❝ Observer ; C'est la clé de la réussite future... ❞
❝ Ale ❞ & ❝ Liam ❞
New York - Fin Décembre...
Le jeune homme jeta un dernier regard par la fenêtre de sa chambre et sourit en voyant la silhouette de Madame Reg s'éloigner en regardant furtivement autour d'elle. Cette femme était absolument fascinante autant qu'elle était abominable. Vouloir la mort de sa fille... Quelle personne douée de bon sens et saine d'esprit voulait cela ? Elle n'avait d'ailleurs pas voulu lui dire pour qu'elle raison, mais il n'y avait aucun doute que se soit pour de l'argent. Et à en croire le comportement de cette femme, la jeune Louna devait valoir un sacré paquet... Plusieurs millions lui étaient promis en tout cas et cela, il ne l'avait pas oublié. Cependant, si presque un milliard lui était promis, il se demandait bien ce que pouvait lui proposer la jeune femme en question... Un gros poisson comme celui-ci ne se négligeait pas... Et il allait prendre toutes les précautions nécessaires pour bien faire son boulot. Et peu importe le temps que cela lui prendrait, en plaise ou non à Madame Reg.
Il laissa retomber le rideau mollement sur la fenêtre et se détourna pour prendre place derrière le bureau de la chambre du palace. Il ne rencontrait jamais ses clients chez lui. D'ailleurs, le nombre de gens qui connaissait son véritable domicile étaient très peu nombreux. Par sécurité pour sa tête, il avait une multitude de petits appartements disséminés dans le monde, qui était ses "chez lui". Et à défaut, il prenait une chambre dans un hôtel quelconque. Cette fois, c'était un cinq étoiles mais rien ne l'aurait empêcher de prendre une chambre dans un motel. Lui s'en fichait, mais sa cliente pas, alors il faisait quelques efforts. Il ouvrit le dossier cartonné qu'il avait devant lui. À l'intérieur, des photos, mais aussi des informations sur sa cible. Ses liens avec d'autres cavaliers et des infos sur ces gens là. En gros, tout ce qui approchait de près ou de loin sa cible était répertorié dans ce dossier. Il en savait presque plus sur elle désormais qu'elle même ne devait le savoir...
Il sorti une photo imprimé en grand sur un papier glacé. Louna était à cheval, sur un bel étalon bai, en tenue de concours. Une photo sans doute tirée du site du Haras. Il sourit. Il avait rarement d'aussi jolie cible à abattre. Et c'était plaisant à vrai dire. Mais malgré sa confiance apparente, quelque chose lui paraissait fort louche dans cette histoire. Il n'aimait pas faire de sentiments. Un de ses credo était de ne jamais s'attacher à une cible. Faire connaissance, avoir sa confiance pour mieux l'approcher et la supprimer oui, mais pas de sentiments. Ce serait courir à sa perte... Il reposa la photo et passa une main sur son visage. Il commençait à se faire tard et dehors la nuit était tombée depuis de longues heures. Il avait passer sa soirée à écouter la mère de Louna sur ce qu'elle voulait et les informations qu'elle avait. Elle s'était aussi longuement inquiété quand à sa crédibilité. Elle n'avait pas tord après tout, un non cavalier n'avait rien à faire dans un Haras. Mais il savait monter à cheval et saurait se fondre dans la masse. Ce n'était pas un problème pour lui. Non... Lui ce qui l'embêtait, c'était l'entourage de Louna... En particulier cet ancien d'Interpol...
Il ouvrit l'écran de son pc portable et lui laissa le temps de sortir de sa torpeur avant de cliquer sur sa boîte e-mail. Un nouveau sourire s'afficha sur son visage lorsqu'il vit un intitulé au nom du Haras. Il ouvrit le message ; confirmation d'inscription. Il était attendu sur place. Une bonne nouvelle ! Il ouvrit son navigateur et tapa le nom d'une compagnie aérienne britannique dans la barre de recherche. Il était grand temps de faire ses valises et aller rejoindre sa petite Louna...
Alaska - Février
La tempête de neige qui s'était abattu sur l'Alaska en ce début d'année l'avait considérablement retardé. Mais au moins, il avait pu étudier sa cible avec attention et apprendre son dossier par coeur. Il connaissait maintenant tout de Louna et de son entourage et avait même pu avoir des informations complémentaires sur certaines personnes qu'il trouvait un peu délicates. Et ce n'était finalement pas une mauvaise chose. En attendant, c'était maintenant le jour du grand départ et il devait avoué qu'il en était pas mal excité. Il se plongeait enfin dans le grand bain et il n'attendait que ça.
Les neuf heures vingt de voyage qu'il avait eu entre New York et Anchorage s'étaient passées sans encombres. Il avait l'habitude des avions de toute façon et ce genre de voyage, même long, ne le dérangeait pas. Il en profitait souvent pour dormir et casser les effets du décalage horaire qu'il aurait à l'arrivée. Il prit un taxi en toute simplicité et maintenant qu'il était devant les grilles du Haras, il eut un instant d'arrêt. Il ne s'était pas rendu compte, au départ, à quel point le Haras était grand et majestueux. Un fin sourire s'afficha sur ses lèvres. Il allait adorer vivre là. C'était de loin le meilleur job qu'on lui avait confié. Non seulement à cause des conditions de vies, mais aussi de la récompense à la fin. Sans attendre davantage et avec un soupir de satisfaction, il jeta son sac de sport par dessus son épaule en le tenant d'une main et saisit la poignée de sa valise de l'autre, avant de se diriger vers l'accueil du manoir.
La neige envahissait toute l'allée et une grille avait été placé devant le porte. Il tapota ses pieds dessus pour chasser la neige de ses semelles et poussa la porte du pied. À l'intérieur, dans le vaste hall, il y avait une agitation fébrile. Le brouhaha lointain et ténu des élèves, pas encore le bruit des chevaux, qui étaient plus loin. Avant le bureau d'accueil il y avait une grande map du complexe. Il s'arrêta quelques instants devant, sentant sur lui le regard de la secrétaire d'accueil. Il en sourit avant de se retourner vers la demoiselle.
❝ Bonjour. ❞
À son tour, la jeune femme lui sourit. Elle se pencha un peu en avant, avec son petit chemisier noir découvrant la naissance de ses seins.
❝ Est-ce que je peux vous aidez ? ❞ ❝ Bien sûr. Je viens d'arriver. Je m'appelle Alejandro Cowie. ❞ ❝ Je vous apporte tout de suite votre enveloppe de bienvenue. ❞
Elle lui servit un sourire malicieux avant de s'éloigner pour entrer dans une petite pièce annexe. Il la suivit du regard. Si toutes les créatures du Haras étaient aussi physiquement intéressante, il ne s'ennuierait pas. Elle revint avec une grande enveloppe blanche et une clé. L'enveloppe était estampillée au nom de l'académie et son nom avait été tracé avec un marqueur noir au dessous. Elle lui tendit avec la clé et un grand sourire.
❝ Voici la clé de votre chambre, c'est la "Coquelicot". Vous la trouverez dans le pavillon sud, par là -elle désigne un escalier sur la droite- et dans l'enveloppe, vous trouverez votre ordre de mission ainsi que la fiche du cheval qui vous a été attribué si vous en avez un fixe. Et aussi le règlement intérieur et un plan du domaine et quelques infos pratiques. Et si vous avez des questions, n'hésitez surtout pas à venir me voir. ❞ ❝ Et bien je pense que c'est parfait. Merci Mademoiselle ... ? ❞ ❝ Claire. Appelez moi Claire. ❞ ❝ Merci Claire. ❞
Il sourit et glissa la clé dans sa poche et l'enveloppe sous son bras. Il reprit ses affaires et se dirigea doucement vers l'escalier. Au premier étage, il trouva un panneau qui indiquait quelles chambres se trouvaient dans le couloir. Manque de chance, la sienne n'était pas là. Il poursuivit donc sur la volée de marches suivantes et trouva en peu de temps sa chambre. Il constata très vite qu'il ne restait plus qu'un lit et qu'une armoire, près de la porte.
❝ Et bien c'est parti ! ❞
En quelques minutes, son armoire était remplie et ses sacs de voyages glissés sous son lit. Il s'allongea finalement sur le lit et ouvrit l'enveloppe blanche. Il passa une bonne quinzaine de minutes a étudier le plan de poche du Haras. Le domaine était plus qu'étendue et les élevages étaient loin de l'écurie qui contenait son cheval. Mais il y avait des infrastructures intéressantes pas loin des élevages alors il trouverait toujours le moyen d'approcher sa cible.
Il passa ensuite à la fiche de son cheval et son ordre de mission. Il devait faire connaissance avec son cheval, Invictus. A voir sa fiche, le cheval n'avait pas l'air franchement engageant. Mais la mission était intéressante et se remettre en selle avec une telle bête serait une bonne chose. Surtout pour le compétiteur qu'il était. Et puis, le cheval pourrait être une excuse pour approcher plus facilement un Liam ou un Logan... Ou même un Izikel. Nul doute qu'il prendrait des cours avec l'un et l'autre. Il lui était même complètement exclue d'éviter la salle de cours. En attendant, le cheval ne manquait pas de piquant et il n'allait pas être simple. Mais en même temps, il ne s'attendait pas à moins. Et sa couverture n'en serait que plus solide. Il sourit et jeta un oeil à sa montre. Il n'était pas trop tard, bien qu'il ressente quand même un peu la fatigue. Il se coucherait sans doute tôt ce soir. Mais il avait encore le temps et le courage d'aller faire un tour. Il se leva, enfila son manteau et sortit avec ses clés et son plan en main...
***
Il était devant le box de son cheval et il trouvait le tableau pire encore que ce que son dossier avait dépeint. C'était parfait. Il souriait bêtement, riant même face au cheval qui grattait le sol de son box rageusement, les oreilles plaquées dans sa nuque. C'est ce moment là que choisi Liam pour débarquer dans l'écurie, à la plus grande surprise du garçon. Mais il n'en montra pas une once, de cette surprise. Ils étaient seuls dans l'écurie et Liam lui servit un sourire bienveillant. Comme il riait un peu nerveusement, le jeune homme lui fit un sourire un peu désespéré.
❝ Un problème avec son cheval ? ❞ ❝ Euhm... Et bien à vrai dire je suis arrivé tout à l'heure et je venais voir mon cheval de mission... Mais, je pense que oui, je vais avoir des problèmes avec mon cheval ! ❞
Liam sourit presque tendrement. Mais il avait l'air de compatir au malheur de son congénère cavalier. Il eut l'air de se battre un peu avec lui même alors qu'Ale avait reposé son regard sur le cheval et se tenait le menton, avec l'air songeur de celui qui ne savait pas comment prendre la chose. Puis finalement il soupira et tendit une main amicale au garçon.
❝ Liam. Enchanté. ❞ ❝ Alejandro. Mais vous pouvez m'appeler Ale ! ❞ ❝ Je suis éleveur de chevaux ibériques, les AUPA Ibériques mais... Mon coach est éthologue. Passez nous voir à l'élevage, j'en toucherais deux mots à mon coach. Il pourra sans doute vous aidez. ❞ ❝ D'accord. Quelle est la meilleure heure pour venir ? ❞ ❝ Quand vous voulez ! Il donne des cours mais en général, il est souvent dans un des élevages... ❞ ❝ Parfait. Je passerais demain alors, merci beaucoup. ❞ ❝ Avec plaisir ! ❞
Ils échangèrent un sourire et Liam entra dans le box voisin. Il sorti un cheval gris rosé d'une grande beauté et sorti de l'écurie sans aucune hésitation. Alejandro lui, souriait encore. Il ne l'avait pas du tout voulu, mais le contact était fait. Finalement, les choses se passeraient peut-être plus facilement que prévu...
Et c'était une bonne chose. Une très bonne chose...
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Dernière édition par Oror le Lun 16 Juin - 18:50, édité 1 fois
❝ Faire un choix c'est s'affranchir du bourreau. ❞
❝Ale❞ ; ❝Enzo❞ & ❝Louna❞
Trois mois. Trois mois d'observation et de filature. Trois mois d'intense concentration. Il savait qu'il était surveillé. Il savait que tôt ou tard, les "hommes" de l'équipe, en particulier l'ex-trafiquant et l'ex-flic, allaient le retrouver. Allaient le découvrir, lui et plus n'importe quel autre cavalier de l'académie. Aborder les cavaliers de l'équipe avait été une erreur et il les avait soigneusement évité après sa dernière conversation avec Lou-Khyan. Se promener sous leur nez n'aurait pas été la meilleure idée qui soit pour passer inaperçu. Surtout que s'il avait traîné avec eux, ils auraient rapidement fait le rapprochement. Et c'était sans oublier qu'Ezra l'avait tout de suite prit en grippe. Non... Se rapprocher de l'équipe aurait été une erreur sans doute fatale. Il était donc rester en retrait durant trois mois, à attendre qu'un moment se présente. Mais en trois mois, malgré toutes ses tentatives, jamais il n'avait trouvé le bon moment pour remplir sa part du contrat. Si tant est qu'il y ai un bon moment pour abattre une personne... Il commençait à désespérer. Mais sa cliente commençait à sérieusement s'impatienter. Elle lui demandait d'agir et vite.
Malgré tout, il n'avait pas envie de précipiter les choses. Il avait eu le temps, en trois mois, de se documenter sur sa cible. Et malgré toute sa bonne volonté, il n'avait rien trouvé contre elle. Ale avait cette sale habitude d'aimer connaître ses cibles. Il ne s'y attachait pas -il ne le pouvait pas- mais il voulait savoir en quoi elles étaient mauvaises. En quoi les abattre pouvait rendre le monde meilleur. Et il devait bien admettre que cette Louna n'avait rien fait de mal. Il avait pourtant bien cherché, mais il n'avait rien trouvé. De la famille Reg, c'était sans doute la plus clean de tous. Pourtant, il devait bien exécuter son contrat... Réfléchir de la sorte ne lui ressemblait pas. Mais avoir un contrat de la sorte ne lui ressemblait pas non plus. Il avait pensé, au départ, que la fille avait sans doute fait quelque chose d'horrible pour que sa mère veuille sa mort. Mais c'était tout le contraire. En regardant bien, il en avait plutôt conclu que c'était la mère le monstre à abattre. Pour la première fois de sa vie, il hésitait et il se demandait s'il faisait bien d'exécuter ce contrat. Peut-être qu'il ne devrait pas...
La vibration de son téléphone dans sa poche coupa le fil de ses pensées. Il sortit la petite machine de sa prison de tissu et observa l'écran. Un réveil. Il était trois heures trente du matin. L'heure de passer à l'action. Il soupira en posant le téléphone à côté de lui et se saisissant du silencieux, qu'il vissa sur le canon de son arme. Il devait y aller. Il devait tout de même faire son boulot. Il se leva, glissa l'arme dans son étui et sortit de la chambre d'hôtel.
Il n'était qu'une ombre. T-shirt noir, pantalon noir, assez près du corps sans être moulant, gants seconde peau, noir également. Ses chaussures, une paires de tennis à semelle de caoutchouc, ne faisait aucun bruit et tenait fermement ses pieds. Il ne portait pas grand chose sur lui. De toute façon, il n'avait pas besoin de grand chose. Seulement de sa carte-clé de l'académie. Il gara la voiture au parking, près de la sortie, de façon à pouvoir repartir vite et se glissa sans bruit jusqu'au Haras. Le manoir était vide et silencieux. Pas une seule âme rôdait dans les couloirs. Personne n'utilisait la cuisine ni tout autre pièce commune. Il savait que ça ne tarderait pas. Mais trois heure quarante était l'heure idéale. Celle où le monde entier était en suspens. Les fêtards étaient revenus et couchés. Les palefreniers ne seraient debout que dans une bonne heure, ce qui lui laissait tout le temps possible pour accomplir son oeuvre. C'était l'heure parfaite. Le jour parfait. Mais pas la cible parfaite.
Alors qu'il montait l'escalier et se glissait dans le couloir menant à la chambre de l'éleveuse, ses doutes l'assaillirent de nouveau. Comment ne pas en avoir avec une telle découverte ? Et pourquoi, finalement, la mère voulait-elle la mort de sa fille ? C'était un mystère qu'il ne saurait résoudre. Il lui manquait un élément et il le savait, c'était un élément majeur.
Il était face à la porte. Il n'avait qu'à passer son passe partout pour entrer. Il n'avait plus que quelques pas à faire et ce serait fait. Il n'aurait plus qu'à piquer un sprint jusqu'à la voiture et disparaître, comme il le faisait toujours. Il devrait peut-être abattre le fiancé s'il se réveillait et le voyait. Mais c'était un dommage collatéral. Qu'il aimait éviter, c'était un fait, mais qui était parfois nécessaire. Il fixa la porte blanche encore un moment avant de se décider et d'entrer...
La chambre était calme et silencieuse. Il pouvait distinctement entendre la respiration lente et régulière de l'homme. En revanche, celle de Louna était plus discrète, mais tout de même là. Elle avait froncer les sourcils lorsqu'il avait refermé la porte, mais elle ne s'était pas éveillée pour autant. Il avait mit un temps infini pour faire le tour du lit et se retrouver face à elle. Puis il avait sorti son arme de sa ceinture, désamorcé la sécurité avec une infini douceur pour éviter le bruit, poser son doigt sur la détente, visé et... attendit. Elle avait un visage angélique, mais ses traits avait quelque chose de crispé, comme si elle était au milieu d'un mauvais rêve. Ses mains, glissées sous son oreillers semblaient crispées. Mais elle ne tenait pas d'arme, il le savait. Il voyait les cross des deux desert eagle dans le tiroir entrouvert de la table de nuit. Ils étaient à porté de main, mais pas dans la main. Maintenant qu'il était face à sa cible, plus proche du but qu'il ne l'avait jamais été, Ale se mit à douter de nouveau. Devait-il vraiment le faire ? Devait-il vraiment la tuer ? Certes on le lui avait ordonner. Mais elle n'avait rien fait ! Pour la première fois depuis sa première victime, sa main trembla.
Il ne faut pas croire qu'abattre ses semblables ai été toujours facile pour lui. Non, sa première victime, il dû s'y reprendre à plusieurs fois pour arriver à ses fins. Plusieurs balles brouillonnent le traversèrent avec que l'homme ne rende enfin l'âme. Ce fût une situation horrible qui lui donnait encore des frissons à l'heure actuelle. Des frissons d'horreur. L'homme hurlait de douleur et le suppliait de lui laisser la vie sauve. Son mentor, dans son dos, regardait la scène avec un sourire pervers et sadique. Il ne leva pas le petit doigt de toute la scène. Mais il jura à Ale qu'aussi longtemps qu'il vivrait, il lui rappellerait cette scène dans ses moindres détails. Pour qu'il se souvienne à quel point l'homme qu'il était pouvait être faible et la mort si dure à donner. En vérité, il n'eut pas besoin de lui pour se souvenir de cette scène. Même s'il n'avait alors que sept ans...
Il leva les yeux au ciel l'espace de quelques secondes et fini par abaisser son arme. Il ne tuerait pas Louna ce soir. Il ne la tuerait même jamais. Il remit la sécurité et glissa de nouveau le Beretta dans sa ceinture et releva une dernière fois les yeux sur Louna. Mais il se figea. Dans l'obscurité de la chambre, à la seule lueur de la lune, les yeux de la demoiselle le fixait, grand ouvert et empli d'une terreur sans pareille. Ils restèrent un moment à se fixer avant qu'il ne murmure :
❝ Je ne te ferais aucun mal. ❞
Elle entrouvrit les lèvres et il sentit une douleur fulgurante à l'arrière de sa nuque. Puis le monde bascula et plongea dans le noir...
❝ Quitter ce qui est devenu sa faille sans être sûr de revenir... ❞
❝Ale❞ ; ❝Liam❞ & ❝Izikel❞
La fumée de la cigarette s'échappa des lèvres d'Alejandro avec douceur et se dispersa dans l'air du soir. Une brise chaude soufflait sur la plage, mais le vent fort de la journée avait chassé les nuages, laissant entrevoir le ciel coloré en dégradé des dernières minutes du jour. Assit sur la plage, pieds nus dans le sable frais, son jean roulé et remonté jusqu'à mi-mollet, son t-shirt blanc gisant à côté de lui, le jeune homme regardait l'horizon avec calme. Les vagues se brisaient en douceur devant lui, basses et molles, comme durant ce temps calme et serein qui précède la tempête ou la bataille. Pour la première fois en un mois, il avait un moment rien qu'à lui, seul, et sans la surveillance d'un autre. Alors il se délectait de ce moment comme il le pouvait. Certes il n'avait pas complètement gagné la confiance des autres, et il ne la gagnerait sans doute jamais, mais il avait gagné assez de crédit pour pouvoir déambuler seul quelques heures. Et cela lui suffisait. Dans quelques heures, il devrait prendre le ferry de ravitaillement avec les autres pour gagné Hawaï et prendre un avion à Honolulu qui les conduiraient sur le continent. D'ordinaire, il préférait travailler seul pour ce genre d'affaire, mais cette fois, une mauvais pressentiment guettait ses pensées. Avoir Kwaïgon à ses côtés n'était finalement pas une mauvaise idée. Ni les trois autres d'ailleurs. Ezra, bien que méfiant, avait tout de même reçu une formation aussi complète que la sienne, voire meilleure. Izikel avait tellement traversé d'épreuve et apprit sur le tard qu'il serait aussi efficace que lui. Ne restait que Lou, en qui il n'avait pas encore toute confiance. C'était sa première aventure, à elle... Comment réagirait-elle quand il lui mettrait un colt dans les mains ? Saurait-elle presser la détente pour protéger sa vie ou les leurs ? Il se le demandait. Certes c'était une fille du grand nord qui avait passer toute sa vie à survivre dans la neige et la glace, mais ce qu'ils allaient vivre dans quelques jours serait différent. Trop différent de son monde à elle... De nouveau, le blondinet soupira en expirant avec lenteur la fumée de sa cigarette. Il n'avait pas hâte de partir. Finalement, l'académie avait ce petit quelque chose d'attachant qui vous donnait envie de passé votre vie ici. Il espérait revenir, simplement... Son regard se perdit un instant dans l'écume des vagues venant se briser sur la plage. Une certaine mélancolie l'envahit alors qu'il terminait la cigarette entamée. Il n'avait envie que d'une chose : que cela se finisse vite et qu'il quitte le monde fou dans lequel il vivait, pour revenir ici et disparaître...
Il enferma son mégot dans la petite boîte en métal qui restait constamment dans sa poche et se releva, tapotant son jean de ses mains pour y déloger le sable. Il récupéra son t-shirt et l'enfila, avant de prendre ses chaussures d'une main et de remonter la plage. Il était sans doute presque l'heure du dîner et ils avaient prévus de le passer tous ensemble. Il était seulement indécis sur une chose ; s'il serait le bienvenue ou pas. Il ne faisait pas à proprement parlé de l'équipe de compétition même s'il était constamment avec le groupe depuis plus d'un mois et demi. Il espérait... Il espérait pouvoir un jour en faire parti. Chacun, à sa façon, lui avait raconter leurs passés commun, les difficultés qu'ils avaient traversés, et les doutes qu'ils avaient eu. Il comprenait aisément, maintenant qu'il allait devoir quitter le domaine, pourquoi Liam avait tant voulu y revenir et pourquoi tous voulaient y rester. Il y avait dans cet endroit un quelque chose ; une tranquillité et une sérénité qu'il n'avait connu nulle part ailleurs. Certes, l'ambiance insulaire n'était pas la meilleure qui soit -on lui avait même rapporté des événements étranges qui étaient arrivés aux élèves- mais il aimait cet endroit. Pour la première fois de sa vie, il voulait rester quelque part, aussi longtemps que possible. Il avait presque fui toute sa vie finalement... N'étais-ce pas le propre de l'homme de rechercher une place de bonheur ? Et il pensait bien en avoir trouvé une ici...
Un vent frais soufflait sur les pontons reliant les bungalows sur pilotis. Il hâta donc le pas pour rejoindre le manoir principal. En chemin, il fut rattraper par Izikel. L'irlandais lui sourit se voulant à la fois compréhensif et accueillant. Il aimait vraiment bien la personnalité du jeune homme...
« T'as fini de préparer tes affaires ? Le ferry part super tôt demain matin ! » « Oui tout est prêt. Mais tu m'as l'air pressé de partir, non ? »
L'éthologue fit une moue et haussa des épaules. Il soupira avant de répondre d'une voix calme.
« J'ai hâte de prendre un peu de recul et de sortir de cette ambiance. J'espère que les choses seront plus agréables quand on reviendra... » « Je comprends... »
L'irlandais allait poursuivre son chemin quand le blondinet le stoppa dans son geste.
« Attends ! Dis moi... Je... Est-ce que je dîne avec vous ou... ? »
Le jeune moniteur le dévisagea comme s'il venait de dire une atrocité, ce qui, d'une part, réconforta un peu le jeune homme.
« Bien sûr ! Tu croyais qu'Ezra allait te laisser passer toute la nuit seul ? »
Il sourit pour le taquiner et l'entraîna avec lui. Oui, décidément, de toute l'équipe, c'est sans doute lui que le tueur à gage préférait...
***
Le matin vint gris et froid. Une couche de nuage d'un gris uniforme recouvrait tout le ciel et limitait grandement la vue de l'horizon. Le roulis des vagues, sourd et puissant, laissait s'échapper des gouttes de bruine glacées. Un matin détestable, comme on n'aime peu en vivre. Envelopper dans sa parka, Ale jeta au dessus du vide le dernier sac de leurs affaires, qui atterrit dans les bras d'un marin en contre-bas. Les deux hommes se saluèrent et le premier zodiac partit vers le large, vers le bateau de ravitaillement. Ale se retourna vers les autres ; huit petites silhouettes se détachaient sur le fond gris du ciel. Toutes serrées les une contre les autres pour mieux lutter contre le froid glacial de cette heure trop matinale. Les adieux se déroulèrent tristement. L'appréhension se lisait dans certains regards, alors que dans d'autres, c'était plutôt de la tristesse. Aucun ne sautait de joie à l'idée du départ, mais maintenant que leur décision était prise, autant ne pas laisser traîner les choses en longueur. Ale resta un peu en retrait, se contentant de serrer des mains jusqu'à arriver à Liam. L'éleveur faisait aussi parti de ses personnalités préférés à vrai dire. C'était le seul qui avait été aussi accueillant et compréhensif à son égard.
« Tu gardes un œil sur eux, hein ? » « Oui ne t'inquiète pas. » « J'espère qu'on se reverra bientôt ! Reviens si tu veux, ou peux... » « Oui... J'espère pouvoir. Et surtout dans d'autres conditions. »
L'éleveur eut un sourire presque amusé.
« Ça ne sera jamais pire ! »
Sur ces dernières paroles les deux hommes se quittèrent et le groupe des partants monta dans le zodiac qui attendait, amarré au ponton. Le marin jeta sa cigarette au large et défit les amarres quand tout le monde fut monté. Louna et Myriam partirent vite, laissant les deux hommes sur le rivage. Puis ce fut au tour de Logan de prendre le chemin des écuries, laissant Liam seul. Rapidement, il ne devint plus qu'un petit point sombre sur le ponton, puis disparu à son tour...
La traversée de l'archipel fut plus courte que ne l'avait imaginé Alejandro, mais la météo était restée identique. Toute l'île avait l'air plongé dans une sorte de léthargie glacée. Mais heureusement pour eux, il ne pleuvait pas, seul le vent froid venait les perturber. Toute l'équipe, arrivée au port d'Honolulu, se dirigea vers la gare routière pour prendre le premier bus en partance pour l'aéroport. Tous étaient silencieux, encore endormi. À vrai dire, il n'était que sept heures du matin et ils avaient sans doute eu une courte nuit... Ils trouvèrent leur chemin facilement dans les méandres du port, et une petite demi-heure plus tard, ils étaient aux portes de la gare aérienne. Ils n'avaient pas encore de billets, mais les vols étaient nombreux vers le continent et leur budget illimité. Ils n'eurent aucun mal à trouver une navette rejoignant San Francisco. De là, ils n'avaient plus qu'à trouver une voiture et rejoindre une des planques d'Ale... Et leur aventure commencerait ainsi...
Le jeune homme sourit au portier qui lui ouvrit la porte et se dirigea d'un pas vif vers l'ascenseur, le bruit de ses pas absorbés par le tapis épais qui parcourait le hall d'entrée. La tapisserie brune au mur, de style baroque, ne faisait qu'assombrir le tout, s'ajoutant aux boiseries avec une lourdeur qui lui était à la fois détestable et rassurante. Les portes de la cage montante s'ouvrirent dans un tintement mélodieux et il grimpa dedans, appuyant en même temps sur le dernier bouton de la liste. Quelques secondes plus tard, les portes se refermaient et la machine se mettait en marche, montant toujours plus haut. Le jeune homme, appuyé contre le mur du fond, les jambes croisées, regarda sa montre. Elle annonçait sept heure deux. Une heure parfaite. Le soleil s'était levé voilà une petite demie-heure, l'air au dehors était encore frais, ce qui justifiait son trench noir, et la cohue du matin ne commencerait véritablement que dans quelques minutes. De nouveau, le tintement de l'ascenseur se fit entendre en même temps que les portes s'ouvraient. Le jeune homme s'avança dans le petit hall sombre alors que les lumières s'allumaient sur son passage. Il n'y avait qu'une seule et unique porte à cette étage : celle de son appartement. Il tourna la clé et ouvrit la porte...
Autant tout était sombre dans les parties communes, autant son penthouse était lumineux. Le hall d'entrée, entièrement blanc, donnait sur une immense baie vitrée qui faisait le tour de l'appartement, excepté la cuisine. Le soleil, juste au dessus de la ligne des buildings, inondait la pièce d'une lueur dorée typique du matin. Cette lueur donnait aux objets une teinte brillante et hypnotique qu'il adorait. Il déposa ses clés dans le bol prévu à cet effet sur la desserte de l'entrée et passa dans la pièce de gauche pour poser le sac en papier qu'il tenait sur la table. Il débordait de viennoiseries en tout genre. Il enleva doucement son trench pour aller le pendre dans le placard de l'entrée et fixa un instant la une du New York Times que le livreur avait du déposer durant son absence. Il soupira à la vue des catastrophes du monde et retourna dans la salle à manger pour aller dans la cuisine mettre la cafetière en marche. L'odeur du café réveillerait peut-être la maisonnée. Pour l'instant, l'appartement tout entier était plongé dans le silence, si ce n'était le bruit qu'il faisait lui. A priori, les autres dormaient encore. Peu importe ; il prépara tout de même le petit déjeuner, s'affairant à poser sans trop faire de bruit tout ce qu'il fallait sur la table de la salle à manger. Et lorsque le café eut fini de couler, la tête encore un peu endormie d'Izikel s'encadra dans l'encadrement de la porte. Il portait un jogging gris et rien d'autre. Il avait les bras croisés sur son torse, les cheveux ébouriffés et encore de petits yeux. Alejandro interrompit un instant son bol en l'air et lui sourit chaleureusement.
❝ Bonjour ! Bien dormi ? ❞
L'éthologue secoua positivement la tête et passa ses mains sur son visage, histoire de se réveiller un peu mieux.
❝ Salut... Ouai... Ça va... ❞
Alejandro sourit de nouveau et alla décrocher la cafetière de son socle.
❝ Café ? ❞ ❝ S'il te plaid. ❞ ❝ Mug ou bol ? ❞ ❝ Mug... ❞
Sans attendre plus longtemps, le tueur à gage servit une tasse de café au garçon et lui tendit une petite assiette.
❝ Sers-toi en viennoiserie, il y en a pas mal. ❞
Le moniteur regarda le sachet en papier et plongea la main dedans pour remonter un croissant qu'il déposa dans son assiette avant de secouer ses mains.
❝ Ils sont chaud ! T'as été les chercher ce matin ? ❞ ❝ Oui j'en viens. Ils venaient de les sortir du four. ❞ ❝ Sympa... ❞ ❝ J'aime bien recevoir. ❞
Le châtain sourit et se retourna en remontant ses manches pour remplir une carafe de jus d'orange qui venait de se presser. Il ajouta quelques glaçons dedans et posa le tout sur la table. Izikel pour sa part avait prit sa tasse de café et s'était dirigé vers la grande baie vitrée de la salle à manger. La baie, allant du sol au plafond, offrait une vue exceptionnelle sur la ville et plongeante vers le bas et Central Park. Perché au trentième et dernier étage, avec aucun autre immeuble aussi grand alentour, il ne pouvait pas y avoir meilleure vue. Et Izikel en était époustouflé. Ils étaient arrivé la veille de nuit et n'avait pu profiter de la vue. Découvrir au petit matin cette imprenable panorama ne pouvait que le ravir.
