter O'Conell. Un irlandais expatrié en Normandie, plongé jusqu'au cou dans l'élevage de chevaux de sport. Essentiellement des race allemandes et françaises. Il m'a un jour offert un café, alors que je traînais, admirative, devant une exhibition au champs de mars. Faire découvrir l'équitation au grand public... Je revoyais des chevaux pour la première fois depuis ce qui me semblait être des années. Je me demandais ce qu'étais devenu le mien... Celui que j'avais, à New York...
Peter m'a proposer de venir avec lui. Il m'offrait un travail dans son élevage en tant que palefrenière et groom. La sienne allant partir en congé maternité, il lui fallait une remplaçante. J'ai bien sûr accepté. Je ne pouvais pas passer à côté d'une occasion pareille ! Au départ, j'ai travaillé gratuitement et en échange, j'étais logé, nourri et blanchi. Le temps pour moi de faire toutes les démarches nécessaires à l'obtention de papiers en règles. Après quoi, j'ai été embauché en tant que cavalière maison. Autrement dit, j'entraînais les jeunes, mais je ne sortais pas en concours. Pas encore. Cela viendrais avec le temps... Mais le hasard fait bien les choses en règle générale... Il m'a fait miroiter devant les yeux une grande académie nomade, Full Horse. C'est Peter qui a décidé de m'y inscrire. Selon lui, j'avais le potentiel pour et j'avais assez reprit du poil de la bête. J'étais prête à m'envoler de mes propres ailes et lui, à sauver un autre enfant de la rue. C'est ainsi que j'ai fait mes valises et débarqué à Full Horse...
Je suis arrivée au Haras sans cheval. La plupart des cavaliers en avait, mais les stalles étaient assez rempli comme cela pour satisfaire mes besoins. Je me suis rapidement attachée à PomPom, un poney bai au poil hirsute. Il n'était pas très beau physiquement, mais il avait un coeur énorme. J'ai aussi commencé l'aventure de la demi-pension, en prenant à mes côtés Illion, l'ancien cheval de tête de Tom Maxwell... L'éleveur en était déjà un quand j'ai débarqué. Il tenait déjà son refuge et c'est une de mes premières connaissance au Haras. Une amitié durable, même si l'on ne se voyait que peu. Illion était un magnifique cheval de selle à la robe bai brune, très foncée. Il semblait parfois noir d'ailleurs... Un cheval avec du caractère, mais formidable lui aussi.
Plus tard, Peter m'a offert un cheval issu de son élevage : Oraanu Pi. Un étalon bai au caractère bien trempé, mais qui a su m'emmener sur les plus hautes sphères. Il est aujourd'hui retraité et coule des jours heureux dans les prés de Peter... Je le retrouverais un jour, je n'en doute pas. Il est une parti de moi désormais...
Au Haras, j'ai rapidement fait la connaissance de Liam. Liam intégrait le Haras dans le but de faire une réorientation professionnelle. Il était acteur à la base et se plongeait dans le monde des chevaux avec une passion dévorante au cœur et une motivation sans faille au ventre. Liam n'a pas eu une vie facile non plus, bien que différente de la mienne. Malgré tout, il a rarement, de toute notre histoire, montré des signes de faiblesses. Au début en réalité, durant notre périple parisien, mais jamais plus ensuite. Liam est le père de tout le monde. Une des personnes à qui je tiens le plus au monde, après Enzo. Il est la raison incarnée, mais la sagesse aussi, un peu à l'image de Tom. Les deux éleveurs sont les grands frères que je n'ai jamais eu...
A notre duo est venu s'ajouter également Izikel. Un éthologue irlandais venu au Haras sans trop savoir exactement pourquoi. Une âme un peu torturée par les épreuves mais qui a su rester un ami loyal et fidèle. J'ai été amoureuse de lui... Mais après avoir rencontré Enzo, je me suis rendu compte que seule l'adversité m'avais attiré dans ses bras et qu'Izikel n'était pas vraiment celui qu'il me fallait. Il était un ami, très proche et il avait été là dans un moment de doute et de faiblesse. Nos rapports ont toujours été compliqués après cette passade... Peut-être que je suis en tord, mais je crois toujours avoir été claire avec lui... Enfin, plus ou moins... Izikel, je l'adore mais le déteste à la fois. Parfois j'ai l'impression qu'il est mon exact opposé, et que malgré tous nos efforts, on ne se comprend pas. Alors qu'au contraire, certains moments, on lit littéralement dans les pensées l'un de l'autre... Relation étrange qui est ce qu'elle est... Malgré tout, il reste un de mes plus anciens et proches amis. Parmi ceux que je ne pourrais jamais oublier, ni jamais vraiment abandonner...
La première fois qu'il nous est arrivé quelque chose de louche, c'était à Paris. Le parrain de Liam, celui qui l'avait élevé après la mort de ses parents dans sa jeunesse, était décédé. Une fois sur place, j'ai vite comprit que les causes de la mort n'étaient pas très naturelles, mais la police locale avait tu l'affaire, pour une raison qui m'est bien obscure... Charles, le parrain, avait été empoisonné. Au début, cela a été difficile de faire un lien avec moi. Charles n'avait rien à se reprocher... Mais certaines personnes à ma recherche oui. Elles avaient empoisonnée Charles dans l'espoir de me faire revenir à Paris et régler leur affaire. Dans notre quête pour la vérité, deux personnes nous ont apporté leur aide. Pierre Moret, un capitaine de police en désaccord avec son bureau, et Moïra, une amie de longue date. Une tueuse à gage que j'avais connu lors de mon arrivée à Paris, et qui m'avait aider un peu en me donnant des contacts. Elle prenait soin de moi mais devait vivre sa vie. Elle voyageait beaucoup, mais gardait toujours le contact et un oeil sur moi. Plus tard, Moïra nous a donné d'autres coups de main... Elle a toujours été d'une aide précieuse... Et particulièrement dans cette affaire, où Pierre Moret avait les mains liées. Il ne pouvait pas agir, mais nous donnait des informations. C'était ensuite à nous de nous en dépatouillé...
Une véritable chasse à l'homme a commencé. Il fallait que l'on retrouve la trace de celui qui avait empoisonné Charles. Liam était trop abattu pour nous être d'une aide véritable. Alors, avec Izikel, nous nous sommes plongé tête baissé dans cet océan d'ennui. Nous n'avions que cela à faire de toute façon... Rentrer au Haras et laisser Liam à son chagrin ? Non... Il réclamait vengeance de tout son être mais était incapable de l'obtenir seul. Il était notre seul ami, notre seule véritable famille. Tout trois orphelins ou presque, sur qui pouvions nous compter à part nous même ? Alors nous avons fait ce qu'il fallait. Nous avons retrouver ces hommes. Avons été capturé. Nous sommes battu, pour notre survie. Avons tué. Et puis, nous sommes rentré au Haras. Que faire d'autre ensuite ? L'affaire était classée, les chevaux nous attendait...
Liam est ressorti de cette affaire grandit. Il s'était forgé une carapace qui n'avait plu jamais cédé ensuite... Izikel était ressorti différent. Amoureux de moi... Mais aussi plus fébrile... Sa propre descente aux enfer commençait quand la nôtre se terminait... La vie au Haras à cependant reprit son cours. J'ai rencontré Enzo à ce moment de ma vie et délaisser quelque peu les garçons pour me forger un avenir avec celui qui deviendrait quelques années plus tard mon mari. Liam en a été ravi. Izikel plus mesuré... Mais après tout, n'a-t-il pas toujours été ainsi ? Un ange déchu...
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Nota : Je m'excuse d'avance pour cette série qui sera sans doute un peu fastidieuse à lire car elle ne contient aucun dialogue (ou seulement sur la toute fin). Et contrairement à ce que je fais habituellement, elle est à la première personne. Cependant, pour votre confort, les textes seront courts. Merci d'avance au correcteur !!
Le temps entre chaque souvenir s'allonge. Je le sens... Je le sais. Est-ce le signe d'une fin proche ? D'un aller simple vers le néant ? Je ne saurais le dire... Parfois je crois entendre une voix familière... Ou ressentir la douleur de mon corps meurtrie. Mais certaines choses m'échappent... Des souvenirs s'effacent... Mais alors que le monde défile devant mes yeux, un visage familier me revient en mémoire... Kwaïgon. La seule pensée du coréen m'apaise. Pourtant, il a eu une vie plus tumultueuse encore que toutes les nôtres réunies. Plus sombre et empli d'une douleur sourde avec laquelle il vit chaque jour. Je l'admire pour son courage et sa force de caractère. Il nous surpasse tous et de très loin... Il pourrait être l'image de ce père protecteur. Mais il lui manque la chaleur de Liam. Les traits de l'éleveur sont empli d'une douceur et d'une chaleur que Kwaïgon n'a pas. Tout simplement parce que le temps a plus abîmé le coréen que n'importe qui d'autre...
Lorsque j'ai fait la connaissance de Kwaïgon, le Haras avait posé ses valises à Séoul. C'est avec Liam que j'ai découvert le coréen, dans un sale état physique... Plein de sang et en fuite. Il était visiblement effrayé et perdu. Il nous a supplié de ne pas le conduire à l'hôpital. Croyant comprendre ce qu'il vivait, car nous aussi sortions à peine d'une chasse à l'homme de l'ombre, nous avons accédé à sa demande et l'avons conduit au centre de soin du Haras. Là-bas, un vétérinaire s'est occupé de lui faire les sutures dont il avait besoin. Et puis Liam a fait le nécessaire pour qu'il intègre le Haras. Apparemment, il s'y connaissait un peu en chevaux, même s'il restait très secret sur son histoire. Il était appliqué, efficace et reconnaissant. Nous avons mit du temps à apprendre à le connaître, mais il a su nous montré que l'on pouvait avoir confiance en lui. Au début, Izikel ne l'aimait pas trop. Mais Liam a su convaincre notre petit éthologue...
Kwaïgon est et sera toujours l'insaisissable et pourtant, celui en qui j'ai le plus confiance. Je sais, au fond de moi, qu'il me comprend. J'ai parfois l'impression qu'il me considère comme une enfant. La petite sœur qu'il a perdu peut-être ? Je ne saurais le dire... Sa vie entière est faite de pertes. Sa petite sœur, puis sa mère et enfin, dans un suicide violent, son père. Puis plus tard, sa sœur adoptive... Je me demande parfois comment il arrive à survivre après tant de drame. Comment a-t-il fait pour ne pas se perdre dans la folie ? Qu'est-ce qui le fait tenir bon ? Je me prends à penser que c'est nous... Que l'on est devenu sa nouvelle famille et qu'il tient bon grâce à nous et pour nous... Après tout, ne passe-t-il pas la majeure partie de son temps à nous protéger ? Tous autant que nous sommes ? Des autres et aussi, souvent, de nous même... Il est toujours attentif à ce que l'on devient, ce que l'on ressent et trouve toujours le mot ou le geste qui nous apaise. Il me manque souvent lors de ses absences... et plus encore dans ma cage de néant...
Le coréen est très secret. Il faut du temps, de la patience et une grande confiance pour obtenir de lui une confidence personnelle. Nous avons tous apprit à faire avec ce trait de caractère. Nous avons apprit à lui faire confiance. Après tout, il nous a sauvé la vie...
Une fois qu'il eu intégré le Haras, nous pensions que Kwaïgon deviendrait invisible aux yeux de ses poursuivants. Qu'avec nos changements de pays incessant ceux qui en avait après lui arrêteraient de le poursuivre. Mais nous avions tord. Et nous avons apprit cela à nos dépends lors de notre déménagement en Egypte. Ce trimestre au Caire a été plus que mouvementé pour nous tous. Mais nous avons aussi fait une belle rencontre et partagé nos cultures... Je pense que je n'oublierais jamais Tarek, le touareg qui nous a été d'un grand secours et avec qui nous avons passé tant de temps...