Petit à petit, tous les locataires de l'appartement se levèrent un à un. Ezra suivit Izikel de prêt et resta muet, face à la baie vitrée, durant tout son petit déjeuner. Kwaïgon aussi ne parlait pas mais il était plongé dans la lecture de ses mails. Contrairement aux autres, il était arrivé douché et habillé, comme Alejandro. Ce qui avait d'ailleurs fait sourire le propriétaire des lieux. La dernière à se lever avait été Lou-Khyan. La jeune canadienne avait le sourire et avait l'air plutôt contente d'être là. Comme si elle ne se rendait pas bien compte de la gravité de la situation. Elle passa pas mal de son temps de petit déjeuner à discuter avec Ale, essayant d'apprendre à le connaître au fil de leur conversation. Mais le ballet de la salle de bain commença et leur discussion fut couper. Ale et Kwaïgon rangèrent la table du petit déjeuner et installèrent le salon pour leur première réunion...
Tout le monde était là, installé sur les canapé du salon. Seuls Kwaïgon et Alejandro étaient debout. Le premier près de la fenêtre, les bras croisés sur son torse, face au vide ; et l'autre faisait face aux autres avec un sourire confiant. Malgré la gravité de la situation, Alejandro respirait le calme et la sérénité, ce qui n'était pas plus mal. Et puis il savait ce qu'il faisait, contrairement à la plupart d'entre eux. Le coréen lui avait confié, juste avant la réunion, qu'il avait ce voyage en horreur avant même qu'il ne commence. Mais ce n'était pas compliqué de le comprendre vu la façon dont il avait prit les choses en main à Hawaii. Il avait simplement la fâcheuse impression de retourner quelques années en arrière quand il était encore dans le gang. Et s'il était venu à Full Horse, c'était justement pour s'en échapper et pas ressauter dedans à pieds joints comme il le faisait actuellement. Ale respectait cela, mais il lui avait gentiment fait remarquer que s'ils étaient tous là, c'était de part son initiative. Il n'avait pas peur que le coréen se dérobe -il savait pertinemment qu'il irait au bout de son geste- mais il ne voulait pas que son inquiétude déteigne sur le reste du groupe... Il ne doutait pas non plus d'Ezra qui avait encore tout ses réflexes. Ni d'Izikel, bien que celui-ci ne soit pas complètement partant, à la base, il ne voulait pas venir avec eux. Mais Lou l'inquiétait plus que les autres... Tout simplement parce qu'il ne la connaissait pas. En attendant, s'ils étaient tous là, c'était pour mettre les choses au clair et monter une stratégie. Alors autant ne pas traîner... Une fois que tout le monde lui fut attentif, il prit la parole d'une voix calme :
❝ Bon ! Alors, maintenant que l'on est tous là et bien reposer, rentrons dans le vif du sujet. Je sais que vous le savez déjà tous mais si nous sommes là, c'est pour prendre une vie et ce n'est pas rien. C'est aller à l'encontre de la loi, de l'éthique et de la morale... C'est encourir des peines très lourdes et prendre des risques. Risquer sa propre vie mais aussi celle des autres. Ce n'est pas un petit job. Ce n'est pas euthanasier un animal ou partir à la chasse... Non. C'est abattre un autre être humain. Aussi vil et mauvais soit il, c'est une personne. Une personne qui a une histoire, des sentiments, de la famille et des amis... Ce n'est donc pas une décision à prendre à la légère. Est-ce que vous êtes prêts à encourir tous les risques qu’une telle action comporte ? C’est le moment de faire demi-tour si vous n’êtes pas vraiment sûrs… ❞
Il les regarda tous un par un. Le sourire de Lou avait disparu et ils avaient tous un air grave. Izikel et Ezra secouèrent positivement de la tête, faisant comprendre à Ale qu’ils avaient bien comprit la chose et Kwaïgon se contenta de lui faire un regarde en coin. Seule Lou resta un instant plongé dans ses pensées avant de répondre par l’affirmative.
❝ Sûre. ❞
Ale hocha doucement de la tête, positivement et laissa quelques secondes de silence s’écouler avant de commencer son exposer de la situation. Ils avaient du travail… Beaucoup de travail…
***
POV Ezra & Lou-Khyan
Ezra et Lou étaient installés sur le capot du pick-up et regardaient avec attention Kwaïgon et Izikel s’entraîner au tir sous la direction d’Ale. Il était prêt de seize heures et ils avaient passé la très grande majorité de la journée à mettre au point des plans et à fractionner avec une méthode quasi militaire leurs journées pour ne rien laisser au hasard. Alejandro les avait prévenus, il ne leur laisserait aucune seconde de répit, et il ne laisserait absolument rien passer, sauf en ce premier jour. Il fallait qu’à chaque seconde de la journée chacun sache où était les autres et ce qu’ils faisaient. Durant les trois premiers jours, ils partageraient leurs journées entre planques, observations, entraînements et réajustement des plans, jusqu’au jour J. Ils étaient en binômes, sauf Kwaïgon, qui était seul et passeraient leurs temps avec leur binôme, leur référent. Ils ne devaient en aucun cas le quitter, même pour les tâches les plus intimes de la journée. Chaque binôme aurait sa tâche et Alejandro estimait que pour bien faire les choses, ils devaient se connaître par cœur et savoir en un seul regard ce que l’autre pensait ou comptait faire. Le binôme Izikel – Ezra aurait été plus simple à mettre en place, mais il ne voulait pas être avec Lou. Il avait exposé les choses dès la réunion du matin et Lou ne s’en était pas offusquée. Elle comprenait qu’une bleue comme elle soit à des kilomètres de sa manière de faire à lui. Et même s’ils s’entendaient bien, faire un binôme n’était pas ce que voulait Ale. Décision avait donc été prise de mettre Ezra avec Lou, étant donner que le courant passait plutôt très bien entre eux. Kwaïgon ne voulait pas de binôme et l’américain avait donc tout naturellement été avec Izikel. Contrairement à ce qu’il avait craint au départ, les deux hommes s’entendaient plutôt bien. Il avait eu un peu peur que les choses ne soient pas naturelles malgré leur bonne entente au Haras, mais les choses se passaient bien. Ainsi donc étaient les choses et chaque binôme avait des temps pour lui, pour faire connaissance. Pendant ce temps là, Kwaïgon s’occupait de sa tâche à lui : la logistique. C’était à lui qu’incomberait les tâches ingrates et il fallait qu’il s’organise pour cela. Chose qu’il faisait à merveille jusque là.
Les coups de feu retentirent et firent sursauter Lou, qui ne s’y attendait pas. Elle éclata de suite d’un rire cristallin et se colla à Ezra qui la prit dans ses bras en riant à son tour. Les trois autres restaient concentrés sur leur exercice. Doucement la demoiselle se calma et se remit droite, laissant sa tête retomber sur l’épaule du métisse. Ils avaient déjà eu leur tour de tir et la demoiselle avait réussi l’exploit d’impressionner Ale, ce qui n’était pas jouer d’avance ! Un fin sourire se dessina sur ses lèvres alors qu’elle regardait Izikel recharger son arme.
❝ Ça me fait penser à quand j’étais plus petite… Quand mon père nous a apprit à tirer au fusil avec mes grands frères. ❞ ❝ C’est ton père qui t’as apprit à tirer ? ❞ ❝ Oui ! Comme je partais souvent toute seule à cheval et que dans notre région il y avait des ours, il préférait… ❞
Le jeune homme eut un petit rire avant de reposer le regard sur les autres. Ils étaient tous parfaitement concentré. Ceci dit, le jeune homme s’ennuyait un peu. Il se pencha doucement sur Lou et lui murmura.
❝ Ça te dirait pas qu’on bouge un peu ? Qu’on aille boire un verre ou je sais pas… ❞
Il entendit la petite rousse sourire. Elle balança ses jambes sous elle et haussa des épaules, sans pour autant enlever sa tête de la où elle était posée.
❝ Tu crois que le big boss sera d’accord ? ❞ ❝ On peut toujours demander. ❞ ❝ Ok ! ❞
La demoiselle se redressa avec un sourire aux lèvres. Elle n’était pas contre. Ezra sourit et avisa Alejandro d’un signe de la main. Ce dernier tourna la tête et l’interrogea du regard.
❝ On a le droit d’aller boire un verre avec ma binôme ? ❞
Cette fois c’est Ale qui sourit et hocha positivement de la tête. Il fouilla dans sa poche et lança les clés du pick-up à Ezra. Ils prendraient la Prius qui était garé à côté. En un clin d’œil les deux loustics étaient dans la voiture noire et roulait de nouveau vers New York, à une heure et demi de là…
***
Après être brièvement passé à l’appartement, les deux jeunes gens étaient assit au bar le plus proche, chacun une bière à la main. Lou riait presque pliée en deux alors qu’Ezra lui racontait l’état dans lequel Izikel s’était retrouvé à cause d’un pari perdu. Doucement elle se calma alors qu’Ezra riait doucement et reprit la parole après une gorgée de sa bière.
❝ Vous aviez l’air proche tout les deux… Plus que ce que vous ne l’êtes au Haras, non ? ❞ ❝ On n’a pas l’air proche au Haras ? ❞
La demoiselle haussa des épaules en lui faisant un petit sourire mutin.
❝ Non pas trop… Enfin je ne trouve pas… Vous ne faites pas de blagues comme ça entre vous ni rien… ❞
Ezra sourit avec une pointe de tristesse. Elle n’avait pas tord. Au Haras, dans la journée, ils avaient tout de même peu de contact et prenaient rarement le temps de rester ensemble. Ils n’avaient plus ces longues discussions qu’ils avaient avant. Mais il savait parfaitement pourquoi. Le jeune homme soupira et se prit à expliquer le tout à Lou.
❝ C’est un peu à cause de moi… On était tout le temps fourré ensemble à Dublin, et puis je suis parti après mes études pour intégrer Interpol. A partir de ce moment là, on ne s’est quasiment plus vu. J’ai commencé les missions dangereuses et je ne pouvais plus me permettre d’aller le voir quand bon me semblait. On a perdu le contact sans le perdre… Et quand je suis revenu et que je suis arrivé au Haras, il s’était passé pas mal de choses dans sa vie… Et je sais que depuis un moment, il n’est plus le même quand Louna est dans les parages. Tu verras, d’ici quelques jours il arrivera peut-être à se détendre et tu pourras apercevoir le vrai Izikel ! Mais c’est vrai que pour l’instant, les seuls moments durant lesquels je le retrouve, c’est quand on est avec Inna… ❞ ❝ Inna ? ❞
La demoiselle fronça des sourcils en buvant doucement sa bière alors que le jeune homme sourit au nom de son amie. Il releva doucement les yeux vers Lou, un sourire doux sur le visage.
❝ C’est une cavalière du Haras et une amie commune que j’ai avec Izikel. On la connait depuis un petit bout de temps maintenant et ça arrive, de temps en temps, que l’on passe du temps avec elle. Soit que lui ou que moi ou tous les trois –ou avec d’autres… On ne l’a pas présenter au reste du groupe mais bon… C’est notre petite Inna aussi ! On n’est pas trop partageur pour elle. ❞
Il fit un clin d’œil à la demoiselle et rit, alors qu’elle souriait de plus belle.
❝ Je comprends ! ❞ ❝ Toi aussi t’as bien rencontré des cavaliers qu’on ne connait pas, non ? ❞
La jeune femme eu un sourire malicieux. Ezra savait qu’il avait touché dans le mille.
❝ Si… C’est vrai. Mais on connait tous des gens que les autres ne connaissent pas ! ❞ ❝ C’est vrai ! Heureusement d’ailleurs ! Je deviendrais fou sinon. Vous avoir sur le dos tout le temps… ❞ ❝ Oh ! ❞
La demoiselle prit un air faussement offusquée et tapa gentiment de son poing l’épaule d’Ezra qui riait. Mais ce fut de courte durée ; le téléphone du métisse vibra sur la table, affichant le nom d’Ale sur l’écran d’accueil. Il fit une grimace à Lou en prenant le petit rectangle de technologie dans sa main.
❝ Je crois que c’est la fin des réjouissances… Allô ? ❞
Lou haussa les épaules et sirota sa bière en attendant que le jeune homme termine sa conversation. Ça ne dura pas bien longtemps et le verdict tomba assez rapidement.
❝ Faut qu’on rentre… ❞
Lou acquiesça et laissa là sa bière, tout comme Ezra, avant de se lever. Quelques minutes plus tard ils saluaient le portier et s’engageaient dans l’ascenseur. Quand ils entrèrent dans l’appartement, ils constatèrent qu’une valise était dans l’entrée. Ale leur sourit et annonça sans détour :
Alejandro, Ezra, Kwaïgon, Lou et Izikel sont parti de New York après avoir apprit que Christine Reg, leur cible, avait quitté la ville pour aller dans les Hamptons. Après un mois d'entraînement intensif, d'observation et de préparation, Ale les estime près pour leur petite vendetta. Mais ils ne s'attendent pas à ce qui les attend...
J'ai 556 Lignes J'utilise un x2 de Alejandro ! Merci pour la correction ! =)
Le paysage filait sous ses yeux endormis. Perdu dans ses pensées, le jeune homme ne faisait pas vraiment attention à ce qui se tramait autour de lui. Il savait seulement que la route filait sous leurs pieds et il n’entendait que le bruit du moteur se mêler à celui de la pluie. Alejandro était concentré ; il roulait vite mais la pluie ne le ralentissait pas, aussi forte soit elle. Il ne faisait que redoubler de vigilance… Izikel battit des paupières et recommença à prendre conscience du monde qui l’entourait. Où était-il déjà ? Il fronça les sourcils en regardant par la fenêtre. Les gouttes de pluie rendaient les lampadaires brillant et flou, comme des étoiles lointaines. A moins que ce ne soit sa vue qui soit trouble ? Ses paupières se refermèrent un instant qui lui paru n’être qu’une seconde… Une seconde d’apaisement total, une seconde où rien n’aurait pu venir le déranger. Lorsqu’il rouvrit les yeux, les lumières de la ville avaient disparues laissant place à une banlieue. Il fronça de nouveau les sourcils, l’extérieur était toujours flou. Cela commençait à devenir étrange… Et même agaçant. Ses paupières étaient lourdes et il remarqua qu’il avait la bouche pâteuse. Mais quelque chose l’empêchait de s’éveiller complètement. Mais il ne lutta pas. Pour une raison qu’il ignorait encore, il n’était pas inquiet. Peut-être aurait-il dû ? Il ferma de nouveau les paupières, mais cette fois il ne sombra pas. Il sentait la route sous lui et il avait conscience de sa position assise, malgré le dossier un peu incliné vers l’arrière. La pluie tombait toujours et la route filait toujours aussi vite sous eux. L’éthologue resta un moment ainsi, immobile, les yeux à demi ouvert, à regarder la vitre devant lui. Le paysage avait encore changé, désormais, tout était noir. Plus de ville. Combien de temps s’était écoulé depuis qu’ils avaient quitté la ville ? Il n’arrivait pas à savoir. Il avait les yeux clos à ce moment là. Mais pourtant, il ne les avait fermé qu’une seule seconde, non ? Il soupira et leva la main pour la passer sur son visage, mais elle était effroyablement lourde. Il grimaça alors que son corps, en s’éveillant enfin, se rappelait à son bon souvenir. Le goût de fer s’ajouta à sa bouche pâteuse, et une migraine enveloppa son crâne et l’enserra comme un étau. Doucement, avec précautions, il se redressa et remit son dossier droit. Alejandro, à côté de lui, lui jeta un coup d’œil soulagé.
Ale — Un revenant ! Je me sentais bien seul sans toi ! Comment te sens-tu ?
Il se souvenait. Et ce dont il se souvenait ne lui faisait pas spécialement plaisir. Les choses n’avaient pas tournées comme elles l’auraient dû. Ils avaient été prit au piège et séparé. Ezra et Lou les avait couvert et Ale et lui avait fait un peu de ménage. Mais Kwaïgon avait été emporté dans un fourgon par deux hommes de main et Christine Reg en personne. Lui-même avait été désarmé et avait fini à mains nues avec son agresseur, qu’il avait emporté avec lui sous la bâche de la piscine. La lutte avait été rude et longue. Trop longue. Il ne se souvenait pas être sorti de l’eau lui-même…
Walig — Ezra… Lou…
Parler était encore compliqué. Sa gorge le brûlait. Et maintenant qu’il y regardait d’un peu plus près, il était enroulé dans un plaid et ses vêtements étaient encore trempés.
Ale — Ils vont bien. Ils sont dans la voiture de Kwaïgon, juste devant nous. Regardes dans la boîte à gant, il y a des aspirines et de l’eau, ça te fera du bien.
L’irlandais ne réfléchit pas plus et ouvrit la boîte à gant. Il poussa l’arme à feu qui s’y trouvait et attrapa une boite de cachet et une petite bouteille d’eau. Il avala le tout sans trop se poser de questions, attendant avec une certaine impatience que ça agisse.
Walig — Et Kwai ? Et… Comment je suis sorti de l’eau ?
Alejandro lui lança un regard bienveillant et sourit du coin des lèvres. Il reposa bien vite le regard sur la route, suivant de près les feux arrière de l’Aston du coréen.
Ale — J’ai plongé peu après toi. Vous aviez coulé et étiez tout les deux inconscients. Je t’ai remonté et heureusement, tu étais simplement évanoui. Ezra et Lou ont terminé la dératisation de la maison, on t’a embarqué et on est vite parti à la suite du fourgon. Kwaïgon a eu l’intelligence de mettre en marche un mouchard en se faisant prendre… Mais ils ont beaucoup d’avance…
La mine inquiète de l’américain n’était pas pour le rassurer. Mais avait-il vraiment le choix ? Ils étaient à la poursuite du coréen et pour l’instant, ils ne pouvaient rien faire de plus…
POV Kwaïgon
Il avait les mains menottées devant lui et était assit sur le sol du fourgon, en tailleur. Quelqu’un lui maintenait la tête penchée et il ne pouvait voir que ses genoux. Mais il était calme. Affreusement calme. Il faisait le point, avec toute l’expérience et la sagesse dont il pouvait faire preuve. En premier lieu, qu’est-ce qui avait cloché durant leur intervention ? Pour lui rien, si ce n’est que leurs victimes savaient qu’ils étaient là. Mais comment ? Ils avaient prit toutes les précautions et Ale ne les avait pas trahi, il en était certain. Alors qui ? Qui avait vendu la mèche ? Il avait beau réfléchir, il lui manquait une pièce du puzzle. Cependant, une chose le rassurait, leur mois de préparation intensif n’avait pas été vain. Ils avaient quand même pu avoir le dessus malgré le retournement de situation dont ils avaient été victime. Et Christine Reg était là, assise à l’avant du fourgon. Un homme conduisait, une armoire à glace comme on en fait maintenant, et un autre du même genre était avec lui, braquant une arme dans son dos pour le dissuader de bouger. Ils roulaient, vite et il ne savait pas dans qu’elle direction. Il avait enclenché son mouchard mais il le savait faiblard en énergie. Il ne tiendrait pas longtemps. Maintenant qu’il avait fait le point sur la situation, il devait se demander comment il allait sortir de là sans perdre la vie…
POV Ezra
La pluie n’arrangeait pas ses affaires. Le jeune homme, les yeux rivés sur la route, évitait au maximum les flaques pour ne pas partir en aquaplaning tout en gardant sa vitesse, qui avoisinait les cent soixante kilomètres heures. Ils allaient le rattrapé. Le fourgon ne roulait pas aussi vite qu’eux, il n’en avait pas la puissance. Il fallait qu’il le rattrape. Il n’avait pas le choix. Lou, assise à côté de lui, alerte, suivait des yeux le traceur du mouchard de Kwaïgon sur son téléphone. Elle était tendue et ne disait pas grand-chose, annonçant les changements de directions quand il le fallait, s’accrochant à la poignée de sa portière quand elle en avait besoin. Elle ne regardait pas la route, jamais.
La journée avait été rude pour elle. Mais elle avait étonnée Ezra de part sa capacité à abattre un homme de sang froid. Certes, pour le premier, elle avait hésité. Mais entre recevoir une balle et en mettre une dans la tête de son agresseur, elle n’avait pas hésité très longtemps. Elle était restée un moment prostré, bras tendu, choquée par son propre acte. Mais les cris d’encouragements d’Ezra l’avait remise dans le bain et elle s’était battue. Ils étaient quatre, et en face d’eux il y avait trente hommes entraînés et lourdement armés. Un frisson d’angoisse avait parcouru l’échine d’Ezra quand il avait entendu Ale leur crier qu’il avait compté trente cibles. En réalité, il y en avait trente trois, madame Reg comprit. Ezra savait que sa formation lui permettrait d’abattre ses hommes à lui. Mais Lou ? Et Izikel ? Il n’avait pas eu le temps de se poser la question à vrai dire. Cela avait été un carnage. Mais il ne préférait pas y penser. Le premier échange de tir avait duré quinze minutes durant lesquelles il avait quasiment vidé son chargeur principal sans toucher aucune cible. Et puis Ale et Izikel avait fait le tour de la maison et était sorti de nulle part, abattant les hommes un à un, avec des couteaux à cran. Silencieux et efficaces. Lou avait ensuite touchée son premier homme et Kwaïgon avait fini le travail derrière elle, puis tout s’était enchainé. Mais pas comme Ezra l’avait imaginé. Ils avaient été isolés et Kwaïgon, touché à la cuisse et à l’épaule, avait été assommé et emmené. Ils devaient encore faire face à une quinzaine d’hommes à ce moment là et personne ne pouvait se lancer à la poursuite du coréen sans y laisser sa vie.
Alors la lutte avait continué. Il avait vu du coin de l’œil Izikel passer par la baie vitrée du salon et entendu le plongeon. Il se souvient d’avoir crié son nom, que Lou ai abattu un homme sur le point de coller une balle dans la tête d’Ale qui courrait pour plonger à la suite de l’irlandais. Il s’était occuper du dernier homme et Ale avait sorti Izikel de l’eau. Il était inconscient mais respirait encore. Alors ils ne s’étaient pas poser de questions. Dans la marre de sang qui remplaçait le salon, ils avaient trouvé un plaid et avait mit l’irlandais dans la voiture d’Ale avant de partir avec celle de Kwaïgon. Depuis, ils n’avaient pas échangé un mot tous… L’adrénaline envahissait encore leurs veines, les maintenant en vie.
Plongé dans ses pensées et sur la route, le métis n’avait plus fait attention à Lou, mais la demoiselle émit soudain un petit cri de surprise. Ezra lui lança un regard un peu affolé avant de l’inciter à s’expliquer.
Ezra — Quoi ?
Lou le regarda, le regard perdu et affolé. Elle avait presque les larmes aux yeux.
Lou — C’est le signal ! Ezra — Quoi le signal ? Lou — Il a disparu !
Le sang du jeune homme ne fit qu’un tour. Il laissa la voiture en roues libres un instant, ralentissant doucement. Que devait-il faire ? Sa logique lui disait de s’arrêter mais son cœur lui ordonnait de poursuivre. Mais comment savoir où aller s’ils n’avaient plus le signal du mouchard ? Il ne le pouvait pas, il en était parfaitement conscient. Il soupira longuement, faisant le vide en lui pour prendre une décision.
Ezra — Ok. Alors on s’arrête.
Il fit clignoter ses warning et freina doucement au début, puis plus fort, se rangeant sur le bas côté. La pluie cessait peu à peu, se faisant plus fine, mais le vent se levait en échange… Les phares de la voiture d’Ale se garèrent derrière lui et le jeune homme sorti de la voiture.
Ezra — Restes là Lou.
La rouquine acquiesça, regardant dans le rétroviseur pour suivre les choses. Ale imita Ezra et les deux hommes se retrouvèrent entre les voitures.
Ale — Qu’est-ce qui se passe ? Ezra — On a perdu le signal du mouchard. Ale — Merde !
Le tueur à gage leva les yeux au ciel, passant ensuite la main sur son visage pour essuyer les gouttes de pluie. Le métis, en attendant que l’américain ne réfléchisse, ne pu s’empêcher de jeter un œil à Izikel dans la voiture. Il fut rassurer de voir l’éthologue conscient et concentré sur ce qui semblait être un téléphone. Mais son regard se reporta vite sur Ale qui semblait avoir prit une décision.
Ale — On ne peut pas continuer de rouler à l’aveugle. Ezra — Je sais… Ale — Je n’ai presque plus de carburant. Il y a une station à quelques kilomètres. Allons-y, je réfléchis sur le chemin. Ezra — Ok.
Le métis fit volte face pour remonter dans sa voiture mais la voix de l’américain le stoppa.
Ale — Ezra !
Il fronça les sourcils en regardant le blond.
Ale — On le retrouvera.
Il acquiesça d’un geste net. Il en été convaincu. Il remonta dans la voiture et démarra, expliquant la situation à Lou. Ils n’avaient plus vraiment le choix de toute façon…
POV Kwaïgon
Le coréen releva doucement la tête, faisant fi de la douleur qui envahissait son corps. Il avait apprit à la dompter. L’enseignement qu’il avait reçu de maître Tanaka lui avait souvent porté secours et cette fois n’échappait pas à la règle. La pluie cessait au dehors et par-dessus le bruit du moteur, il entendait celui de la mer. Ils n’étaient pas très loin de l’océan ; c’était parfait. Il baissa de nouveau les yeux sur ses pieds. Le sol du fourgon s’était tâché de son sang mais ses plaies n’étaient plus aussi abondantes. Il pourrait bouger rapidement s’il se forçait. Il prit une grande inspiration silencieuse et se calma, vidant son esprit. Après quelques secondes, il était prêt. Une nouvelle inspiration qu’il bloqua net tout en se déboitant le pouce droit d’un geste sec et assuré. Il n’avait pas droit à l’erreur. Rapidement il glissa sa main hors de la menotte, la retenant de l’autre pour éviter les cliquetis et remit son articulation en place, soufflant l’air bloqué par la même occasion. Il avait les mains libres. Le fourgon ralenti et il sentit la pression dans son dos se faire moins forte ; son gardien avait tourné la tête, c’était l’occasion dont il avait besoin. Prenant appui sur la paroi du fourgon il se fit pivoter sur lui-même, attrapant l’arme d’une main et la gorge de son agresseur de l’autre. Il serra, alors que l’armoire à glace glougloutait. A l’avant, les deux autres pestaient. Mais le temps que Reg ne réagisse, son gardien était mort et le conducteur se prenait une balle dans le crâne. Le coréen se précipita sur Reg et lui arracha son arme des mains, à temps pour voir que le fourgon filait droit sur un ravin. Il mit un coup de volant et le véhicule tourna sec, frappant violemment la glissière de sécurité. Mais il ne se retourna pas pour autant. Il poursuivit sa route alors que la mère de Louna serrait le frein à main en agrippant sa ceinture. Le fourgon s’arrêta net et le coréen fut projeter à travers le pare brise. Il tomba lourdement sur le bitume et grimaça. Tout s’était passé si vite… Mais il n’avait pas vraiment le temps de réfléchir. Des talons sur la route lui indiquaient que Reg venait sur lui. Il se redressa mais pas assez vite. Elle fut plus rapide que lui et ramassa l’arme de son chien de garde que le coréen avait fait tomber dans sa chute. Elle le visa et tira. Ou tenta. L’arme s’était enraillée. Il devait en profiter. Il se releva en titubant et se dirigea vers Christine Reg qui s’acharnait à faire fonctionner son arme. Ce qu’elle réussit enfin à faire, alors que Kwaïgon l’avait dans les mains. Il serra les mains de la femme, fermant un instant les yeux. Une douleur fulgurante lui traversait la poitrine. Il n’avait pas assez dévié le tir pour l’éviter. Mais il était encore vivant. Pour l’instant…
Il rouvrit les yeux et les fixa sur ceux de Reg. Elle avait peur, cela se sentait dans son regard. Et elle avait raison. Le coréen exerça une torsion sur ses poignets frêles et elle lâcha son arme. Doucement, il la força à reculer et la plaqua contre le fourgon, serrant finalement sa main sur sa gorge. Elle se débattit un instant mais abandonna vite en voyant que le coréen ne serrait pas assez fort pour la tuer. Non… Il ne voulait pas la tuer… Pas tout de suite en tout cas. D’abord il voulait parler. Le regard dur et froid, le visage sans expression, il avait une parfaite maîtrise de lui, de son corps. C’est d’une voix froide et calme qu’il parla, juste assez fort pour couvrir le bruit du vent. Il n’y avait rien autour d’eux, ni personne.
Kwai — Qui ? Qui vous a prévenu de notre arrivée ? Reg — Personne…
Il serra un peu plus son emprise et la femme émit un cri étouffé. Il desserra seulement pour lui permettre de parler. Mais son regard suffit à réitérer ses paroles.
Reg — C’est Kam… Mon fils… Kwai — Ton fils ? Tu n’as pas de fils. Reg — Ca c’est ce que vous croyiez tous… Mais il n’y a pas que Louna… Elle a un demi-frère…
Le coréen resta un instant muet face à cette réponse. Louna ? Un demi-frère ? Comment se faisait-il qu’ils ne le sachent pas ? Ale aurait dû être au courant… Pourquoi n’avait-il rien dit ? Des dizaines de questions se bousculaient dans son esprit et inconsciemment il resserra son emprise sur la gorge de la femme. Il lui lança finalement un regard noir alors qu’un rictus presque victorieux se dessinait sur ses lèvres rouges.
Kwai — Tu mens. Reg — C’est ce qu’on verra…
Elle sourit, ce qui fit grimper en flèche la haine que ressentait le coréen. Il ajouta sa seconde main à la première et serra, attendant simplement que la vie quitte le corps de cette infamie et une fois chose faite, il laissa son cadavre sans vie tomber sur le sol. Mais il ne devait pas rester là. Il attrapa tout ce qui contenait ses empreintes et jeta tout dans le fourgon. Avec ses dernières forces, il hissa le corps sans vie de la mère de Louna dans le fourgon et poussa celui du garde du corps au volant. Il se devait de faire le ménage. C’était lui le logisticien. Il fit redémarrer le moteur qui avait calé et recula, se retrouvant face à la glissière. Il prit de la vitesse, assez pour être certain que le fourgon chute et sauta après avoir calé le volant. La chute du véhicule fut spectaculaire ! Un des plus beaux spectacles de ces derniers jours… Il resta là un moment, à regarder le fourgon disparaître aux pieds de la falaise, dans les eaux glacées de l’atlantique. Il vacilla quelque peu et le froid qui se saisissait de lui le rappela à l’ordre. Il devait partir. Il sorti son téléphone de sa poche et pressa le bouton d’allumage. A sa plus grande joie, l’écran s’illumina. En quelques minutes, il pu savoir qu’il y avait une maison environ cinq cent mètres en contrebas. Ni une ni deux, il en prit la direction d’un pas assuré bien qu’un peu boitillant…
***
Kwaïgon se rangea sur le bas côté et coupa le contact de la voiture qu’il avait volé. Il était sur une petite route au milieu de rien et ne savait pas où il était. Il faisait nuit et à sa droite, sous la falaise, la houle venait se briser sans grands fracas sur les rochers. L'océan était calme et il ne pleuvait plus, malgré l'hiver qui s’annonçait. C'était une nuit paisible dans ce coin du monde. Personne pour le déranger. Personne pour le trouver. Mais finalement, il aurait peut-être préféré... Que quelqu'un le trouve et le dérange...
Il regardait devant lui, en tâchant de calmer sa respiration chaotique. Les mains crispées sur le volant pour arrêter les tremblements. Il voyait flou et réprima un sanglot à cause de la douleur intense qui lui traversait le corps. Il voulu prendre une grande inspiration mais la douleur était trop fulgurante et manqua de lui faire perdre connaissance de peu. Il desserra sa main droite du volant pour tenter de tourner la clé et remettre le moteur en route mais il tremblait trop pour atteindre de nouveau la clé. Il étouffa un cri de rage et de douleur entre ses dents, serrant son jean de sa main droite. Elle était couverte de sang. De son sang. Il était seul, loin de tout et de tous, et en train d'agoniser, incapable de faire quelques mètres de plus.
Il avait fini son job. Il avait lutté pour le finir mais maintenant, il était à bout de force et n'en pouvait plus. Il n'arrivait plus à se battre contre son destin, pour sa propre survie. Il se sentait partir, lentement, et ne pouvait rien faire contre cela. Le froid engourdissait peu à peu ses membres, avant de prendre possession de son corps entier. Maintenant s'il tremblait, ce n'était pas que de douleur, c'était aussi de froid. De petites étoiles se mirent à danser devant ses yeux et il fini par se laisser aller sur le siège de la voiture.
Était-ce la fin ? Il le pensait. Alors que ses dernières forces l'abandonnaient peu à peu ; que les tremblements cessaient en même temps que la douleur ; que le monde autour de lui sombrait dans le noir ; il repensa à toutes ces personnes qu'il avait connu dans sa vie. À ceux et celles qui l'avait accompagné durant des années. À ses chevaux... Qu'allaient-ils devenir sans lui ? Il ne savait pas. Il ne savait plus et n'était plus sûr de rien.
Puis ce fut le noir complet et cette nette impression de bien-être, juste avant que sa conscience ne s'évanouisse...