Pour atteindre Kwaïgon, ses poursuivants ont vite comprit qu'ils devaient passé par ceux qui l'accompagnaient. Et par un malheureux hasard, ce fut sur Liam et moi qu'ils portèrent leur choix. Nous avons été capturé et torturé. Leurs croyances leur interdisaient de me faire du mal physiquement. Mais le seul fait d'entendre Liam hurler suffisait à me rendre folle... J'ai longtemps cru que personne ne viendrait nous chercher et que nous resterions là, en plein désert, à mettre nos nerfs à rude épreuve et nos vies en danger. Je ne sais pas comment Izikel et Kwaïgon se sont débrouiller exactement. Mais ils ont trouvé du renfort, grâce à Tarek et ils sont venu nous chercher. Après cela Kwaïgon est parti pour aller régler cette affaire personnelle une bonne fois pour toute... Et nous, pour nous changer les idées, nous avons participer à l'exploration d'une tombe royale... Enfin nous... Les garçons d'un côté, avec deux autres cavaliers du Haras et moi avec Enzo. J'avais besoin de passer du temps avec lui pour me ressourcer et me recentrer. J'avais besoin de me reconstruire, loin des autres.
Liam a mit du temps pour se remettre de ses blessures. Mais la carapace qu'il s'était faite avait tenu bon, et il en ressortait étrangement grandi. Une nouvelle vision des choses l'habitait et il prenait le monde d'un regard plus haut. Avec plus de recul. Il devenait ce sage qu'il est maintenant... Nous n'avons jamais tous vraiment reparlé de ce que nous avons vécu. Le groupe s'est agrandi au fil du temps, certains ont été mit au courant de certaines choses, mais les détails, nous les avons toujours occulté, d'un accord tacite. Les blessures que nous avions vécu nous ont changé à jamais mais elles n'appartenaient qu'à nous et nous seuls. Et puis, à quoi bon inquiéter les autres ? Ils n'ont pas besoin de savoir ce qui hante nos nuits...
Kwaïgon est parti quelques semaines. Quand il est revenu, nous avions de nouveau déménagé et nous avions fait la rencontre de Myriam. La douce Myriam... La douceur et la grâce incarnée... Cela ne m'étonne pas que Liam soit tout de suite tombé sous son charme et fou amoureux d'elle. Après toutes les horreurs qu'il avait vécu, il lui fallait quelque chose, ou plutôt quelqu'un, pour l'apaiser et veiller sur ses nuits. Myriam était la femme parfaite pour lui. Et elle l'est toujours d'ailleurs... Au contact de Myriam, Izikel s'est d'ailleurs apaiser lui aussi. Nous sommes redevenu des amis proches. Mais pour seulement un temps... On se comprenais de moins en moins... A moins que se ne soit moi qui, avec le temps, change et lui qui en reste au même point ?
Un jour, il en est venu presque aux poings avec Enzo. La jalousie le hantait et à y bien réfléchir, elle le hante toujours. Pourtant je ne le retient pas... Je veux qu'il trouve son bonheur... Une personne avec qui partager sa vie... Lorsque, plus tard, Ezra, son ami d'enfance, est arrivé au Haras, j'ai cru qu'Izikel allait s'apaiser. Qu'on allait pouvoir retrouver notre complicité d'antan. Qu'Ezra allait trouvé les mots pour nous comprendre à tous les deux. Mais notre relation a toujours eu cette fluence destructrice et le temps semble nous éloigner peu à peu... Pourtant, je n'ai pas envie de le perdre ! Au contraire...
Une douleur sourde efface mes souvenirs, me laissant dans le noir. La seule pensée du jeune homme est-elle si douloureuse pour moi ? Je hurle sans que personne ne m'entende et sombre de nouveau dans le noir...
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Nota : Je m'excuse d'avance pour cette série qui sera sans doute un peu fastidieuse à lire car elle ne contient aucun dialogue (ou seulement sur la toute fin). Et contrairement à ce que je fais habituellement, elle est à la première personne. Cependant, pour votre confort, les textes seront courts. Merci d'avance au correcteur !!
Nos vies n'ont pas été faite que de malheurs. Après nos déboires égyptiens, l'école a déménagé en Nouvelle-Zélande et le calme est revenu entre nous. C'est dans le pays du long nuage blanc que Liam et Myriam ont fait plus connaissance. A ce moment là de notre histoire, l'équipe s'est un peu plus soudée. Le calme est revenu entre Izikel et moi. Liam a accueillit son cher Dom... Une arrivée à laquelle je ne m'attendais pas ! Et qui me fait sourire encore aujourd'hui... J'étais persuadé, lorsque Liam nous a annoncé l'arrivée du poney, que c'était un ibérique qui rejoindrait les rangs de son élevage. J'étais bien loin du compte en découvrant que c'était en fait un miniature américain plus qu'espiègle... Le poney avait le chic pour en faire voir de toutes les couleurs à Liam, mais aussi à Izikel. Depuis l'arrivée de Yoda, il s'est grandement calmé... Peut-être aussi l'âge l'a-t-il un peu assagit ? Cela, j'en doute fort...
Durant ce trimestre, nous en avons tous profité pour progresser dans notre équitation. Notre pays d'accueil offrait des paysages magnifiques et appelant au travail. Nous étions appliqué, serein. Nos blessures étaient pansés... Nous avions retrouvé la complicité qui nous avait fait tant défaut... Le trimestre en Nouvelle-Zélande avait été une libération pour nous tous. Une pause agréable dans nos vies. Mais malheureusement, il se termina trop vite et nous posions ensuite nos valise en Norvège. En soit, le trimestre à Oslo ne se passa pas si mal que cela non plus. Dom poursuivait ses caprices. J'organisais mon avenir pour pouvoir revoir à nouveau mon père... Et peut-être aussi ma mère... Ezra arriva aussi durant ce trimestre. Un jeune homme mystérieux au premier abord mais qui nous inspira très vite à tous une grande confiance. Sauf peut-être à Kwaïgon, qui le regardait d'un mauvais œil et semblait s'en méfier. Et Ezra semblait partager ce sentiment envers le coréen. Malgré tout, cela ne nous inquiétait pas. Nous étions frigorifiés, mais libres...
Malheureusement, nous n'étions pas au bout de nos peines. Le destin avait décidé de ne pas nous laisser trop d'espoir. C'est une mauvaise surprise qu'apporta le redoux après le violent hiver norvégien. Ma mère, refaisant surface... Un frisson me parcouru l'échine rien qu'à sa seule pensée... Désormais elle était morte. Dans mon esprit, elle l'étais déjà depuis longtemps. Elle m'avait abandonné. Laisser seule dans les bas-fond de Paris, sans ressources ni nouvelles. Et à y bien réfléchir, elle avait même voulu ma mort... L'affaire concernant le parrain de Liam était bien liée à elle... Mais jusqu'à maintenant, personne n'avait pu en faire le lien. Nous ne savions pas encore tout ce qui se tramait autour de nous. Nous ne le pouvions pas...
C'est Kwaïgon qui m'apporta des indications sur ma famille. Je croyais que tout ce que j'avais connu avait disparu avec l'arrestation de mon père, mais c'était loin d'être le cas. Le coréen m'apprit que je possédais la société que mon père avait bâtie, et qu'elle fonctionnait toujours à merveille, grâce à la volonté et l'immense compétence de son directeur, James McSaghan. Il m'apprit aussi que ma mère souhaitait ma mort, car sans cela, elle n'avait aucun accès à la fortune qui s'amassait à mon nom, grâce à MR Patrimoine, filiale du groupe Reg International... Fortune qui me revenait de plein droit. Je ne faisais aucune confiance à ma mère, et l'avenir me donna raison. Il devint, à ce moment là, indispensable pour moi de rencontre James -dont je n'avais jamais entendu parler ou alors dont le nom était tombé dans l'oubli- ainsi que de revoir mon père, après des années d'ignorance absolu. Il m'avait écrit, mais jamais je n'avais ouvert une de ses lettres. Je l'ignorais, et me contentais de faire comme s'il n'existait plus...
Liam et Kwaïgon on été d'un grand secours à ce moment là. Ils sont venu avec moi à New York, alors que Myriam, Izikel et Ezra restaient au Haras pour s'occuper des chevaux. Les choses auraient pu bien tourner. Mais le sort s'acharna une nouvelle fois sur Liam. En partie à cause de Kwaïgon, qui profita du voyage pour rendre visite à un de ses vieux amis, et tomba nez à nez avec un vieil ennemi. Liam s'en sorti avec une balle dans l'épaule, mais aucun autre traumatisme. Son agresseur l'avait prit pour Kwaïgon, dans le noir de sa chambre... S'ils n'avaient pas échangés leurs clés... Le coréen ne serait peut-être plus avec eux... Cette pensée me fit frémir de nouveau, diffusant une douleur sourde entre mes tempes... Je ne voulais pas penser à une chose pareille... Je ne pouvais pas...
Mais la fin du trimestre fut marqué par un autre drame, pire encore que tout ceux auxquels nous avions fait face... La mort de Finwë... Une piroplasmose foudroyante...
Finwë était l'étalon d'Izikel. Ce cher Walig avait eu l'étalon quand il n'était encore qu'un poulain et l'emmenait partout avec lui, tel un gros chien. Il le montait sans selle ni filet et les deux êtres se connaissaient sans doute mieux que personne. Auprès de Finwë, Izikel n'était pas le même homme. Il s'apaisait, redevenait celui que j'avais connu au début. Le voir avec l'étalon silver dapple était quelque de magique. J'étais admirative de leur relation, de ce qu'ils faisaient ensemble. La perte de l'étalon fut le plus grand choc de toute la vie d'Izikel... Et cela le changea profondément... Et personne ne put rien faire pour lui. Seul le temps sembla revigorer un peu mon ami. Mais je n'étais pas dupe. L'humeur d'Izikel était plus changeante, et il se morfondait de plus en plus. Notre relation en pâti. Je ne supportais pas, et ne supporte toujours pas de le voir dans un tel état. Mais je suis incapable de faire quoi que se soit pour l'aider. A vrai dire, je ne crois même pas avoir essayé... Cela doit faire de moi une bien piètre amie...
La douleur est trop lourde. La culpabilité me ronge... Je n'arrive pas à retrouver de bons souvenirs aux côtés d'Izikel assez nombreux pour surpasser les mauvais. Que nous est-il arrivé ? Pourtant il a tout de même été toujours là pour moi... Je n'ai pas été tendre avec lui... Je lui ai même souvent demandé l'impossible, et il l'a toujours fait... Et désormais je m'en veut de m'être emportée face à lui... Il ne le méritait pas. Lui aussi vivait avec ses douleurs et ses pertes... Mais je ne l'ai pas prit en compte...
Je dois lutter contre la vague de remord qui me submerge... Mais la douleur est trop forte. Les souvenirs s'étiolent et disparaissent... C'est la seule solution... Pour ne pas sombrer dans la folie qui me guette...
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Nota : Je m'excuse d'avance pour cette série qui sera sans doute un peu fastidieuse à lire car elle ne contient aucun dialogue (ou seulement sur la toute fin). Et contrairement à ce que je fais habituellement, elle est à la première personne. Cependant, pour votre confort, les textes seront courts. Merci d'avance au correcteur !!
Il reste peu de souvenirs dont je n'ai pas encore fait le tour... Le trimestre à Oslo s'effiloche de plus en plus dans mon esprit. Il se terre au fond d'un tiroir dont j'ai perdu la clé... Il y a certaines choses dont je n'arrive pas à me souvenir... J'ai beau chercher dans ma mémoire, essayer de revivre ce à quoi je viens de pensée... Mais la douleur me ronge. C'est plus fort que moi. Les traits de son visage s'effacent... Son nom me deviens flou... Inconnu...
Après Oslo, nous avons de nouveau déménagé. Cette fois, la destination était le Pérou. Ce trimestre au Pérou m'est flou... Un trimestre a pansé nos plaies sans doute... Essayant de nous reconstruire... Je sais seulement qu'ensuite, les choses se sont enchaîner assez vite. Le Haras à déménagé en Californie puis à fermer ses portes soudainement. Nous avons été accueillit chez Peter en Normandie, où nous avons fait la connaissance de Logan. Mais avant lui, un autre membre est venu garnir nos rangs... Lou-Khyan...
La petite rousse canadienne à apporter au groupe ce qui lui manquait depuis quelques temps : de la joie de vivre. Lou n'a jamais été avare de sourire et de rigolade. Elle a passé du temps avec Izikel... Elle a réussi à le faire sourire de nouveau... Elle a réussi... Là où j'ai échoué...
Quand le Haras a ré-ouvert ses portes, à Londres, tout le monde à fait le déplacement et Logan nous a suivi. Le jeune homme, timide, a toujours eu le mal du pays. Et il a besoin de retourner chez lui de temps à autre. Je le comprends. Myriam est d'ailleurs atteinte du même mal. Mais pour nous autre, qui n'avons pas de chez nous ? Full Horse est notre seul foyer... Ou presque. Je sais que si je venais à quitter le Haras, j'irais vivre avec Enzo, quelque part du côté de Chicago. Liam et Myriam avait le monde comme choix... Mais je pense que le coeur de Liam reprendrait la route du sud de la France. Ezra rejoindrait sans doute sa mère, à Washington. Lou rentrerait chez elle, au Canada. Logan regagnerait la France lui aussi et Peter. Ale continuerait de parcourir le monde... Kwaïgon avait plusieurs résidences à travers le monde, il savait où retombé. Neyla avait elle aussi une famille... Mais Izikel ?
Une douleur diffuse fit s'envoler mes pensées, me laissant dans le noir. Une voix familière raisonnait dans ma tête. Celle d'Enzo. Ce son m'apaisa et je sombrais de nouveau dans un sommeil sans rêves...
Plus on approche de la fin, et plus les souvenirs passent rapidement. Depuis la ré-ouverture, tout s'est enchaîné très vite. Il y a eu Alejandro et la mission des garçon à New York. Mon escapade secrète pour aller voir James et mon père. Puis la blessure de Kwaïgon... Le retour au Haras... La longue enquête de Kwaïgon sur mon demi frère, Kam... Ses souvenirs à lui aussi s'étiolaient. Est-ce qu'il était vraiment utile que je me souvienne de lui ? Il était comme ma mère : une partie de mon passé que je ne voulais pas garder en mémoire. C'était trop douloureux.
Mais heureusement il y a aussi eu de bons souvenirs. La naissance de Maël. La naissance des poulains. Mon mariage avec Enzo... Et voilà où nous en sommes... L'accident, mon dernier souvenir, me revient en mémoire...
C'était un beau jour d'août. La Haras allait bientôt déménager. Tout le monde profitait des derniers jours d'été au Brésil. Je devais rejoindre Enzo pour une soirée en amoureux. Après quelques courses, je me dirigeais vers le point de rendez-vous, au volant du 4x4 de Liam. Tout se passait pour le mieux... Mais au croisement, une Cadillac me fonça droit dessus, projetant le 4x4 en tonneaux, plusieurs mètres plus loin... Je ressens encore la douleur intense, j'entends les hurlements des passants... Je vois le reflets du gyrophare de la police, puis le visage d'un secouriste... Et plus rien. Plus rien durant ce qui me sembla être des jours entiers... Et enfin, mes premiers souvenirs... Des moments lointains, de mon enfance que je croyais perdu à jamais...
Le reste s'était ensuite enchaîner rapidement... Comme pour me laisser voir une dernière fois le film de ma vie, avant de l'effacer... Certains souvenirs persistaient... Mais d'autre... Ils semblaient perdu. J'avais beau me concentrer, hurler, battre l'air, rien n'y faisait. La rage me monta au joue en même temps que la haine et la tristesse. J'étais faible...
La souffrance, comme une perte, fourmilla en moi durant de très long moments. Lorsque j'étais dans le noir, je ne ressentais rien. Et parfois, une faible lueur semblait filtrer sous mes paupières. Une voix familière me murmurait à l'oreille. Mais la douleur était trop grande. Mon corps était de plomb. Je restais immobile, plongée dans une léthargie sans fin, à lutter pour conserver le peu de souvenir qu'il me restait... Mon bien le plus précieux...
J'ai 158 Lignes J'utilise un résumé x2 de Louna Et des points pour Enzo parce que je l'ai sauvagement piqué à sa propriétaire pour ce résumé ! Merci pour la correction ! =)
Nota : Cet épisode est le dernier du Hors série. Les précédents se déroulent en même temps que les premiers épisodes du chapitre 6 de "OTOG : Victory". La suite directe est à l'épisode 10 du chapitre 6 soit "Concours de POR". Bonne lecture !
Je me souviens que quand j'étais petite, ma grand-mère me faisait des gaufres. Elle posait dessus une noix de beurre salé et nappait le tout de caramel qu'elle faisait elle même. J'adorais l'odeur du caramel et de la pâte à gaufre chaude. Je me plais à croire que c'est cette odeur qui m'a amener au réveil. Bien que la douleur y soit aussi pour quelque chose... Ou alors le bruit ? Je n'arrive pas très bien à savoir. Je n'en serais jamais sûre je pense... Mais en tout cas, le souvenir de ces gaufres est le premier qui m'est venu à l'esprit. Je ne sais pourquoi, quand tout le reste s'est effacé, ces gaufres sont restés...
Lorsque j'ai ouvert les yeux, j'ai été prise de panique. J'en ai le souffle coupé. Instinctivement j'ai hurlé et essayé de m'échapper. J'étais dans un cercueil ! En réalité, c'était le tube du scanner. Le bruit ambiant était atroce... c'est "boum boum" répété à vous crever les tympans ! J'ai hurlé et levé les bras. Mes muscles n'ont pas répondu comme je le voulais. Ils étaient lourds et lents. Ma gorge enrouée. Et par dessus tout, la douleur qui parcourait mon corps était insupportable. Deux médecins sont venu me sortir du scanner et m'ont donné un calmant léger. Ils ne voulaient pas que je me rendorme, et moi non plus d'ailleurs. Il a fallu une bonne heure pour me calmer, qu'ils m'explique ce qu'il s'était passé et qu'il me pose des questions. J'ai répondu. Ou du moins, j'ai essayé. Je ne savais pas... Je ne savais plus. Ils m'ont ensuite amené dans une chambre qui n'était pas la mienne et j'ai attendu.
Je me souviens de certaines choses. Je me souviens de l'accident. Des chevaux, du Haras. Je me souviens d'Enzo, de notre mariage. De Liam, de Myriam. De leur fils. Je me souviens de Kwaïgon et d'Ale. De Logan aussi et de la petite Neyla... Je me souviens d'Ezra et de mon père. De James et de Peter. Je me souviens de certains pays dans lesquels nous sommes aller. Mais beaucoup trop de choses sont floues et me laissent un goût amer dans le bouche... Finalement, Enzo, Auréline et Myriam ont eu l'autorisation de venir me voir. Mais pas tous en même temps, pour éviter le choc. A vrai dire, le choc émotionnel, je l'avais déjà. La vision du scanner, de la grille qui m'emprisonne le visage me fait déjà frissonner d'horreur.
Il se passe quelques heures avant qu'Enzo n'entre dans ma chambre. Quelques heures durant lesquelles j'ai droit à quelques examens, quelques questions. On me demande ce que je ressens, ce dont je me souviens, comment je m'appelle. Je répond avec agacement et nervosité. Je veux un visage familier. Je veux sortir d'ici. Je m'agace, incapable de porter un verre à mes lèvres tellement mes muscles sont atrophiés. J'ai passé plus d'un mois dans le coma. Malgré cela, je suis fatiguée. Le médecin m'apprends que c'est une chose normale : le réveil demande de l'énergie, et mon corps n'a plus l'habitude de faire des efforts. Je vais devoir rester encore un peu à l'hôpital, mais personne n'est capable de me dire combien de temps...
Puis je reste seule... Une attente qui me parait interminable... Puis enfin, trois coups à la porte me font sursauter. Je la fixe, inquiète, nerveuse. Enzo passe la porte et cette fois, c'est presque la peur qui me saisit. Il n'est plus que l'ombre de lui-même... Pâle, des cernes sous les yeux... Et en larme... Il n'a plus voulu me quitter d'une seule seconde, et moi non plus d'ailleurs. Auréline, sa mère est resté avec nous. Myriam est resté quelques jours avant de rejoindre le Haras. Je les y rejoindrais bientôt de toute façon...
*** *** *** *** *** *** ***
L'odeur. L'odeur et le bruit des chevaux. Voilà ce qui me fait frissonner le plus. Voilà ce qui me fait sourire avant même la vision du cheval. Et quand le 4x4 d'Enzo s'est garé au parking du Haras, à Singapour, c'est ce qui m'a fait sourire en descendant. L'odeur du foin et le hennissement lointain d'un cheval au paddock. Je suis resté presque un mois supplémentaire à l'hôpital, pour faire de la rééducation. J'avais besoin de me re-muscler. Et même si je pouvais marcher et tenir une tasse de café, il m'était encore formellement interdit de monter à cheval. Ni même d'en tenir un en main. J'avais des exercices quotidiens à faire et des séances de kiné deux fois par semaine. J'avais cependant insisté et réussi à gagner un combat : Myriam s'occuperait de mes séances ostéopathiques. Après tout, avant de se spécialisé dans l'équin, elle était dans l'humain...
Entourée de mon châle en laine, main dans la main avec Enzo, j'avais insisté pour aller à mon élevage avant de monter dans ma chambre et traîner dans le manoir. Le jeune homme avait accepté mais voulait absolument m'accompagner, ce que je ne refusais pas. En faisant le chemin vers mon élevage, je découvrais en même temps le nouveau domaine du Haras. Encore une fois, les installations ne manquaient pas de superbe ! Pierre avait toujours le chic pour nous trouver des lieux superbes, à la hauteur de l'académie...
Lorsque nous arrivâmes aux portes de mon élevage, je souris au panneau qui la surplombait. "Narita's Travellers"... D'où m'étais venu l'idée de ce nom ? Je l'ignorais. Mais j'appréciais le nom que je lui avais donné. Au milieu de l'allée, Caraanu Pi était attaché. Il regardait fièrement devant lui, de toute sa hauteur. Je lui tendais une main fébrile, qu'il vint doucement sentir, avec une délicatesse qui m'étonnerais à chaque fois. Je passais ensuite ma main sur son chanfrein et il se laissa faire, soupirant de bonheur. Une tête sorti de la sellerie avec le sourire. Le jeune homme déposa la selle et le filet qu'il tenait sur un support et vint me prendre dans ses bras, avec délicatesse.
« Louna... Qu'est-ce que c'est bon de te revoir ! »
Je souris lorsque notre étreinte prit fin.
« Merci Ezra... Comment... Comment vas-tu ? »
Le jeune homme sourit de nouveau et salua Enzo d'une poignée de main chaleureuse avant de reporter son attention sur moi.
« Très très bien ! Bien mieux depuis qu'on sait que tu es réveillée ! »
Je souris. J'avais eu pas mal de monde au téléphone, mais pas tous. Certains se réservaient peut-être pour un face à face...
« Et l'élevage ? » « Tout va très bien ! Nara a mis bas cette semaine, elle est au centre de soin pour que se soit plus pratique à Tom d'aller la voir. Mais comme d'habitude, c'est une mère parfaite. » « C'est super ! J'irai la voir alors tout à l'heure... Ou dans la semaine. »
Enzo avait grimacé à ma soudaine envie d'aller voir Nara, mais j'avais réussi à rattraper le coup. La discussion avec Ezra se poursuivie un peu. Nous parlions des prochains concours quand un autre homme entra dans l'allée. Il était suivi d'un petit lynx roux, dont le pelage changeait doucement de couleur pour passer au gris. Je souris à la vision de mon gros chat, qui trottina vers moi en ronronnant. Je me baissais un peu pour lui gratter la tête.