POV Ale
Le plein des voitures était fait et les quatre jeunes gens étaient silencieux autour de leurs cafés. Ils s’étaient rapidement changé et débarbouillé dans les toilettes miteuses de la petite station service dans laquelle ils s’étaient arrêté et attendait. Attendre quoi ? Un signe de vie de Kwaïgon… Ou une idée lumineuse d’un des leur. Il s’était passé seulement un petit quart d’heure depuis qu’ils avaient quitté la voie rapide et Ale n’avait cessé de réfléchir depuis. Ou le fourgon avait-il bien pu aller ? Est-ce que Reg mère avait une autre planque le long de l’océan ? Ou est-ce qu’ils avaient prit la direction des terres ? Ils avaient perdu la trace du coréen juste avant un gros échangeur et poursuivre serait trop dangereux, surtout s’ils prenaient la mauvaise direction. L’américain soupira, le nez plongé sur son café. Que faire ? Trouver une idée… Trouver une brillante idée… Son regard se posa sur les objets de la table, en quête d’inspiration. Un soupir s’échappait de sa bouche alors qu’il posait les yeux sur le téléphone de Lou. Il croisa le regard de la jeune femme et cette dernière sembla avoir la même idée. Elle se saisit de son téléphone et pianota quelques secondes avant de composer un numéro. Elle n’attendit pas longtemps, et au ton mielleux de sa voix, elle ne devait pas être en conversation avec le coréen.
Lou — Bonsoir ! Et bien j’aurais besoin de vos services… Oui ! En fait, mon fils est en weekend à la mer, il est parti faire du camping avec ses amis ! … Oui ! Exactement ! Mais ce garnement ne répond pas à mes appels… Oui je sais… Et j’aimerais savoir où il se trouve… Je m’inquiète surtout… Aucun de ses copains ne répond non plus… Oui… Alors son numéro c’est le 212-555-2386… Oui je patiente… Merci…
La rouquine sourit doucement à Ale, qui était pendue à ses lèvres, comme tous les autres.
La jeune femme raccrocha et brandit un papier devant le nez des hommes.
Lou — Coordonnées GPS.
Ezra, qui était à côté de la demoiselle lui prit la tête et déposa une long baiser sur sa tempe tandis qu’Ale attrapait le papier pour entrer les coordonnées dans son GPS.
Ezra — Tu es parfaite… Ale — On y va ! C’est à vingt minutes d’ici, en se dépêchant on peut en mettre que dix.
En quelques secondes les moteurs vrombissaient de nouveau et Ale et Izikel en tête, les voitures disparaissaient dans la nuit…
***
Walig — LA !!
L’éthologue désigna une voiture garé sur le bas côté qu’ils venaient de doublé. Ale serra le frein et pila net alors que l’irlandais se jetait au dehors et se précipitait vers la voiture. L’américain colla de suite son téléphone sur son oreille pour prévenir Lou et Ezra qu’ils l’avaient trouvé. Ils s’étaient séparés pour couvrir plus de terrain et gagner du temps mais il fallait désormais qu’ils se rejoignent. Quand Ale atteint Izikel en raccrochant, celui-ci se démenait pour sortir Kwaïgon de la voiture, inconscient et maculé de sang. Ale l’aida et une fois le coréen au sol, Izikel entama un massage cardiaque.
Ale — Y’a un défibrillateur dans la voiture.
Il ne fallu pas plus de trente seconde à Ale pour ouvrir le coffre et sortir la boîte contenant la petite machine. Une minute plus tard, la poitrine du coréen se soulevait sous le choc électrique. Izikel s’était mit au bouche à bouche quand la voiture d’Ezra et Lou se gara prêt de la leur. Tous savaient qu’Ezra avait reçu une formation médicale avant d’intégrer la police et il prit naturellement le relais de l’irlandais, avec des gestes plus sûrs et rapides que les siens. Les secondes leur paru être des vies entières mais au bout de quelques minutes, le coréen régurgita un peu de sang et se remit à respirer.
Ezra — Il lui faut des soins, il a des balles dans le corps et perdu beaucoup trop de sang. Ale — Avec le matériel tu pourrais le soigner ?
Ezra se crispa un instant et soupira avant de jeter un bref coup d’œil à Kwaïgon.
Ezra — Tu es certain de vouloir prendre le risque ? Ale — On n’a pas le choix. On a plus de trente cadavres sur les bras. Soit tu peux le faire soit on est obligé de le laisser là. Lou — QUOI !? Ezra — Du calme Lou… On ne le laissera pas là ok ?!
Le ton était monté d’un coup et Ezra s’était fait plus ferme. Il lança tout de même un regard noir à Alejandro, bien qu’au fond il était du même avis que lui.
Ezra — C’est loin ? Ale — Trente minutes. J’ai du sang dans la voiture et de quoi faire une perf. Ezra — Donnes. On va le mettre sur la banquette arrière de ta berline. Il va nous tuer si on tâche sa caisse. Walig, aides-moi…
L’irlandais s’exécuta, un peu pâle. Lou retenait tant bien que mal ses larmes mais la pression commençait à descendre et elle fondrait d’ici peu. En attendant, Ezra avait reprit le silence et la concentration nécessaire à sa tâche. Il posa la perfusion et les voitures reprirent la route et leur course folle…
J'ai 750 Lignes J'utilise un résumé x2 de Louna Et je voudrais quelques points pour Zezette qui m'a bien aidé à écrire ce résumé ! =) Merci pour la correction ! =)
La neige, fine, était tombée en douceur sur le Haras. Les flocons avaient été peu nombreux, mais en une nuit entière de chute ininterrompue, cela avait été assez pour recouvrir la campagne d'un fin manteau blanc. Une brise très légère soufflait, juste assez pour rosir les joues et accentuer le froid glacial qui avait englouti la Toscane. De là où il était, Alejandro n'entendait pas un bruit. Un silence léger l'environnait, rendant le paysage magique. Le soleil se levait doucement, colorant le ciel de ses reflets roses et dorés. Les nuages étaient chassé peu à peu par le vent d'altitude laissant derrière eux le présage d'un ciel limpide, bleu pâle. L'américain était assit sur un rocher, sur une colline surplombant le village de Monterrigioni. Laissant le froid pénétré ses vêtements de sport léger, il regardait de ses yeux froid le monde qui l'entourait, prenant un peu de recul sur ce qu'il avait vécu. Son retour au Haras avait marqué la fin d'une de ses vies, et le commencement d'une nouvelle. Il ne s'y attendait pas mais il avait décidé de prendre ce que lui offrait la vie et de saisir les occasions qu'on lui présentait. Celle-ci en était une. Il avait craint s'ennuyer un peu au départ, mais il n'y avait pas de routine possible au Haras. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres ; il était content de la tournure que prenait les choses, même si elles n'étaient pas du tout prévues. Lui qui aimait avoir le contrôle absolu de sa vie, il se retrouvait dans une situation qu'il n'avait jamais imaginée, même dans ses rêves les plus fous... Un froissement dans son dos lui fit doucement tourner la tête ; Un daim passait à quelques mètres, tête basse, à la recherche de nourriture. Ils se toisèrent un instant avant que chacun ne reprenne son activité, l'un à la recherche de nourriture et l'autre à l'observation de sa nouvelle vie.
Ces deux derniers jours n'avaient pas été de tout repos. Il avait fallu rentrer au Haras, et expliquer aux autres pourquoi il en manquait un. Alejandro avait voulu prendre sur lui toutes les responsabilités de leur aventure, mais Ezra avait refusé. Après tout, ils avaient tous été volontaires pour partir avec lui. Et de plus, il n'avait de compte à rendre à personne... Cependant, malgré ce qu'il craignait, Louna lui avait été reconnaissante de son travail et elle lui avait proposé une place de coach dans son élevage. Le jeune homme ne s'était pas vraiment attendu à une telle proposition mais il avait accepté. Il avait promit à Liam de revenir au Haras après avoir régler cette histoire et c'est ce qu'il faisait. Il honorait ses promesses, comme il l'avait toujours fait. Liam avait l'air plutôt satisfait, bien qu'exténué. De ce qu'il lui avait dit, Myriam était revenu l'avant-veille après deux mois et demi d'absence et ce laps de temps avait pesé sur les épaules de l'éleveur avec tellement de vigueur qu'il en avait craqué moralement. Le retour de sa femme et son fils le revigorait, mais il ne pouvait pas effacer en quelques jours les stigmates accumulés durant deux mois. D'ailleurs, Myriam et Logan étaient resté discret durant le débriefing des deux derniers mois. Malgré tout, ils avaient tous l'air autant fatigué qu'eux-même... Même si Liam avait trouvé des bras supplémentaires pour les aider dans le travail des chevaux, les partants leur avait beaucoup manqué... Alejandro fut toucher de savoir qu'il faisait parti de ceux qui leur avait manqué, au même titre que Lou, Ezra, Izikel et Kwaïgon. C'était d'ailleurs un sentiment qu'il ne connaissait pas encore et qu'il prenait plaisir à découvrir. De nouveau un fin sourire apparu sur ses lèvres. Il se sentait bien.
Izikel s'était remit plus rapidement qu'il ne l'avait pensé de ses blessures physiques. Il ne boitait presque plus et malgré des douleurs encore persistantes, il était plutôt en bonne forme. Il était contraint au repos forcé par Ezra et n'avait pas le droit de monter à cheval ni même d'en approcher un avant au moins deux semaines mais apparemment, cela ne le gênait pas du tout. Au contraire. Il avait besoin de repos, et surtout d'une pause, pour se refaire un bon mental. Revenir aux fondamentaux ne lui ferait aucun mal ; un bon livre ou un film, avec un chocolat chaud et un oreiller et ne pas trop mettre le nez dehors. Il n'avait pas protesté. Lou quand à elle se portait bien. Elle avait eu des courbatures mais les massages de l'irlandais lui avait fait beaucoup de bien. Elle aussi avait eu quelques chocs psychologiques mais elle n'était pas en repos forcé. Pour sa part au contraire, aller prendre l'air et retrouver son étalon lui ferait le plus grand bien. Liam lui avait confié s'être fait plusieurs fois mettre à bas par son monstre et il ne voulait qu'une chose : qu'elle s'en occupe de nouveau. Il n'avait pas fallu lui dire deux fois. Ezra lui était, semblait-il à Ale, égal à lui-même. Son regard laissait poindre de l'inquiétude, mais rien de plus. Il avait reprit sa place aux élevages l'heure suivant leur arrivée et il n'avait pas arrêter depuis, seulement une nuit pour rejoindre une demoiselle du Haras, à ce qu'en savait Ale. Il s'était même inscrit à une compétition l'après-midi de son retour... Alejandro ne se faisait pas de soucis pour lui. Il savait qu'il avait été façonner dans le même moule que lui et que tout ce qu'ils avaient vécu n'était pas un problème pour le métis. Lui aussi, malheureusement, en avait l'habitude.
Mais pour tous, Ale ne s'inquiétait pas. Autant pour ceux qui étaient resté là que pour ceux qui l'avait accompagné. Un seul cependant obscurcissait son esprit : Kwaïgon. Lorsqu'ils avaient enfin gagné la planque d'Ale dans les Hamptons, Ezra avait réussi à soigner le coréen, après des heures interminables d'intervention et un grand nombre de frayeurs. Le coréen était resté inconscient quelques heures et s'était finalement éveillé, malgré les doutes plus que fondés du métis. Le soulagement s'était lu sur tous les visages quand il avait ouvert les yeux puis leur avait demandé si sa voiture était toujours entière... Il avait mal partout, ce qui était bon signe selon Ezra et pouvait bouger tout son corps. Il se souvenait de ce qui s'était passé et leur en avait fait part -notamment de la révélation de Mme Reg avant de trépasser- et avait finalement émit le souhait de dormir jusqu'à ce qu'il n'ait plus mal nul part. Ezra le lui avait accordé et c'est ce qu'il avait fait durant presque toute la semaine suivante. Il ne s'éveillait que pour réclamer un peu de calmant supplémentaire. Ezra le surveillait nuit et jour pendant que Ale et Lou enquêtait sur ce fameux demi-frère. Ils n'avaient rien trouvé et décidé d'appeler de l'aide. C'était à ce moment là que Kwaïgon, rassemblant tout son courage, s'était assit sur son lit et poser les pieds par terre. Il avait chuté plusieurs fois avant de finalement se traîner à lent petits pas jusqu'au salon de la maison, accroché à la barre de sa perfusion. Il avait prit le téléphone et une dizaine d'heure plus tard, Moïra débarquait. Ale la connaissait bien, et à ce qu'il comprit, Louna, Liam, Izikel et Kwaïgon également. Ils discutèrent tous ensemble un long moment et décision fut prise de scindé le groupe en deux. Le coréen ne pouvait pas prendre l'avion dans son état. Il resterait donc dans les Hamptons, en compagnie de Moïra. Ezra avait voulu rester, mais Kwaï avait refusé catégoriquement. Il enquêterait avec Moïra alors que eux rentreraient. Il fallait aussi enquêter sur place. Ils avaient donc obéit au coréen qui, malgré sa faiblesse physique n'en était que plus autoritaire encore !
Un autre sourire glissa sur les lèvres de l'américain. En tout cas, ils l'avaient fait. Ils avaient été au bout de leur mission et étaient tous bien vivants. Ils n'avaient pas eu que des bonnes nouvelles mais cela, ce n'était pas encore leur problème. ❝ Chaque chose en son temps. ❞ Et c'est bien ce que Ale comptait appliquer. Un frisson lui rappela que cela faisait plus de quarante minutes qu'il était dehors et que l'heure avançant, il fallait qu'il rentre. Le soleil avait pas mal entamer sa course et il ne devait pas être très loin de l'heure des rations du matin. Le jeune homme eu un léger soupir et se releva, reprenant le chemin du Haras à petites foulées pour se réchauffer en douceur. Il accélérerait le rythme plus tard. Plus il avançait et plus la vie reprenait son cours et envahissait son environnement. Bientôt, le village fourmillerait d'élève et la journée commencerait vraiment...
Voix off
Peut-être que tu as, lecteur, quelques questions en tête. Des points qui te semble trop sombre, des enchaînements que tu ne comprends pas. Peut-être penses-tu que j'ai oublié de mentionner ce qui se tramait dans l'esprit de Louna durant ces deux derniers mois ? Ou ce qui s'est passé pour Myriam alors qu'elle était chez sa grand-mère ? Je vous sers bien prestement le point de vue de ce très cher Alejandro mais, comme à son habitude, il ne rentre pas dans les détails. C'est un garçon peu bavard, il faut lui pardonner ses résumés un peu trop succincts... Nombre de mes personnages sont un peu passer à la trappe, je ne me suis concentré que sur l'action principale, au détriment de certains et du psychologique de l'affaire. Seul Liam a eu droit au détail. Mais je conçois que ce ne soit guère suffisant. Je vais donc vous parler de ces deux derniers mois pour certains de mes personnages, et vous aller découvrir que tous n'ont pas fait exactement ce que l'on attendait d'eux ou ce que l'on pensait qu'ils faisaient...
Pov Louna
Contexte : deux mois avant le retour de Ale et sa troupe, au moment même de leur départ. Nous sommes à Hawaï. Ce morceau de résumé va vous expliquer en détail ce que Louna à fait durant ce laps de temps ; cela se passe donc en simultané des épisodes 2, 3, 4, 5, 6 et 7 du chapitre 4.
Lorsque le zodiac avait quitter la grève, en emportant avec lui nombre de ses amis, Louna n'était pas restée longtemps. Un vent fort balayait la plage et le ponton branlant ne lui donnait guère confiance. Un bras autour de la taille de Myriam et l'autre tenant fermé le col de sa veste, les deux femmes avaient quitté la plage pour retrouver la chaleur de la salle à manger du manoir. Logan n'avait pas tardé à les suivre, mais elles savaient que Liam n'en ferait pas autant. Il resterait jusqu'à ce que le cargo disparaisse et qu'il soit plus que l'heure d'aller distribuer les rations avec ses palefreniers. Il était triste de ce départ, mais Louna ne savait pas s'il était triste parce qu'il restait ou parce que les autres partaient... A moins qu'il ne pense déjà au départ de sa femme ? C'était aussi une solution... Et malheureusement, elle ne pouvait pas grand chose pour lui. Elle s'installa en face de Myriam qui servit deux cafés. Le vent de l'île était atroce, elle faisait sans arrêt craqué toute sa cabane, lui conférant de courtes nuits. Mais ils ne seraient bientôt plus là, et cela, ça la ravissait.
❝ Oh... J'ai hâte de partir ! Je déteste cette ambiance ! Moi qui pensait qu'Hawaï était un paradis sur terre... J'étais loin du compte... ❞
Louna sourit en hochant positivement de la tête.
❝ Et toi tu as de la chance, tu pars avant nous ! Quand tu reviendras, on sera déjà en Toscane ! ❞ ❝ Oui ! Et ce ne sera pas plus mal... ❞
Il y eu un temps de silence. Myriam avait eu l'air un peu amer sur cette fin de phrase, comme si elle voulait ajouté quelque chose mais s'était ravisée au dernier moment.
❝ Quelque chose te tracasse ? ❞
Le regard de Myriam se posa sur elle et elle pu y lire une sorte de détresse sur fond de tristesse. La jeune mère hocha doucement de la tête.
❝ J'ai peur que Liam rate des choses avec Maël... Il grandit vite mine de rien et il fait pleins de nouvelles choses chaque jour... ❞
Louna eu une moue compatissante. Elle n'avait pas tord de s'inquiéter. Liam avait eu le choix de partir avec elle ou rester et il avait préféré rester avec ses chevaux. Elle ne l'en blâmait pas mais il avait sans doute du penser à cette perspective également.
❝ Il loupera forcément des choses mais il en loupera tout au long de sa vie... C'est aussi ça d'être parent... ❞
Myriam sourit, un peu émut rien qu'aux pensées que soulevait en elle cette conversation, mais elle ne dit rien de plus, se plongeant dans sa tasse de café.
❝ Tu feras attention à lui ? ❞ ❝ Promis. ❞
Les deux jeunes femmes échangèrent un sourire alors que Logan venait s'asseoir à côté d'elles.
❝ Alors ? ❞ ❝ Parti... ❞
***
Les jours et les nuits se succédaient sur l'île avec toujours son lot de pluie et de vent. Le travail des chevaux continuait en même temps qu'ils préparaient le changement de pays au fur et à mesure, ne gardant toujours avec eux que le strict minimum. Elle avait l'impression qu'ils allaient camper durant ces deux dernières semaines de trimestre. Mais avoir Ale loin d'elle la faisait se sentir plus légère. Enzo était aussi plus détendu, le sachant à des milliers de kilomètres. Non pas qu'elle ne lui fasse pas confiance, elle savait qu'il ferait ce qu'il avait dit, mais c'était une tension générale. Elle se sentait mieux avec le gros de la troupe ailleurs. Et cela se ressentait aussi dans l'élevage : les chevaux étaient plus calmes et le travail n'en était que plus agréable. Elle avait aidé Logan pour les concours auxquels il participait mais elle avait eu un peu tendance à délaissé Liam, sans pour autant ne pas garder un oeil sur lui. Elle l'avait promit à Myriam et elle comptait bien honorer sa promesse. Elle recevait quotidiennement des informations de la part d'Ale. L'américain lui faisait part de l'avancé de leur plan et de leurs progrès. Mais plus les jours avançaient et plus elle réfléchissait. Et de cette réflexion ressortait des zones d'ombres qu'elle n'arrivait pas à éclairer. Et Ale n'avait pas non plus toutes ses réponses. Il fallait qu'elle sache ce qui se tramait plus en profondeur... Mais la seule façon de le savoir, c'était de se déplacer elle-même et d'aller à New York voir son père...
Elle savait que l'idée ne plairait pas à tout le monde, en particulier à Enzo. Mais elle avait besoin de savoir. Elle avait l'impression qu'on lui cachait autre chose. Que sa mère veuille sa mort, elle n'en doutait, mais si ce n'était qu'une histoire d'héritage, elle doutait du fondement des actions de sa mère. Il devait y avoir autre chose, elle en était convaincue. Et pour le savoir, il fallait qu'elle interroge son père et McSaghan. Elle prit sa décision peu après le dernier concours des garçons. Une décision qu'elle garda pour elle au départ, ruminant ses pensées les plus sombres. Puis l'idée folle lui vint... L'idée de partir dans le secret, juste après leur déménagement en Toscane. Elle ne voulait pas mettre Liam au courant. Il était déjà assez accablé de soucis comme cela, il n'avait pas besoin de s'inquiéter pour elle. Elle mettrait Logan au courant, car il devrait s'occuper de son élevage durant son absence. Et bien sûr Enzo. Imposé son départ à Logan lui posait quelques soucis d'ordre éthique mais elle le ferait. Par contre, imposé son départ à Enzo était un peu plus compliqué... Le jeune homme n'accepterait jamais son départ, qui plus est seule et sans le dire à personne. Elle ne doutait pas de ses capacités ; elle savait se défendre toute seule et elle l'avait déjà montrer par le passé. De plus, ce voyage ne comportait pas vraiment de risque, elle ferait en sorte de ne croiser personne et elle irait simplement voir James et son père. Simplement un aller - retour de quelques jours... Vraiment pas grand chose... Mais elle savait que son fiancé s'inquiétait pour elle, surtout depuis l'apparition d'Ale.
Elle avait d'ailleurs beaucoup réfléchi au jeune homme. Pas en tant que personne, mais comme ce qu'il représentait. Que quelqu'un veuille sa mort, ce n'était pas nouveau pour elle, elle avait déjà frôlé la mort plusieurs fois et s'en était toujours sorti indemne ou presque. Mais l'avoir ainsi, sous cette forme, c'était encore inconnu pour elle. Elle avait l'impression d'être une hors la loi et de retomber de nouveau dans les bas-fonds parisiens, lorsqu'elle était bel et bien recherchée... Hors ce n'était plus le cas. Elle avait changé, grandi, et elle n'était plus la gamine pommée qu'elle était, volant pour avoir le ventre plein. Alors si elle n'avait rien fait de mal, pourquoi voulait-on encore sa mort ? A croire que tout cela ne cesserait jamais et qu'elle serait toute sa vie poursuivit... Voulait-elle de cette vie pour Enzo ? Pour la famille qu'ils comptaient construire ? Elle doutait fort que cela plaise très longtemps à Enzo de se retrouver en pleine nuit avec une arme pointée vers le lit conjugal... Et pire encore que cela, si quelqu'un menaçait le jeune homme pour l'atteindre elle ? Non... Elle ne pouvait plus continuer ainsi, il fallait qu'elle sache tout et qu'elle connaisse le moindre de ses possibles ennemis. Et pour cela, elle devait parler à James, et à son père...
C'est dans cette optique qu'elle se présenta à Enzo ce soir là. Un soir de septembre. Elle était un peu fébrile, mais sa décision était prise. Et peu importe ce que dirait le jeune homme, elle irait là-bas. Elle avait patiemment attendu qu'il sorte de sa douche, les bras croisés, le regard perdu sur l'océan noir qui s'étalait devant elle depuis leur bungalow. Le jeune homme s'approcha tout doucement d'elle. Il exhalait le parfum du gel douche. Il enlaça doucement la demoiselle et posa sa tête humide au creux de son cou, lui murmurant d'un ton doux ;
❝ Eh... Ça va pas ? ❞
La demoiselle eu un soupir et se retourna entre ses bras, plantant un regard un peu froid dans le sien. Ses yeux ambres se faisant un peu dur. A croire qu'elle se mettait déjà en conditions pour son voyage...
❝ Non... Et tu ne vas pas aimer la suite. ❞
Elle l'invita d'un geste à s'asseoir sur le canapé au pied de leur lit et prit elle même place sur le rebord de la table basse, croisant les doigts sur ses genoux. Le jeune homme n'ose trop rien dire et s'assoit, pinçant un peu les lèvres. La jeune femme prit une inspiration, s'éclaircit la gorge et se lança, sans sourciller, le regard planté dans le sien, plein de détermination.
❝ J'ai décidé de partir à New York. Pas pour rejoindre les autres, je ne veux pas les croiser, mais pour avoir des réponses. Je veux aller voir James et mon père. ❞
Elle laissa quelques secondes de silence, attendant avec un peu d'appréhension sa réaction maintenant que les choses étaient dite.
❝ C'est une blague ? ❞
Le jeune homme reste incrédule. Cela peut se comprendre en même temps.
❝ Non, pas du tout. Je vais y aller de toute façon. Il faut que je sache si un jour ou l'autre, on va se retrouver avec un nouveau tueur en pleine nuit ! ❞
Le ton de sa voix s'énervait. Elle voulait partir. Avoir son approbation était un plus mais...
❝ On ne peut pas continuer comme ça Enzo... Je ne peux pas continuer comme ça ! Sans savoir ! ❞ ❝ Donc l'idée c'est d'aller dans la gueule du loup te faire tuer ? C'est ça ? ❞
Le jeune homme commençait doucement à s'énerver, mais son ton étant surtout froid. Un frisson parcouru l'échine de la demoiselle, mais pas un frisson de plaisir. Elle serra les mâchoire pour tenter de se calmer, mais c'était peine perdue. Le ton montait immanquablement petit à petit autant que sa voix se durcissait.
❝ Ce n'est pas mon père qui veut ma mort je te rappelle. Et je ne me jette pas dans la gueule du loup ! J'en ai assez d'attendre comme ça. De toute façon j'irai, ma décision est prise. ❞
Elle aurait bien ajouté ❝ que cela te plaise ou non ❞ mais elle avait encore assez de lucidité pour ne pas blesser le jeune homme.
❝ Et bien vas y ! C'est pas comme si j'avais mon mot à dire ! ❞
Le jeune homme se lève brusquement et fait les cent pas, par colère ou frustration. A son tour Louna se lève d'un bond et croise les bras sur sa poitrine.
❝ Je pars après-demain, j'ai pris mes billets déjà. ❞
Avec cette révélation, elle ne laissait plus aucune place au doute. En effet, il n'avait pas eu son mot à dire dans son esprit à elle. Elle avait sans doute eu tord de réagir ainsi, mais pour l'instant, elle ne le regrettait aucunement. Le regard colérique du jeune homme tourne à la rage. Sans un mot il prend sa veste et ses clés et sort en trombe.
❝ ENZO ! ❞
Mais la porte claque déjà sur le jeune homme. Louna soupire et se pince l'arrête du nez entre ses doigts. Elle avait peut-être été un peu dure avec lui. Mais il le fallait. Dans son esprit à elle, il n'y avait pas d'autre choix possible...
***
Elle regardait les rues encombrées de New York se déployer à ses pieds quand James entra dans son bureau. Le brun arborait un costume gris froid ce jour là qui lui allait comme un gant. La moquette rouge au sol absorbait tout ces pas et rendait la pièce presque aussi silencieuse que lors de son absence. Il adressa à Louna un sourire joyeux et l'invita à prendre place en face de son bureau d'un geste amical du bras.
❝ Et bien ! Ce n'est pas tous les jours que j'ai la visite de ma patronne ! Comment vas-tu Louna ? Tu as fait bon voyage ? ❞
Elle n'avait pas fait bon voyage du tout, la dispute qu'elle avait eu avec Enzo la hantant toujours, mais elle sourit et relaya cela au fond de son esprit. Elle n'était pas là pour étaler sa vie privée sur un plateau.
❝ Très bon merci ! Je vais très bien. Et toi ? ❞ ❝ Très bien ! Les chiffres n'ont jamais été aussi bon ! Je e demande même pourquoi... Tu veux boire quelque chose ? ❞ ❝ Tant mieux ! Un café merci. ❞ ❝ Lait ? Sucre ? ❞ ❝ Sucre, merci. ❞
Ils échangèrent un sourire et le jeune homme se mit au travail, versant le café déjà chaud dans deux tasses. Il était à peine plus de quatorze heures et il revenait d'un déjeuner avec un gros client. Il avait prévenu Louna mais s'était tout de même arranger pour lui faire envoyer une voiture et lui servir un plateau repas dans son bureau. James McSaghan était un homme plein d'attention, aussi consciencieux dans son travail que dans sa vie privée, et c'est ce que Louna aimait chez lui. Elle savait que dans ses mains, Reg International était sous bonne garde. Elle lissa la jupe de son tailleur avant de s'asseoir dans un siège en cuir. Quelques minutes plus tard, James posait devant elle son café et prenait place sur son large fauteuil de cuir.
❝ Alors, qu'est-ce qui t’amène chez nous ? ❞
La demoiselle eut un sourire pincé et le regarda droit dans les yeux. Il apportait la tasse à ses lèvres pour en boire une gorgée.
❝ Un tueur à gage s'est retrouvé dans ma chambre il y a quelques semaines... Il voulait ma tête. ❞
La nouvelle fit s'étrangler le directeur général. Il reposa sa tasse, sans manquer d'en renverser à côté et ouvrit de grands yeux.
❝ Pardon !? ❞ ❝ Heureusement j'ai un fiancé assez courageux pour l'avoir assommé et avec l'équipe, on a prit le reste en charge. Il s'appelle Alejandro Cowie. Il était embauché par Christine Reg... ❞
James se laissa tomber dans le dossier de son fauteuil et blêmit sans rien dire. Il regardait Louna, assez estomaqué par la nouvelle. La demoiselle poursuivit sans sourciller.
❝ En ce moment même, une partie de l'équipe est à New York, sans savoir que je le suis aussi, pour partir à la chasse et me ramener la tête de ma mère. Ce n'est que justice de lui rendre la monnaie de sa pièce... Je te demanderais simplement de ne rien dire à personne. Ce n'est pas très... Légal. ❞ ❝ Je me doute bien... Et ce... Cowie ? Vous en avez fait quoi ? ❞ ❝ Il est à New York avec les autres, on le garde sous la main. ❞ ❝ Ce n'est pas idiot... ❞
Le brun se leva et arpenta un moment la baie vitrée de son bureau, plongé dans ses réflexions. Louna lui laissa le temps d'assimiler les choses, en douceur. Elle en profita pour siroter son café. Après quelques minutes, le garçon se retourna vers elle la mine sombre.
❝ Que veux-tu faire maintenant ? ❞ ❝ Je suis venu à New York pour avoir des réponses à mes questions. Et je pense que toi ou mon père les avez. ❞
Il hocha doucement de la tête et se rassit derrière son bureau, croisant les mains devant lui, sur son porte document.
❝ Je t'écoute. Et je ferais de mon mieux pour te répondre. ❞
Louna sourit timidement mais prit la même position que lui, plongeant son regard ambré dans le sien.
❝ Alejandro ne nous a pas dit grand chose, mais je pense qu'il ne connaissait pas grand chose sur les plans de ma mère. Il nous a seulement confier que si elle voulait ma mort, c'était pour une question d'héritage. Mais il me semblait que les choses étaient claires, je suis la seule et unique héritière, non ? ❞ ❝ Maintenant oui. Mais si tu venais à mourir, Reg International pourrait tomber entre les mains de ta mère. Tes parents ne sont toujours pas divorcés Louna, et en tant que conjointe, ta mère peut réclamer une partie de ton héritage. Ton père t'as fait don de la société de ton vivant, mais je pense qu'elle espérait quand même pouvoir mettre la main dessus... Mais un tel processus aurait prit des années... Je ne comprends pas trop non plus... ❞ ❝ Est-ce qu'elle aurait des problèmes avec d'anciens clients de la branche sale de RI ? ❞ ❝ Pas à ma connaissance. Bien que je ne sais pas grand chose de cette branche là, je m'occupais essentiellement du reste. Ce n'est que ta mère qui avait l'autre branche disons... ❞ ❝ Tu sais si elle s'est faite beaucoup d'ennemis ? ❞ ❝ De nombreux je pense, mais je ne les connais pas. Dès que tu trempes dans quelques chose de pas net, il y a aussi les problèmes qui vont avec tu sais... ❞
Elle savait, et que trop bien. James ne pourrais pas lui en dire davantage sur sa mère, il fallait qu'elle voit son père. Et il était trop tard pour lancer une enquête privée sur elle. Elle avait confiance en l'équipe et savait que d'ici peu, ils rentreraient au Haras, leur mission accomplie.
❝ Il faut que je vois mon père. ❞ ❝ Je pense aussi... Il pourra plus te renseigner que moi. ❞
Elle lui sourit gentiment. Au moins il avait essayé et c'était bien ça le principal.
❝ Oh et... James, j'aurais un service à te demander... ❞ ❝ Oui ? ❞ ❝ Je vais bientôt me marier et j'aimerais que tu sois là. ❞ ❝ Oh !? Félicitations ! Ce sera avec grand plaisir ! ❞
La demoiselle lui sourit alors qu'il se levait pour l'embrasser.
❝ Et est-ce que tu pourras te renseigner sur les démarches à suivre auprès du juge pour que mon père soit là aussi ? ❞ ❝ Oui, sans aucun problèmes ! ❞
Le garçon sourit et soupira. Le reste de la journée fut partager entre discussions, petit tour de l'immeuble et de nombreux cafés ! En attendant, quand la demoiselle regagna son hôtel le soir après un dîner chez les McSaghan, elle était épuisée...
***
Elle se rendit à la prison d'état de New York où avait été transférer son père le lendemain. Elle avait tenté d'appelé Enzo mais était tombé sur sa messagerie et après un soupir, avait finalement composé un sms aussi gentil que possible, s'excusant de son comportement. Elle verrait bien si le jeune homme lui pardonnerait... En attendant, elle avait revêtu son tailleur jupe pour l'occasion et s'était emmitouflée dans un gros manteau. Elle suivit le protocole à la lettre et se vit mener dans une salle vitrée où chaises et tables étaient rivées au sol. Son père arriva quelques minutes plus tard, dans une salopette bleu. Il était souriant, bien que humble face à sa fille. Louna se leva à son entrée et consentie à lui faire la bise avant de l'inviter à s'asseoir. Ce qu'il fit avec respect.
❝ Merci de me rendre visite ! Tu as l'air d'aller bien ! En tout cas ce tailleur te va à ravir. ❞
Elle sourit poliment et prit place elle aussi, croisant les mains sur la table devant elle.
❝ Merci. Je vais bien. Mais tu te doute que je ne viens pas te voir par pur hasard ou courtoisie. ❞ ❝ Je sais. Qu'est-ce qui t'amène ici ? ❞ ❝ Christine a envoyé un tueur à gage pour me tuer. Mais ce n'est pas le problème. Ce que je veux savoir, c'est si j'ai à me méfier d'autres gens ou pas ? Qui avais-tu comme ennemis qui pourrait s'en prendre à moi ? ❞
Mike avait pâlit et cherchait le regard de sa fille dans ses yeux ambrés, mais Louna restait de marbre et attendait les réponses de son père. Il fallu quelques seconde au prisonnier pour durcir de nouveau son regard et se reprendre, hochant doucement de la tête.
❝ Toutes les têtes sont tombées avec moi... Je n'ai aucun ennemi libre ou encore de ce monde sur cette planète. La seule personne que tu as à craindre c'est ta mère... Je ne pensais pas qu'elle irait jusque là. ❞ ❝ Je vous pensais divorcés. ❞ ❝ Elle n'a jamais signé les papiers... Je n'ai jamais su pourquoi. Je comprends un peu mieux désormais... ❞ ❝ Tu es certain qu'il n'y a personne ? ❞ ❝ Pas à ma connaissance. A part ta mère, je ne vois personne. James peut-être mais cela m'étonnerait fort... Même un curé est moins honnête que lui ! ❞
Il sourit et la demoiselle fit de même. Il y avait de la sincérité dans ses yeux. Elle savait qu'il ne mentait pas. Il n'y avait plus qu'à espérer désormais qu'il disait vrai ! La jeune femme se pencha ensuite en avant et prit une de ses mains pour la serrer brièvement dans la sienne avec un fin sourire.
❝ Merci. ❞
Emu, Mike ne dit rien mais hocha simplement de la tête. Louna se leva pour partir mais au dernier moment, elle lui fit de nouveau face.
❝ Au fait, je vais me marier dans quelques mois. On va voir ce qu'on peut faire avec James pour que tu puisse venir à la cérémonie. ❞ ❝ Oh... Félicitations ! Et merci... ❞
Elle sourit une dernière fois avant de quitter les lieux. Elle n'avait plus qu'à sauter dans le premier avion en partance pour la Toscane maintenant...
Pov Myriam
Contexte : Le Haras est en Toscane. Myriam rentre à l'académie avec Maël quelques jours avant le retour du groupe parti à New York. Elle appelle Logan pour organiser son retour et fait la surprise à Liam d'un retour anticipé...
En sortant du terminal avec Maël dans un bras et le chariot contenant leurs valises dans l'autre, elle savait que Liam aurait deviné la raison de sa présence à l'aéroport. Et cela ne manqua pas. A la seconde où passa les portes vitrée coulissante, elle ressenti un léger choc et une paire de bras l'enserrer. Elle rit, alors que Liam les serrait dans ses bras, ignorant les protestations des gens coincés derrière eux.
❝ Chéri s'il te plait, on gêne le passage là... ❞
Il se décolla d'elle et attrapa le chariot pour le pousser sur le côté, sans dire un mot. Il baissait les yeux, et, Myriam le savait, avait la larme à l'oeil. Une fois hors du passage, il s'essuya les yeux d'un revers de manche et lui sourit en reniflant un peu.
❝ Je suis content de vous voir ! Oh... Mon fils ! Aller viens voir papa ! ❞
Maël sourit à pleine bouche, découvrant quelques nouvelles quenottes et s'agita dans les bras de sa mère. Myriam passa le petit homme dans les bras de son père avec plaisir. C'est qu'il commençait à se faire lourd le petit bonhomme ! En attendant elle sourit à Logan et le serra brièvement dans ses bras pour le saluer.
❝ Moi aussi je suis contente de revenir ! Et merci beaucoup Logan pour la surprise ! ❞ ❝ Pas de soucis ! On y va ? On a encore un peu de route à faire quand même... ❞
Liam acquiesça et commença à avancer, sans pour autant faire attention à eux, gagatisant avec son fils qui riait aux éclats dans ses bras. Logan attrapa le chariot alors que Myriam reprenait son sac à main et la petite troupe regagna la voiture. C'est sur le trajet jusqu'au Haras que la question fatidique se posa, de la part de Liam à sa chère et tendre :
❝ Alors c'était bien ? Qu'est-ce que vous avez fait ? ❞
Myriam a sourit, puis entama son récit...
❝ Et bien pas mal de choses figures-toi ! Déjà, Maël a fait ses premiers pas. Et il ne s'est pas arrêté depuis... Tu vas voir, c'est un vrai galopeur ! Il court partout... Il tombe souvent, mais il est dur au mal et ne pleure jamais. Il se relève et repart, en râlant presque du temps que lui fait perdre sa chute ! -elle rit, et Liam aussi- Et j'ai aidé ma grand-mère au centre. Je montais les chevaux de propriétaires et les jeunes chevaux. C'était étrange de reprendre l'équitation comme ça... Je n'avais pas reposer les fesses sur une selle depuis la naissance de Maël... Mais ma grand-mère m'a beaucoup aidé. Elle le gardait avec elle. Il a fait du cheval aussi ! Elle l'a prit avec elle en selle sur un vieil hongre d'école. Ca lui a beaucoup plu ! Je pense qu'il pourra commencé doucement sur Yoda en rentrant... -Liam avait acquiescé, enthousiaste- en réalité, je n'ai pas fait grand chose à part reprendre le cheval et me reposer... ❞ ❝ C'était ce don tu avais besoin en même temps ! ❞ ❝ Oui c'est certain ! Mais je m'en veux un peu de vous avoir laissé tout seul... ❞ ❝ Non ne t'en fais pas... Et puis j'ai trouvé du monde au Haras ! Deux jeunes filles. Une qui va surtout s'entraîner avec nous, et une que j'ai prise en tant que palefrenière en échange d'un peu d'aide avec son bourricot. ❞
La blondinette sourit.
❝ Je te reconnais bien là ! Toujours à aider les cavaliers en difficulté ! ❞ ❝ C'est quasiment comme ça qu'on a monté l'équipe avec Louna. ❞ ❝ C'est vrai... ❞ ❝ Et comment va ta grand-mère ? ❞ ❝ Très bien ! Elle a fait soixante-trois ans le mois dernier et elle est toujours en aussi bonne forme ! Elle a seulement des rides en plus et des cheveux blancs ! Mais elle court tous les matins ses vingts kilomètres et elle enchaîne les chevaux de grands prix. Elle avale une salade de pâtes le midi et elle repart sur les jeunes chevaux et elle fini sa journée avec les cours. Elle prend quand même un jour de repos le mardi... ❞
La demoiselle rit. Sa grand-mère, qui l'avait élevée, avait une hygiène de vie irréprochable et était très stricte autant avec elle même qu'avec son entourage. C'était grâce à cela qu'elle en était là où elle était en même temps.
❝ Et ben dis donc... ❞ ❝ Elle a adoré Maël ! Selon elle, il deviendra un très bon cavalier de sport. Je lui ai dit qu'il ferait ce qu'il voudrait mais bon... Elle n'en a pas démordu de tout notre séjour ! ❞
Les deux hommes rirent, reprit en écho par Maël dans son siège auto.
❝ On verra bien si elle a raison ou pas ! ❞
La conversation avait ensuite dérivée sur le groupe de New York. Leur retour était prévu quelques jours plus tard, mais ils étaient sans réelles nouvelles du groupe. Seul l'avenir leur dira ce qu'il en adviendra...
Voix Off
Ce résumé s'achève sur le point de vue de Myriam. La suite vous est plus ou moins connue non ? Toute l'équipe se retrouve, hormis Kwaïgon et passe les fêtes au calme avant de déménager ensemble vers la Suède. Ce début d'année sera placé sous le signe du travail. Les chevaux reprendront plus sérieusement le travail et les oublié de ces derniers chapitres reviendront au devant de la scène. Un peu de calme dans leur monde si agité... Le calme avant la tempête ? Sans aucun doute ! Que serait l'histoire sans rebondissements ? =)
La mélodie jouait sans cesse dans ses oreilles, la même, toujours en boucle, encore et encore, sans qu'il ne s'en lasse. Elle ne rythmait pas ses pas, bien trop calme et lente pour cela, mais elle avait le mérite d'emplir sa tête et d'y effacer toute pensée superflue. Il faisait le vide, se contentant d'écouter sans réfléchir. Ses jambes courraient automatiquement, dans un rythme où l'habitude forçait le mouvement. Son souffle se calait de lui même, sans qu'il n'y pense et son regard se posait un peu plus avant sur le chemin terreux. Il était tôt. Trop tôt sans doute pour astreindre son corps à une telle torture. Mais il ne se laissait pas le choix. Il avait fait preuve d'un certain manque de discipline ces derniers temps et il fallait qu'il reprenne le rythme qu'il avait avant.
Le soleil se levait à peine dans son dos et les yourtes blanches du Haras étaient encore que de petits points blancs dans la plaine. Depuis combien de temps courrait-il ? Il n'en savait rien. Il était parti au beau milieu de la nuit, alors que tous les autres dormaient encore. Quelle idée l'avait poussé à partir ainsi ? Quelle envie ? Il n'en savait rien. Il courrait, tout simplement. Il profitait du paysage. D'ici quelques jours maintenant, ils changeraient de pays pour suivre le Haras, et abandonneraient ces vastes plaines mongoliennes. Elles lui manqueraient. Tout comme à Izikel, cela, il n'en doutait pas. Le cavalier avait quelque chose dans le regard quand il regardait ces étendues. Une étincelle de désir intense, des rêves de liberté qu'il se savait incapable d'assouvir. Il y avait en lui une certaine colère, une rage indéchiffrable qu'il contenait tant bien que mal et qui donnait à cette étincelle une légitimité mérité. Ale ignorait l'origine de la rage qui l'habitait sans arrêt, même s'il en avait une idée. Seulement, il ne connaissait pas assez le jeune homme pour avancée une théorie.
Ses pas le ramenèrent au Haras peu après l'aube. Le soleil colorait le ciel d'une lueur doré, donnant à peine ses couleurs au paysage. Le joggeur passa devant les paddocks et ralenti, observant les chevaux en liberté dans les carrés d'herbe grasse. L'un d'eux attira son attention : un bicolore aux airs sauvages qui, contrairement aux autres, ne broutait pas. Il observait lui aussi. Au départ, Ale cru que c'était lui qu'il regardait : ils étaient l'un en face de l'autre, le cheval à un bout du paddock et lui à l'autre. Mais en y regardant avec plus d'attention, il vit une silhouette accroupie dans le paddock, à mi-chemin entre lui et l'animal. Le cheval ne quittait pas la silhouette des yeux et semblait hésiter. Devait-il s'approcher ? Devait-il fuir ? Il secouait sa tête de temps à autre, tantôt menaçant, tantôt curieux. Mais il gardait les sabots bien ancrés au sol, ne faisant pas un pas. Alejandro était curieux de savoir ce qui allait advenir et s'installa confortablement contre la barrière, observant les deux protagonistes de l'histoire. Il se passa beaucoup de temps sans que rien ne bouge. Le soleil eut le temps d'illuminer la plaine et le Haras de se réveiller pour les premières heures de travail. Mais au bout de ce temps presque infini, le cheval bougea enfin. Il fit un premier pas hésitant, et s'immobilisa, regardant derrière lui, comme regrettant son geste. Mais finalement, il avança encore. Il dût mettre une trentaine de minutes pour faire les quatre premiers mètres. Et il en mit trente de plus pour faire les cinq suivant. Au bout de cette heure, il n'était plus qu'à quelques pas de la silhouette. Mais elle ne bougea pas pour autant, attendant avec sagesse et patience que l'équidé ne se décide de lui même. Il fallait une certaine force de caractère pour rester là, immobile, à attendre le bon vouloir d'un équidé. Mais cette personne le faisait, avec toute la finesse qui lui était propre. Ale resta une heure de plus, attentif et concentré. Il voulait connaître le fin mot de l'histoire. Il voulait saisir l'instant magique. Car il savait qu'au bout de ce long temps d'attente, il y avait quelque chose. Ce n'était pas pour rien que cette personne attendait. Il aurait très bien pu aller directement sur l'animal et lui enfiler son licol. Mais le résultat n'aurait pas été le même. Ale avait conscience qu'au bout, à la fin de cette démarche, s'en suivrait le début de quelque chose. Quelque chose de beaucoup plus grand. Le début d'une histoire.
L'équidé bicolore fit le dernier pas une demi heure plus tard. Il soupira et entreprit de sentir avec attention celui qui était toujours accroupi devant lui. Il en fit l'inspection, et quand celle-ci fut terminé, il se laissa caresser le nez, puis le chanfrein. La main remonta lentement sur sa joue et le haut de son encolure. Le cheval ne fit pas un mouvement et, avec une lenteur extrême, le cavalier se leva et poursuivit ses caresses. L'animal plaqua un instant les oreilles avant de finalement se laisser faire. La victoire était là. Le cavalier lui gratouilla une dernière fois l'encolure avant de lentement reculer. L'équidé leva les oreilles et soupira de nouveau avant de faire un pas. Il était prêt. Le jeune homme attacha une longe au licol que l'animal portait et se dirigea vers la sortie du paddock. Ale fit de même, pour les devancer et ouvrir la porte. Izikel le remercia d'un regard et se dirigea vers le rond de longe tout proche. L'américain suivit, curieux de savoir ce qui allait se passer.
Le cavalier referma le rond derrière lui et mena le cheval à son opposé, le lâchant en détachant la longe. Immédiatement, le bicolore parti au petit trot en ronflant des naseaux. Izikel se positionna au centre et choisi de faire partir l'équidé à main gauche. Arès prit le galop dès que l'éthologue leva la main vers sa croupe. Le jeune homme restait un peu en arrière de son flanc, pour lui couper toute retraite ou demi tour. Il le laissa tourner ainsi cinq tours avant de le faire changer de sens, simplement en changeant de position. Il fit de même à l'autre main, lui coupant toute retraite. Après ces cinq tours, le cavalier cessa de le stimuler, le laissant tourner à sa guise, en lui empêchant cependant de changer de sens. Arès se calma peu à peu, baissa le nez et se montra plus attentif au cavalier. Ce dernier détourna le regard mais évita soigneusement Ale. Il voulait rester concentré. L'équidé se stoppa net en voyant que le cavalier ne suivait plus le mouvement. Il hésita, ronfla en cherchant une solution. Mais voyant qu'il n'y en avait aucune, il s'approcha du cavalier, restant tout de même à une distance respectueuse. Izikel avait gagné. Le cavalier se retourna et caressa le chanfrein de l'étalon, qui se laissa faire sans broncher. Il fit le tour du cheval, passant ses mains sur tout son corps, s'arrêtant si l'étalon bougeait. Mais il ne bougea qu'une seule fois, décalant respectueusement ses hanches lorsque le cavalier s'en approcha. Izikel lui prit finalement les pieds, un par un. Arès n'ayant aucune réaction violente, il fini par remettre la longe et quitter le rond. La suite, Alejandro ne la suivit pas cette fois. Il se dirigea vers sa yourte pour se changer. Il avait louper le petit déjeuner, mais il savait que d'ici un peu plus d'une heure, il devrait être prêt à suivre un cours avec les autres...
♞♞♞
Invictus n'était pas un cheval facile, au contraire. Ale n'était pas allé le voir bien souvent depuis son arrivée au Haras, le cheval passant le plus clair de son temps au paddock, mais il était maintenant tant qu'il recommence à travailler. L'américain n'avait pas une très grande expérience dans le monde de l'équitation. Cela avait été une parenthèse de sa vie qu'il mettait désormais à profit. Mais il avait tout de même de bon réflexe, une bonne assiette -sans qu'il ne sache réellement d'où elle venait- et un bon feeling avec les bêtes. Mais Invictus restait un cheval difficile, malgré ses grandes qualités de sauteur. Ale avait poser quelques fois ses fesses dessus et chacune des séances avait été plus que sportive. Ce qu'il fallait à ce cheval, c'était de l'exercice, et c'était bien pour cette raison qu'il passait le plus clair de son temps au paddock. Mais aujourd'hui, il fallait travailler et plutôt dur, donc il avait passer une partie de sa matinée en box. Comme à son habitude, l'entier avait tenté de mordre son cavalier quand celui-ci s'était présenté devant son box. Mais Ale avait esquivé et lui avait passer un licol, avant de l'attacher dans l'allée. Un coup de brosse rapide, un coup de cure-pied et le bai était sellé et bridé. Le cavalier attrapa un stick de dressage, mit ses gants et détacha la bestiole pour rejoindre la carrière où ils avaient tous rendez-vous. Comme nombre de cavalier de l'équipe, Ale avait prit la très mauvaise habitude de monter sans casque. En obstacle, Logan ne leur laissait pas le choix, ni en cross d'ailleurs. Seul Izikel échappait à cette règle sans que personne ne connaisse l'exacte raison de cette sorte de favoritisme. En revanche en dressage, Liam leur avait scrupuleusement fait remarquer qu'ils étaient tous majeur et vaccinés et qu'ils étaient responsables de leurs vies. Libre à eux de prendre le risque de la perdre plus vite. Et Alejandro, plus par non habitude qu'autre chose, prenait ce risque.
La carrière était vide, à l'exception de Liam qui était assit sur un banc. Ale s'approcha de lui, avec un Invictus un peu dissident dans son dos, et sourit.
❝ Salut ! ❞ ❝ Salut ! T'as loupé le petit dej' ce matin ! ❞ ❝ Je suis aller courir. ❞
Liam sourit.
❝ En selle, tu peux commencer à détendre. ❞
Ale s'exécuta sans poser de questions et commença à faire marcher Invictus. Le bai était bouillonnant et ne cessait de trottiner sur place. Le jeune homme ajusta bien ses rênes et s'employa à le détendre calmement. Il ne fallu pas attendre longtemps pour que les autres n'arrivent, par petits groupes. Neyla était en selle sur Sheïtan, un étalon d'élevage qu'elle avait en demi pension. La petite blonde était très timide et parlait peu, mais Alejandro ressentait une certaine sympathie pour elle. Il avait l'impression qu'elle était un bouton de rose qu'il fallait protéger des agressions extérieures... Angora était en selle sur son hongre blanc. Lui aussi n'était pas un cheval très facile, mais Angora le gérait d'une main de maître. Ils se détestaient mutuellement et se le rendaient bien. Ezra était en selle sur Mériador, un superbe étalon lusitanien gris perlé. Les deux compères s'entendaient plutôt bien et Liam lorgnait de plus en plus sur l'étalon pour son élevage. enfin Lou arriva avec Getsuga, son cheval de mission. Un bicolore exigent mais avec qui Lou apprenait beaucoup. En somme, mis à part Ezra, la séance était emplie de chevaux un peu compliqué, mais Liam commençait à avoir l'habitude.
❝ Bon, tout le monde, s'il vous plait ! On va commencé par des détentes individuelles et après ce sera exercice commun. Ezra, Lou et Angora, pas de particularités, des choses classiques pour vous. Du pas et du trot rênes longues, puis un peu de galop pour mettre en avant et dérouiller. Ensuite transitions, incurvation et quelque deux piste pour débloquer le tout. Finissez par des extensions. Neyla, toi par contre, ajustes tes rênes dès le départ, beaucoup de courbes. Mets le en avant de suite et travaille essentiellement au trot et au pas. Change tout le temps de trajectoire et d'exercice. Il faut que tu saches à l'avance ce que tu vas faire, ne le laisse pas anticiper. Si tu as un seul moment de flottement, il fera le con. Ale, pareil, il est déjà chaud, pars de suite au trot et ais toujours une longueur d'avance sur lui. Ok ? ❞ ❝ Ok ! ❞ ❝ Ok. ❞
Les filles répondirent plus timidement. Depuis que Lou était rentrée, elle semblait être redevenue la même qu'avant leur départ pour New York. Même s'il avait entendu Ezra dire qu'elle cauchemardait encore un peu, elle dormait désormais seule dans sa chambre et retrouvait un vrai sourire. Ale la connaissait encore mal, mais il aimait ses cheveux flamboyant et son regard un peu sauvage. Elle avait, tout comme Izikel, une étincelle dans les yeux, rappelant les vastes plaines sauvages et les chevauchées fantastiques. En cela, ils se ressemblaient beaucoup. Tout deux avait un passé comment d'homme de cheval autodidacte, se faisant en apprenant de leurs erreurs, et ayant apprit au dehors plutôt que dans un manège. Cela se ressentait dans leur façon de monter, bien moins académique que celle des autres, mais beaucoup plus naturelle et légère.
Le cavalier soupira et se concentra sur sa monture, déjà au petit trot. Il pesa un peu plus dans sa selle et fit repasser l'étalon au pas avant d'entamer une épaule en dedans plutôt légère. En fin de longueur, il prit le trot pour faire directement une courbe, puis un huit de chiffre assez serré. Il enchaînait sans arrêt les courbes, variant dans l'allure dès qu'il tombait sur une ligne droite le lui permettant. Sans arrêt solliciter de la sorte, le bai ne se posait plus de question et n'avait plus l'occasion de faire une bêtise. Il tenta tout de même deux ou droit petite chose, prenant un coin effrayant comme excuse pour faire un écart, ou encore une pression de mollet pour faire un départ au galop. Mais Ale le reprenait toujours, n'ayant pas à trop forcer avec la bride qu'il avait en main. Il avait une main légère, c'est pour cette raison que Liam lui laissait sa bride de dressage pour monter Invictus. Mais les autres étaient plus ou moins en filet. Sheïtan avait un verdun aujourd'hui, pour tester, Getsuga un mors simple à gros canon, Mériador également mais à double brisure et en caoutchouc. Angora montait en releveur. Une diversité relative...
La détente se passa relativement bien. Pendant ce temps là, Liam avait installer un dispositif de trois barres au sol, assez écartées pour les passer au trot. Il attendit que tout le monde repasse au pas avant de faire signe de la main de le rejoindre. Ce qu'ils firent, mais en restant tous assez éloigné les uns des autres. Ils avaient quand même pas mal d'entier entre les mains...
❝ Le thème du jour c'est la rectitude. La rectitude qu'est-ce que c'est ? C'est la capacité d'un cheval à rester droit, autant sur la ligne que sur le cercle. Donc ce que l'on va faire, c'est un passage sur les barres au sol au trot, puis un arrêt du trot entre les plots au milieu. Si vous êtes droit, je vous envoie à droite, si vous ne l'êtes pas, piste à main gauche et vous recommencez. Neyla, tu commences ! ❞
La jeune femme rougit en entendant son nom mais elle s'exécuta, mettant de suite Sheïtan dans le mouvement et au trot. Les autres se poussèrent du chemin, et Angora emboîta le pas de la blondinette, en laissant quelques longueurs d'avance. Galant, Ezra laissa passer Lou-Khyan pour la suite avant de se tourner vers lui.
❝ Toi ou moi ? ❞ ❝ Vas-y. ❞
Un sourire, et le jeune homme s'élança à la suite des filles. Neyla recommença, son cheval étant un peu traversé sur l'arrêt. Angora également, mais pas pour les même raisons, dans son cas, Grey Goose ne s'arrêta tout simplement pas. Lou réussit l'exercice et fut envoyer sur des cessions à la jambe sur le quart de carrière vide. Ezra fit de même et rejoignit la rouquine. Ale passa les barres bien droit et étonnement, s'arrêta tout aussi droit. Neyla et Angora durent s'y reprendre à plusieurs fois avant de s'arrêter bien droit. Finalement, elle enchaînèrent aussi quelques cessions alors que l'exercice suivant commençait pour les autres. Cette fois, passage sur les barres, arrêt entre les plots, puis départ au trot avant de rejoindre la piste tout aussi droit. Cette fois tous s'y reprirent à plusieurs fois. Seul Ezra ne fit que deux passages. En attendant, il s'entraîna à quelques appuyer, tortillant son étalon dans tous les sens.
Ils enchaînèrent de suite, sans laisser de répit aux chevaux. A chaque fois ils ajoutaient une difficulté dans l'enchaînement. Les barres au sol, l'arrêt, le départ au trot, puis sur la piste un cercle et en sortie de cercle, un départ au galop. Invictus parti trop vite au premier départ, embarquant à demi Ale. Mais le cavalier reprit l'étalon et revint sur l'exercice, plus calmement. Après cela, ils eurent droit à une pause. Qui était plus que bienvenue, vue l'état dans lequel se trouvait les chevaux. Ils étaient tous trempés de sueur. Mais après cinq bonnes minutes de marche, ils recommencèrent. Cette fois, l'enchaînement incluait un changement de pied en l'air au galop pour changer de main. Il devait donc enchaîner le parcours deux fois, une à chaque main. Avant d'atteindre un niveau de satisfaction correct pour Liam, ils durent passer plusieurs fois chacun, mais la séance se termina là dessus. Au grand soulagement de tous. Après une telle séance, aucun des chevaux n'avait envie de partir en vrille. D'un commun accord, ils partirent au pas rênes longues dans le Haras pour marcher. Ale se retrouva à côté de Lou, alors qu'Ezra s'était entouré des deux autres filles. Cette vision d'un Ezra si bien entouré fit sourire Ale. Mais il resta concentré sur sa partenaire de marche.
❝ Alors, qu'as-tu de prévu cet après-midi ? ❞
La jeune femme lui fit face et sourit. Ses yeux pétillaient d'une joie qu'il n'avait pas vu depuis longtemps.
❝ Rien ! En fait, c'est mon après-midi de repos. Je comptais aller faire un tour en ville ou me poser près de la piscine et profiter du soleil. ❞ ❝ On pourrait faire les deux. ❞
La demoiselle sourit de nouveau, plus largement. Et Ale du réfléchir une petite seconde avant de comprendre qu'il s'était inclut dans son programme sans même s'en rendre compte.
❝ On ? ❞ ❝ Si tu veux bien de moi bien entendu. ❞
Cette fois, le sourire de la demoiselle se fit un peu plus malicieux, ce qui ne pouvait que plaire au garçon.
❝ Je veux bien de toi ! ❞
Cette fois c'est le jeune homme qui sourit en s'inclinant en une courte révérence.
❝ Merci ! ❞
Cette fois la demoiselle rit, alors qu'Ezra annonçait une halte en levant la main. Il était temps d'aller s'occuper des chevaux !
♞♞♞
Après une douche bien méritée, autant équine qu'humaine, les cavaliers se retrouvèrent tous pour le déjeuner. Louna, Myriam, Logan et Izikel refaisant surface après leurs matinée respectives. Louna et Logan avaient apparemment travaillé avec Chuwbaka en saut, tandis que Myriam assurait une permanence au centre de soin et qu'Izikel s'était occupé d'Arès puis avait donné quelques cours. Comme dans tous leurs regroupements, Izikel se faisait un devoir de s'asseoir le plus loin possible de Louna, malgré les sourires de Myriam pour qu'il vienne près d'elle -et donc de Louna. La table se composait à peu près toujours de la même façon : Liam et Louna se trouvaient plus ou moins à un bout. Myriam n'était pas loin d'eux, et il arrivait qu'Enzo soit également de la partie. Venait ensuite Logan et Neyla, qui s'entendaient plutôt bien, et Ezra et Lou. Quand Kwaïgon était là, il était souvent en fin de tablée, en compagnie d'Ale et Izikel. Au départ, Izikel se trouvait plus au centre, mais il migrait petit à petit pour rejoindre le bout de la table. Angora était peu souvent avec eux sur l'heure du déjeuner. Elle était plus souvent là le matin ou le soir. N'étant pas spécialement sociable, elle dosait ses contacts avec les autres gens.
Ce jour là ne dérogeait pas à la règle. Ale se retrouvait en face de Walig, avec Lou à sa droite et Ezra en face de la rouquine. Venait ensuite Logan et Neyla, puis le trio de tête, Liam, Louna et Myriam. Maël se trouvait à l'école et y passait toute la journée, ce qui permettait à ses parents de retrouver un rythme avec les chevaux à peu près normal. Les conversations allaient bon train, chacun partageant ses activités de la matinée avec les autres ou discutant de sujets divers. En somme, un déjeuner normal. Ezra et Lou étaient toujours enjoués, ce qui rendait bien souvent les conversations de fin de tablée assez animées. Ale et Izikel suivait toujours allègrement leurs conversations, mais aujourd'hui, l'irlandais ne semblait pas avec eux. Ezra autant que Lou et Ale l'avaient remarqué, mais c'est Ale qui tenta le contact le premier.
❝ Ça été avec Arès alors ? Après le rond ? ❞
L'éthologue releva le nez de son assiette et sourit faiblement. Il avait les traits tiré et des cernes sous les yeux, chose qu'il n'avait pas spécialement remarqué le matin même ou depuis le début du repas.
❝ Oui, j'ai pu le doucher et le manipuler. On avance bien depuis quelques jours... ❞ ❝ C'est une bonne nouvelle ! Cela fait quand même des mois que tu travailles. ❞ ❝ Tu sais, avec certains chevaux, même en y passant des années ça ne marche pas... ❞ ❝ C'est vrai... ❞
Il y eut un moment de flottement, mais Lou fit l'effort de relancer la conversation, ayant comprit elle aussi ce que tentait les deux hommes.
❝ C'est quoi la prochaine étape ? ❞ ❝ Euh... Et bien la prochaine étape c'est la reprise du travail en longe. En licol toujours et une fois qu'il répondra bien à la voix, je tenterais de lui mettre un filet, puis une selle. ❞ ❝ Il faut carrément reprendre tout le débourrage ? ❞ ❝ Oui. Et puis je préfère de toute façon. ❞ ❝ Et puis ça vous permettra de nouer une relation plus forte ! ❞ ❝ Exactement ! ❞
Ils échangèrent un sourire. D'un commun accord silencieux, personne ne dit rien quand à l'état psychologique dans lequel pouvait se trouver Izikel. Maintenant qu'il avait retrouvé un peu le sourire, ils n'allaient pas gâcher cela.
❝ Cet aprem' je vais en ville avec Ale, tu veux venir avec nous Walig ? ❞
Elle sourit de plus belle alors que le principal intéressé releva de nouveau les yeux de sa salade.
❝ Je vais pas pouvoir... Je comptais bosser Leota et Custom... ❞ ❝ Ok... Une prochaine fois alors ! ❞ ❝ Si tu veux. ❞ ❝ Promis ? ❞
Le jeune homme soupira mais finalement sourit à la demoiselle avant de répondre. Il ne pouvait rien face à sa bonne humeur contagieuse.
❝ Promis. ❞
Cette fois c'est Ezra qui reprit le fil de la conversation, en prenant une mine offusqué.
❝ Quoi ?! Genre ! Vous invitez Izikel et pas moi ? Et puis... Depuis quand vous partez en ville tous les deux ? Genre... Oh je suis vexé ! ❞
Il avait fini par une moue ridiculement théâtrale, ce qui n'avait pas manqué de faire rire les trois autres.
❝ Jaloux ? ❞ ❝ Moi ? Jaloux ? Tu rigole ou quoi !? Je suis certain d'avoir un meilleur corps de rêve que lui. ❞
Cette fois, Alejandro rit franchement. Ezra commença à se trémousser, mimant des caresses et des pauses de photoshoot de mannequins. Même Izikel en rit. Mais ils reprirent tout de même leur sérieux.
❝ Non... Mais si tu la perds je t'explose la tête. ❞
Il pointa son index et son majeur sur Ale avant de tourner le poignet vers ses yeux et ainsi de suite quelques secondes. Ale sourit, sachant le tout parfaitement comique.
❝ Faudra régler ça avec un concours de t-shirt mouillé les gars. Je ferais juge avec Walig. ❞ ❝ Moi juge ?! ❞
Cette fois c'est Ezra qui éclata de rire. Mais rendez-vous fut prit et Ale et Ezra se tapèrent dans la main. Liam cependant mit fin aux réjouissances en amenant l'attention de tous à lui.
❝ Cet aprem c'est saut les enfants ! Sauf Ale, Lou et Izikel. Les autres, pour les attributions : Ezra avec Great Cashemire, Louna avec Orcanta, Myriam avec Kim Song Ki, Neyla avec Nara et moi-même avec Sinok. Ok tous ? ❞
Un salve de oui lui répondit.
❝ Alors à quinze heures dans la carrière du manoir. ❞
Sur ces mots, l'éleveur s'éclipsa en compagnie de Myriam. Logan, Louna et Neyla suivirent de près. Le quatuor de fin resta encore le temps d'un café avant que Walig et Ezra ne partent aussi. Ne restait plus que Lou et Ale. Le jeune homme sourit à la demoiselle et lui jeta un coup d'oeil. Elle était toujours en tenue d'équitation.