« Louna ? Je... Je ne savais pas que tu rentrais aujourd'hui... Ça va ? »
Je relevais les yeux sur l'homme qui venait de parler et restais interdite. Je ne le connaissais pas. Ou plutôt, je ne le reconnaissais pas. Je me relevais doucement et jetais un regard plaintif à Enzo. Il comprit tout de suite ce qu'il se passait. Il avait plusieurs fois fait l'expérience de ces amnésies au cours du mois précédent.
« Euhm... Izikel. Louna a... Enfin est amnésique sur certains points et apparemment, tu en fais parti. »
Mon Enzo prend une grande inspiration et se tourne vers moi et me caresse le bras avec tendresse, pour me réconforter. Il sait que dans ces moments là, je peux être prise de panique. Le dénommé Izikel est visiblement mal à l'aise, il ne dit rien. Il nous sert un sourire pincé et hoche doucement de la tête, comme s'il s'y attendait. Une vague de culpabilité m'envahit. Pourquoi je ne me souviens plus de lui ?
« Je suis désolée... » « Ne le sois pas. C'est sans doute mieux comme ça. »
Sans doute mieux comme ça ? Que veut-il dire ? Cette fois, l'incompréhension se lit sur mon visage. Mais je n'ai pas le temps d'ajouter quoi que se soit. Il donne rendez-vous à Ezra et s'éclipse d'un pas rapide, que je suis incapable de rattraper dans mon état actuel. Je reste perdue un moment et me tourne finalement vers Ezra.
« Qu'est-ce qu'il a voulu dire ? Pourquoi c'est mieux comme ça ? »
Le métis soupire mais finalement il me sourit gentiment.
« Ne t'inquiète pas... C'est juste que vous ne vous entendiez pas très bien. Mais ça va aller... Il n'est pas méchant. »
Il me sourit et je finis par me détendre. Mais en attendant, toute cette histoire ne me plait pas vraiment... Si j'ai oublié une personne et tous les souvenirs qui vont avec, qu'ai-je oublié d'autre d'important ?
J'ai 503 Lignes J'utilise un résumé x2 de Louna Les PE pour Maël s'il vous plait ! ^^ Et au lieu des points de dressage, mettez les en jeux, il est déjà full dress =) merci ! Merci pour la correction ! =) Box d'Unforgotten Winter
C'était le grand jour. Le jour où elle allait enfin, après une éternité, pouvoir se remettre en selle. Elle n'en avait presque pas dormi de la nuit et n'arrivait pas à empêcher une certaine anxiété de l'envahir. Mais qu'importe. Avant de descendre au petit déjeuner, elle enfila une tenue d'équitation et rejoignit l'équipe après avoir embrassé Enzo. En bas, toute l'équipe était déjà là, comme d'habitude et elle s'arrêta un instant dans l'encadrement de la porte pour les observer. Rien n'avait changé pendant son absence... Ou presque. En fait si, les choses avaient changés. Mais très subtilement. Liam était toujours en bout de table, mais de chaque côté de lui, il n'y avait plus elle. Ale se trouvait à sa gauche et Dean à sa droite. Venait ensuite souvent Myriam et Maël à côté d'un des américains et Ezra et Inna en face d'eux. Puis Logan et Neyla, souvent ensemble, avec Kwaïgon et Izikel. Enfin, Lou et Siobhan qui restait un peu isolés, en amoureux. L'équipe était unie, joyeuse. Et dans des moments comme celui-ci, elle ne se sentait plus à sa place.
Ce matin, le plan de table n'était pas si différent de celui du reste de la semaine. Liam était en bout de table, Ale et Dean de chaque côté. Myriam et Maël manquaient à l'appel mais ils ne devaient sans doute pas encore être prêt. Ezra venait ensuite, avec Kwaïgon en face de lui. Logan et Neyla étaient côte à côte à côté d'Ezra, laissant pas mal de places libre à côté de Kwaïgon. Lou et Siobhan n'étaient pas là. Et Izikel non plus. A cette pensée, la gorge de la jeune femme se noua. Izikel... Elle avait beau essayé, elle ne parvenait pas à retrouver les souvenirs qui les liaient... Pourtant elle se souvenait du reste, alors pourquoi pas de lui ? Pourquoi l'avait elle effacé de sa mémoire de cette façon ? Elle faisait un blocage... Elle comprenait pourquoi il lui en voulait... Tous les autres lui avait raconté ce qu'il s'était passé, même s'ils avaient des trous. Mais elle avait espérée être pardonné, comme avec tout les autres, et non haït... Elle soupira, perdu dans ses pensées, le regard dans le vide, un bras replié sous sa poitrine et l'autre coude appuyé dessus, à faire coulisser le pendentif sur la chaîne qu'elle portait au coup. Quand elle sorti de ses pensées et releva les yeux, elle croisa le regard bienveillant de Liam et rejoignit la table. Elle s'installa à côté de Kwaïgon avec un sourire.
« Prête ? » « Oui ! J'ai plutôt hâte ! »
L'éleveur sourit et reprit ses notes sur son calepin, discutant avec Dean en même temps. Un problème de foin apparemment.
« Café ? » « Oui s'il te plait. » « Alors, tu sais sur qui tu vas te mettre en selle ? » « Non pas encore... C'est Liam qui choisi apparemment... » « Ah... Si le chef à dit que alors... » « C'est ça ! »
Le coréen lui servit une tasse de café et se replongea doucement dans la lecture d'un quotidien japonais sur son smartphone. A l'autre bout de la table, Ale et Ezra étaient en grande conversation. Logan et Neyla comataient devant leurs cafés. Un petit déjeuner calme... La jeune femme en profita pour replonger dans ses pensées mais la voix claire d'Ezra l'en sorti quelques minutes plus tard.
« Walig ! »
Elle sentit le corps tendu de l'irlandais avant de le voir. Il s'approcha de la table et se tint derrière elle, sans un mot, à bonne distance.
« Assied-toi, faut qu'on parle de Kaiser. »
Le jeune homme soupira et hésita un instant. Louna ne se retourna pas, gardant les yeux baisser sur son café. Le coréen releva à peine les yeux pour saluer l'éthologue. Liam et Dean discutaient toujours, bien que Liam surveille la réaction d'Izikel du coin de l'oeil. Logan et Neyla observaient la scène avec une certaine nonchalance. Finalement, l'éthologue s'assit à côté de Louna, enjambant d'un geste souple le banc. Il garda une certaine distance entre Louna et lui, et la jeune femme le sentit crispé, tendu comme un arc. La mâchoire serrée et les poings également. Il expira lentement en s'asseyant et se détendit un peu, bien qu'il n'accorda pas un regard à l'éleveuse.
Ezra arborait un regard à la fois étonné et victorieux, mais il ne fit aucun autre commentaire. Il attendit que Kwaïgon donne son café à l'irlandais et reprit son air sérieux, comme si de rien n'était... Comme si l'éthologue ne venait pas de faire une effort surhumain.
« Comment va Inna ? » « C'est compliqué... Je dois aller la voir après le petit dej', les heures de visites sont super strictes, c'est l'horreur ! Je déteste ça... »
L'éthologue émit un petit rire étouffé.
« Tu veux que je fasse quoi de Kaiser alors ? » « Faudra voir avec Inna mais va sans doute falloir le bosser... Le remettre dans un état d'esprit... Normal disons... » « Tu veux que je vienne à la clinique avec toi ? » « Non... Ça va aller. En fait... »
Le métis ne termina pas sa phrase et jeta un oeil à Liam, qui releva les yeux sous le silence gêné qui s'installa. Qu'est-ce qui se passe là ? Pourquoi tout le monde est silencieux d'un coup ? La jeune femme ne relève pas pour autant les yeux, fixant le liquide noir de sa tasse.
« On a un soucis. » « Qu'est-ce qui se passe ? »
L'éleveur soupira et posa un instant la tête dans ses paumes, avant de croiser les mains sur la table et se pencher légèrement en avant, fixant Izikel d'un regard grave. L'irlandais se tendit de nouveau, serrant sa tasse entre ses mains et crispant la mâchoire. Liam allait lui demander un service désagréable. Et tout le monde le savait, Izikel comprit... Et avec cet air grave de Liam, Louna eut une petite idée de ce que ça allait être. A cette idée, elle fut prise d'un haut le cœur et serra les dents.
« On a un problème avec Dux. Il est de nouveau en colique et c'est pas bon du tout. Le centre de soin préfère nous envoyer en clinique vétérinaire... Donc on va y aller, sauf qu'elle est à quelques heures de route, on ne sera pas revenu avant demain... -il soupire- Je pars avec Dean... Myriam est accompagnatrice d'une sortie scolaire pour la journée, Logan, Lou et Neyla vont faire un salon, ils ne seront pas là quelques jours également... Le salon est à Wellington. Ale doit s'occuper des élevages et... » « Je peux pas laisser Inna toute seule... » « Kwaïgon a accepté de s'occuper des tours de paddocks des AUPA et... »
Liam prit une grande inspiration... Il n'y avait plus de doute, et au visage fermé d'Izikel, lui aussi avait comprit.
« Est-ce que tu peux, s'il te plait, rester avec Louna pour sa remise en selle ? »
On y est... Il avait demander cela timidement mais avec une certaine fermeté et un désespoir dans la voix. Izikel savait, tout comme Louna, que s'il refusait, elle ne pourrait pas se remettre en selle avant la semaine suivante, la faute à leurs emploi du temps de concours trop chargé et les plannings de repos des chevaux. Izikel serra la mâchoire et expira de nouveau très lentement, pour se calmer sans doute. Il fini par relever les yeux et les fixer dans ceux de Liam.
« Très bien. Mais qu'on soit bien d'accord et que se soit clair dans vos petites têtes à tous : c'est. La. Dernière. Fois. »
Le ton froid et calme qu'il avait employé, dénué d'émotion, détachant bien chaque mot, serra de nouveau la gorge de la demoiselle. Un mauvais pressentiment l'envahit mais elle ne broncha pas. D'une part, elle ne voulait pas repousser sa remise en selle d'une semaine de plus. Et d'autre part, il avait accepté de travailler avec elle, même si c'était contre sa volonté et par obligation. C'était aussi peut-être une occasion de recommencer à nouer des liens ? Elle ne supportait pas l'idée que quelqu'un puisse autant la haïr et elle voulait que le regard que l'irlandais portait sur elle change. Mais pour cela, il allait lui falloir du temps, et de nombreuses preuves de son désir de changer les choses. De très nombreuses.
« Merci Walig. Prenez Orcanta ou Unfor... On va essayer d'éviter Nara, pour ne pas la séparer trop longtemps d'Ice... »
L'éthologue hocha de la tête et se leva sans attendre et sans accorder un regard à personne. Une fois qu'il fut parti, c'est Ezra qui reprit la parole, alors que Liam soupirait.
« C'était pas si dur finalement... J'ai cru qu'il allait refuser à sa tête. »
La demoiselle releva enfin les yeux et croisa le regard désolé de Liam. Ce n'était pas de sa faute, elle ne pouvait pas lui en tenir rigueur.
« C'est pas grave. Ça va aller... Et puis il fera que de la figuration, non ? » « J'espère oui... » « Ale tu fais quoi toi déjà ? » « Je dois aller voir le fournisseur de foin après avoir mit l'élevage en paddock... » « Je suis sensé l'accompagné mais si tu veux que je vous accompagne... » « Non ça va aller... Allez-y. »
Elle sourit faiblement. Un petit quelque chose lui disait que la journée allait être longue...
*** *** ***
Un mauvais pressentiment habitait la jeune femme, mais elle se dirigea tout de même d'un pas décidé vers l'élevage de Liam pour préparer Unfor. Izikel lui avait envoyé un message pour lui donner rendez-vous au manège dans une demi heure. Le temps pour lui de réserver la structure -privilège de moniteur- et de la ranger et pour elle de seller Unfor et se rendre audit manège. Liam avait eu la délicatesse de laisser le grullo dans son box et il était propre. La demoiselle n'eut donc pas grand chose à faire pour préparer l'étalon. Coup de cure pied, coup de grosse pour la forme, pose des bandes, tapis, selle de dressage, filet. Elle n'eut plus qu'à enfiler ses gants et mettre sa bombe avant de sortir pour rejoindre le manège, avec un peu d'avance.