❝ Tu veux te changer peut-être avant qu'on parte ? ❞ ❝ Oh oui ! ❞
♞♞♞
Une petite heure plus tard, Lou rejoignait Alejandro à l'entrée du manoir. Le jeune homme était plongé dans la lecture d'un dépliant sur une attraction touristique. Il y avait toujours de nombreuses brochures sur les curiosités locales dans le hall du Haras. Lou sourit en voyant le garçon aussi concentré et s'approcha en sautillant.
❝ Tu ne les a pas tous lu quand même ?! ❞
Ale releva les yeux et sourit faiblement.
❝ Non. Je n'ai pas lu celui sur les fileuses de laine. ❞
La jeune femme rit et prit le bras que lui tendait Ale. Elle portait une robe bleue imprimée de motifs floraux blanc, assez légère et volante, lui arrivant au dessus des genoux. La robe était à dos nu qui descendait assez bas. Aux pieds, elle avait mit des sandales marrons, assorties à un petit sac besace qu'elle portait en bandoulière. Ale portait un bermuda beige, ainsi qu'un polo ciel et blanc. Des tennis fines blanches aux pieds. Il avait réussi à récupérer les clés de la voiture de Liam, un gros suv passe partout. Ils rejoignirent donc le parking et se dirigèrent vers le centre de Oulan Bator.
La capitale de Mongolie était comme toutes les capitales. Elle dressait fièrement les buildings de son centre des affaires et conservait en son coeur son centre historique. Il y avait des centres commerciaux, des ruelles sombres, et des restaurants. Comme chaque grandes villes. Une chose la faisait différer des autres cependant : les yourtes qui s'étendaient en banlieue, serrées les unes contre les autres, à l'image des favelas brésiliens. Comme toutes les grandes villes en expansion, dans les pays en cours de développement, il y avait ces quartiers défavorisés aux abords de la cité. Mais pour le reste, Oulan-Bator ressemblait à tout point à une grande métropole du monde.
Ale conduisait. Il avait une conduite un peu sportive, mais il ne secouait pas Lou pour autant. La jeune femme regardait le paysage avec une étincelle de malice dans le regard. Alejandro n'y avait pas vraiment fait attention, mais elle s'était légèrement maquillée, et il le remarquait maintenant qu'elle était toute proche. Cette pensée le fit sourire un peu. Le faisait-elle pour lui ? Lou n'était pas connu comme étant très féminine alors...
❝ Je crois qu'on ne s'est jamais retrouvé seuls tout les deux ! ❞ ❝ C'est vrai ! C'est bien une première... ❞
Elle sourit et Ale lui répondit. Pour la première fois depuis très longtemps, il était un peu déconcerté et ne savait trop quoi dire. Mais Lou se chargea de lui faciliter les choses.
❝ Ça s'est bien passé le déménagement ? Il parait que tu étais seul avec Angora... ❞ ❝ Oui ça été. En fait, on a confié au Haras le soin de faire voyager pas mal de chevaux de mission. Tous en fait. Et on s'est contenter de faire partir ceux des élevages et celui de la miss. On n'a pas eu de soucis d'embarquement comme Liam le craignait. Bien sûr il a fallu qu'on esquive certains coups de dents mais dans l'ensemble, les chevaux commencent à avoir l'habitude. ❞ ❝ C'est vrai qu'ils voyagent beaucoup... Great a été cool ? ❞ ❝ Exemplaire ! A un ou deux coups de dents près. ❞
La demoiselle rit doucement, tout comme le jeune homme. En vérité, Great avait été l'un des plus intenables...
❝ Et toi tes vacances ? J'imagines que ça n'a pas du être la grande joie au départ... ❞ ❝ C'est vrai... Les enterrements c'est jamais très joyeux. Mais tout le monde l'a quand même bien prit... Elle avait 90 ans tout de même ! Et puis je suis partie en randonnée avec mon père et deux de mes frères. C'était ressourçant. ❞
Elle sourit, de nouveau, des étoiles dans les yeux. Ale voulait bien le croire. Surtout que là où habitait la famille de Lou, il n'y avait que de vastes étendues, et rien d'autre.
❝ Alors c'est une bonne chose. Une très bonne chose... ❞
Il lui sourit, avant de se concentré sur le trafic. Il devait sortir de la voie rapide pour aller vers le centre ville. Le suv se glissa entre les véhicules pour prendre la bretelle et entrer dans la banlieue de Oulan-bator.
❝ Bien ! C'est maintenant qu'on choisi notre destination finale ! Que veux-tu faire en centre ville ? ❞
La demoiselle sourit avant de réfléchir un peu. Ale poursuivait sa route vers le centre ville, imperturbable.
❝ Je suis partagée... ❞ ❝ Entre quoi ? ❞ ❝ Il faudrait que j'achète quelques vêtements, mais je ne veux pas t'embêter en faisant des boutiques... ❞
Elle fit une moue un peu gênée, ce qui ne fit qu'agrandir le sourire du jeune homme. Il enclencha la première et démarra en douceur du feu où il était arrêté.
❝ Va pour du shopping, ça ne me gêne pas ! ❞
Lou sourit, comme une enfant, avant de se pencher au dessus du levier de vitesse et déposer un baiser léger sur la joue du garçon.
❝ Merci ! ❞
Ils trouvèrent facilement une zone commerçante et un parking. Ils déambulèrent un moment dans les petites rues, admirant en même temps l'architecture de la vieille ville. Ils riaient aussi des passants loufoques, et entraient dans les boutiques qui les attiraient. Alejandro se prêtait volontiers au jeu et regardait lui aussi les vitrines qui passaient devant eux. De temps à autre il arrêtait Lou pour entrer dans une boutique qui l'intéressait. Finalement, ce n'est pas que Lou qui ressortie de cet après midi shopping avec de nombreux sacs à la main ! Ale aussi avait fait sa petite razzia. La seule différence majeure étant que Lou privilégiait les petites boutiques aux prix bas et attrayants, alors qu'Ale avait plutôt tendance à entrer dans les grandes enseignes. Différence de budget flagrante, que Lou ne manqua pas de remarquer. au bout d'une énième boutique dans laquelle la note atteignait allègrement les trois chiffres, la rouquine ne pu retenir un hoquet d'étonnement à l'annonce du prix total. Mais elle ne dit pas un mot. Ale l'entraîna à l'extérieur après d'aimables sourires.
❝ Je sais... On va boire un truc ? Je meurs de soif ! ❞ ❝ Oui si tu veux ! Mais tu m'invite ! ❞
Il sourit, tout en se dirigeant vers une terrasse proche.
❝ Avec plaisir ! ❞
Il tira la chaise de la demoiselle pour qu'elle s'assoit et se mit en face d'elle. Mais Lou ne semblait pas en revenir. A vrai dire, la dernière boutique était la plus élevée.
❝ Mais comment tu fais ? Cinq cent euros d'un coup ! Tu te rends compte !? ❞
Il sourit. A vrai dire, non, il ne se rendait pas vraiment compte. Mais ce qui devait sans doute le plus surprendre Lou, c'est qu'elle ne connaissait rien de ses comptes en banque. Louna et Liam étaient riches, tous en avait conscience et ils finançaient sans mal l'hébergement de tout le monde au Haras. Kwaïgon également faisait parti du haut du panier, ce n'était pas un secret, mais Ale...
❝ J'avais un métier très lucratif. ❞
Lou allait répondre, un peu bouche-bée, mais une voix masculine, rauque, répondit à sa place. Elle appartenait à un homme d'une cinquantaine d'années, assit à la table à côté d'eux. Il portait un chapeau type Panama blanc, ainsi que des lunettes de soleil. Une chemise blanche bouffante dont les manches longues étaient repliées jusqu'au coude. Un pantalon à pince gris, et des chaussures de ville noires. En somme, le parfait cliché de la classe aisée. C'était à se demander ce qu'il faisait là d'ailleurs...
❝ Ah oui ? Et c'était quel genre de métier ? ❞
Le sourire vrai d'Ale se changea instantanément en un sourire aimable mais très hypocrite. Il détailla l'homme du regard, bien calé dans sa chaise, avant de répondre.
❝ Je travaillais dans la finance. ❞ ❝ Ah... Je vois... Et vous avez arrêté ? ❞ ❝ Qu'est-ce qui vous fait croire cela ? ❞ ❝ Et bien, vous avez dit que vous "aviez" un métier très lucratif. ❞
L'américain acquiesça respectueusement avant de reprendre le même sourire hypocrite.
❝ En effet. Il se trouve que j'ai choisi de prendre quelques années sabbatiques. ❞ ❝ Oh. Je vois. Et ce "congé" vous durera-t-il longtemps ? ❞ ❝ Cela dépend. Nous connaissons-nous ? ❞ ❝ Oh non... Non, non. Du moins pas encore. ❞ ❝ J'imagine que vous me connaissez alors. ❞
L'homme sourit, fier de son effet. Ale ne montrait cependant rien de son sentiment intérieur, ce qui sembla déconcerté un peu l'homme en col blanc.
❝ Il me semble bien. Ethan McLeod. ❞
Il se leva à demi pour tendre une main à serrée vers Ale. Celui-ci fit de même et serra la main présenté, par politesse.
❝ Alejandro Cowie. ❞
Ils se sourirent mutuellement, avec une grande politesse, avant que le vieil homme ne fasse un signe au serveur.
❝ Que souhaiterez vous boire chère mademoiselle ? ❞
Il servit à Lou un sourire charmeur de vieux loup et la demoiselle en question ne pu s'empêcher d'y rougir un peu. Elle ne s'attendait pas à ce qu'on lui adresse la parole ainsi.
❝ Un soda se sera parfait. Merci. ❞
Il lui sourit et tourna le regard vers Ale.
❝ La même chose. ❞
Cette fois il s'adressa au serveur qui attendait sagement.
❝ Vous mettrez ça sur ma note. ❞
Le serveur disparu avec un acquiescement alors que le vieil homme se re-concentrait sur Ale.
❝ Merci, c'est très aimable. ❞ ❝ Ce n'est rien. A vrai dire monsieur Cowie, je suis heureux de tomber sur vous aujourd'hui. Je vous cherchais, mais je ne pensais pas que l'on se rencontrerait par hasard de cette manière. ❞ ❝ Pourquoi me cherchiez vous ? ❞
Ethan allait répondre mais le serveur déposa les sodas et il se tut, le temps qu'il fasse son travail. Une fois le serveur éloigné, il reprit.
❝ Et bien vous m'avez été recommandé par un ami. Il se trouve que vous l'avez aidé à se sortir d'un mauvais pas avec un certain brio et je recherche la même... Efficacité pour régler un de mes problèmes. ❞ ❝ Pourrais-je connaître l'identité de cet ami ? ❞ ❝ Pierce Finnegan. Un irlandais de... ❞ ❝ Je sais qui est monsieur Finnegan. ❞
Le ton d'Ale s'était durcit et cela étonna un peu le vieil homme, de même que Lou, qui suivait la conversation en sirotant son soda.
❝ Euhm... Très bien... Puis je vous laisser ma carte ? Si jamais votre congé venait à prendre fin, contactez moi. Mon soucis peut attendre un peu avant d'être réglé donc vous pouvez prendre le temps de réfléchir un peu. ❞
Il sorti une carte de visite de son porte-feuille et la tendit à Ale, qui la prit. Le vieil homme se leva ensuite et les salua avant de partir d'un pas tranquille. Une fois l'homme éloignée, Lou eut un rire un peu jaune.
❝ Ouah ! Alors c'est comme ça que ça se passe ? Tu règles les problèmes des gens dans la finance ? ❞
Lou sourit, taquine, mais Ale ne souriait pas du tout. Il rangea consciencieusement la carte de visite dans son porte feuille et soupira.
❝ Non, ça ne se passe pas comme ça... ❞ ❝ Oh... Pardon... ❞ ❝ Ce type est louche... Il n'aurait pas dû parler de Finnegan. ❞ ❝ Qui c'est ? ❞ ❝ Un fantôme. Il est mort depuis une trentaine d'année maintenant. ❞
Cette fois, Lou fit les gros yeux et failli s'étouffer avec son soda. Ale sorti un billet de dix dollars américains de son porte feuille qu'il laissa sur la table et se leva.
❝ Je n'aime pas ça, rentrons. ❞
La demoiselle acquiesça, aspirant son soda en de longues traites rapides et se leva à la suite d'Ale. Le jeune homme avait déjà eu le temps de ramasser les sacs et attendait Lou avec patience. Elle sauta d'un bond souple de sa chaise, lui sourit largement et prit son bras. Ale ne put s'empêcher de lui sourire en retour, avant de l'entraîner vers le parking où se trouvait la voiture. Sur le chemin du retour, ils ne parlèrent pas. En fait, le téléphone de Lou sonna assez rapidement et elle prit l'appel, laissant Ale seul avec ses pensées. Il ne dit rien, la laissant parler avec sa famille de ses dernières aventures en Mongolie. Le jeune homme n'écouta pas ce qu'elle disait. Par politesse mais aussi car il était plongé dans ses propres pensées, cherchant des connexions, et ce que la rencontre de tout à l'heure signifiait. Mais il avait bien du mal à trouver ses réponses...
Lorsqu'ils arrivèrent au Haras, le soleil baissait à l'horizon. La fin de journée commençait à se faire sentir. Les cavaliers rentraient les chevaux des paddocks et regagnaient le manoir par petits groupes. Ils se dirigèrent eux vers leurs yourtes pour y déposer tout leurs sacs et ils tombèrent sur Ezra, fraîchement douché et changé, s’apprêtant à rejoindre le manoir pour le dîner. Il leur sourit mais sentit tout de suite que quelque chose n'allait pas.
❝ C'était bien cette journée ?! ❞ ❝ Oui top ! Mais on a fait une rencontre bizarre... ❞ ❝ Bizarre ? ❞
Il les interrogea du regard et c'est Ale qui prit le relais.
❝ Un mec qui me connaissait et qui cherchait... Quelqu'un comme moi. ❞ ❝ Qui te cherchait toi plutôt ! ❞ ❝ Pourquoi il te cherchait ? ❞ ❝ Pour un contrat. Il voulait m'embaucher. ❞ ❝ Mais ce qui est bizarre, c'est qu'Ale lui a été recommandé par un mec mort. ❞ ❝ Un mort ? ❞
Ezra eut un petit rire amusé, mais Ale et Lou ne l'étaient visiblement pas.
❝ Un certain Finnegan... ❞ ❝ Pierce ? ❞
Cette fois, l'étonnement se lu sur le visage d'Ale, autant que celui de Lou.
❝ Tu le connais ? ❞ ❝ Je connais son histoire... Mais justement, ça n'augure rien de bon... Il va falloir qu'on parle de ça. ❞ ❝ C'est certain... ❞ ❝ On se retrouve au dîner ! ❞
Il sourit et poursuivit son chemin, rattrapant Izikel qui venait de passer. En effet, les choses n'allaient pas être simple si Ezra le disait... En attendant, il ne pouvait rien faire pour le moment...
La fumée montait doucement du barbecue qu’Ezra avait improvisé dans un demi bidon en fer et un morceau de grillage à poule. Armé d’une pince, il retournait ses saucisses et côtelettes à intervalles de temps régulières, les surveillant avec attention. Installé sur une table de camping pas bien loin d’Ezra, Ale, Izikel et Lou sirotaient des verres de mojitos maison qu’Ale avait confectionné. Lou avait fait une salade de patate douce et pois, et Izikel s’était occupé de l’aspect technique en ramenant la vaisselle et les sauces. Chacun sa part de travail ! Ils étaient à Rio depuis un petit moment maintenant et profitait d’une soirée loin des autres. Angora était parti faire une virée en ville avec Neyla pour la « décoincer un peu ». Louna passait tout son temps avec sa moitié, et Liam et Myriam étaient en famille, sortie au cinéma. L’équipe se scindait de plus en plus mais finalement, ces moments à part entre eux leur était précieux. Ils les appréciaient de plus en plus et prenait de plus en plus envie à retrouver les chefs de file le moment venu. Cela n’était pas dans leurs coutumes mais ils se faisaient sans mal à ce nouveau mode !
En attendant, les quatre compères savouraient ce petit moment de détente, prenant le soleil de fin d’après-midi sous un arbre du Haras, un peu à l’écart du manoir et ses pavillons. Il n’y avait pas de passage, si ce n’est les chevaux habitant les paddocks à côté d’eux, et aucun bruit. Un morceau de paradis à l’état pur. La conversation allait bon train, et après avoir commenté allègrement leur travail de la journée, elle dériva naturellement sur les chevaux…
« Comment ça se passe avec Arès ces derniers temps ? »
La jeune femme avait posé la question tout naturellement à Izikel, assit à côté d’elle. L’éthologue n’ouvrait pas beaucoup la bouche ces derniers temps et était un peu morose. Il se donnait corps et âmes dans ses cours et sa relation avec Arès, délaissant l’équipe la plupart du temps. Ses autres chevaux, Leota et Custom, il ne les oubliaient pas non plus. Leota était avec une demi pension qui comptait bien la travailler et Custom sortait souvent avec son cavalier pour de longues ballades en solitaire, le plus souvent sans selle ni filet. La plupart des gens criaient à l’inconscience et le prenait pour un fou, mais personne n’allait lui dire en face quoi que se soit. C’était à se demander s’il n’était pas né sur le dos d’un cheval… Sa relation avec Custom était loin d’être aussi fusionnelle que celle qu’il avait avec Finwë, mais cela, il n’y avait qu’eux qui le savait. L’étalon était déjà dressé, et il s’entendait bien avec son cavalier, qui lui, de son côté, comprenait sans mal son cheval, sans pour autant qu’ils lisent dans les pensées l’un de l’autre. Pour un non averti, voir déambuler Izikel sur le dos de son bai aux yeux bleus et en faire ce qu’il voulait aux trois allures était un exploit. Pour l’éthologue, pas spécialement. Il profitait des connaissances du bai pour partir et rester seul quelque part. Pour l’instant, personne ne lui avait rien dit. Mais il savait que le jour où Ezra et les autres chercheraient à entrer de force dans sa bulle pour l’en faire sortir n’était pas très loin… Il sourit avec le plus de joie possible et répondit à Lou avec son habituelle voix calme, un peu monocorde par moment.
« Bien. On fait des progrès ! Je le travaille à la longe et au licol pour l’instant. On est dans l’apprentissage des ordres vocaux de base. Il suit sans trop de problèmes, bien que se soit un peu compliqué parfois, et il s’est laissé parer avec simplement un calmant léger. La prochaine fois se sera sans le calmant et à force on pourra le mettre à l’attache aussi… »
Alejandro fit une mou admirative en hochant doucement de la tête.
« Ca m’impressionnera toujours ça… » « Moi aussi… »
L’éthologue fronça des sourcils.
« Quoi donc ? » « Ce que tu arrive à faire avec tes chevaux… Je n’ai pas vu Arès à son arrivée, mais de ce que m’en on dit les autres, en arriver là avec lui, c’est déjà impressionnant… »
L’éthologue se contenta de hausser sobrement des épaules et plonger le nez dans son verre. C’est Lou qui reprit la conversation, en s’adressant à Ezra avec un sourire en coin.
« Et toi Ezra ? » « Quoi, moi Ezra ? » « Tu ne veux pas prendre un autre cheval pour remplacer Nakache ? » « Oula ! Tu vas vite en besogne ! Déjà, il faut finir de travailler les chevaux de propriétaires extérieurs. Ensuite, une fois que se sera fait et que Priam sera en repro chez Peter, on verra. Mais pour l’instant, je suis loin d’acheter un autre cheval ! »
Il sourit en posant avec délicatesse dans une assiette les saucisses qui étaient prêtes avant de les mettre sur la table. Il en profita pour s’asseoir à côté d’Ale et siroter un bout de son mojito.
« C’est vrai que t’as pas tord… »
Il sourit alors que Lou se repenchait sur son verre avec un sourire en coin pour le métis.
« Servez vous avant que se soit froid hein ! »
D’un bond souple il se releva pour aller retourner ses côtelettes qui frémissaient. Ale fini par soupirer en piquant une saucisse de la pointe de son couteau pour la mettre dans son assiette. Il fut vite imiter par les trois autres, Izikel se servant au passage généreusement en sauce. C’est Ale qui reprit le fil de la conversation, avec un peu plus de sérieux dans le ton.
« Dites, l’un de vous a eu des nouvelles de Kwaïgon ? »
Le coréen était toujours à New York depuis l’automne et y avait passer l’année, dans un appartement qu’il avait acheté. Il y menait, en compagnie de Moïra, la suite de leur aventure de l’automne, mais dans sa version la plus calme. Walig releva les yeux de son assiette et avala rapidement une grosse bouchée pour répondre.
« Oui. J’en ai eu. Il va bien, il rentre bientôt. » « Il a enfin guérit ? » « Oui c’est fini, il a récupéré toutes ses capacités. » « C’est une bonne nouvelle ! Et la mission ? » « ça, je n’en sais rien… »
Il replongea aussitôt son nez dans son assiette, apparemment affamé. Ezra en sourit, Ale aussi mais en un peu plus jaune. Ils auraient bientôt le fin mot de l’histoire de toute façon. Et connaissant le coréen, il voulait sans doute se garder l’exclusivité en ne racontant rien à personne. Il y eu un petit temps de réflexion suite auquel Lou reprit la parole, mais d’une voix timide…
« Et… Vous ne m’avez toujours pas expliqué pour Mr. Finnegan… »
Ale sourit plus franchement cette fois et Izikel releva le nez, intrigué. Ezra avait pour sa part la mine un peu sombre. Si il avait pu éviter de reparler de cet homme, il l’aurait sans doute fait. Mais c’était sans compter sur la persévérance de Lou… Il posa les côtelettes sur une nouvelle assiette et prit place avec eux avant de prendre la parole.
« Pierce Finnegan était un ancien militaire américain, qui a longuement travaillé main dans la main avec Interpol. Il était la principale interface d’Interpol aux Etats-Unis et s’occupait de pas mal de missions d’infiltration. Et puis un jour, il a basculé… Il est passé du côté obscur au sens littéral du terme… » « Il est devenu un méchant ? » « On peut dire ça comme ça… Disons que de shooter de mafieux, il est devenu shooter de flics et militaires… »
Izikel et Lou grimacèrent, mais Ezra reprit ses explications.
« Mais cela, c’était à la fin. Le tout à fini en une fusillade monstre et officiellement, il est mort. Mais nombreux dans les différentes forces de chaque pays pensent qu’il a mit en scène sa propre mort pour mieux disparaître… En attendant, l’homme était une véritable légende. Il a fait évoluer de nombreuses techniques et était le plus efficace. Un des meilleurs parmi nos rangs… » « Si ce n’est le meilleur… »
Ezra acquiesça doucement et prit une gorgée de son mojito.
« Il est très connu chez nous pour l’aide qu’il nous apporté lors du démantèlement d’un gigantesque réseau de trafic d’organes et de personnes. Il a fait des conférences sur cette mission en interne et tout le tintouin… » « Tu le connaissais ? » « Non ! C’était il y a trop longtemps. Je n’étais même pas né quand il sa mort a été officielle… » « Et toi Ale, comment est-ce que tu le connais ? » « Et bien... »
Le jeune home hésita. Il était soudain un peu mal à l’aise et cela se voyait sur on visage tout entier. Lui qui d’ordinaire gardait son sang-froid… Il se passa machinalement une main sur la nuque et soupira fortement, avant de répondre sans quitter son verre des yeux, visiblement gêné.
« J’ai travaillé avec lui… »
Un silence à la fois surprit et gêné s’installa ensuite, qu’Ezra rompit après quelques secondes de réflexion.
« Mais… Toi aussi tu n’étais pas né quand… »
Ale l’interrompit d’une voix légèrement agacée.
« Bien sûr que oui ! Mais il était bien vivant et c’était bien après la fusillade… »
Ezra jeta un regard noir à l’ex-tueur à gage. Contrarié contre lui-même mais aussi contre le monde entier de distiller des mensonges. C’est Lou qui reprit le fil de la conversation d’une voix toujours aussi légère. Walig écoutait silencieusement, en aspirant son mojito à petites gorgées.
« Mais… Tu m’as toi-même dit qu’il était mort… ? » « Dans le monde entier nous ne sommes que deux à connaître la vérité. Moi, et la personne qui s’occupe de remplir son frigo… Et encore… Ce vieux Jack ne peut pas vraiment en attester, il est aveugle… » « C’est dingue… Mais pourquoi il fait ça ? Il doit être vieux maintenant non ? » « Il fait ça parce qu’il a un nombre incalculable d’ennemi et que les gouvernements du monde entier veulent le mettre en taule… Il n’avait pas véritablement d’autre choix et ses propres convictions l’empêches de changer tout simplement d’identité. Et maintenant il a presque quatre-vingt ans… » « A quelle occasion avez-vous travaillé ensemble ? » « Il y a dix ans… A vrai dire, c’est lui qui m’a formé… » « Je comprends mieux certaines de tes techniques maintenant… »
Ezra soupira. Il était un peu plus détendu maintenant qu’Alejandro s’était un peu expliqué. Il avala une longue gorgée de son verre en se plongeant dans une courte réflexion. Lou semblait dans l’attente d’une nouvelle révélation et Ale buvait à petites gorgées, dans l’attente d’une nouvelle question. Contre toute attente, c’est Izikel qui reprit la parole d’une voix un peu timide.
« Mais… Si ce type louche a fait allusion à lui, tu ne crois pas qu’il sait qu’il est vivant ? » « Si… Et c’est bien ce qui est inquiétant… »
Il soupira une nouvelle fois avant de piquer la pointe de son couteau dans une côtelette et en engloutir une parti. Izikel haussa des épaules et imita le jeune homme. Après tout, il verrait bien assez tôt ce que cette information donnerait ! Pour l’instant, ce n’était pas vraiment sa priorité. Lou sourit elle aussi, pour détendre l’atmosphère et piqua un morceau de saucisse dans l’assiette d’Ezra qui râla doucement. Ils échangèrent un sourire et un regard en coin, que surprit Izikel. Pour la première fois depuis le début du repas, il se dérida vraiment.
« Mmh ! Moi je crois qu’il y a hippopotame sous grain de sable avec vous ! »
Ale s’étouffa à moitié de rire en entendant le jeune homme alors qu’Ezra levait les yeux au ciel comme si son meilleur ami venait de dire une énormité. Quand à Lou, elle fronçait les sourcils, semblant ne pas avoir comprit ce qui venait de se dire. Alors qu’Izikel tentait d’expliquait les choses à Lou et qu’Ale riait encore, le téléphone d’Ezra s’agita dans sa poche. Le métis prit la petite boite noire et fronça les sourcils en voyant le nom apparaître. Malgré tout il décrocha, en mettant le haut parleur.
« Liam tu es sur haut-parleurs ! Je suis avec Lou, Walig et Ale. »
Au bout du fil la voix de Liam était éteinte et on y ressentait sans peine l’anxiété et une profonde inquiétude. Il s’éclaircit la gorge et se lança, bien que cherchant ses mots.
« Euh… Tant mieux… J’ai… Une mauvaise nouvelle. –il soupire- Louna a eu un accident de voiture… Elle est à l’hôpital de Rio… »
Les sourire s’effacèrent instantanément des visages.
« C’est grave comment ? » « Je ne sais pas, elle est au bloc… Enzo vient de m’appeler l’accident s’est produit il y a une heure… » « Tu veux qu’on vienne ? » « Pas tous… Il faudrait que quelqu’un vienne chercher Myriam et Maël… Et je ne serais pas là pour le nourissage ce soir… » « On s’en occupera t’en fais pas. Je viens chercher Mymy et Maël. » « Merci. »
Il raccrocha sans ajouter un mot. Autour de la table, les visages étaient figés. Lou repoussa son assiette et se recroquevilla sur elle-même. Izikel semblait murer dans le silence. Ezra jeta un œil à Ale qui acquiesça en silence. Ils savaient tout les deux ce qu’ils leur restait à faire…
Le jeune maréchal avait disparu tout d'un coup dans la congère de neige, avec un bruit sinistre : celui du craquement de la glace. Immédiatement après, Kwaïgon chuta et glissa, entraîner par le basculement de la plaque de glace qui venait de céder. Ezra ne réfléchit pas et plongea sur le coréen pour le stopper. Ale couru aussi vite que le permettait ses crampons à l'endroit où Dean venait de disparaître. Il fouilla la neige et aperçu finalement Dean qui se cramponnait au rebord glacé. Ale l'attrapa et tira, mais un nouveau craquement sourd sous ses pieds le stoppa.
❝ Dean !? Tu m'entends ? ❞
Il criait, pour couvrir le vacarme de l'eau dont le courant était bien plus fort qu'il ne l'avait imaginé sous la glace. Dean luttait pour rester accrocher mais il était petit à petit emporté par les flots glacés. Il hocha de la tête en fixant son regard sur Ale, à défaut de ne pouvoir rien faire d'autre. L'américain le savait, son compatriote était en train de faire un choc thermique. Il fallait qu'il le sorte de là avant qu'il ne s'évanouisse. Il devait être prit de violente douleur un peu partout dans le corps, et s'ils ne le réchauffaient pas très vite en sortant de l'eau, il risquait de perdre un morceau de lui, ou pire, la vie.
❝ On va y aller doucement pour ne pas finir tout les deux à l'eau, ok ? ❞
De nouveau, le maréchal hocha de la tête. Ezra et Kwaïgon de leur côté s'étaient hissés sur une partie de glace plus épaisse. Le coréen courrait vers le bord opposé, dont ils étaient le plus proche et Ezra s'avança vers eux à pas feutré.
❝ ALE ! ATTRAPES ! ❞
Le métis lança au coach un bout d'une corde d'escalade qu'il passa tant bien que mal autour de Dean. D'une seule main, l'affaire était ardue. Les lèvres de Dean commençaient à bleuir et ses yeux se fermaient de plus en plus souvent et longtemps. Il ne répondait plus aussi vivement à l'appel de son nom : il était en train de s'évanouir.
❝ EZRA ! ON Y VA ! ❞
Les deux hommes tirèrent le maréchal pour le hisser hors de l'eau alors qu'il perdait complètement connaissance. Un poids mort, gorgé d'eau, sur une glace instable n'était pas l'idéal, Ale le savait très bien, mais il n'avait pas le choix. Ezra tira encore Dean qu'Ale avait mit sur le dos et put le mettre en sécurité sur une parcelle stable. Ale s'immobilisa alors qu'un craquement sourd se propageait sous lui. Il grimaça en relevant les yeux sur Ezra.
❝ AMÈNES LE ! JE VOUS REJOINS ! ❞
Le métis acquiesça et d'un geste rapide, attrapa la main de Dean pour le soulever et le mettre sur son épaule. La méthode la plus facile pour transporter un poids mort. Il partie ensuite à petite foulées sur le glace, en mesurant ses pas. Au loin, le coach vit les débuts d'un feu et Kwaïgon qui s'affairait autour pour le faire grandir. Il ne lui restait plus qu'un chose à faire, les rejoindre. Il testa la glace du bout du pied, mais elle craqua immédiatement. Dans tous les cas, il risquait la chute sous l'eau, quoi qu'il tente. Il décida donc de courir. Dès son premier appui il senti la glace céder sous son poids. Il retrouva son équilibre et se lança en un bond souple. A l'atterrissage, la glace craqua de nouveau mais il ne s'arrêta pas pour y voir de plus près. Un bond de plus : la parcelle dans son dos avait céder, il le savait aux bruits d'eau plus prononcé. Il continua de courir, en ligne droite, vers les garçons. Heureusement, quelques pas plus loin, la glace était de nouveau stable. Il ralenti l'allure pour reprendre son souffle et jeta un œil derrière lui : il y avait un trou béant d'eau au milieu de la rivière. Ils devraient trouvé un autre passage pour rentrer au Haras...
Vingt-quatre heures plus tôt...
Ce matin là, le petit déjeuner était en retard. La faute à des allées trop encombrées, qui donnaient un repos forcé. Les carrières étaient impraticables à cause des trop fortes tombées de neige de la nuit et les manèges allaient être prit d'assaut. Liam ne voulait donc pas imposé des infrastructures surpeuplées à ses cavaliers et avait laissé la journée libre. Les chevaux seraient lâché dans un paddock par groupe de deux, une petite heure chacun, pour qu'ils puissent tout de même s'aéré l'esprit. Ale et Liam avaient donc lâché leurs premiers binômes chacun et avaient préparé le petit déjeuner ensemble. Ils avaient été vite rejoint par une grosse partie des autres. Myriam s'occupait de Maël, elle ne viendrait pas. Les chutes de neige avait aussi eu un autre effet indésirable : il n'y avait plus aucun transport en commun pour desservir le Haras, et prendre le 4x4 n'était pas de tout repos non plus. Maël resterait donc au Haras et n'irait pas à l'école. Ce qui le ravissait. Mais Myriam avait décidé de le faire un peu travailler quand même, ce qui ne lui plaisait guère par contre...