Quand elle entra dans la structure, l'étalon à sa suite, à première vue, elle était vide. Mais Izikel surgit de nulle part, la faisant sursauté et referma la porte derrière le couple. Louna se retint de lui jeter un regard assassin et se dirigea au centre du manège, où elle stoppa Unfor. L'étalon était calme pour l'instant mais sa nuque haute et ses oreilles en avant montraient qu'il était complètement alerte. La jeune femme descendit ses étriers, patiemment et vérifia son sanglage. Une fois de plus, la voix d'Izikel dans son dos la fit sursauter.
« Tu veux que je t'aide à monter ? »
Elle se retourne sur Izikel et échange un regard furtif avec lui. Il n'a pas l'air hostile, mais son visage est fermé.
« Non ça va aller... Merci. »
Il se contente d'un hochement de tête et s'éloigne, un cube sous le bras. Il pose le tout pas très loin du milieu, dans une zone nulle de tracé de figure de manège basique et s'assoit, sortant son téléphone de sa poche pour se plonger dedans. C'est rare de le voir le nez dans son téléphone... Généralement ce n'est pas vraiment son truc. Mais il faut croire qu'il a besoin d'une échappatoire et le petit habitant de nos poches en est un parfait. La jeune éleveuse soupire et se met en selle, avec difficulté. Ces longs mois d'arrêt lui ont fait beaucoup de mal... De même que la perte de son tonus musculaire. Elle grimace en chaussant ses étriers et reprend doucement ses rênes. Quelques réflexes sont encore là, c'est déjà ça. Elle presse doucement les mollets et Unfor se met en marche en secouant un peu la tête. Il est excité. Une des juments de l'élevage doit être en chaleur. Cette constatation fait grimacer de nouveau la jeune femme mais elle ne dit rien. Elle tente de retrouver ses sensations en selle et ses bases. Petit à petit, elle met en place ses aides et se corrige, selon la façon dont réagit Unfor'. Mais l'étalon piétine et s'impatiente. A tort peut-être, la demoiselle prend le trot, mais Unfor' bondit en avant et s'ébroue violemment. Louna lâche ses rênes et s'agripe à la crinière du grullo mais l'étalon poursuit ses sauts de mouton et désarçonne l'éleveuse qui tombe lourdement sur le côté. En quelques secondes, Izikel est à côté d'elle.
« Ça va ? » « Ça va... »
Il hésite mais lui tend finalement la main pour la remettre sur pied. Elle a les larmes aux yeux plus à cause de la rage que de la douleur. Les émotions se bousculent et lui enserre la gorge. L'éthologue la laisse là et va récupérer l'étalon qui poursuit ses coups d'épaules comme un poulain. Un coup de rêne dans les dents en plein milieu d'un de ses sauts le stoppe net et il recule violemment, mais le garçon le tient toujours. Il ne dit rien et fixe l'étalon, tenant fermement sa rêne. Une fois le grullo à l'arrêt, il le contourne et saute en selle, sans s'aider des étriers, qu'il ne chausse d'ailleurs pas. Rapidement, il ajuste ses rênes et met l'étalon au trot sur la piste, puis au galop. Le grullo lâche quelques coups de cul que l'éthologue suit avec souplesse. Il le laisse accéléré à sa guise et lâcher son jus, tout en contrôlant sa trajectoire. Louna, rouge de honte au centre du manège, le regarde faire, les mains sur les hanches. Au bout de quelques minutes, il a reprit un galop de travail classique. Izikel le travaille à cette allure, relâchant peu à peu la pression. Unfor vient se caler sur sa main et obéit, avec souplesse et soumission. Quand Izikel s'arrête à côté de Louna, l'étalon écume et transpire, mais il est plus calme. L'éthologue la regarde du haut de sa selle, avec une certaine sévérité dans le regard.
« Tu as peur. Il le sent. » « Je pense que c'est plutôt une jument en chaleur... »
Il soupire et met pied à terre, s'écartant pour la laisser remonter. Elle hésite. Elle n'a pas très envie de rechuter. Elle a le malheur de croiser le regard dur de l'éthologue.
« Remonte. »
Une hésitation mais finalement, elle se plie à l'ordre du cavalier et se remet en selle. Unfor se tend de nouveau quand Izikel se recule et l'étalon le regarde. La jeune femme tente de se détendre et reprend ses rênes en rechaussant ses étriers. D'abord au pas. Elle enchaîne les cercles et teste sa capacité à s'arrêter. Puis prudemment, elle prend le trot. Ce coup-ci se passe plutôt bien. Elle enchaîne donc les exercices simple, les transitions. Mais quand Unfor accélère, elle se crispe, ce qui contracte plus encore l'étalon et le fait accélérer encore. Le cercle vicieux par excellence... Qui n'échappe pas à Izikel.
« Détends toi. » « JE SAIS ! »
Elle n'avait pas voulu crier. Sa clameur, dans le silence du manège, effraie Unfor' qui fait un violent écart. Louna se retrouve de nouveau dans le sable, mais plus en douceur cette fois. Elle tient un instant les rênes mais l'étalon se débat et elle lâche. Encore une fois, il ne suffit que de quelques secondes pour qu'Izikel soit au dessus d'elle, à lui tendre la main. Cette fois il n'hésite pas, mais elle sait qu'il réprime un frisson à chacun de ses contacts.
« Tu es crispée, c'est un cheval qui réagit très fort au comportement du cavalier. » « JE SAIS ! JE SAIS IZIKEL ! » « Alors cesses de crier ça ne t'avanceras à rien ! »
La frustration et la rage la font fondre en larme. Ce n'est pas que la chute, c'est un tout. C'est son incapacité à pouvoir, encore aujourd'hui, être incapable de faire certains gestes, à avoir perdu une partie de son autonomie, de sa mémoire, le comportement d'Izikel envers elle qu'elle ne comprend qu'à moitié, la réserve des médecins. Pourra-t-elle retrouver son niveau un jour ? Et l'amitié qu'elle a perdu ? L'éthologue est reparti chercher l'étalon pour laisser à la jeune femme le temps de se calmer et il le fait marcher sur la piste, marchant à côté de lui. Il faut quelques minutes à la jeune femme pour récupérer un semblant de sang froid. Mais quand elle s'approche d'Izikel et de l'étalon, tout son corps tremble et le jeune homme la stoppe d'un geste.
« Avant de remonter, calmes toi. » « Je suis calme. » « Certainement pas. Tu trembles. » « La faute à qui ?! » « Certainement pas la mienne. » « Pardon ?! »
Son ton est acerbe et le regard de l'éthologue se fait noir. Au moment où elle lui dit, elle sait qu'elle a été trop loin. La mâchoire du garçon se crispe et après un dernier regard, il prend le chemin de la sortie, emportant l'étalon avec lui.
« Le cheval. »
Il s'immobilise et se retourne à demi.
« Tu rigoles j'espère ? » « Non. Laisses moi Unfor'. » « C'est hors de question. »
Le ton monte. Foutu pour foutu, autant que ça éclate maintenant.
« Et pourquoi ? » « Tu sais pourquoi. » « NON JE NE SAIS PAS ! » « Louna, ça suffit. Rentres et regardes toi dans un miroir et tu comprendras pourquoi. » « MAIS QU'EST-CE QUE T'EN AS A FAIRE DE TOUTE FAÇON ? TU VOULAIS PAS VENIR ! QU'EST-CE QUE T'EN AS A FAIRE QUE JE TOMBE OU PAS ?! »
Cette fois il se retourne et son regard est noir de colère. Mais contrairement à la jeune femme, il n'hausse pas le ton et reste presque calme.
« J'en ai à faire que je l'ai promis à Liam. J'en ai à faire que même si ça ne se voit pas, j'ai encore assez de respect pour toi pour t'empêcher de te tuer avec ce cheval. J'en ai à faire que je n'ai pas envie d'avoir encore une mort sur la conscience et encore moins la tienne ! J'en ai marre de tout ça. J'en ai marre d'avoir des fantôme à traîner toutes les nuits ! La plupart je te les dois, alors ne viens pas me faire la morale sur quoi que se soit. » « Parce que tu crois que je n'en ai pas marre moi ? De ne pas savoir ce que je t'ai fait ? De ton comportement envers moi ? J'ai l'impression d'être une sous merde ! Et aujourd'hui plus que n'importe quand ! Je dois me faire chaperonner pour monter à cheval. Et en plus par l'homme qui doit sans doute le plus me haïr au monde. En plus je tombe ! Deux fois ! Et tu trouves rien de mieux à faire que de monter dessus et me prouver à quel point je suis une incapable ! » « Parce que tu crois que je suis monté dessus pour te prouver quelque chose ? » « Oui ! » « Et bien ça prouve en effet à quel point tu ne me connais pas ! Je suis monté dessus pour lui permettre de se lâcher, sans avoir à aller chercher une longe ou le laisser en liberté. Sans qu'il ne soit un danger pour toi ou pour lui même ! Et oui, je te déteste parce que tu m'as trahi ! Je croyais te l'avoir clairement expliquer la dernière fois qu'on a eu ce genre de tête à tête. Non je ne compte pas te pardonner tout de suite, parce que je l'ai encore en travers de la gorge, et que je suis quelqu'un de rancunier. N'échange pas les rôles Louna, ce n'est pas toi la victime. Ce n'est pas toi qui a été trahie. Maintenant si tu ne comprends pas que j'ai besoin de temps pour me reconstruire -parce qu'en ce moment, tu ne le sais peut-être pas, mais ma vie ressemble à monceau de verre brisé, et bien je ne peux rien pour toi. Je fais déjà des efforts et pour l'instant, je suis incapable d'en faire plus. Si ça aussi tu ne peux pas le comprendre, alors effectivement, on a vraiment plus rien à faire ensemble, et il vaudrait peut-être même mieux que je quitte le Haras. » « Quoi ... ? »
Quitter le Haras ? Lui ? Liam ne lui pardonnerait jamais... A elle en tout cas. Toute colère et toute rage avait quitté le corps de la demoiselle d'un coup. Sa vie, un monceau de verre brisé ? Elle savait qu'il s'était absenté quand elle était à Chicago mais personne ne lui avait dit pourquoi. Comme il était revenu avec des chevaux, elle avait simplement penser qu'il était aller les chercher. Ses blessures dû à une mauvaise chute ? Personne ne lui avait rien dit. Les autres parlaient, certes, mais elle n'avait pas fait une seule fois le rapprochement avec quoi que se soit. Pourquoi ne lui avait-on rien dit ? En réalité, elle savait pourquoi. Elle prenait simplement le petit déjeuner avec l'équipe et quand ils discutaient avec elle, c'était des élevages, des FHE, de sa rééducations, d'eux, mais jamais d'Izikel. Il était son tabou et personne ne l'évoquait devant elle... Cette constatation lui fit un choc. Il avait des problèmes et personne ne lui avait rien dit...
« Tu as très bien compris. » « Non, ne... Ne pars pas. Ne quittes pas le Haras. » « Se serait mon choix. Je n'ai pas besoin de ton avis. » « Je suis désolée. Je... En fait je ne sais pas ce qui t'arrive. Personne ne me parle de toi. Personne ne m'a parlé de toi depuis que je leur ai demandé de te décrire cet hiver... Avant de repartir à Chicago. » « Et bien tant mieux pour toi. » « Dis moi alors... Dis moi ce qui t'arrive. »
Il détourne les yeux un instant et son visage se crispe. Ça doit être douloureux.
« Je ne pense pas que se soit une bonne idée. » « S'il te plait... » « Non. » « Izikel, s'il te plait... Mets moi au moins au courant, que je ne sois pas encore l'idiote de service... Ou que je te blesse sans le savoir. Je t'ai assez fait de mal comme ça, ne me laisse pas l'occasion de continuer. »
Il hésite, mais son regard est toujours sombre. Il faut le convaincre.