Kwaïgon était installé en face d'Ezra et pianotait sur son téléphone. Liam présidait la table, comme à son habitude et de chaque côté de lui se trouvaient Dean et Alejandro. Après Ezra et Kwaï se faisaient face Inna et Logan, et à côté d'Inna, son frère, Gaby. En face du garçon, Neyla et pour la première à l'autre bout de la table en face de Liam donc, Sam. Le brun ne disait pas grand chose et discutait plus avec Neyla, ce qui se comprenait. Les conversations allaient par petits groupes, feutrés et Liam était perdu dans ses pensées, le silence était de mise autour de lui, sans qu'il ne sache vraiment pourquoi. Dean jetait des regards fréquents et inquiets à l'autre bout de la table, Ezra écoutait avec un sourire amusé Inna se disputé gentiment avec son frère, Ale était silencieux. Logan se joignait au groupe du fond. L'ambiance était légère, agréable. Au bout de quelques minutes cependant, le coréen releva le nez de son téléphone pour s'adresser à ceux qui l'entouraient.
❝ Vous avez vu le mail du directeur ? Sa proposition de chasse au trésor. ❞ ❝ Oui. Ça te tente ? ❞ ❝ Pourquoi pas. On a rien à faire aujourd'hui on pourrait en profiter. ❞
Ezra, dont une oreille traînait du côté du coréen, tourna la tête vers lui, en gardant son sourire amusé.
❝ Tu sais que ça veut dire qu'on va sans doute passer une nuit dehors et devoir y aller en raquettes ? ❞
Le coréen haussa des épaules et hocha doucement de la tête. Ce petit point ne semblait pas le gêné. Ezra en sourit et interrogea Liam du regard, qui donna son accord d'un simple hochement de tête.
❝ Ezra t'en es ? ❞ ❝ Pourquoi pas ! ❞ ❝ Je peux venir avec vous ? ❞ ❝ Si tu veux oui. ❞
Le coréen servit à l'américain un sourire rassurant, mais Ale et Ezra ne semblaient pas du même avis. Cependant, ils ne dirent pas un mot.
❝ Je m'occupe des raquettes, prenez des vêtements chaud et on voyage pas trop lourd hein. ❞ ❝ Je m'occupe de la petite logistique. ❞ ❝ Et moi d'une tente ou deux ! ❞ ❝ Vous voulez que je m'occupe de quoi ? ❞ ❝ Les recherches ? Savoir où on peut trouver une chapka russe et à quel prix ! ❞ ❝ Ok. ❞ ❝ Ok ! Départ à midi ! ❞
Une salve d'approbation suivi et le petit déjeuner reprit son court, bien que Dean affiche un sourire presque victorieux au coin des lèvres...
*** *** ***
Quelques heures plus tard, les quatre hommes étaient équipés et partaient à pied de la cours du Haras. Emmitouflés dans leurs gros manteaux et leurs pantalons de ski, des raquettes aux pieds -sauf pour Ale qui avait des chaussures à crampons spécialement faite pour la glace- et des sacs à dos de vingt litres sur le dos -dont celui d'Ezra portait une tente deux seconde en plus- ils prirent donc tout droit à travers champs en direction de la ville. Kwaïgon avait fait le tracé et la seule grosse difficulté qu'ils avaient était la traversé d'un fleuve gelé. Normalement la couche de glace serait suffisante pour qu'ils traversent sans problème, et c'est bien ce qui se produisit à l'aller. Il leur fallu toute l'après midi pour rejoindre la ville et à l'heure où ils arrivèrent, il était trop tard pour aller acheter la chapka. Ils montèrent donc le camp en bordure de la ville, mais pas trop prêt, pour ne pas s'attirer d'ennuis. Encore une fois, le coréen avait prévu tout ce qu'il fallait pour un bon repas chaud. Il avait un petit réchaud mais aussi de quoi faire du feu pour qu'ils se réchauffent un peu. Ils avaient été plutôt silencieux durant le trajet, mais Ale sorti de son sac l'arme magique : la bouteille de vodka. Aussitôt, les regards s'illuminèrent et les bouches se délièrent. Ce qui aida grandement Dean à se faire un peu plus apprécié et connaître par les autres. En attendant, c'est Kwaïgon qui réussi à résumé le mieux le ressenti de tous :
❝ C'est pas qu'on t'aime pas, c'est qu'on est un peu méfiant. La dernière fois qu'on a eu un nouveau -avant Siobhan mais lui c'est différent- c'était Ale, et on s'est retrouvé avec un tueur à gage dans les pattes. Donc comprend bien qu'on y regarde à deux fois maintenant avant de faire confiance à quelqu'un... ❞
Et Dean comprenait, même si il trouvait cela étrange. A vrai dire, il n'avait jamais rien vécu de tout ce qu'ils avaient fait et il se sentait un peu à part dans ce sens là. Malgré tout, ils s'installèrent finalement tous dans la tente, un peu serré car elle n'était pas conçue pour accueillir quatre personnes, et s'endormirent à une heure tardive de la nuit.
Le lendemain matin, ils attendirent que le soleil se lève avant de plié le camp et marcher sur la ville. En une heure, ils étaient en centre ville et avaient déposé tout leur barda chez un ami d'Ezra, histoire d'être un peu plus libre de leurs mouvements. Trouver la chapka ne fut pas spécialement compliqué, étant donné que c'était un objet assez courant en Russie. Ezra et Kwaïgon parlaient tout les deux russe, Ale le comprenait seulement. Dean était à la ramasse, donc il les laissa négocier. En une heure, ils avaient ce qu'il leur fallait et il déjeunèrent en ville, avant de reprendre leurs affaires et repartir vers le Haras. Les routes étaient certes un peu plus dégagées désormais mais ils repartirent à pied, pour le plaisir de la chose. Dean n'y voyait pas vraiment grand plaisir mais les trois autres sportifs en face de lui si. Donc il se plia à l'avis général.
Le chemin du retour leur paru moins long et éprouvant. Mais ils furent face à un problème qu'ils n'avaient pas eu la veille : le soleil tapant sur la couche de glace du fleuve l'avait fait un peu fondre et rendu plus fragile. Faire un détour pour trouver un pont leur prendrait pas d'heures en plus, ils décidèrent donc de tenter la traversée quand même, avec quelques précautions. Kwaïgon passa le premier, suivit d'Ezra, Dean et enfin Ale. Ils ne passèrent pas en file indienne, pour répartir leurs poids sur la glace et avançaient doucement. Cependant, le passage de Dean était plus fragile que celui des autres et la glace céda sous son poids...
*** *** ***
Grelottant devant le feu, Dean reprenait peu à peu ses esprits. Ezra et Kwaïgon l'avait complètement déshabiller et lui avait enfiler des vêtements leur appartenant pour qu'il soit au sec, et Ale alimentait le feu pour qu'il reste conséquent.
❝ Comment tu te sens ? ❞ ❝ Frigorifié. ❞ ❝ C'est normal, ça ira mieux dans pas longtemps. ❞
Il se leva et enroula un sac de couchage ouvert autour du garçon avant de se rasseoir. Kwaïgon revint tranquillement, un sourire aux lèvres.
❝ Il y a une route pas loin à l'est, on va pouvoir la rejoindre et rattraper le Haras plus facilement. ❞ ❝ Cool ! J'ai hâte de rentrer ! Et toi Dean : plus de saut dans l'eau glacé ! T'es vraiment un aimant à poisse en fait. ❞
Il n'avait pas tord : entre la mystérieuse nuit qu'il avait passé avec Neyla sans se souvenir de quoi que se soit et ce plongeon sous la glace, il n'avait pas de chance... En tout cas, une chose était sûre, il se rappellerait encore longtemps de cette escapade dans la neige russe !
J'ai 790 Lignes J'utilise un Résumé x3 de Louna Les PE pour Maël s'il vous plait ! Merci pour la correction ! =)
/!\ Ce résumé contient des scènes pouvant heurté la sensibilité des plus jeunes qui ne sont pas sous spoiler. Certains passages relatent d'une enfance troublée et violente qui ne pourrait pas plaire. Si vous ne vous sentez pas de lire, abstenez vous. Les autres, vous savez quoi faire !
Un petit POV un peu différent des autres ! Après « Les tourments de l'âme » qui est dans un sens "généraliste", une petite série « Les tourments de son âme » plus centré sur un seul personnage et de ce fait à la première personne ! Des résumés qui se coupleront avec des « journées typiques » de chacun donc qui risque d'être un peu long... Mais j'espère que ça vous plaira !
« Nate ! Nate ! Je t'en prit ! Ne fais pas ça... » Pieds ancrés au sol, bras tendu, les deux mains refermées sur la crosse, je tiens en joue ma mère, à genoux à un mètre de moi, les joues ravagées par les larmes. Derrière moi se tient mon père, les bras croisés dans le dos, il attend. Tout comme les quelques dizaines de personnes venu assisté au spectacle qu'est l'exécution d'un traître. J'ai huit ans. Mon bras tremble et la voix de mon père, froide et dure, retentit dans mon dos. « Nate, on n'a pas toute la nuit. » J'expire lentement, comme il me l'a apprit et je ferme les yeux pour me calmer. Je fais cesser les tremblements dans mes bras. Quand j'ouvre les yeux, je croise le regard de ma mère, aussi bleu pâle que le mien. Il est suppliant. Quand elle parle, ce n'est qu'un murmure. « Je t'aime Nate... Je t'aimerais toujours... Fais ce qu'on a dit. Je t'en supplie... » Je hoche la tête, ou du moins, j'ai l'impression de le faire. J'expire de nouveau lentement dans un dernier échange de regard entendu. Quand je presse la détente, je ferme les yeux et j'entends son dernier cri « Nate ! »
Je me réveilles en sursaut et en sueur, emmêlé dans mes draps. Il me faut quelques secondes pour reconnaître ma chambre au Haras qu'est Full Horse, le symbole de ma nouvelle vie qu'elle représente. Je m'assoie contre la tête de lit et pose le front dans mes paumes, les coudes sur mes genoux replié. Je ferme les yeux et apaise ma respiration haletante en murmurant.
« Je suis Alejandro Cowie, je suis coach de l'élevage Narita's Travellers et j'ai vingt sept ans. Je suis Alejandro Cowie, je suis coach de l'élevage Narita's Travellers et j'ai vingt-sept ans. Je suis... »
Il ne me faut pas plus d'une vingtaine de secondes pour retrouver une respiration lente et calmer la panique qui montait en moi. Je soupire, lentement, profondément, en me détendant. Quand j'ouvre les yeux, je suis à nouveau moi même. Je jette un oeil au réveil et me lève. Il est cinq heures, et largement l'heure d'aller courir. J'enfile un jogging, un t-shirt et je sors. Ce matin, je ne dois pas retrouver Madison pour aller courir, il est trop tôt. Par courtoisie, je lui envoie un sms pour la prévenir que je suis partie plus tôt que prévue et je lance la musique avant de glisser le téléphone dans ma poche et mettre les écouteur dans mes oreilles. Dans le hall, je me sers des marches pour faire mes lacets et après quelques bonds sur place pour désamorcer mes articulations, je sors à petites foulées, au hasard sur les chemins du Haras.
« Nate » ... Voilà bien longtemps que l'on ne m'avait pas appelé comme ça. Mais la question qui me taraude le plus est « Pourquoi ? » Pourquoi maintenant ? Pourquoi cet épisode de ma vie revient ainsi ? Il doit y avoir une explication logique. Il y en a toujours une... Peut-être en relation avec la date ? Quel jour est on... C'est peut-être l'anniversaire de sa mort... Ou le mien. Machinalement je regarde la date du jour et ma gorge se serre. C'est en effet mon anniversaire. Enfin, pas celui d'Alejandro Cowie. C'est celui de Nate Miller.
Mais Nate Miller n'existe plus, depuis une vingtaine d'année. Alors pourquoi remonte-t-il à la surface maintenant ? J'ai une nouvelle vie depuis peu. Je suis un autre homme depuis plus de quinze ans. Que se passe-t-il ? La rage me submerge au fur et à mesure des souvenirs de Nate qui remontent à la surface. L'exécution de ma mère, ma découverte du complot qui a conduit à sa mort et l'exécution de mon père, de nouveau de ma main, mais pas par obligation ; par choix, par vengeance. J'avais huit ans à l'époque... Je serre les dents et accélère le rythme malgré ma course soutenu et mes poumons en feu. Je cours pour oublier. Pour oublier le môme que j'étais et qui a tué ses parents. J'accélère encore, retenant un cri de rage entre mes dents et m'arrête au bout d'un kilomètre, incapable de tenir ce rythme plus longtemps. Malgré tout je suis incapable de rester immobile. Mes jambes tremblent, à moins que ce ne soit tout mon être ? Je tends une main devant moi pour en avoir le coeur net : elle est incapable de rester immobile et je suis incapable de l'y obliger. De rage, je serre le poing et frappe le premier tronc qui est à ma portée. La douleur du choc me calme un peu. Je regarde ma main en sang et déplie les doigts : il n'y a rien de cassé. Il faut que je me calme, avant de me faire du mal. Je me laisse glisser contre le tronc et pose mon front dans mes paumes, coudes sur les genoux, jambes repliées et je murmure, encore et encore, calmant ma respiration à chaque syllabe.
« Je suis Alejandro Cowie, je suis coach de l'élevage Narita's Travellers et j'ai vingt sept ans. Je suis Alejandro Cowie, je suis coach de l'élevage Narita's Travellers et j'ai vingt-sept ans. Je suis... »
Il ne me faut pas plus d'une trentaine de seconde pour retrouver mon sang-froid et maîtriser le tremblement. Et un peu plus d'une minute pour retrouver une respiration normale. Pour m'aider à me concentré, je fixe un point à l'horizon et compte mes pulsation cardiaque, deux doigts sur ma jugulaire. Une fois un rythme acceptable en place, je ferme les yeux et fait le vide en moi. N'y repense plus. Ce n'est pas toi. Nate Miller est mort. Il avait neuf ans. Il a chuté de la falaise après avoir tué son père. Il s'est suicidé parce qu'il ne supportait plus la pression du clan. C'est ce qu'ont dit les journaux et ils ont raisons. N'y pense plus...
Sauf que Nate Miller n'est pas mort de sa chute de la falaise. Il a été retrouvé par Pierce Finnegan, au bord de la mort.
*** *** ***
Le jet de la douche, glacé, m'avais remit les idées en place. Après avoir distribué la ration de grain de l'élevage, j'avais reprit le chemin du Manoir et de ma chambre. D'ailleurs, depuis peu, j'avais un nouveau colocataire. Izikel avait été changé de chambre à sa demande. Je crois que la trop grande proximité avec Ezra ne lui convenait pas vraiment. Il voulait prendre du recul et c'est quelque chose que je concevais parfaitement. J'avais donc prit une douche, bandé ma main ensanglantée après l'avoir nettoyé et m'étais rhabillé. Je me croyais incapable de tenir toute une journée dans un pantalon d'équitation mais au final, ces petites choses étaient bien plus confortables qu'on ne le pensait. C'est sur les coups de sept heures que j'avais rejoint Liam pour le préparation du petit déjeuner. Il n'avait pas fait de remarque sur mon poing mais je savais que tôt ou tard, quelqu'un allait poser la question. Et se serait sans doute Ezra ou Dean et leurs curiosités maladives.
Je soupire, assit sur le bout du banc, à côté de Liam et fixe mon café d'un air distrait. Pour une fois, Kwaïgon est en face de moi. Je ne sais pas pourquoi il s'est levé aussi tôt. Nous ne sommes que tout les deux, Liam s'est éclipsé pour aller réveillé son fils. Il est encore trop tôt pour les autres. Cela doit faire bien deux minutes que j'essaie d'éviter le regard de Kwaïgon coûte que coûte. Il me gêne. Il me fixe depuis que Liam est parti, sans aucun expression. Cet homme m'agace et me rend admiratif en même temps. Il a un tel self control de lui même... Mais j'ai l'impression qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert dans sa langue natale. Et ça me met hors de moi. Il sait. Je sais qu'il sait. Il sait tout de toute façon. On ne peut absolument rien lui caché. Il est exactement comme Pierce et parfois, j'en viens à penser qu'ils ont été formé par le même homme. D'ailleurs, cela ne m'étonnerais pas qu'en réalité, Kwaïgon et Pierce se connaissent. D'une façon ou d'une autre. Et je me demande d'ailleurs pourquoi il n'arrive pas à retrouver Moïra... Lui qui a passé neuf mois en sa compagnie... Ils ont dû créer un lien... Ou alors il sait où elle se trouve mais il garde cette information pour lui. Ce qui ne l'étonnerais pas non plus. Il sait ce que cette information représente pour Izikel et s'il ne la lui donne pas, c'est qu'il doit avoir une excellente raison. Et cela me brûle les lèvres de lui demander pourquoi. Mais au moment où je vais le faire, que je relève enfin les yeux sur lui et que la phrase se formule dans mes pensées pour arriver jusqu'à ma bouche, il me coupe l'herbe sous le pied et parle. Est-il ne serait qu'humain pour avoir un tel timing ? Un tel instinct ? J'en viens à me demander si ce n'est pas un extraterrestre qui sait lire dans les pensées... Ou un robot, aussi à cause de son manque d'expression faciale...
« Joyeux Anniversaire. »
... Je suis tellement choqué que je ne réagis pas immédiatement. J'écarquille les yeux, je sens mes pupilles se dilatées et un picotement me remonter l'échine, dressant les petits cheveux de ma nuque et me provocant des fourmis dans les doigts. Il me faut une seconde de trop pour retrouver mon sang-froid. Et c'est une seconde qui n'a pas échappé à Kwaïgon. Machinalement je baisse les yeux sur mon café et soupire.
« Qui d'autre le sait ? »
Il hausse les épaules, je le vois du coin de l'oeil et il ne me quitte pas des yeux. S'il a attendu que Liam parte pour me dire ça, il aura la délicatesse de ne le révélé à personne. Je soupire encore et passe une main sur ma nuque en fermant brièvement les yeux. Il ne faut surtout pas que ça se sache. Par contre, je ne sais pas d'où il tient cette information, et ça me ronge. Je le fixe avec une flamme malveillante dans le regard. Il reste impassible. Encore.
« Comment l'as-tu su ? » « On a tous nos secret Ale. Mon job c'est de les découvrir. Mais si tu y tiens vraiment, je le tiens de Pierce. »
Je le savais.
« Personne ne doit savoir. » « Je sais. » « Et ce n'est pas mon anniversaire. » « Bien sûr que si Alejandro. Tu ne peux pas faire comme si ton passé n'existait pas... Il faut simplement que tu arrives à vivre avec. Je ne dis pas que c'est facile, mais ça fait parti de toi. Ne l'ignore pas. »
Je soupire une fois encore et me replonge dans mon café. Il a raison, comme toujours. Il me désespère. Comment fait-il ? Il y arrive avec les chevaux, presque comme par magie, et je n'arrive pas à savoir d'où ce feeling avec les animaux lui vient. Il est d'une efficacité redoutable avec une arme et au volant d'une voiture. Il a toujours un nombre d'informations incalculable dans la tête. Il a toujours raison. Définitivement, il n'est pas humain. C'est d'ailleurs peut-être pour ça que je ne le vois jamais avec une femme... Ou un homme.
« Merci. »
Il a un bref hochement de tête et détourne enfin les yeux de moi pour allumer son portable et consulter toutes les applications d'informations qu'il a pu trouver. Nous sommes rejoint par le reste de la troupe, qui arrive au compte goûte. Izikel, Dean, Ezra, Logan, Neyla, Lou, Siobhan, Louna, Myriam et enfin, Liam et son fils. C'est Ezra qui me demande ce que j'ai à la main, et je mens. Je lui raconte que j'ai trébuché sur une racine en courant. Il se contente de hausser un sourcil et se replonge dans son café. Je suis irritable ce matin et ils ont dû le sentir car plus personne ne m'adresse la parole du petit déjeuner. Liam annonce le planning du jour et chacun va à ses occupations. Je dois distribué les rations de foin et commencé à sortir les chevaux au paddock. Avec un soupir, je me lève et me dirige vers l'élevage...
*** *** ***
« Penses à tes mains Ale. » Concentré sur la nuque d'Invictus, j'en oublie le reste de ma position, qui est perfectible. C'est difficile pour moi de rattraper le niveau des autres. Heureusement, ma condition physique m'aide à être un peu plus performant et Invictus ne me laisse rien passer -tout comme Liam et Logan- mais j'ai quand même des lacunes. Je dois sans cesse faire un check-up dans ma tête de tout les points de soi-même auquel il faut faire attention quand on est en selle. Les mains, le regard, les épaules, le bassin, les talons, les mollets, les genoux... Trop de choses. Ce matin, mon esprit divague trop. Je comprends mieux pourquoi on dit souvent que pour monter à cheval il faut se vider la tête... Il y a tellement de choses à penser une fois en selle qu'il n'y a de place pour rien d'autre... Je soupire et le bai en profite pour faire un écart. Il a senti mon relâchement alors que ce n'était pas le moment. Je me crispe de nouveau, bascule mes épaules un peu plus en arrière et serre les jambes. Il reprend son trot de travail de base. Ce cheval est une vraie plaie. Mais il est fait pour moi : il me fait douter de moi, à chaque instant, mais me récompense quand nous atteignons une parfaite osmose... Ce qui n'arrive pas assez souvent. Je place mes aides et il prend le galop, instantanément. Je ne peux pas lui reprocher son dressage : il est parfait. Par contre lui me reproche mon équitation, et il a bien réussi à me le faire comprendre. Parfois, je me dis qu'il est trop exigeant pour moi...
Nous travaillons sur le plat durant encore une demi heure avant que je ne reprenne le pas et lui rende les rênes, signal tacite de la fin de la séance. Il se relâche enfin et me pardonne mes erreurs. Je me penche sur son encolure pour lui gratter doucement le garrot, et nous prenons le chemin des écuries. Ce matin est consacré aux chevaux de propriétaire... Ceux qui nous appartiennent et non les chevaux d'élevage. En gros, ce sont des séances de plat avec nos chevaux, assez libres. Tout le monde travaille en même temps... C'est de l'entretien pur. Une fois devant l'allée de Louna je me laisse glisser par terre et je conduis le bai dans l'espace douche de l'élevage. Je le desselle et lui enlève ses bandes avant de le doucher. Il porte encore son filet et n'est pas attaché, mais je sais qu'il ne bougera pas. Après un pansage complet, j'échange son filet contre un licol et je l'emmène directement au paddock, où je le lâche pour l'après-midi. Il sera mieux dehors que dans son box... Je retourne à l'élevage et m'arme d'une fourche. Il est presque midi, je n'ai pas le temps de monter un autre cheval. Ils sont tous au paddock, alors je profite des box vides pour en enlever les souillures. Il me faut un certain temps pour faire tous les box. Et quand je vide ma brouette à la fumetière, il est l'heure de déjeuner. Je range mon matériel et je rejoins l'équipe dans la salle à manger, d'humeur maussade. Une ombre plane au dessus de moi et je sais ce que c'est... Mais je n'ai pas envie de me rendre à l'évidence...
*** *** ***
Après le déjeuner, il y a toujours un temps de repos pour l'équipe, avant que le cours suivant ne commence. Cet après midi, je me retrouve à devoir monté Caraanu Pi pour une séance de saut. Mais avant d'en arrivé là, je m'isole dans ma chambre. Il est rare que j'y monte en journée, mais aujourd'hui n'est pas un jour comme les autres. J'ai été d'humeur morose toute la journée, et ça ne me ressemble pas. Il faut que je me ressaisisse. Que je redevienne le Ale que les autres connaissent. Je m'enferme dans ma chambre et me laisse tomber sur mon lit aux draps défait. Je fixe le plafond en essayant de faire le vide, en respirant calmement. Je ferme les yeux un moments et ne pense plus à rien. Une respiration calme... Mes paupières me pèsent de plus en plus... Ne penser à rien... Respirer profondément...
« Tu as le droit de changer d'identité. Tu peux décidé d'être un autre garçon à partir de maintenant. Ou remonter et reprendre ta place dans le clan. » Mon sang se glace. Retourner là-bas ? Pour rien au monde. De toute façon, le conseil ne comprendrait pas. J'ai tué mon père, un membre du conseil, sans raison apparente : c'est considéré comme une trahison. Mieux vaut qu'ils croient que je suis mort en tombant de la falaise. Après tout, c'est ce que je voulais à la base. Je voulais leur enlever cette satisfaction : celle de me tuer. « Alejandro Cowie. Je veux m'appeler Alejandro Cowie. » Pierce sourit. « Alors dans ce cas... Bonjour Alejandro, je suis Pierce. Je suis ravi de te connaître. » Je serre la main qu'il me tend avec un sourire, pour répondre au sien. Je suis Alejandro Cowie, j'ai neuf ans et je vis avec Pierce Finnegan. Je suis...
Encore une fois je me réveille d'un coup, ouvrant les yeux sur le plafond blanc. Une sueur froide me parcours l'échine et je mets un moment à comprendre que c'est à cause de ... Kwaïgon ?! Je sursaute et recule dans mon lit précipitamment pour finalement buter sur la tête de lit.
« Putain Kwaï' ! Mais comment t'es rentré ? » « J'ai la clé. »
Il a haussé les épaules avant de répondre, ce qui me désespère encore plus. Ce type n'est pas humain. Il n'est pas normal. Je ferme les yeux un instant et soupire pour me calmer, avant de le fixer à nouveau.
« Qu'est-ce qui se passe ? »
Il fronce les sourcils et se cale sur mon fauteuil.
« Liam t'as donné ton après midi. Et demain c'est repos. C'est au tour d'Ezra de s'occuper de l'élevage pour que tu ai ta journée de repos complète bi-hebdomadaire. »
Je fronce les sourcils... Mon après midi ? Ce n'est pas dans les habitudes de Liam et je dois monter Cara... Je jette un oeil au réveil et encore une fois un frisson glacé me parcourt. J'ai loupé le cours. Il est en train de se dérouler.
« Merde !! Pourquoi personne ne m'a réveillé ?! Bordel de merde ! » « En fait on a essayé, mais tu répondais pas. Donc Liam m'a envoyé voir si tu allais bien. »
J'ai quatre appels manqués. Cette journée est plus que perturbante. Elle est carrément étrange. Je me détends et lève les yeux sur Kwaïgon. Comme il me fixe, c'est qu'il doit avoir quelque chose à dire. Et je crois que je sais. Mais la question est surtout : est-ce que j'en ai envie ? Un noeud me serre l'estomac. Mais je l'ignore.
« Qu'est-ce que tu sais d'autre sur moi ? » « Tu veux que je te fasse la liste ? Maintenant ? » « Oui, maintenant. Parce que je sais pourquoi tu reste planté là devant moi et que je n'ai pas envie de répondre maintenant à ta question. Alors je te fais parler pour reculer l'échéance. Satisfait ? »
Il hausse les épaules, encore une fois, sans pour autant changer de son expression neutre. Si c'est un robot, je suis tout de même époustouflé par le soucis du détail qui a été mit en oeuvre pour le réaliser... On dirait franchement un vrai...
« Très bien. Né Nate Miller le ving cinq mai mille neuf cent quatre vingt neuf à Dumont, au Texas, dans un communauté militaire milicienne vivant en autarcie, avec ses propres règles et son propre gouvernement. Nate est mort à neuf ans, présumé. Son corps n'a jamais été retrouvé. Suicide. Devenu Alejandro Cowie à la suite de ça. A été dans un pensionnat militaire avant de plus ou moins disparaître de la circulation et parfaire sa formation auprès de Pierce Finnegan. Est devenu tueur à gage, quelques contrats gouvernementaux pour acheter une immunité diplomatique. Désormais tueur retraité et coach dans un élevage de chevaux de sport... C'est assez bien résumé pour toi ? Ou tu veux que j'entre dans les détails ? » « Je connais ma vie, je n'ai pas besoin de détail... T'es pas humain tu sais ! On est pas sensé connaître autant de chose sur les autres. » « C'est mon job. » « Ton job Kwaïgon c'est de poser ton cul dans les selles de tes chevaux et aller gagner des concours. Pas en savoir plus sur les autres qu'eux même ! »
Encore une fois il hausse les épaules. Il a toujours été comme ça en réalité. Il a toujours su tout sur tout le monde. Il a dû naître comme ça, c'est impossible autrement. Je donnerais n'importe quoi pour connaître sa vie dans les moindre détails... Je calme mon exaspération et plonge mon regard dans le sien. Il est impénétrable, ce regard sombre... Pourtant, il est empli de quelque chose que je ne lui avais pas vu jusque là, jamais. C'est de la reconnaissance. Ce constat me laisse sans voix et fait s'envoler d'un coup toute la colère qui bouillonnait en moi.
« Tu n'as jamais fait son deuil. » « Je n'en ai jamais eu l'occasion. » « Alors allons-y. » « Maintenant ? »
Il jette un oeil à sa montre avec la nonchalance qui lui est caractéristique.
« T'as cinq minutes pour faire ton sac, je t'attends au parking. On sera de retour demain soir. »
Qu'ajouter de plus ? Je soupire et me jette sur mon armoire alors qu'il sort tranquillement de ma chambre, les mains dans les poches. Il n'est définitivement pas humain... Comment aurait-il su sinon ? Il ne pouvait pas prévoir ma réaction quand même... Moi même je ne le pouvais pas... Il nous connait donc tous si bien que ça ? Un frisson me parcourt et je le réprime : bien sûr qu'il nous connait tous aussi bien que ça...
*** *** ***
Quand je rejoins Kwaïgon, sans un mot, et grimpe dans son Aston Martin grise, je sais qu'il a mit en place en une poignée de minute des moyens considérables pour ce moment. Pour à peine vingt quatre heures. Et je suis touché par tant de considération de sa part. Il n'y était pas obligé... Mais pourtant il le fait. Comme il fait toujours tout ce qui est en son pouvoir pour faire disparaître les monstres de nos placards... Je ne sais pas pourquoi il agit comme ça. Pour le bien des gens ? Pour le bien de l'équipe ? Parce que Liam le lui a demandé ? Je ne comprends pas toujours ses motivations mais je lui suis reconnaissant de ses actions. En moins de temps qu'il n'en faut habituellement -grâce au moteur de l'Aston- nous sommes sur le tarmac de l'aéroport international de Dunedin où nous attends un jet privé. Le coréen gare la voiture dans un hangar proche et prend son sac dans le coffre, me jetant le mien dès que je suis prêt de lui. Il me fait signe de le suivre et grimpe dans l'avion en saluant le pilote et son co-pilote avant de s'installer dans un siège, son sac vaguement posé -jeté- sur celui de derrière. Je l'imite, en prenant place en face de lui. En quelques minutes nous décollons.
« Te poses pas de questions et dors. On en aura pas l'occasion une fois sur place. »
J'acquiesce et le regarde suivre son propre conseil, en allongeant son siège et en fermant les yeux. Je souris en l'imitant, une fois de plus. Cette capacité à pouvoir dormir n'importe où est aussi rapidement n'est pas commune... Mais elle est en tout cas assez répandu chez un certain type de gens... Les gens comme nous...
*** *** ***
J'ai encore l'esprit embrumé quand je grimpe dans la voiture qu'à loué le coréen. Un super car à l'américaine, bruyante mais qui ne suscitera pas d'interrogation dans cette contrée hostile que m'est le Texas. Kwaïgon prend le volant encore une fois et se lance à l'assaut de l'asphalte avec une aisance qui me sidère toujours. Comme s'il était né dans une voiture... Décidément, je n'arrive pas à savoir où il a acquis autant de connaissance. Mais je sais que si je lui pose la question, je n'aurais pas la réponse que je voudrais. Bien que... Kwaïgon est toujours honnête. Il ne cache pas vraiment la vérité, il attend qu'on lui pose les bonnes questions pour la délivrer... Et comme il n'est pas très bavard... Je soupire en tournant la tête vers la vitre, lui reste concentré sur la route. Nous avons volé une bonne partie de la nuit et ici, il fait encore sombre. Mais le temps que nous atteignons Drumont, le soleil s'est levé...
Le coréen se gare dans un crissement devant un village qui semble abandonné et je lutte intérieurement pour faire refluer mes souvenirs. Je regarde le portail défoncé et les barbelé à moitié écroulé du sommet des barrières. Le vent soulève un tourbillon de poussière et fait claquer un porte moustiquaire. Le lieu est bel et bien abandonné. Le coréen s'y engage avec prudence et accélère finalement un peu pour traversé toute la zone et se diriger vers un point à l'extérieur : le cimetière. Il se gare à l'entrée et coupe le contact avant de se tourner vers moi.
« Tu veux y aller seul ? » « Pas spécialement... Tu peux venir si tu veux. »
Il m'offre un bref hochement de tête et sort de la voiture, prenant au passage un sac à dos. Cette fois, il me laisse passer devant. Je ne suis jamais venu ici mais je n'ai pas besoin de lire les noms sur les pierres tombales pour reconnaître celle que je cherche. Elle est à l'écart des autres, seule. Celle de ma mère. Elle est plus simple que les autres. L'herbe folle a poussé dessus de façon archaïque et machinalement, j'arrache des touffes d'herbe pour les jeter sur le côté. Mais je laisse les fleurs. Aussi parce que je n'en ai pas apporté. Kwaïgon reste légèrement en retrait, les mains dans les poches, il attend. Je me relève enfin et glisse à mon tour les mains dans mes poches, restant là, à fixer la pierre tombale de ma mère, et je ne peux empêcher les larmes de couler le long de mes joues. Le vent chaud les sèche, en me laissant une désagréable sensation sur la peau. Mais je reste silencieux... « Pleures en silence ! » C'est ce que me disais mon père... Je n'y ai jamais dérogé.