« Je sais que je te demande un effort supplémentaire mais... -elle soupire- S'il te plait... Peut-être que je pourrais t'aider ? »
Elle hausse les épaules, en désespoir de cause et referme les mains sur ses bras, comme pour se réchauffer. Unfor' est toujours immobile à côté de l'éthologue. Le garçon fini par soupirer et se pincer l'arrête de nez. Il se retourne sur l'étalon, dessangle et desselle. De l'autre main, il décroche sa muserolle et fait glisser le filet de sa tête avant d'émettre un long sifflement. Aussitôt, l'étalon grullo fait un bond sur le côté et s'éloigne de lui en saut de mouton. L'éthologue va au centre du manège et dépose le matériel et Louna le suit, gardant un oeil sur l'étalon grullo qui galope librement autour d'eux. Le brun se laisse tomber sur son plot, comme vide de toute énergie et quand il reprend la parole, c'est d'une voix très lasse, empli d'une tristesse profonde.
« Tu te souviens de Moïra ? » « Abraams ? La tueuse à gage ? » « Oui. » « Bien sûr... Elle m'a apprit beaucoup de choses à Paris... Elle m'a permis de survivre dans la rue et finalement d'en sortir... » « Et bien je l'aime. Beaucoup. Malheureusement il a fallu qu'elle prenne le large. Elle a changé d'identité et on arrive pas à la retrouver. Je suis sans nouvelles d'elle. Et ça me détruit. » « Elle t'aime aussi... Depuis le début. »
Le jeune homme lui jette un regard soupçonneux et elle se risque à un sourire, auquel elle n'a pas de réponse. Il ne faut pas abuser des bonnes choses.
« Elle me l'avait dis un peu après Paris... Je n'ai pas eu de ses nouvelles depuis mon réveil... Elle est venu me voir à l'hôpital. » « Je sais. » « Je suis désolée Izikel... Sincèrement. »
Il soupire, mais ne répond pas. Il enfouit un instant la tête dans ses mains, passe ses doigts dans ses cheveux et il faut toute sa force de caractère à la jeune femme pour ne pas lui poser une main réconfortante sur l'épaule. Elle croise les bras pour réprimé ce geste et le jeune homme se relève finalement après un soupir. Il siffle le grullo et tend une main amicale vers l'étalon qui approche au petit trot. L'éthologue se tourne vers elle et lui fait un signe.
« Viens. »
Elle approche et il tapote le dos du grullo. Elle se laisse faire et aider quand il lui fait la courte échelle pour qu'elle se mette à cheval, bien qu'une certaine appréhension monte en elle. Se retrouver sans selle, c'est étrange. Surtout après tant de temps. Mais la sensation est agréable. Elle sent chaque muscle rouler sous ses cuisses. Izikel reste à côté de l'étalon et le fait marcher. Il le place sur la piste, de façon à limiter son champs d'action et lui demande un pas espagnol. Unfor est hésitant mais il veut bien faire et lève les antérieurs avec un peu trop d'enthousiasme. Cheval expressif... Ensuite, un petit trot, très compact, très confortable. L'homme et le cheval mettent un moment à s'accorder avant que le trot de l'étalon ne devienne régulier. Puis Izikel le ralenti et demande un piaffer. Là encore, Unfor hésite, mettant un moment à comprendre qu'il doit d'abord basculer son poids vers l'arrière. Louna l'y aide un peu, en orientant ses épaules. Puis ils repartent en avant, tout aussi lentement. Puis arrêt. Elle est enfin détendue et sourit. Unfor, à l'arrêt, garde la tête collée sur le torse du jeune homme, qui lui gratte gentiment le haut de l'encolure, derrière les oreilles, le nez dans son toupet. Ils restent longtemps ainsi, la jeune femme toujours perchée sur le dos du grullo, silencieuse. Ce n'est qu'une fois la respiration du grullo très lente que le jeune homme rompt le contact et laisse la jeune femme descendre. Il ramène le couple au centre et remet son filet à Unfor' avant de prendre la selle dans les bras.
« Je te laisse le ramener, je vais m'occuper de sa selle. »
La demoiselle acquiesce avec un fin sourire.
« Ok. Et Izikel... Merci. »
Il pince les lèvres et lui fait un bref hochement de tête avant de partir devant. Finalement, peut-être que tout n'est pas perdu... Mais il va leur falloir du temps... Beaucoup de temps...
La jeune femme, souriante, tendit les bras pour récupérer la petite Cathy, souriante, de ceux de son père. L'éthologue lui adressa un fin sourire avant de lui laisser la petite fille et s'installer pour terminer la préparation de son biberon. Depuis que Louna avait été voir Cathy pour la première fois, Izikel était un peu moins colérique envers elle. Si avant la trêve hivernale il ne voulait pas même la voir, désormais il acceptait sa présence et même ses conversations. Certes, ils n'avaient plus la complicité qu'ils avaient pu avoir, mais ils avaient cesser de se taper dessus à coup de masses verbales. Ce qui était déjà un grand pas en avant. Cathy avait aussi eu le don de lui rendre un peu de sérénité et le sourire. Il avait le teint plus frais, les cernes réduites et semblait moins anxieux. Il y avait toujours des sujets qu'il fallait éviter en sa présence, mais même quand il n'était pas dans les parages, ils ne parlaient pas des « choses qui fâchent ». Il en allait de même pour le coréen, dont le retour en mauvais état début décembre avait soulevé par mal de questions, mais personne ne les avait posé. Il leur avait comprendre d'une simple phrase que « tout était enfin terminé ». Et cela avait satisfait tout le monde, même Alejandro et Ezra. Les difficultés qu'ils avaient surmonté étaient derrière eux et personne ne voulait les faire remonter à la surface. Elles étaient bien là où elles étaient et ils profitaient de la toute nouvelle paix qui s'abattait sur le groupe. Elle était attendue et elle était bienvenue. Rien d'autre ne comptait plus que leur équipe, que la famille qu'ils formaient. Elle était saine et sauve, plus soudée que jamais.
Izikel lui tendit le biberon après avoir tester la température sur son poignet et la jeune femme s'empressa de le donner à Cathy qui commençait à râler fermement. C'était un bébé facile : elle souriait tout le temps, heureuse de vivre, gazouillait sans arrêt quand elle ne dormait pas, et les seuls moments où elle pleurait, c'était quand elle avait vraiment faim ou que quelque chose lui faisait mal. La cause en allait d'ailleurs souvent à un rot coincé. En attendant, l'éthologue -et l'équipe- ne pouvait pas rêver mieux comme bout de chou. Maël considérait l'enfant comme sa petite sœur et déployait des trésors d'attention et d'ingéniosité pour l'occuper.
« Salut tout le monde ! »
Une salve de « Salut ! » répondit à l'éleveur qui prit place au milieu de tout le monde. Il était, pour une fois, le dernier arrivé. Un gros rhume clouait Myriam au lit et il avait dû emmener son fils à l'école. A peine assit cependant, Logan l'assaillait de questions.
« Alors ? C'est la grippe ? Et vous avez décidé d'une date ? »
Le trentenaire eu un léger soupir et s'employa à répondre posément, acceptant le café que lui tendait Kwaïgon.
« C'est seulement un virus hivernal, pas la grippe et on s'est dit que le mois d'Avril ou Mai se serait sympa. »
Logan fit la mou et les discussions allèrent bon train autour du sujet. Le mariage de Liam et Myriam était un sujet de rumeur assez fréquent en ce moment. Ils changeaient de date constamment, ce qui empêchait tout le reste de la troupe de s'organiser correctement.
« Et l'essai avec Wig' ? Ça été concluant ? »
Liam et Kwaïgon échangèrent un regard, douloureux de la part du coréen.
« Pas vraiment. Kwai a fait une grosse chute, beaucoup de défense de la part de Wig. Je pense que ça va être compliqué... Mais ta reprise de dressage au concours s'est super bien passé ! Il n'y a pas de raison que vous ne vous compreniez pas à force. »
La jeune femme fit une grimace et hocha de la tête. Elle chutait presque à chaque séance qu'elle faisait avec Wig', quelque soit la discipline et elle appréhendait chaque passage en selle sur le pie. Logan lui donnait des cours à part de façon à ce qu'elle apprenne à se détendre, mais ce n'était pas encore ça. Izikel prenait souvent le relais et faisait des séances seul avec le pie, pour essayer de comprendre son comportement et lui apprendre à se calmer, mais là encore, le chemin était très long et l'éthologue ne voulait pas prendre le pie à sa charge. Pas avec tout les chevaux qu'il avait déjà. Un autre trait bénéfique de l'arrivée de Cathy dans sa vie : il avait levé le pied et apprit à être raisonnable.
« Paraît qu'on va avoir un nouveau chef ? »
Dean, la bouche pleine, avait lancé cela de l'autre bout de la table, assez fort pour couvrir le brouhaha des conversations. Du coup, tout le monde s'était tu et tourné vers Liam pour entendre la réponse. Lequel se pinça l'arrête du nez et soupira de nouveau avant de répondre avec une patience limité.
« Oui. Carter. Un américain. Louna et Ale doivent aller le chercher ce soir. Mais vous le savez déjà, on en a parlé à la dernière réunion. » « J'étais pas à la dernière réunion. »
C'était vrai, il était sur une urgence maréchale.
« C'est vrai, excuses-moi. Les autres, vous auriez quand même pu le mettre au courant. » « J'avais complètement oublié ! Tu m'aurais prévenu Louna ? » « Oui ne t'inquiète pas. » « On part à quelle heure ? » « Après le nourrissage de dix-sept heure. » « Vous prenez la jeep ? » « Oui je pense... » « Oh... Non... » « Tu en as besoin ? » « Oui. Je voulais aller en ville... » « Kwai, tu ne peux pas l'accompagner ? » « Je peux. » « C'est vrai ?! Oh ! Merci ! »
La rousse se leva de son siège pour aller enserrer doucement le coréen, sous le regard un peu noir de Siobhan. Louna ne savait pas où ils en étaient de leur relation mais apparemment, elle n'était pas au beau fixe. Le reste du petit déjeuner se passa bien. Liam se sépara de son humeur massacrante après avoir terminé son premier café et Cathy retrouva les bras de Keira, sa nounou. Ils prirent ensuite tous le chemin des élevages pour entamer leur journée...
***
L'éthologue souriait, frottant avec énergie le garrot de Leota qui étendait son encolure en babillant des lèvres. A côté, ses deux poulains observaient le cavalier avec une certaine circonspection. Ils devaient bien se demander ce que ce bipède faisait à leur mère ! Louna n'avait toujours pas retrouver la mémoire en ce qui concernait l'irlandais. Tout ce qu'il s'était passé avec lui avant son réveil un an auparavant était perdu à jamais. Les six derniers mois avaient été conflictuels mais désormais, les choses allaient mieux. Mais la jeune femme en était consciente, c'était une paix relative. Fragile.
Perdu dans ses pensées, à observer Izikel depuis l'encadrement de la porte de son bureau, elle n'entendit pas Logan arriver et sursauta quand il entra dans son champs de vision. Aussitôt, le français s'inquiéta, tendant une main rassurante vers elle.
« Oh pardon ! Je t'ai fait peur ! » « Non ça va... Ne t'inquiète pas. »
Elle lui sourit, et il lui rendit ce sourire. Logan était un garçon discret, mais très compétent et qui connaissait parfaitement son travail et sa place. Il s'inquiétait souvent pour les autres, mais pas comme Kwaïgon, Ale ou Ezra le feraient. Eux avaient un côté sombre et des préoccupations qui les dépassaient tous, alors que lui était bien plus connecté avec leur quotidien, les élevages, les chevaux. Légolas, son berger australien aux yeux vairons, entra dans l'allée au petit trot, haletant. Il s'assit en plein milieu et attendit, sage.