J'aimais beaucoup ma mère. Dans la communauté où l'on vivait, elle était la seule qui essayait de me faire avoir une enfance normale. Elle aussi était née ici mais elle ne s'y sentait pas chez elle et ne souhaitait qu'une chose : s'enfuir. Mais la menace l'en avait empêcher. La peur. Elle avait été marié de force à mon père et m'avait eu. Quelques années plus tard, quand j'avais cinq ans, elle avait également eu une petite fille, mais qui était morte quelques mois après sa naissance. Mort subite du nourrisson. Elle avait toujours fait preuve d'une grande tendresse avec moi... Mon père était un homme dur, qui pensait, comme le reste des hommes constituant le conseil dirigeant -et des autres en général- que plus un enfant est familiarisé tôt à la discipline et aux armes et plus il devient efficace rapidement. Le but de la communauté m'étais obscur à l'époque et il l'est toujours aujourd'hui. J'ai commencé à apprendre à tirer avec un fusil de paint ball à quatre ans. A six ans je maîtrisais n'importe qu'elle arme à feu pas trop lourde pour moi. Je n'ai pas eu d'enfance à proprement parlé. L'éducation ici se faisait à coups de ceinture en cuir et d'heure passée devant un cible. Nous apprenions à lire, à compter, à écrire, à manipuler les gens, et à n'avoir peur de rien. Ma mère était contre ce système et voulait à tout prix nous en sortir. Ce qu'elle a fini par faire, d'une certaine façon...
Je détestais mon père. Chaque soir, que j'ai commis ou non une mauvaise action, j'avais droit à dix coups de ceinture. J'en frissonne encore à cette pensée. Chaque soir avant d'aller me coucher, j'étais confronté à mes peurs, pour que je puisse y faire face et apprenne à ne plus en avoir aucune. Quand je n'ai plus eu peur d'être enfermé dans un cercueil, j'ai compris que c'était le moment de partir. Ma mère a été accusé de trahison envers la communauté parce qu'elle a essayé d'y partir, en m'emmenant avec elle. Comme j'étais encore jeune, je n'ai pas été tenu responsable de mes actes. Mais elle si. La peine pour trahison dans la communauté était la mort. Et pour me faire comprendre l'importance de cette trahison, j'ai été désigné comme l'exécutant de cette condamnation. J'avais huit ans. Le jour de son exécution avait été décidé pour le jour de mon anniversaire. Encore une forme de punition... Mon anniversaire étant le seul jour heureux de mon année. Il fallait que mon père le transforme lui aussi en un cauchemar. Appuyer sur cette détente à été la chose la plus difficile que j'ai eu à faire de toute ma vie. Et aujourd'hui encore, je n'ai pas connu de moments plus difficile à surmonter que celui-là. Suite à ce jour, j'ai mit une année entière à monter un plan d'évasion. Au début, je voulais vraiment partir. Mais plus les jours passaient et plus la douleur de la perte se faisait grande. Ma vie devenait une succession de jours atroces. Un enfer. Je ne sais pas si mon père me faisait payer la trahison de ma mère mais ses coups redoublaient chaque soir. Il se faisait de plus en plus cruel. La rage m'a conduit à bout. Il ne m'a pas fallu bien longtemps -quelques mois- pour basculer dans une sorte de folie. Je voulais qu'il meure. Je voulais que ma torture cesse. Alors un soir, j'ai pressé la détente. Au milieu de l'église, pour que tout le monde sache. Que personne n'ai aucun doute. J'ai vidé mon chargeur sur lui, jusqu'à ce que son crâne ne soit qu'un tas informe de chair. Méconnaissable. Je voulais lui enlever son identité. Et j'ai couru. Ivre de chagrin et de rage. Désespéré au point de me jeter du haut d'une falaise... C'était le jour de mes neuf ans.
J'ai eu beaucoup de difficulté à comprendre ensuite ce qu'étais une enfance normale. A comprendre l'utilité des jouets. Je n'ai jamais suivi un cursus scolaire normal. Pierce n'a pas voulu m'imposer un changement trop rude. Il m'a donc mit quelques années dans un pensionnat pour garçon. Une école militaire. Les instructeurs étaient durs, certes, mais ils ne levaient jamais la main sur nous. J'avais connu bien pire. Ce pensionnat me paraissait être un paradis sur terre... Pierce m'a ensuite laisser le choix entre une vie à tuer d'autres pour de l'argent et une vie normale. Je ne savais pas ce qu'étais une vie « normale ». J'avais été élevé pour tuer. Il m'a apprit alors à me faire discret. Il m'a donné des contacts, il m'a apprit à trouver des informations ou à en soutirer. Ce n'était pas non plus très sain comme formation, maintenant que je vois Maël, mais il a toujours été respectueux et gentil avec moi. Après les horreurs que j'avais vécu durant neuf années de suite, je ne pouvais que lui être reconnaissant. Il m'avais sorti de cet enfer -bien que sans le vouloir- et m'avais apprit à survivre dans « le monde extérieur ». Que serais-je devenu sans lui ? Mort à l'âge de neuf ans...
Mes larmes ont fini de couler et ont séchées. Le soleil est bien au dessus de nous désormais et mes jambes sont ankylosées d'être restée immobiles aussi longtemps. Kwaïgon s'est assit contre un muret, à l'ombre d'un arbre rachitique. Il a les yeux fermé, et doit sans doute dormir... Ou somnoler. Je prends un inspiration et m'adresse une dernière fois à ma mère dans un murmure.
« Je l'ai fait maman... J'ai fait ce qu'on avait dit. Je t'aime... »
J'expire lentement et me tourne vers Kwaïgon. Il ouvre instantanément les yeux.
« Merci... Je crois qu'on peut y aller. »
Il acquiesce et se lève pour prendre le chemin de la sortie. En silence, nous reprenons le chemin de l'aéroport et je somnole. Ce retour dans mon passé m'a vidé de toute énergie. C'est fini. Un pan de ma vie vient de se tourner, j'ai enfin fait le deuil de mon enfance... Je me laisse porter par le roulis de la voiture et la conduite fluide du coréen. Je ne vois pas le temps passé et je m'étonne que nous soyons déjà de retour dans l'avion au bout de quelques heures. Quand je reprends ma place en face de Kwaïgon, j'ai retrouvé un peu mes esprits et ma stabilité d'humeur. Il me tend une bouteille d'eau et des sandwichs que j'accepte avec un sourire.
Nous décollons enfin et cette fois, il ne dort pas. Son regard est perdu dans l'immensité du ciel, à travers le hublot. Une question me taraude et je décide que c'est le bon moment pour la poser.
« Dis moi Kwaï... Il y a une chose que je ne comprends pas... Si tu sais tellement de choses sur moi, comment se fait-il que tu n'arrives pas à retrouver Moïra ? »
Lorsqu'il tourne les yeux vers moi, il parait un peu offusqué, mais ça ne dure qu'une seconde.
« Je n'ai pas dit que je n'avais pas réussi. » « N'as tu pas confier à Liam et Myriam que tu n'arrivais pas à la retrouver ? » « En passant par mon réseau, en effet, je n'arrivais pas à la retrouver. Mais je sais où elle est. » « Pourquoi ne pas le dire à Izikel dans ce cas ? »
Il soupire et détourne un instant le regard, cherchant ses mots. Il ne va pas répondre, ou esquiver. Je le sens à sa façon de regarder partout sauf sur moi. Il cherche la meilleure parade possible pour éviter de répondre.
« Kwaïgon, ne le laisse pas avoir de faux espoirs ! C'est cruel ! Même de ta part ! Si tu sais où elle est tu dois le lui dire. Regarde l'état dans lequel il se met ! Il est inconscient du danger qu'il prend en se laissant aller de la sorte et en fonçant tête baissée sur tout ce qui passe ! Tu as vu aux FHE ? Le nombre de passages qu'il prend ? Dans son état physique ? On va le retrouver en miette. Il va faire des fractures de fatigue et il finira par se tuer. Je sais ce que ça fait un corps qui arrive à l'épuisement. On en meurt Kwaïgon ! C'est possible de mourir d'épuisement ! Il faut... »
Il me coupe finalement en levant une main. Jusque là, il me fixait, les doigts joints devant lui, dans l'attente. Je me suis emporté, je le sais. Mais j'apprécie Izikel et le voir ainsi me fend le coeur.
« Moïra ne souhaite pas que je communique cette information à Izikel. »
Je reste un instant sans voix, incrédule. Je connais Moïra. Pas mieux que Kwaïgon et Izikel, certes, mais je la connais depuis une dizaine d'année maintenant et jamais je ne l'avais vu aussi attachée sentimentalement à quelqu'un. Elle est enflammée, impulsive, passionnée. Elle doit vivre cette séparation aussi mal qu'Izikel et contrairement à moi ou lui, ou Kwaïgon, elle a une tolérance à la douleur mentale très limité. Qu'elle refuse de communiquer avec Izikel, je n'y crois pas.
« Dans ce cas là, il n'y a que deux solutions : soit elle est morte ou mourante et salement amochée, d'où son refus de voir Izikel, soit elle a été kidnappée, mais dans ce cas là, y'a pas que lui que t'auras sur le dos. Si c'est le cas on doit aller la chercher. Il n'y a... »
Une fois encore il m'interrompt d'une main levée et d'un soupir las. Je sais que je le pousse à bout avec mes théories un peu fumeuses mais je veux la vérité et cela me mets hors de moi de savoir qu'il nous cache quelque chose d'aussi important. L'équipe entière se fait du soucis pour Izikel, a peur de le voir craquer d'un moment à l'autre, sous la pression, le chagrin ou n'importe quoi d'autre. Si quelqu'un a le pouvoir se soulager sa conscience ne serait-ce que quelques jours, il doit le faire et sur ce coup là, je ne comprends pas la réaction de Kwaïgon. C'est pourtant un homme de confiance... Et de parole...
« Elle va bien. Elle a simplement peur et veut protéger Izikel. C'est si difficile que cela à comprendre ? »
Je ricane jaune. Ce n'est pas une raison valable et il le sait. Il n'est pas du genre à ménager les gens. La preuve en est aujourd'hui, il m'a conduit devant la tombe de ma mère alors que j'ai évité de le faire ces quinze dernières années.
« C'est fumeux comme raison. Elle a prit Izikel avec elle dans un raid suicidaire et elle aurait maintenant peur qu'il lui arrive quelque chose ? Laisse moi rire... Ce n'est pas son genre de protéger les gens, je te rappelle que son métier c'est de les tuer et ce n'est pas ton genre de nous ménager non plus. Alors vous avez intérêt à avoir une excellente raison tout les deux, parce que vous ne m'avez jamais vu en colère mais je peux très bien le devenir. »
Il soupire et pèse le pour et le contre. Je crois que je l'ai convaincu. Kwaïgon aime aussi avoir sa petite liberté et un certain confort. M'avoir sur le dos nuirait à l'un comme à l'autre.
« Izikel ne doit rien savoir. Si j'apprends qu'il sait quelque chose, je sais que c'est toi qui aura vendu la lèche. Et je te jure que je suis prêt à te tuer pour la protéger elle. Est-ce que c'est bien clair ? »
Son regard est dur et froid. Il ne ment pas. Instinctivement, le mien se durcit également. Il doit en effet avoir une excellente raison, sinon il ne menacerait pas. Il en arrive très rarement jusque là et chez lui, une parole vaut plus qu'un contrat. S'il dit qu'il me tuera, c'est qu'il le fera et il n'aura pas une once d'hésitation. D'un côté, il est bien plus dangereux que moi... Ou que quiconque dans l'équipe. Je soutiens son regard, parce que c'est ce qu'il attend et c'est ma façon de lui montré que j'ai comprit. Ce n'est en aucun cas par rébellion ou bravade inconsciente.
« C'est parfaitement clair. » « Moïra est enceinte. Il n'est pas encore prêt pour ça et elle doit se cacher quelques temps. Elle a changé d'identité car elle est recherché. Le Haras est un endroit trop exposé pour elle et elle ne veut pas offrir à Izikel une vie de fuite et de hors la loi pour l'instant. Elle sait qu'un mot d'elle suffirait à le faire quitter le Haras, mais ce n'est pas ce qu'elle veut pour lui. Elle veut qu'il se reconstruise. Je respecte ce choix et tu ferais bien d'en faire autant et d'aider Izikel du mieux que tu le peux. »
Son ton est froid, sans appel. De toute façon, je suis sous le choc et je serais bien incapable de lui répondre quoi que se soit. Je comprends mieux ses choix mais quelque chose me mets tout de même mal à l'aise dans cette histoire. Je crois que c'est le fait de caché le tout au garçon. Après tout, qui peut juger à part lui de son état mental ? Il est peut-être prêt mais c'est nous qui nous obstinons à le protéger. Mais il n'en a pas besoin. Il est assez fort pour ça... En tout cas, c'est ce que je crois... Quand je reprends la parole c'est d'une voix blanche, calme, après plusieurs longues minutes de réflexion, le temps d'intégrer l'information.
« Elle va le garder ? Le bébé ? » « Oui. »
J'acquiesce pour moi-même et ma gorge se serre. C'est cruel. Je n'aurais jamais dû poser la question. Je soupire avant de me centré sur moi même. Je dois enfouir tout ça et redevenir Alejandro Cowie avant que l'on atterrisse. Redevenir le pilier sur lequel on peut compter. Je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour aider Izikel. Sans trahir ma parole et sans trahir Moïra, malgré mon incompréhension face à cette situation.
« Je sais... Moi aussi je ne comprends pas... »
Je me glace un instant et lui jette un regard au moment où il détourne lentement le sien. Il faut vraiment qu'il sorte de ma tête... Mais je suis rassuré, d'un côté. Et je sais qu'en réalité, il fait tout ce qu'il peut pour sauver Izikel lui aussi... Et ce depuis bien plus longtemps que moi. Combien d'aussi lourd secret porte-t-il sur ses épaules ? A quel point est-il le garant de notre tranquillité ? A quel point nous protège-t-il des monstres qui rôdent autour de nous dans les ombres ? Jamais je ne saurais à quel point je crois. Et jamais je ne pourrais lui rendre la dette que nous contractons tous envers lui... Cet homme n'est pas humain. Il aurait craqué depuis longtemps sinon.
*** *** ***
Quand l'Aston se gare dans sa place de parking souterrain, Liam est là. Il nous attend avec une mine un peu inquiète mais quand il me voit sortir de la voiture en souriant, il se détend. C'est la fin d'après-midi. Je suis de nouveau Alejandro Cowie, coach d'élevage.
« Pas trop long ce vol ? » « Très agréable ? Et les élevages ? L'équipe ? » « Très bien ! On a décidé d'aller boire un verre en ville tous ensemble, vous venez ? » « Izikel vient aussi ? » « Louna reste avec Enzo. » « Alors allons-y ! Kwaï ? » « Je me change et on peut y aller. » « Vingt minutes dans le hall ? » « Ça marche ! »
Nous échangeons des sourires et prenons le chemin du Manoir. De retour chez moi...
« Sur la route humide, rendu glissante par la pluie, la voiture filait à vive allure. Trop vive allure. Mais elle avait une bonne raison. Ou presque. Elle était poursuivie. La moto vacillait trop pour pouvoir la rattraper. Mais elle lui collait au train, de façon assez respectable. La route était sinueuse et l'orage faisait rage. Les bourrasques de vent déportaient souvent le véhicule, le rapprochant dangereusement du bas côté. Une nouvelle ligne droite poussa la jeune femme au teint basané à accélérer encore. Jetant un oeil dans son rétroviseur, elle ne vit pas la glissière de sécurité se rapprocher. L'avant de sa voiture la percuta mais elle réussi à rattraper le coup sans perdre de vitesse. Elle perdit un phare, ce qui réduisit considérablement son champs de vision. Mais elle devait continuer. Elle pénétra dans la forêt. La pluie avait redoublée. La moto la suivait toujours. D'ailleurs, profitant de la ligne droite, le pilote du deux roues avait sorti un semi automatique de sous sa veste et visait. Le coup de feu explosa la vitre arrière de la mustang que conduisait la jeune femme. Elle baissa la tête par réflexe et la voiture fit une petite embardée. Il lui fallu quelques mètres pour la remettre sur les rails, juste à temps avant le virage. La route sinua un peu et elle perdit le phare de la moto dans son rétroviseur. Guettant celui ci, elle ne vit pas le cerf débouché sur la route. Elle freina de toutes ses forces, mais la route était trop glissante... Entre les feuilles d'automne qui la recouvrait et la pluie abondante, elle n'avait aucune chance... »
Le tonnerre fendit le ciel et éveilla le jeune homme en sursaut. Il se redressa d'un coup, haletant, en sueur. Les mains crispées sur ses draps, le regard perdu. Sa voix ne fut qu'un murmure alors qu'un éclair fendait le ciel, illuminant sa chambre d'un coup. Le coup de tonnerre suivit de peu, noyant ses paroles.
« Moïra... »
Le coach reprit conscience de la réalité d'un seul coup et se leva d'un bon. Il enfila un t-shirt et un jogging ainsi que sa paire de basket et sortit de sa chambre, claquant la porte derrière lui. Il descendit les escaliers quatre à quatre et se précipita dans la cours, ignorant l'orage qui faisait rage au dessus de sa tête. Il couru jusqu'au pavillon des cavaliers pros, maudissant ce nouveau manoir avec des pavillons séparé et si loin les uns des autres, coupant à travers les bois, ignorant les ronces qui lui griffaient les bras et s'agrippaient à ses vêtements. En quelques minutes il fut dans le hall du pavillon est et se précipitait vers la chambre de Kwaïgon. Il était trempé, mais il l'ignora. Il tambourina à la porte du coréen avec force, sans relâche.
« KWAÏGON ! KWAÏGON OUVRES ! KWAÏGON ! »
Le coréen mit quelques secondes avant d'ouvrir la porte. Il retint la main de l'américain qui continuait de frapper dans le vide et lui fit les gros yeux en sifflant entre ses dents.
« Mais ça va pas ! Il est deux heures du matin ! Tu vas réveiller tout le monde ! T'as de la chance qu'Ezra soit avec Inna et Logan chez Peter ! » « C'est très important. »
La détresse se lisait dans son regard et le coréen le comprit aussitôt. Il le lâcha et s'effaça pour le laisser entrer, refermant soigneusement la porte derrière lui.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? » « C'est Moïra. Il lui est arrivé quelque chose. Je le sens. Il faut que tu la contacte. Que tu la retrouve, par tous les moyens. »
L'américain se passa une main dans les cheveux. C'était la première fois de sa vie qu'il perdait autant son sang froid. Et le coréen l'avait tout à fait comprit. Cependant, il essaya de garder un ton calme, pour apaiser le coach.
« Tu le sens ? » « Oui c'est... »
Le jeune homme leva les yeux au ciel et raconta son cauchemar au coréen, avec force de gestes, se balançant presque d'un pied sur l'autre. L'urgence était vitale pour lui. En tout cas, c'est ce que le coréen comprit. A la fin de son récit, il hocha doucement de la tête et soupira, cherchant ses mots un instant.
« Ok... Je... Ça m'aiderait si tu pouvais trouver le lieu où ça se passe cette poursuite. »
L'américain hocha de la tête. Il savait parfaitement où ça se passait pour y avoir déjà été. Il serra la mâchoire et baissa un instant les yeux avant de répondre.
« C'est au Canada. A la frontière avec les USA. C'est la route qu'on prend pour aller directement dans le Montana. Elle longe la voie rapide qui joint Calgary à Great Falls... Je l'ai prise à plusieurs reprise pour des contrats. »
De nouveau, le jeune homme serra les dents alors que le coréen resta un instant interdit. Ils se fixèrent un moment avant que le brun ne se dirige vers son ordinateur sans un mot et l'allume. En quelques clics, il sortit des images de la route et avec l'aide de l'américain, ils trouvèrent l'endroit approximatif de l'accident du cauchemar. Le coréen passa un coup de fil auquel l'américain ne comprit rien -différence de langue oblige- et regarda finalement le coach.
« J'ai envoyé quelqu'un voir. S'il y a eu un accident ça se saura de toute façon... Il va enquêter dans les environs. Pour l'instant je ne peux rien faire de plus. » « Merci. C'est déjà bien. Et... Merci de ta confiance... »
Les deux hommes échangèrent un long regard avant que le coach ne disparaisse dans la nuit orageuse...
***
Le coach n'avait pas fermé l'oeil du reste de la nuit et il avait même annulé la séance de jogging auprès de Madison. L'anxiété qui l'avait enserrée au milieu de la nuit de l'avait pas quitté et se peignait sur son visage. Il s'était rendu au petit déjeuner avant tout le monde et s'était échappé avant l'arrivée des autres pour que personne ne le voit. Il était ensuite resté à l'élevage pour peaufiner les plannings de la semaine dans le bureau de Louna. Il avait posé les coudes sur la table et se tenait les mains quand Louna était entrée dans le bureau, précédée de Caïpirigna, sa lynx rousse.
« Hey ! Salut ! On t'as pas vu ce matin ! Ça va ? »
Le jeune homme releva les yeux et se força à sourire.
« Ça va merci. J'ai eu un peu de mal à dormir avec l'orage... » « Toi !? Peur de l'orage ? Je n'aurai pas cru ! »
L'américain eu un petit rire et se replongea sur son planning alors que la jeune femme prenait le chemin de la sellerie. Un coup d'oeil à l'horloge apprit au coach qu'il était l'heure de se mettre au boulot ! Une longue journée l'attendait... Et elle commençait par Invictus.
***
Au galop sur un large cercle, le cavalier cherchait à stabiliser son allure. Mais l'étalon bai ne lui facilitait pas la tâche. Il était particulièrement chaud ce matin là. Alors que le cavalier était se sentait prêt à aller sur le dispositif de saut de puce, Invictus fit un violent écart et parti en saut de mouton. Ale le reprit avec calme, ne sachant pas vraiment comment il était resté en selle et se remit sur son cercle. Un peu plus loin, Izikel et Tanets Volka entamait la large courbe qui allait les amener sur les sauts de puce. Quatre obstacles disposés en arc de cercle sans aucune foulée entre chacun. Une gymnastique compliquée pour les chevaux mais qui les forçait à s'équilibrer. Au sol, Ezra et Liam les observaient et leur donnait des conseils quand il le fallait. Tanets avait l'air plus coopératif que le bai... Ce qui déprimait un peu Ale. Il prit une grande inspiration et se détendit, remettant Invictus en place sur son cercle de départ. Il fit quelques tours avant de prendre le chemin des sauts de puce. Invictus passa le premier, le second et percuta le troisième en faisant un bond sur le côté. Il s'échappa, galop plein cul, en levant les postérieurs de colère. Le coach n'eut d'autres choix que de le faire aller tête baissée vers la lice pour le stopper, avant de reprendre le galop dans le calme et retenter. De son côté, Izikel repassa sur le dispositif à l'autre main alors qu'Ezra venait de finir de le remonter. L'exercice n'était pas évident pour le jeune étalon noir mais il faisait l'effort d'y aller et semblait concentré. En selle, Izikel faisait le plus léger possible, pour ne pas contraindre ni gêner le cheval dans son exercice. Une belle équitation malgré la fatigue qui l'habitait. Ce qui impressionnait encore plus le coach. Malgré la dizaine de chevaux différents qu'il montait par jour, il restait toujours aussi léger et s'adaptait à merveille à chacune de ses montures. C'est comme s'il ne faisait qu'un avec le cheval, quel qu'il soit. Ale doutait de pouvoir un jour parvenir à son niveau... De toute façon, l'éthologue avait bien trop d'avance sur lui pour qu'il soit un jour à son niveau... Il n'avait pas grandi sur le dos d'un cheval lui !
Il soupira de nouveau et se concentra sur Invictus afin de retourner sur les sauts de puce. Cette fois, le grand bai refusa carrément le premier obstacle et se cabra de toute sa hauteur, faisant demi tour. Le coach le remit instinctivement sur le cercle, mais c'était peine perdu pour les saut de puce.
« Bon c'est pas grave. On va te mettre un vertical tout bête en ligne, passe le et va le galoper sur la piste de galop, ça lui fera du bien. »
Le coach acquiesça et attendit que le vertical soit monté pour aller dessus. Le bai failli refuser mais il passa quand même, dans un saut en cloche peu élégant. Malgré tout, le coach le laissa là dessus et repassa au pas pour se diriger vers la sortie.
« On se voit tout à l'heure pour le déjeuner ! » « Oui ! A toute ! » « Attends Ale ! Je viens avec toi. Tanets adore ce genre de galopade. »
L'éthologue lui sourit, le rattrapant au petit trot et le coach fit de son mieux pour lui rendre son sourire. Il était préoccupé et pour la première fois de sa vie, il avait du mal à le cacher. Le cauchemar qu'il avait fait le rendait anxieux. Était-ce réel ? Un sentiment de déjà-vu s'était emparé de lui, doublé d'un très mauvais pressentiment et il détestait cela. Ils sortirent de la carrière et traversèrent les allées de front, discutant de la séance.
« Tu veux que je monte dessus demain ? Pour voir un peu ce qui cloche ? Il a été particulièrement infect aujourd'hui... » « Je ne sais pas... » « Et on ne va pas parler du concours... » « Non plus ! »
Ils échangèrent un regard compréhensif et se mirent sur la piste de galop en file indienne, Izikel devant. Ils prirent le trot en silence et quand ils furent prêt, le galop. Au départ, un petit galop cadencé puis Izikel allongea l'allure et Ale le suivit. Tanets avait plus l'habitude qu'Invictus de ce genre d'exercice et le bai se retrouva à court d'énergie plus vite que le noir. Izikel revint à un galop plus cadencé et repassa au trot puis au pas à l'approche des écuries. Le tour de piste était suffisant tellement il était grand ce trimestre ! Essouflé et en sueur, Invictus semblait avoir enfin épuisé son trop plein d'énergie. Tanets était à peine transpirant et encore fringant...
« Je le prendrais demain. » « Ok... Merci. »
Izikel lui adressa un léger signe de tête et sauta à terre sans arrêter pour autant son cheval avant de se diriger vers l'aire de pansage. Ale pour sa part, reprit l'allée de l'élevage et remit le bai dans son box pour les soins. Cette trop courte nuit lui minait le moral et le rendait bien trop silencieux. Il fallait qu'il se ressaisisse.
***
« Ale ? »
Le jeune homme tourna la tête vers Myriam. Assit devant une fenêtre du salon des éleveurs, il regardait la pluie tomber de l'autre côté du carreau, un chocolat chaud à la main. La nuit commençait à assombrir le ciel et il était toujours sans nouvelles de la part de Kwaïgon. L'après midi avait été désastreuse mais il n'y pouvait pas grand chose. En fait si, il y pouvait quelque chose mais il n'avait pas réussi. Les chevaux avaient ressenti son anxiété et ses doutes et il avait enchaîné les mauvaises séances. C'était normal, simplement un jour sans... La jeune femme prit place sur le fauteuil à côté de lui et resta un moment silencieuse avant de prendre doucement la parole. Elle savait comme personne insuffler une vague de calme et de confiance.
« Quelque chose te préoccupe beaucoup... Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Elle savait aussi comme personne trouver les points douloureux. Le coach laissa échapper un sourire en coin et soupira, hésitant sur la marche à suivre. Devait-il tout avouer à Myriam ? Après tout, Kwaïgon lui avait dit de ne rien dire à Izikel... Pas aux autres. Mais quelque chose le retenait...
« C'est euh... C'est à cause d'une amie qui semble avoir des problèmes et... Je m'inquiète pour elle. J'ai un mauvais pressentiment. » « Et tu as essayer de l'appeler pour prendre de ses nouvelles ? » « Je ne peux pas... Elle est injoignable depuis... »
Il laissa le reste de sa phrase se perdre dans le silence et baissa les yeux. Depuis un peu plus de sept mois maintenant...
« Je vois... Et... Tu en as fait part à Izikel ? » « Bien sûr que non. Je ne peux pas. Elle a demandé à ce qu'il ne soit pas au courant. » « Pourquoi ? » « C'est... Compliqué. » « Ale, dis moi ce qu'il se passe. »
Elle posa son regard insistant sur lui. Celui de la mère qui soutire à son enfant la vérité sur la bêtise qu'il vient de commettre. Celui auquel personne dans l'équipe ne peut résister. Pas même Kwaïgon. Alors le jeune homme lui raconta tout ce qu'il savait. La grossesse de Moïra, ses difficultés à semer ceux qui la poursuivent et réclament vengeance, le fait qu'eux tous, d'une certaine façon, soient en danger, le désir violent de la fugitive de laisser Izikel dans l'ignorance, leur inquiétude à eux, leur désespoir face à l'état d'Izikel contre lequel ils voudraient faire tant sans en avoir le pouvoir, et son anxiété maladive après son cauchemar étrange... Durant leur trimestre en Californie, avec l'éloignement de plus de la moitié de l'équipe, le coach et le coréen avaient été plus libres de leurs mouvements et dans leurs recherches et ils avaient retrouvé la trace de la jeune femme. Ils avaient échangé quelques nouvelles et le coréen avait prit la décision de prévenir Liam de certaines nouveautés, sans entrer dans les détails. Moins ils en savaient tous et mieux se serait. La jeune femme l'écouta avec attention, sans l'interrompre une seule fois. Kwaïgon les rejoignit mais ne dit rien non plus, laissant Ale terminer son récit. Une fois qu'il se fut tut, une silence lourd s'abattit sur eux. Mais la légèreté de Myriam le brisa. Son ton calme, son sourire compréhensif, son regard déterminée. Elle était bien plus forte qu'on ne le soupçonnait... Malgré les périodes de doutes qu'elle avait eu, elle en était revenu plus forte encore.
« Très bien... Rassurez vous, je ne dirais rien à Izikel. Et pas non plus à Liam. Il a déjà assez de soucis comme ça et il en sait assez pour s'inquiéter... N'en rajoutons pas. »
Kwaïgon et Ale acquiescèrent. Ils ne pouvaient rien faire d'autre de toute façon.
« Kwaï', tu as eu des nouvelles ? » « Oui... C'est pour ça que je venais voir Ale... Il y a une Jane Doe qui répond à la description que j'ai faite de Moïra à l'hôpital de Great Falls. Je ne suis pas certain que se soit elle mais... C'est une jeune femme qui a été victime d'un accident de la route dans la nuit d'avant hier. Elle aurait fait une sortie de route. Elle est enceinte et... dans le coma. Je n'en sais pas plus sur son état et celui du bébé. »
La gorge de l'américain se serra et il eu un haut le coeur. Il serra la mâchoire sans pour autant être capable de dire un mot. Heureusement, Myriam savait lire dans leurs pensées comme personne d'autre dans l'équipe.
« Je vais y aller. » « Tu es sûre ? » « Certaine. » « Je vais t'accompagner, ne serait ce que pour la reconnaître. Tu ne la connais pas aussi bien que moi et elle pourrait être grimer avec son changement d'identité. » « Je te laisse regarder les vols ? » « Oui, je m'occupe de tout. »
Un acquiescement et le coréen prit congé en silence, les laissant seuls. Nul doute qu'ils trouveraient une excuse pour partir sereinement face au reste du groupe... La présence de Myriam ferait s'envoler les soupçons possible d'Izikel quand au départ du coréen... L'américain fit tourné les choses dans sa tête une bonne dizaine de fois, avant que la jeune femme le rassure d'un regard. Tout allait se jouer dans les jours à venir, il le sentait. En tout cas, concernant l'éthologue... Il en était désormais certain...
J'ai 665 Lignes J'utilise un Résumé x2 de Louna Points à partager équitablement avec Madison ! ^^ Merci encore pour ce super partenariat ! ^^ Merci pour la correction ! =)
Frais matin de novembre. Un matin presque pas comme les autres pour Ale. Il avait prévenu Liam qu'il bousculait son emploi du temps du matin, et il avait une bonne raison à cela : Madison. La jeune femme lui avait demandé des cours de self-défense alors c'est ce qu'il allait lui donner. Il avait nourri les chevaux, avait fait un rapide saut au petit déjeuner de l'équipe pour dire bonjour puis il s'était dirigé avec un enthousiasme tout nouveau vers la salle de sport du Haras. La vaste salle en sous-sol, bien que superbement bien équipée, n'était que peu fréquentée par les cavaliers du Haras. Il savait que certains membres de l'équipe y passait, pour des séances de musculation, mais étrangement, ils n'y allaient jamais tous ensemble. A y bien réfléchir, c'était peut-être une idée à proposer aux autres... Il faudrait revoir un peu leurs programmes ultra chargés mais... L'arrivée à la salle en question le sortit de ses pensées. Il l'ouvrit avec précaution et constata qu'il n'y avait personne à l'intérieur. Pas très étonnant. Il alluma les lumières et, les mains sur les hanches, regarda autour de lui. Tout était en place, rien ne manquait. Mis à part Madison. En attendant, il alla brancher sa clé usb dans la chaine et afficha sa playlist spéciale sport de combat avant de commencer à s'échauffer... C'est avec quelques frissons que Madison sort de son lit et enfile sa tenue de sport, prenant une veste en plus. Pour une fois, elle fait l'effort de mettre ses prothèses auditives bien que ses cheveux soient remontés en queue de cheval. Mais il ne va pas la juger hein ? C'est bien ce qu'il lui a dit la dernière fois... Elle se prend une petite bouteille d'eau et une barre de céréales avant de prendre la direction des sous-sol de l'académie pour rejoindre son coach sportif. En descendant les escaliers elle sent qu'il y fait plus frais, mais surtout elle est soulagée par le calme et le silence présent dans les lieux. En entrant dans la salle de musculation mise à disposition, elle remarque que le jeune homme est dos à elle, cherchant sûrement à mettre de la musique.. Le pauvre, il va devoir mettre le son élevé pour qu'elle puisse entendre un minimum, mais elle ne dira rien, ne voulant pas rompre le silence de cette salle. Elle s'approche en direction d'Ale.
« Salut ! En forme à ce que je vois ! »
Elle avait un ton assez jovial même si au fond cela cache sa peur de découvrir les techniques de défense et ce que cela signifie concrètement pour elle... Le jeune homme se retourne vivement et sourit en voyant la jeune femme devant lui.
« Salut ! Il faut, il faut ! J'espère que tu l'es aussi ! Je compte pas te faire de cadeau alors il vaut mieux pour toi ! » « En forme oui ! Bien mieux que l'autre jour en tout cas ! »
Il sourit malgré le fond un peu dur de ses paroles, mais il était sincère. Si elle voulait apprendre à combattre, il allait le lui apprendre, mais qu'elle ne s'attende pas à ce que se soit une promenade de santé. Pas avec lui. Pas avec son passif militaire. Bien qu'elle ne le connaisse pas, étant donné qu'ils n'avaient jamais parlé de leurs passés respectifs, il estimait qu'elle était consciente de ses capacités si elle lui avait demandé des cours. Mais il préférait la prévenir. Que si elle veuille faire demi tour, qu'elle le fasse maintenant. Ou alors qu'elle plonge dans la fosse aux lions en toute connaissance de cause. Comme pour appuyer sa réponse elle lui vend un sourire chaleureux prête à commencer ce nouveau défi qui a une certaine importance pour la jeune femme.
« Prête pour ta première séance ? »
Il ne s'était pas départi de son sourire, attendant de voir si la jeune femme avait des questions avant de commencer. On ne savait jamais après tout. Et puis, c'était aussi un bon moyen de tester ses motivations.
« Et comment ! Je me demande ce que tu me réserves... »
Le jeune homme sourit largement. La vraie nature de Madi revient au galop, montrant qu'elle est de nouveau elle-même, ne pouvant s'empêcher un petit jeu de séduction avec son coach. Il faut dire qu'il n'est pas du tout déplaisant à regarder, mais au fond, elle se doute bien qu'il ne pourra pas y avoir plus. Puis ce serait dommage de perdre ce semblant de complicité qu'elle a avec lui. Mais bon, un petit peu de séduction ne peut qu'égayer une séance de sport qui s'annonce difficile.
« Alors coach, on commence par quoi ? » « On commence par s'échauffer ! Une bonne dizaine de tours de la salle en courant pour réveiller les muscles et après on fera du plus spécifique. »
Elle s'était rapproché de lui telle une féline mais sans aller plus loin, sachant que l'heure de la détente touche à sa fin et qu'il va falloir qu'elle y mette beaucoup du sien. Le coach ne s'était pas départi de son sourire et avait directement entraîné la jeune femme à sa suite. Certes en situation d'agression on n'était pas spécialement échauffé mais il ne voulait pas non plus qu'elle se froisse un muscle à cause de son soucis de réalisme... C'était loin d'être le but. En attendant, il fit ses tours aux côtés de la brunette, calant ses pas au rythme de la musique. Tout en courant, il interrogea la jeune femme, toujours un léger sourire aux lèvres. Voyant Ale se mettre à courir, Madi se met à ses côtés et suit ses foulées pour garder un bon rythme. Elle l'entend aussi lui parler, ce qui lui change complètement, jusqu'à présent elle n'avait quasiment jamais mis ses appareils pour les footings.
« Alors dis moi, qu'est-ce que tu imagine pour cette première séance ? »
Il était toujours curieux de savoir à quoi les gens s'attendait. Parfois, c'était très drôle... Pour lui ! Elle le regarde un peu surprise. Serait-ce un moyen de voir ce qu'elle pense ? Ou veut-il faire en fonction de ce qu'elle attend de la séance ... ? Petit piège mais elle le regarde en haussant un sourcil avant de reprendre rapidement.
« Hm hé bien je ne sais pas trop. L'autre fois tu m'as parlé de faire de la musculation, donc ça ne me surprendrait pas. Puis peut être de méthode de défense, des positions, ou attitudes ... ? »
Le jeune homme fait un petite moue satisfaite. Elle n'est pas si loin que ça de la vérité. Un bon point !
« Hm... Ok. C'est pas mal ! Tu as une vision plutôt réaliste des choses, c'est bien. J'ai déjà vu des gens se bercer un peu d'illusion en pensant que cela aller être simple et s'y mettre rapidement... Mais ce n'est pas toujours le cas... Les gens qui débutent ont rarement une vision juste de leur niveau. Soit il se surestiment, soit ils se sousestiment. Dans les deux cas, il faut les ramener à leur juste niveau, ce qui n'est pas forcément évident... »
Elle avait répondu tel qu'elle pensait, sans jouer de jeu ou quoi, se concentrant sur ses tours de la salle, gardant un rythme régulier et travaillant sur son souffle lorsque les tours commenceront à être plus importants. Un nouveau sourire séducteur vient sur les lèvres de Madi avant qu'elle ne se tourne vers son coach.
« Je me doute que ce ne sera pas une séance facile mais .. J'aurai tout le loisir de regarder mon séduisant coach, peut être que ça rendra la séance moins dure ...? »
Le jeune homme sourit, séducteur à son tour dans le regard.
« Ça c'est ce que tu crois ! »
Elle allait plutôt le détester à la fin de la séance ou le lendemain avec les courbatures toutes neuves qu'elle aura malgré les étirements ! Mais Ale se garda bien de lui faire part de cette petite information. La jeune femme ne manque pas de dire tout haut ce qu'elle pense, c'est comme ça. Surtout lorsqu'il s'agit de séduction ! Puis avec Ale, c'est différent, elle ne fait pas plus, elle reste elle-même sans pour autant en devenir vulgaire ou manquer de respect. Puis elle sait lorsqu'elle doit s'arrêter. Là c'est juste histoire de détendre un peu l'atmosphère. Après une dizaine de tours de salle, le jeune homme stoppa cette partie de l'entraînement et échauffa ses articulations, montrant à Madison comment faire, face à elle. De bas en haut. Chevilles, genoux, hanches, poignets, coudes, épaules, nuque. Des moulinets dans tous les sens pour bien délier le tout. Madi fit de même, prenant soin de bien tout échauffer afin d'éviter une possible casse. Il alla ensuite prendre deux gants de boxe et deux plaquettes en mousse avant de revenir. Il tendit un gant ouvert à la jeune femme et l'aida à l'enfiler avant de faire pareil avec l'autre et enfiler lui même les plaquettes en mousse. Cette fois, la brunette le regarde de façon un peu surprise, ainsi la séance allait réellement commencer, les choses sérieuses comme on dit...
« Alors ! On va commencer par tester ta force, là maintenant de suite, sans entraînement. C'est ce qui va me permettre d'ajuster les parades et les coups que je vais t'apprendre. On est bien d'accord que si tu n'as pas de force, je ne vais pas t'apprendre quelque chose qui utilise la force. Ce serait à la fois dangereux pour toi et en plus je me discréditerais complètement. Donc, tu vas commencer par frapper dans mes plaquettes et on voit ce que ça donne. Mets-y tout ton cœur ! »
Il sourit, levant les bras à hauteur de son torse, bras légèrement pliés pour amortir les chocs à venir. Elle hoche de la tête avant de commencer à taper une première fois, mais assez mollement. Voulant sortir toute sa colère, elle tape une seconde fois, cette fois avec plus de force, en repensant à ce qu'elle a subi ces derniers temps, cette frustration, cette honte, l'humiliation qu'elle a vécu ... Il est temps pour elle de sortir de ce cercle, de se reprendre en main. Sans s'en rendre compte, elle enchaîne les frappes avec rage, ayant plusieurs souvenirs en tête, sa famille qui la considère comme moindre, la dénigre, ses amis qui la dévisagent comme une extra terrestre, tous ses échecs ... Elle veut prendre sa revanche une bonne fois pour toute. Sa colère ressort enfin, ce qui la soulage, mais sa force n'est pas non plus surhumaine. Elle stoppe un instant, reprenant son souffle, car elle avait un peu oublié de respirer, trop concentrée à se défouler. Ale amorti les coups au fur et à mesure qu'ils viennent, encourageant la jeune femme au fil de ses frappes. La jeune femme a plus de force qu'il ne s'y attendait, ce qui lui arrache un sourire en coin. C'est une bonne chose, elle aura moins de chemin à faire pour atteindre un niveau correct. Quand elle s'arrête pour reprendre son souffle, il sourit et joint ses plaquettes devant lui.
« C'est pas mal du tout ! Un beau débordement mais pas mal ! Il va falloir travailler sur ton endurance par contre et ta faculté à contenir tes émotions pour les utiliser à bon escient ensuite. Mais ça, c'est une autre histoire ! » « D'accord »
Il enlève finalement les plaquettes et les jette dans un coin, aidant la jeune femme à enlever ses gants pour les lancer avec les plaquettes. Madi était essoufflée mais laissa le coach lui enlever les gants et se concentra pour écouter ses instructions, ne prenant pas mal ce qu'il peut lui dire.
« On ne va pas faire beaucoup de séances de musculation ensemble. Je te laisserais beaucoup travailler cet aspect là toute seule. Malgré tout, on va voir ensemble les exercices qu'il va falloir que tu fasse. On fera des points de temps en temps pour changer d'exercice et voir où tu en es. On va commencer par les classiques ! Abdos, pompes, tractions... Montres moi et je te corrige. »
De nouveau un sourire avant qu'il ne se décale légèrement pour laisser de la place à la jeune femme. Madi le regarde, un sourire en coin. Les abdos, aucune difficulté pour elle, la brunette s'exécute sans problème, pensant cette fois à bien expirer lorsqu'elle ramène son buste vers ses jambes. Après une série, elle se met au pompes. Elle en fait peu en temps normal, mais cela reste quand même potable, bien quelle ait moins l'habitude. Mais lors des tractions, c'est là que tout se gâte. La première, pas de problème, la seconde, plus difficile, et la troisième elle n'arrive pas à franchir la barre, finissant par remettre pied à terre. Il faut dire que cet exercice, elle ne le fait jamais et du coup elle n'a pas du tout la technique correspondant et ce devait être assez comique à voir. Le jeune homme regarde avec attention, félicitant la jeune femme après ses abdos et ses pompes. Mais quand vient le moment des tractions, un fin sourire se dessine sur ses lèvres. Il fait signe à la jeune femme de le suivre et l'emmène vers un tas de petites altères de main. Il en prend deux de deux kilos chacune et les tend à la jeune femme.
« On va commencer avec ça ! Il te manque donc un peu de muscles dans les bras. Donc l'idée c'est de les travailler ! Tu commences avec deux kilos. Deux exercices : le premier, bras le long du corps, tu remontes l'avant bras vers le haut. Vingt de chaque côté, une minute de repos, cinq séries. Simple. Second exercice : bras tendu à l'horizontale devant toi, tu tiens comme ça pendant quinze secondes. Puis vingt secondes de repos, et de nouveau bras tendu. Cinq répétitions de ce cycle. Tu couples avec deux séries de trente pompes. Le tout, chaque jour ! Et dans une semaine on verra les résultats ! »
De nouveau il lui sert un petit sourire mais cette fois, fier de lui. De toute façon, il ne manquerait pas de lui donner des devoirs de temps à autre ! Madi hoche la tête se mémorisant bien exercices qu'il lui donne. Elle comprend bien où il veut en venir, ce ne sera pas facile, il n'y a aucun doute là-dessus, surtout que ses bras commencent déjà à lui faire mal, mais elle le voit comme un défi, et nul doute qu'elle y mettra toute sa volonté à réussir ce que lui demande Alejandro.
« Ensuite, il faut travailler ton souffle et ton endurance. On fera ça pendant nos joggings du matin, en intégrant du fractionné deux fois par semaine. Je le ferais avec toi. Enfin, on va tester ton équilibre et tes réflexes ! Suis moi. » « Hmm si on garde nos joggings, j'en suis encore plus satisfaite alors ... »
C'était du Madi tout craché, qui n'en manque pas une pour jouer la séductrice. Mais elle le pensait sincèrement, si elle peut continuer les joggings matinaux en plus de ses séances de musculation, alors elle en est que plus heureuse. Il lui reprit les poids avant de l'entraîner vers une plateforme ronde montée sur une grosse demi balle. Il se posta à côté et lui désigna la plateforme.
« Montes dessus et restes-y le plus longtemps possible. »
Il n'y avait plus qu'à ! Au début la jeune femme lui rit au nez. Mais une fois sur la petite plateforme ronde, elle se rend compte que c'est plus difficile que ça en a l'air. Elle cherche alors à rester droite, trouver un point à fixer avec ses yeux avant de jouer du poids de son corps sur ses jambes de façon à trouver un équilibre, essayant de s'aider un peu de ses bras, respirant calmement et malgré tous ses efforts, la petite plateforme tangue un peu de temps en temps, sans pour autant toucher le sol comme au tout début. Madi est tellement concentrée que cette fois elle n'a plus son sourire séducteur, mais plutôt un rictus montrant bien sa concentration. Ale observe, et un petit sourire se dessine au coin de sa lèvre. Il attend patiemment que la jeune femme se stabilise. Et une fois que la plateforme tangue moins, il donne un léger coup dessus du bout du pied.
« Et on reste en équilibre ! »
Il sourit, les yeux rieurs. Madi n'est pas au bout de ses peines avec lui ! Et il prend un malin plaisir à la mettre à l'épreuve. Ce petit coup de pied était un peu vicieux mais en même temps, cela faisait parti du jeu... Et du personnage. Il était plein de surprises et Madison allait vite le découvrir. Cela leur changerait de leurs routines matinales ! Madi ne s'y attendait pas du tout, manque de piquer tu nez sous la surprise et se retient de balancer un juron, ouvrant la bouche avant de finalement lâcher un grand soupir, faisant de son mieux pour rester en équilibre sur le plateau qui tournoie un peu. Elle ne manque pas pour autant de lancer un regard noir à son coach. Même la chose qui semble accessible à la jeune femme, il trouve le moyen de compliquer... Peut être que la séance va être plus compliquée ou longue qu'elle ne l'aurait pensé... Ale est plutôt content de lui, fier de son petit effet. Il lui en faut peu en général et quand ses petits effets sont efficaces, cela suffit à le satisfaire. Il laisse la jeune femme quelques secondes encore avant de mettre fin à l'exercice.
« Pas mal ! Tu t'en sors plutôt bien ! On en refera des petits tests comme celui-ci. Et on compliquera petit à petit les choses ! Maintenant, tes réflexes ! C'est tout simple. Tu va rester immobile, je vais tourner autour de toi et te lancer des petites balles en mousse dessus. Je veux voir ton temps de réaction et voir si je te touche ou si tu pares les lancés. Ok ? » « Euh... »
Tout en parlant et laissant la jeune femme se placer, il va chercher un petit sac de balles en mousse et revient. Il veut vraiment lui lancer des balles dessus ? Chose qu'elle a connu pendant son enfance et qui a été un vrai calvaire pour elle... Elle veut lui dire que non, ça ne va pas être possible, mais il ne lui laisse pas le temps de dire quoi que ce soit de plus. Il tourne lentement autour d'elle, tout en prenant une première balle et lui en lance une. La première balle, la brunette arrive à la stopper comme elle le peut, mais se prostrant sur elle, en position de faiblesse. Au début il reste dans son champ de vision mais petit à petit, il lance les balles à n'importe quel moment, de n'importe quel endroit. Certaines passent volontairement à côté, d'autres visent les jambes, les bras, le torse ou la tête de la demoiselle. Tout en marchant, il lui explique que le combat est un sport de répétition et de réflexe. Ce qui est paradoxal mais vrai. Pour parfaitement maîtriser un parade ou une attaque, il faut la répéter des dizaines ou des centaines de fois. Créer un automatisme pour l'utiliser sans réfléchir. Et de réflexe car il faut être capable de réagir plus vite que son adversaire. Comme elle est un poids plume, savoir se dégager d'un adversaire imposant et prendre de l'avance sur lui sera sa priorité. Parfois même sa seule possibilité de survie. Concentré sur sa tâche et sur son discours, le garçon redevient sérieux. Son ton ne laisse aucune place à l'incertitude. Il sait de quoi il parle et peut-être même un peu trop. Une facette que Madison ne connaissait pas jusque là... Quand il n'est plus dans son champ de vision, elle panique totalement se repliant sur elle, cherchant à se protéger des balles plutôt que de les attraper. Même si elle a ses prothèses auditives, sa peur prend le dessus et lui fait revivre ses pires cauchemars de son enfance. Avant, elle était toujours exclue des jeux collectifs, surtout avec des balles ou ballons. Ne les entendant pas, les autres s'amusaient à la prendre pour cible et ainsi la rabaisser, l'humilier. A l'heure actuelle, elle se voit revivre cette situation. Elle arrive à rattraper les quelques balles qu'elle voit venir face à elle, mais ne prend pas l'initiative de tourner sur elle pour ne jamais être de dos. Ses souvenirs l'envahissent et elle sent des larmes couler sur ses joues. Elle cherche un moyen pour sortir de cet enfer mais n'y arrive pas. Elle voudrait prendre la fuite mais quelque chose en elle l'en empêche. Hors elle veut, elle doit trouver un moyen de se défendre, elle ne peut plus continuer comme ça. Elle n'avait même pas entendu le but de cet exercice, ce qui laisse la jeune femme perplexe, ne comprenant pas ce que cherche à faire son coach. Dans un élan de courage, elle se couvre le visage de ses bras et sort de son immobilité, allant à sa bouteille d'eau pour se passer un coup sur le visage et mettre fin à l'exercice.
« Désolée, je peux pas .... »
Elle avait parlé d'une voix presque tremblante montrant à quel point elle est vulnérable sous la carapace qu'elle s'efforce de montrer quotidiennement. Voyant sa réaction, le coach s'arrête immédiatement et commence à ramasser ses balles, laissant quelques secondes à la jeune femme pour s'en remettre. Il s'approche ensuite doucement d'elle, son sac toujours à la main.
« Ok ! Cet exercice là, c'est pas ton fort. Cependant, il va quand même falloir que l'on travaille tes réflexes d'une façon ou d'une autre. Comme je te l'ai dit, le combat est une question de répétition et de réflexe. Ce n'est pas ton fort, donc il faut le travailler. »
Madi le regarde, le gratifiant de ne pas insister sur la cause de sa fuite à l'exercice. Elle comprend l'intérêt de ce genre de travail, mais là,c'était trop pour elle. Elle n'avait encore jamais brisé sa carapace, et personne, à part ses"parents", ne sont au courant de ce qu'elle a pu subir. Il fit une légère pause, le temps de lui laisser reprendre son souffle et ses esprits avant de reprendre, toujours aussi calme et concentré.
« On va recommencer mais de manière différente. Règle de base : fais toujours face à ton ennemi. Pivote sur toi même. Je t'ai dit de rester immobile : brave mon interdit. Je ne vais pas arrêter de te tendre des pièges du genre. Les conseils sont bons à prendre, certains ordres peuvent être remit en question. Un ordre qui te place dans une position de faiblesse, qui te mets en danger, braves le. Ne le respecte pas et trouves une solution qui va te permettre de t'en sortir. Gardes ton sang froid. Réfléchis au plus vite pour trouver une solution. Si tu ne peux pas le faire maintenant, se sera catastrophique en situation de combat rapproché. Il faut que tu apprennes dès maintenant à trouver les bonnes solutions. Je ne vais pas t'apprendre le beau combat que l'on voit à la télé, ce que je vais t'apprendre, c'est à sortir de situations désastreuses qui peuvent nécessités de se battre. Mais avant le combat, il faut que tu envisages la fuite. Et cela passe par prendre des réflexes du genre du jeu de la balle. Savoir éviter un coup de poings balayé qui vise tes tempes, c'est savoir éviter de se faire assomer ou de perdre son équilibre et ses réflexes. Est-ce que tu comprends où je veux en venir ? »
Il fixa son regard au sien pour appuyer ses paroles, s'assurer qu'elle l'écoutait bien. Plus de sourire, plus de regard rieur. On ne jouait plus. Elle hocha de la tête bien qu'elle n'ait pas entendu tous les mots de son discours. Elle doit se ressaisir et dès maintenant. Elle n'a pas le droit de se montrer faible et mettre tout en oeuvre pour dépasser ses démons. Trêve de sentiments, il est temps de se remettre au travail. Elle fait à nouveau face à son coach, plus déterminée que jamais.
« On s'y remet ? » « On y va. »
Ale lui fait un léger sourire, content de voir qu'elle reprend du poil de la bête et revient sur le tatami, prenant une balle dans son sac.
« Même consigne ! » « D'accord. »
Cette fois, il attend plus d'initiative de sa part et attends qu'elle soit un peu en confiance avant de lancer sa première balle... Madi se place au centre du tatami, respire à grandes bouffées avant de se mettre en position pour l'exercice, prête à faire de son mieux. Elle se concentre, cherchant à ne pas quitter le séduisant coach du regard, de façon à ne pas se laisser distraire par ses souvenirs. Elle hoche de la tête comme pour lui dire qu'elle est prête et se prépare à parer de son mieux les attaques des balles en mousse. Les lancés du jeune ne sont pas réguliers. Il cherche à surprendre sa petite élève du jour, tourne autour d'elle, s'éloigne, se rapproche, change de sens. Il attend d'elle qu'elle soit toujours à l'affût d'une nouvelle attaque et qu'elle les pare. Comme lors de son premier essai, il change aussi les endroits qu'il vise. Pieds, jambes, bras, tête... Parfois à côté également pour voir si elle est capable de rester immobile ou si elle à quand même un geste réflexe. Madi fait un effort pour toujours faire face à Alejandro, restant concentrée. Elle arrive à repousser quelques balles que ce soit avec les bras, les jambes quand c'est vers le bas, en se baissant pour les éviter... Mais celles visant sa tête, bien que ce soient des balles en mousse, envoient chez Madi un réflexe de simplement se protéger le visage en se baissant. Quand elle voit que les balles passent à côté, elle ne bouge pas trop, sauf si vraiment elle sont proches, elle tente quand même de les dévier comme elle le peut. En tout cas il ne lui tarde qu'une chose, que cet exercice se termine au plus vite... Ale reste quelques minutes ainsi à tester la jeune femme avant de stopper l'exercice.
« Bon ! Ok ! On arrête là pour celui là. Mais on recommencera, jusqu'à ce que ce ne soit plus qu'une formalité... Maintenant on va commencer à apprendre quelques gestes, voir quelques bases. Tu veux souffler un peu ? Ou on enchaîne ? »
Tout en parlant il faisait le tour de la salle pour ramasser ses balles, laissant un peu de réflexion à la jeune femme. La suite allait être plus douce, les épreuves étaient passées. Madi en profita pour boire un peu à sa bouteille d'eau avant d'aider Alejandro à finir de ramasser les balles en mousse. Elle se sent essoufflée et éprouvée, mais tant pis, elle y fait face, la séance n'est pas encore terminée.
« On peut enchaîner... Sauf si tu veux une pause ... ? » « Je n'ai pas besoin de pause. On y retourne dans ce cas ! »
Malgré la fatigue, elle garde son esprit de séduction. Qui sait, peut être qu'un jour elle arrivera à obtenir quelque chose avec lui ... Puis cela reste une motivation pour les exercices à venir. Un sourire et le jeune homme range les balles pour les troquer contre les plaquettes qu'il avait au début de la séance. Il revient doucement vers Madi et lui sourit.
« Approches. »
Il enfile ses plaquettes et se met au centre du tatami, attendant la jeune femme. Une fois qu'elle est devant lui et prête, il entame ses consignes du moment.
« On va se concentrer sur le visage pour aujourd'hui. Il faut savoir qu'il y a des zones sensibles sur le visage et qu'elles peuvent te permettre de neutraliser un adversaire. Il y a les yeux, les tempes, et la gorge. Dans un premier temps, tu vas essayer de m'atteindre à ces endroits là, soit avec la tranche de ta main, soit avec les doigts. Je vais me contenter de parer tes coups. Ok ? » « Euh .. Je vais essayer... »
De nouveau il sourit doucement et attend avec patience que la jeune femme soit prête et attaque... Peu convaincue la française commence à faire mine de vouloir frapper son adversaire au visage. A la base, elle ne pensait pas qu'elle aurait à devoir se mettre en position d'attaque face à quelqu'un, pensant juste à sa défense à elle, de manière à moins subir les coups. C'est avec peu d'énergie, et donc très facilement arrêtée qu'elle donne des coups, ne sachant pas vraiment où elle veut réellement frapper... Elle ne se sent clairement pas à l'aise sur cet exercice, faisant régulièrement quelques grimaces. Elle ne veut pas blesser celui qui se trouve en face d'elle. Bien qu'elle sait qu'elle ne pourra jamais faire de mal à son coach qui a bien plus d'expérience qu'elle. Peut être a t'elle besoin de se sentir en "danger" pour réussir à vraiment se mettre dans la situation de défense, et donc, d'attaque de son adversaire ? En tout cas, les mouvements qu'elle fait là sont totalement désordonnés, peu réfléchis et semblent ridicules aux yeux de la brunette. La jeune femme n'est pas vraiment dans l'exercice et le coach s'en rend très vite compte. Il reste cependant calme et concentré et dicte des consignes à la jeune femme au fil de ses attaques, la guidant dans ses pas.
« Prends appui sur tes deux pieds, décales les pour avoir un meilleur équilibre... Fléchis légèrement tes genoux... Frappes plus sèchement, plus vite, plus fort... »
Madi essaye donc de suivre les conseils que lui donne son coach, faisant attention à la position de ses pieds, jouant de son poids du corps dessus sans avoir un pied plus lourd que l'autre. Elle tente d'aller plus vite dans ses mouvements, mais du coup elle se concentre trop sur la zone où elle veut frapper son adversaire. « Ne regarde pas l'endroit où tu frappes. Regardes moi dans les yeux... Réfléchis, prends de l'avance ! Surprends moi ! ... » Elle est totalement déconcertée, et au début, elle ralentit un peu, perdue dans le regard bleu, et fort séduisant, de son coach du jour. « Plus vite ! ... » « Raaaahh » Elle râle pour elle même plus qu'autre chose, cherchant une force en elle pour réussir à se concentrer, mais les yeux si bleus embrument son esprit, et elle se met à taper totalement au hasard. A trop regarder dans les yeux de son adversaire, elle en oublie de voir les zones accessibles, ou pouvant être frappées. « Ne tapes pas n'importe où... Accules moi; prends le dessus. » Cette fois, elle s'applique comme elle peut, restant concentrée, mais toujours immobile sur ses jambes qui restent sur place et amortissent le poids de son corps. « Oblige moi à devoir changer de position... Oblige moi à reculer... Gagnes du terrain... » Madi tente alors, partant de l'avant essayant de le repousser tout en le frappant, même si une autre envie lui vient en tête et un sourire lubrique la trahit. Mais rapidement elle reprend ses esprits et essaye de s'imaginer en situation de faiblesse, face à une personne qui lui fait du mal. Cette fois, une nouvelle rage vient en elle. Malgré ses mouvements souvent désordonnés, elle montre plus de volonté qu'au début, mais parfois trop lente tant elle veut réussir à atteindre un point de faiblesse. « Plus vite et plus fort ! »
Sans cesse, à chacun de ses coups. Une façon de lui mettre la pression pour qu'elle lui rentre dedans vraiment et prenne toute la mesure de l'exercice... La pression qu'il exerce sur elle fonctionne, il semble bien avoir trouvé la bonne méthode pour qu'elle soit entièrement dans l'exercice. Très concentrée, elle essaye d'enregistrer tout ce qu'il lui dit, même si parfois elle lit sur ses lèvres pour appuyer les paroles. Plus elle met de rythme dans l'exercice, et plus elle se donne à fond, comme si elle devait réellement se défendre, allant sur les côtés, faisant reculer au maximum son coach, imaginant une autre personne à sa place pour que l'exercice fonctionne. A la fin, elle se sent emportée par la rage et la détresse qu'elle a en elle au point de dévier l'exercice et de se focaliser sur les plaquettes de mousse, tapant dessus avec déchaînement comme au tout début de la séance, criant en même temps pour évacuer ce qu'elle a en elle. Enfin, quand elle se sent "libérée" de ce poids elle cesse totalement et reprend ses esprits à bout de souffle, en sueur et rouge suite à l'effort demandé. Le coach la laisse faire, parant les coups de plus en plus violents de la jeune femme. Il aurait pu stopper l'exercice et la recadrer mais il la laissa exprimer son débordement de rage, se contentant d'absorber les chocs dans ses palettes de mousse. Quand la demoiselle en eut assez, à bout de force, le jeune homme recule un peu et souffle à son tour. Soutenir les coups n'était pas non plus de tout repos. Mais le jeune homme avait l'endurance nécessaire...
« Bon ! Un autre point à travailler : contenir la rage ! C'est bien de trouver en toi les ressources nécessaires, mais il ne faut que cela t'aveugle ! On travaillera ça petit à petit... » « Oui... Désolée, je crois bien que ça avait besoin de sortir... »
Le jeune homme sourit et rangea ses palettes ainsi que les gants qu'il avait laissé traîner, laissant ainsi le temps à Madison de reprendre son souffle. Il revint ensuite doucement vers elle avec un sourire aux lèvres. Maintenant que l'adrénaline retombe, la jeune femme commence à ressentir des courbatures, notamment dans les bras qui ont été pas mal sollicités ce matin. Madi s'assoie sur un banc pour reprendre son souffle et sent son ventre crier famine. Peut être bien que venir à jeun n'était pas une si bonne idée que ça. Elle ouvre alors sa petite barre de céréales pour commencer à en manger quelques bouts.
« Alors dis-moi, comment te sens tu suite à cette première séance ? » « Étrangement, je me sens bien... Fatiguée, épuisée, mais motivée. Je veux m'en sortir ! »
Elle l'avait regardé droit dans les yeux, avec un sourire totalement sain et gratifiant. Elle avait dit la fin de sa phrase avec une détermination plus que présente, montrant bien, ou faisant comprendre ce qu'elle traverse en dehors de ses entraînements sportifs. Elle avait aussi baissé la tête, honteuse de ce qu'elle est devenue. Ils n'avaient pas fini encore mais il arrêterait là les exercices physiques du jour. C'était déjà pas mal pour une première séance... Ne voulant pas non plus que le séduisant Ale ne s'apitoie sur son sort elle le regarde avec un sourire timide mais elle ne le quitte pas des yeux.
« Merci de ton aide ! » « Pas de soucis ma belle ! »
Il sourit et s'assit, commençant à s'étirer. Madi lui rend timidement son sourire, un peu gênée qu'on lui vienne en aide sans rien en retour.
« Étirements et je te libère ! On va essayer de faire en sorte que tu n'ai pas de courbatures... Demain on reprend le jogging matinal. Tu veux des séances comme celle-ci à quelle fréquence ? » « Hmm .... Le plus souvent possible ? Bon je pense que tous les jours on pourra pas, ce serait peut être trop, mais si possible deux à trois fois semaine si c'est possible ? »
Autant organiser son planning tout de suite, ils gagneraient du temps comme ça... Madi s'étire à son tour, prenant soin de ne rien oublier comme muscles. Elle se demande alors quel programme va lui proposer son coach, pour elle, apprendre à se défendre est vraiment très important, et plus tôt ils pourront s'y mettre, mieux ce sera. Bien sûr il faut entrecouper avec le jogging, elle en est bien consciente.
« C'est possible. Partons sur deux fois par semaine en alternant avec des joggings et on verra si c'est suffisant ou pas. N'oublie pas de faire tes séries chaque jour, matin ou soir ça m'est égal. Et je pense qu'on aura vite quelques résultats... » « Oui pas de problème ! »
Elle est déterminée et cela s'entend à sa voix. De nouveau il sourit et ses étirements terminés, se releva, tendant la main pour aider la jeune femme. Madi accepte son aide et le regarde droit dans les yeux, le regard pétillant.
« A demain ? » « A demain coach ! »
Elle lui sourit, n'oubliant pas de lui lancer un petit regard séducteur, son sourire tout aussi charmant avec une voix à la fois suave et dans la motivation du sport. Ale lui sert son sourire en coin, appréciant ce petit jeu de séduction que la demoiselle lui offre de temps à autre et finit par quitter la salle, avant de ne succomber à de plus bas instincts. Il n'a plus qu'à rejoindre les autres pour le petit déjeuner !