« Tu as sorti les miens ? » « J'ai ouvert les paddocks à tout le monde. » « Super merci ! »
Il lui sourit et poursuivit sa route, Légolas attendant sagement son maître à l'entrée. La jeune femme lui caressa la tête avant de relever les yeux sur Izikel. Il grattouillait cette fois le garrot d'un des poulains, le pie, avec moins de vivacité que sa mère. Le petit équidé se laissa faire, sous le regard curieux de son frère. Il était bien parti pour en faire deux poulains proche de l'homme ! Mais cela ne l'étonnait guère de la part de l'éthologue. Pour sa part elle alla voir sa petite Lady, qui somnolait au soleil avec sa toute jeune pouliche entre les patte, allongée de tout son long. Inutile de les déranger maintenant. Les jeunes poulains avaient besoin de sommeil et elle aurait tout le temps de la désensibiliser. Elle décida de rejoindre Logan, qui passait un licol à son poulain en charge, Starwax. Le jeune champagne ambre était sevré et n'attendait plus que d'être manipulé désormais, ce que Logan s'employait à faire, chaque jour.
Starwax n'était pas un jeune étalon facile. Cela faisait quelques semaines maintenant qu'il apprenait à vivre seul mais l'expérience lui était quelque peu difficile. Pour le rassurer, Louna lui avait mit Dom comme voisin, et en bout d'allée, pour qu'il puisse se faire à sa nouvelle vie. Les box étaient tous grillagé, de sorte que tous les chevaux puissent se voir, mais ils ne pouvaient pas interagir les uns avec les autres. Petit à petit, le croisé arabe s'y faisait, mais les choses étaient encore difficiles et il le leur faisait savoir, avec force de hennissements. Logan boucla le licol et emmena le poulain à sa suite dans le paddock rattaché à son box, lui faisant faire le tour de celui-ci plusieurs fois afin de s'assurer le respect du poulain avant de sortir. Pour l'instant, il n'allait pas très loin. Chaque jour, il fait le tour de l'allée, passait quelques minutes à l'attache en alternant les soins -un jour les pieds, le lendemain un coup de brosse, puis les crins, etc- mais n'y restait pas encore pour un pansage complet. Il allongeait le temps de ses passages et finissait par aller faire quelques pas à l'extérieur, laissant le poulain brouter un moment. Là encore, cela dépendait des jours. Starwax était curieux mais très sensible au changement. La moindre nouveauté le figeait et il fallait redoubler de patience pour lui faire comprendre que ce n'était pas dangereux et lui montrer l'objet de sa crainte. Mais une fois ceci fait, il n'avait plus jamais peur de la chose, qu'elle disparaisse ou pas.
Louna suivit attentivement le manège du jour. Starwax se montra patient, intéresser par Izikel qui passait les mains sur le corps de son second poulain. Il resta ainsi plus longtemps que d'habitude au pansage, ce qui permit à Logan de lui faire les pieds et de lui passer un coup de brosse. Il donnait les pieds sans problèmes. Les seules fois où il ne les donnait pas, c'était souvent parce qu'il était obnubilé par autre chose et qu'il n'écoutait pas. En somme, il était plutôt prometteur mais demanderait beaucoup d'attention et de travail.
La jeune femme regagna son bureau quand Logan sorti pour la séance de broutage. Elle passa la main entre les oreilles de Caïpi, endormie sur une chaise, une patte pendant dans le vide. La lynx rousse commençait à vieillir. Son pelage prenait des teinte un peu plus grise, et elle dormait plus, partant moins en vadrouille. Il faudrait qu'elle pense à la faire examiner par Siobhan, juste pour se rassurer... Elle s'était tout juste assise quand Ale fit irruption dans son bureau.
« On y va ? » « Déjà ? »
Elle regarda instinctivement sa montre. Il était dix-sept heure passée. Elle se leva d'un bond, abandonnant ses papiers sur place et attrapant son sac à main.
« Oh bah oui ! » « Heureusement que tu me l'a dit ce matin, on aurait été en retard sinon ! » « Oui ! C'est certain ! »
Ils traversèrent la cours des élevages et prirent le raccourcit forestier leur permettant de rejoindre le parking. La route était dégagée mais par précaution, ils avaient équipé la jeep de pneus neige. Ale prit le volant et ils prirent la route de l'aéroport. Louna avait vu une photo du jeune homme qu'ils allaient chercher mais mis à part son nom, elle ne savait rien d'autre de lui.
« Tu saurais le reconnaître ? » « Non... Toi non plus j'imagine ? » « Du tout ! Je vais voir si j'ai de quoi faire une pancarte... »
Elle farfouilla dans son sac et par chance, trouva un carnet et un stylo. Elle écrivit aussi gros que possible « Carter Everett » dessus et montra le tout à Ale qui jeta un coup d'oeil prudent pour ne pas quitter la route des yeux trop longtemps. Il sourit, un peu moqueur.
« Parfait ! J'espère juste qu'il n'est pas myope ! »
Il rit doucement alors que la demoiselle regardait à nouveau sa pancarte. Il était vrai que c'était écrit un peu petit, mais c'était tout de même lisible. Malicieuse, elle répondit au jeune homme.
« T'auras qu'à faire le prochain et on verra ! » « Sinon prends deux papiers, un avec le nom et l'autre le prénom. » « Et on en tiens un chacun ? » « Exactement ! »
La demoiselle s'exécuta alors que le coach s'engageait dans la bretelle d'accès au parking de l'aéroport. Ils n'étaient vraiment pas loin du hub, c'était une vraie chance. Cela leur évitait également les bouchons et les traversé de centre ville ou autre. Il gara la voiture dans le parking souterrain et ils filèrent devant les panneaux des arrivées, cherchant le vol du garçon pour avoir sa porte de sortie. Une fois ceci fait, ils se dirigèrent vers celle-ci et attendirent, une petite pancarte chacun. Ale avait lancé un petit jeu : essayer de deviner ce que faisait les gens. Il y mettait beaucoup d'humour, ce qui rendit l'attente moins longue.
Enfin, les portes s'ouvrirent et les voyageurs commencèrent à sortir. Pleins d'espoir, ils abandonnèrent leur petit jeu, mais personne ne venait à leur rencontre. Machinalement, les gens lisaient leurs pancartes mais sans jamais se présenter. Ils attendirent ce qui paru à Louna une éternité avant qu'un homme ne vienne à leur rencontre. Mais sur le coup, Louna fut tellement surprise qu'elle ne réagit pas. Et pour cause : le jeune homme en question était en fauteuil roulant.
« Bonsoir ! Carter Everett, enchanté ! »
Il tendit une main à Louna mais celle-ci ne réagit pas. Heureusement, Ale vint à son secours et serra la main du jeune homme avec vigueur, accompagnant ce salut d'un sourire chaleureux.
« Enchanté ! Alejandro Cowie, coach d'élevage et Louna Reg, éleveuse. Tu peux m'appeler Ale ! » « Super ! Merci d'être venu me chercher ! » « C'est avec plaisir ! Excuses Louna, je crois qu'elle ne s'attendait pas à trouver un homme en fauteuil. » « Il n'y a pas de mal ! Je me suis demander tout le vol ce que j'étais en train de faire aussi ! »
Les deux hommes rirent et ils prirent le chemin du parking, laissant Louna rouge de honte reprendre ses esprits. Elle les rattrapa en quelques secondes.
« Excuses moi... Je... Bref. Tu n'as pas de bagages ? » « Non, j'ai tout fait livré. Jeffrey m'a dit qu'il avait tout reçu. » « Oh ! Parfait ! »
Cette fois la jeune femme sourit. Carter lui rendit son sourire et ils se remirent en route vers le parking. Une bien curieuse recrue allait intégrer leur équipe...
La jeune femme, souriante, tendit les bras pour récupérer la petite Cathy, souriante, de ceux de son père. L'éthologue lui adressa un fin sourire avant de lui laisser la petite fille et s'installer pour terminer la préparation de son biberon. Depuis que Louna avait été voir Cathy pour la première fois, Izikel était un peu moins colérique envers elle. Si avant la trêve hivernale il ne voulait pas même la voir, désormais il acceptait sa présence et même ses conversations. Certes, ils n'avaient plus la complicité qu'ils avaient pu avoir, mais ils avaient cesser de se taper dessus à coup de masses verbales. Ce qui était déjà un grand pas en avant. Cathy avait aussi eu le don de lui rendre un peu de sérénité et le sourire. Il avait le teint plus frais, les cernes réduites et semblait moins anxieux. Il y avait toujours des sujets qu'il fallait éviter en sa présence, mais même quand il n'était pas dans les parages, ils ne parlaient pas des « choses qui fâchent ». Il en allait de même pour le coréen, dont le retour en mauvais état début décembre avait soulevé par mal de questions, mais personne ne les avait posé. Il leur avait comprendre d'une simple phrase que « tout était enfin terminé ». Et cela avait satisfait tout le monde, même Alejandro et Ezra. Les difficultés qu'ils avaient surmonté étaient derrière eux et personne ne voulait les faire remonter à la surface. Elles étaient bien là où elles étaient et ils profitaient de la toute nouvelle paix qui s'abattait sur le groupe. Elle était attendue et elle était bienvenue. Rien d'autre ne comptait plus que leur équipe, que la famille qu'ils formaient. Elle était saine et sauve, plus soudée que jamais.
Izikel lui tendit le biberon après avoir tester la température sur son poignet et la jeune femme s'empressa de le donner à Cathy qui commençait à râler fermement. C'était un bébé facile : elle souriait tout le temps, heureuse de vivre, gazouillait sans arrêt quand elle ne dormait pas, et les seuls moments où elle pleurait, c'était quand elle avait vraiment faim ou que quelque chose lui faisait mal. La cause en allait d'ailleurs souvent à un rot coincé. En attendant, l'éthologue -et l'équipe- ne pouvait pas rêver mieux comme bout de chou. Maël considérait l'enfant comme sa petite sœur et déployait des trésors d'attention et d'ingéniosité pour l'occuper.
[color=teal]« Salut tout le monde ! »[/color]
Une salve de « Salut ! » répondit à l'éleveur qui prit place au milieu de tout le monde. Il était, pour une fois, le dernier arrivé. Un gros rhume clouait Myriam au lit et il avait dû emmener son fils à l'école. A peine assit cependant, Logan l'assaillait de questions.
[color=seagreen]« Alors ? C'est la grippe ? Et vous avez décidé d'une date ? »[/color]
Le trentenaire eu un léger soupir et s'employa à répondre posément, acceptant le café que lui tendait Kwaïgon.
[color=teal]« C'est seulement un virus hivernal, pas la grippe et on s'est dit que le mois d'Avril ou Mai se serait sympa. »[/color]
Logan fit la mou et les discussions allèrent bon train autour du sujet. Le mariage de Liam et Myriam était un sujet de rumeur assez fréquent en ce moment. Ils changeaient de date constamment, ce qui empêchait tout le reste de la troupe de s'organiser correctement.
[color=palevioletred]« Et l'essai avec Wig' ? Ça été concluant ? »[/color]
Liam et Kwaïgon échangèrent un regard, douloureux de la part du coréen.
[color=teal]« Pas vraiment. Kwai a fait une grosse chute, beaucoup de défense de la part de Wig. Je pense que ça va être compliqué... Mais ta reprise de dressage au concours s'est super bien passé ! Il n'y a pas de raison que vous ne vous compreniez pas à force. »[/color]
La jeune femme fit une grimace et hocha de la tête. Elle chutait presque à chaque séance qu'elle faisait avec Wig', quelque soit la discipline et elle appréhendait chaque passage en selle sur le pie. Logan lui donnait des cours à part de façon à ce qu'elle apprenne à se détendre, mais ce n'était pas encore ça. Izikel prenait souvent le relais et faisait des séances seul avec le pie, pour essayer de comprendre son comportement et lui apprendre à se calmer, mais là encore, le chemin était très long et l'éthologue ne voulait pas prendre le pie à sa charge. Pas avec tout les chevaux qu'il avait déjà. Un autre trait bénéfique de l'arrivée de Cathy dans sa vie : il avait levé le pied et apprit à être raisonnable.
[color=cornflowerblue]« Paraît qu'on va avoir un nouveau chef ? »[/color]
Dean, la bouche pleine, avait lancé cela de l'autre bout de la table, assez fort pour couvrir le brouhaha des conversations. Du coup, tout le monde s'était tu et tourné vers Liam pour entendre la réponse. Lequel se pinça l'arrête du nez et soupira de nouveau avant de répondre avec une patience limité.
[color=teal]« Oui. Carter. Un américain. Louna et Ale doivent aller le chercher ce soir. Mais vous le savez déjà, on en a parlé à la dernière réunion. »[/color] [color=cornflowerblue]« J'étais pas à la dernière réunion. »[/color]
C'était vrai, il était sur une urgence maréchale.
[color=teal]« C'est vrai, excuses-moi. Les autres, vous auriez quand même pu le mettre au courant. »[/color] [color=darkgoldenrod]« J'avais complètement oublié ! Tu m'aurais prévenu Louna ? »[/color] [color=crimson]« Oui ne t'inquiète pas. »[/color] [color=darkgoldenrod]« On part à quelle heure ? »[/color] [color=crimson]« Après le nourrissage de dix-sept heure. »[/color] [color=lightcoral]« Vous prenez la jeep ? »[/color] [color=crimson]« Oui je pense... »[/color] [color=lightcoral]« Oh... Non... »[/color] [color=crimson]« Tu en as besoin ? »[/color] [color=lightcoral]« Oui. Je voulais aller en ville... »[/color] [color=crimson]« Kwai, tu ne peux pas l'accompagner ? »[/color] [color=purple]« Je peux. »[/color] [color=lightcoral]« C'est vrai ?! Oh ! Merci ! »[/color]
La rousse se leva de son siège pour aller enserrer doucement le coréen, sous le regard un peu noir de Siobhan. Louna ne savait pas où ils en étaient de leur relation mais apparemment, elle n'était pas au beau fixe. Le reste du petit déjeuner se passa bien. Liam se sépara de son humeur massacrante après avoir terminé son premier café et Cathy retrouva les bras de Keira, sa nounou. Ils prirent ensuite tous le chemin des élevages pour entamer leur journée...
[center]***[/center]
L'éthologue souriait, frottant avec énergie le garrot de Leota qui étendait son encolure en babillant des lèvres. A côté, ses deux poulains observaient le cavalier avec une certaine circonspection. Ils devaient bien se demander ce que ce bipède faisait à leur mère ! Louna n'avait toujours pas retrouver la mémoire en ce qui concernait l'irlandais. Tout ce qu'il s'était passé avec lui avant son réveil un an auparavant était perdu à jamais. Les six derniers mois avaient été conflictuels mais désormais, les choses allaient mieux. Mais la jeune femme en était consciente, c'était une paix relative. Fragile.
Perdu dans ses pensées, à observer Izikel depuis l'encadrement de la porte de son bureau, elle n'entendit pas Logan arriver et sursauta quand il entra dans son champs de vision. Aussitôt, le français s'inquiéta, tendant une main rassurante vers elle.
[color=seagreen]« Oh pardon ! Je t'ai fait peur ! »[/color] [color=crimson]« Non ça va... Ne t'inquiète pas. »[/color]
Elle lui sourit, et il lui rendit ce sourire. Logan était un garçon discret, mais très compétent et qui connaissait parfaitement son travail et sa place. Il s'inquiétait souvent pour les autres, mais pas comme Kwaïgon, Ale ou Ezra le feraient. Eux avaient un côté sombre et des préoccupations qui les dépassaient tous, alors que lui était bien plus connecté avec leur quotidien, les élevages, les chevaux. Légolas, son berger australien aux yeux vairons, entra dans l'allée au petit trot, haletant. Il s'assit en plein milieu et attendit, sage.
[color=seagreen]« Tu as sorti les miens ? »[/color] [color=crimson]« J'ai ouvert les paddocks à tout le monde. »[/color] [color=seagreen]« Super merci ! »[/color]
Il lui sourit et poursuivit sa route, Légolas attendant sagement son maître à l'entrée. La jeune femme lui caressa la tête avant de relever les yeux sur Izikel. Il grattouillait cette fois le garrot d'un des poulains, le pie, avec moins de vivacité que sa mère. Le petit équidé se laissa faire, sous le regard curieux de son frère. Il était bien parti pour en faire deux poulains proche de l'homme ! Mais cela ne l'étonnait guère de la part de l'éthologue. Pour sa part elle alla voir sa petite Lady, qui somnolait au soleil avec sa toute jeune pouliche entre les patte, allongée de tout son long. Inutile de les déranger maintenant. Les jeunes poulains avaient besoin de sommeil et elle aurait tout le temps de la désensibiliser. Elle décida de rejoindre Logan, qui passait un licol à son poulain en charge, Starwax. Le jeune champagne ambre était sevré et n'attendait plus que d'être manipulé désormais, ce que Logan s'employait à faire, chaque jour.
Starwax n'était pas un jeune étalon facile. Cela faisait quelques semaines maintenant qu'il apprenait à vivre seul mais l'expérience lui était quelque peu difficile. Pour le rassurer, Louna lui avait mit Dom comme voisin, et en bout d'allée, pour qu'il puisse se faire à sa nouvelle vie. Les box étaient tous grillagé, de sorte que tous les chevaux puissent se voir, mais ils ne pouvaient pas interagir les uns avec les autres. Petit à petit, le croisé arabe s'y faisait, mais les choses étaient encore difficiles et il le leur faisait savoir, avec force de hennissements. Logan boucla le licol et emmena le poulain à sa suite dans le paddock rattaché à son box, lui faisant faire le tour de celui-ci plusieurs fois afin de s'assurer le respect du poulain avant de sortir. Pour l'instant, il n'allait pas très loin. Chaque jour, il fait le tour de l'allée, passait quelques minutes à l'attache en alternant les soins -un jour les pieds, le lendemain un coup de brosse, puis les crins, etc- mais n'y restait pas encore pour un pansage complet. Il allongeait le temps de ses passages et finissait par aller faire quelques pas à l'extérieur, laissant le poulain brouter un moment. Là encore, cela dépendait des jours. Starwax était curieux mais très sensible au changement. La moindre nouveauté le figeait et il fallait redoubler de patience pour lui faire comprendre que ce n'était pas dangereux et lui montrer l'objet de sa crainte. Mais une fois ceci fait, il n'avait plus jamais peur de la chose, qu'elle disparaisse ou pas.
Louna suivit attentivement le manège du jour. Starwax se montra patient, intéresser par Izikel qui passait les mains sur le corps de son second poulain. Il resta ainsi plus longtemps que d'habitude au pansage, ce qui permit à Logan de lui faire les pieds et de lui passer un coup de brosse. Il donnait les pieds sans problèmes. Les seules fois où il ne les donnait pas, c'était souvent parce qu'il était obnubilé par autre chose et qu'il n'écoutait pas. En somme, il était plutôt prometteur mais demanderait beaucoup d'attention et de travail.
La jeune femme regagna son bureau quand Logan sorti pour la séance de broutage. Elle passa la main entre les oreilles de Caïpi, endormie sur une chaise, une patte pendant dans le vide. La lynx rousse commençait à vieillir. Son pelage prenait des teinte un peu plus grise, et elle dormait plus, partant moins en vadrouille. Il faudrait qu'elle pense à la faire examiner par Siobhan, juste pour se rassurer... Elle s'était tout juste assise quand Ale fit irruption dans son bureau.
[color=darkgoldenrod]« On y va ? »[/color] [color=crimson]« Déjà ? »[/color]
Elle regarda instinctivement sa montre. Il était dix-sept heure passée. Elle se leva d'un bond, abandonnant ses papiers sur place et attrapant son sac à main.
[color=crimson]« Oh bah oui ! »[/color] [color=darkgoldenrod]« Heureusement que tu me l'a dit ce matin, on aurait été en retard sinon ! »[/color] [color=crimson]« Oui ! C'est certain ! »[/color]
Ils traversèrent la cours des élevages et prirent le raccourcit forestier leur permettant de rejoindre le parking. La route était dégagée mais par précaution, ils avaient équipé la jeep de pneus neige. Ale prit le volant et ils prirent la route de l'aéroport. Louna avait vu une photo du jeune homme qu'ils allaient chercher mais mis à part son nom, elle ne savait rien d'autre de lui.
[color=crimson]« Tu saurais le reconnaître ? »[/color] [color=darkgoldenrod]« Non... Toi non plus j'imagine ? »[/color] [color=crimson]« Du tout ! Je vais voir si j'ai de quoi faire une pancarte... »[/color]
Elle farfouilla dans son sac et par chance, trouva un carnet et un stylo. Elle écrivit aussi gros que possible « Carter Everett » dessus et montra le tout à Ale qui jeta un coup d'oeil prudent pour ne pas quitter la route des yeux trop longtemps. Il sourit, un peu moqueur.
[color=darkgoldenrod]« Parfait ! J'espère juste qu'il n'est pas myope ! »[/color]
Il rit doucement alors que la demoiselle regardait à nouveau sa pancarte. Il était vrai que c'était écrit un peu petit, mais c'était tout de même lisible. Malicieuse, elle répondit au jeune homme.
[color=crimson]« T'auras qu'à faire le prochain et on verra ! »[/color] [color=darkgoldenrod]« Sinon prends deux papiers, un avec le nom et l'autre le prénom. »[/color] [color=crimson]« Et on en tiens un chacun ? »[/color] [color=darkgoldenrod]« Exactement ! »[/color]
La demoiselle s'exécuta alors que le coach s'engageait dans la bretelle d'accès au parking de l'aéroport. Ils n'étaient vraiment pas loin du hub, c'était une vraie chance. Cela leur évitait également les bouchons et les traversé de centre ville ou autre. Il gara la voiture dans le parking souterrain et ils filèrent devant les panneaux des arrivées, cherchant le vol du garçon pour avoir sa porte de sortie. Une fois ceci fait, ils se dirigèrent vers celle-ci et attendirent, une petite pancarte chacun. Ale avait lancé un petit jeu : essayer de deviner ce que faisait les gens. Il y mettait beaucoup d'humour, ce qui rendit l'attente moins longue.
Enfin, les portes s'ouvrirent et les voyageurs commencèrent à sortir. Pleins d'espoir, ils abandonnèrent leur petit jeu, mais personne ne venait à leur rencontre. Machinalement, les gens lisaient leurs pancartes mais sans jamais se présenter. Ils attendirent ce qui paru à Louna une éternité avant qu'un homme ne vienne à leur rencontre. Mais sur le coup, Louna fut tellement surprise qu'elle ne réagit pas. Et pour cause : le jeune homme en question était en fauteuil roulant.
[color=olivedrab]« Bonsoir ! Carter Everett, enchanté ! »[/color]
Il tendit une main à Louna mais celle-ci ne réagit pas. Heureusement, Ale vint à son secours et serra la main du jeune homme avec vigueur, accompagnant ce salut d'un sourire chaleureux.
[color=darkgoldenrod]« Enchanté ! Alejandro Cowie, coach d'élevage et Louna Reg, éleveuse. Tu peux m'appeler Ale ! »[/color] [color=olivedrab]« Super ! Merci d'être venu me chercher ! »[/color] [color=darkgoldenrod]« C'est avec plaisir ! Excuses Louna, je crois qu'elle ne s'attendait pas à trouver un homme en fauteuil. »[/color] [color=olivedrab]« Il n'y a pas de mal ! Je me suis demander tout le vol ce que j'étais en train de faire aussi ! »[/color]
Les deux hommes rirent et ils prirent le chemin du parking, laissant Louna rouge de honte reprendre ses esprits. Elle les rattrapa en quelques secondes.
[color=crimson]« Excuses moi... Je... Bref. Tu n'as pas de bagages ? »[/color] [color=olivedrab]« Non, j'ai tout fait livré. Jeffrey m'a dit qu'il avait tout reçu. »[/color] [color=crimson]« Oh ! Parfait ! »[/color]