Une légère brise soufflait sur la plage, faisant rouler quelques grains de sable de temps à autre. Le soleil était à peine lever et colorait le ciel d'une teinte rosée. L'océan venait s'échouer en douceur sur le sable, distillant un fond musical doux aux oreilles de la jeune femme. Elle n'avait toujours connu que l'océan, jamais de mer... Et sont coeur se soulevait à chaque fois qu'elle entendait le roulement des vagues au loin. Elle fermait les yeux de temps à autre, pour savourer l'instant, laissant ses cheveux se soulever avec le vent. Le menton posé sur ses genoux, les bras entourant ses fines jambes. Elle ne savait même plus depuis combien de temps elle était là, prostré sur la plage. Les larmes avaient perlées sur ses joues les premières minutes, pour ne plus être ensuite, laissant seulement une note salée sur ses joues pâles. Avec sa peau claire, elle avait toujours eu des difficultés à bronzer... Un soupir, ses yeux clairs s'ouvrent sur le monde. Le soleil est un peu plus haut dans le ciel et quelques joggeurs ont fait leur apparition sur la plage. Il est l'heure de rentrer, comme tous les matins après une nuit agitée...
Le rituel du matin était souvent le même depuis que la demoiselle avait croisé le terrible Liam. Les deux jeunes gens se retrouvaient dans la salle à manger du Haras, avant que l'éleveur ne parte à ses affaires alors qu'elle flânait souvent dans les écuries avant de prendre son service au centre de soins, pour remettre en état les athlètes équins du Haras. Mine de rien, pour un ostéo, il y a pas mal de boulot avec autant de chevaux et surtout, autant de chevaux de compétition. Car comme n'importe quel athlète, eux aussi ont des courbatures et besoin de récupérer correctement. Et c'était son job, de remettre en état les petits protégés du Haras. Mais ce jour là, comme tous les jeudi, c'était son jour "off". Elle n'était joignable que pour les urgences et elle n'en avait pas tant que cela. Et comme elle n'avait plus de cheval à elle, et bien elle ... s'ennuyait. Elle n'osait pas aller embêter Liam dans son élevage et elle ne connaissait encore quasiment personne. Les actions étaient donc limitées, même si elle trouvait toujours quelque chose à faire dans le domaine.
Ce matin là, comme tous les matins, elle pénétra donc dans la salle à manger du Haras et chercha sa moitié des yeux. En vain. Elle avait beau faire le tour de la salle, il n'y avait aucune trace de lui. Un peu déçue, elle s'installa quand même à leur table habituelle et attendit, en parcourant un journal des yeux. La salle se rempli doucement des élèves, professeurs, cavalier pro et éleveurs du Haras, tous papotant gaiement sur la journée à venir. Et après une bonne demie heure d'attente, Liam n'avait toujours pas pointé le bout de son nez. La blondinette commençait à se lasser, mais elle ne disait trop rien, jusqu'à ce qu'une frimousse pas tant connu que cela lui fasse un grand sourire au dessus de son journal.
Izikel ► Salut ! Je peux me mettre avec toi ? Il n'y a plus de place...
La demoiselle hésita un instant en ouvrant de grands yeux face à l'irlandais. Avant de sourire timidement et approuver.
Myriam ► Bien sûr oui. Izikel ► Merci !
Elle ne connaissait pas encore vraiment Izikel, seulement pour l'avoir vu en compagnie de Liam. Elle savait qu'il était moniteur d'éthologie, et coach de l'élevage du français mais rien de plus. La blondinette plia timidement son journal et croisa les mains dessus, attentive à l'irlandais qui s'installait avec son mug de café. Ils se toisèrent un instant avant que la demoiselle ne reprenne la parole.
Myriam ► Tu... Tu ne saurais pas où est Liam ? Je ne l'ai pas vu ce matin...
Izikel lui servit un de ses plus beau sourire. À la fois niais et énigmatique.
Izikel ► Si !
Et ? Le moniteur ne rajouta rien de plus, sirotant de nouveau son café en parcourant son téléphone du bout du pouce. Myriam n'osa rien ajouter de plus, préférant déporter son regard sur la cheminée éteinte, point central de la pièce. Les secondes filèrent ainsi avant qu'Izikel ne rit de lui-même.
Izikel ► Il avait un paquet à récupérer ce matin, il est parti très tôt à l'aéroport avec Louna et Ezra.
Myriam acquiesça en souriant, bien qu'elle eu la gorge nouée à cette révélation. Un paquet ? Très tôt à l'aéroport ? Liam ne lui avait rien dit. Que pouvait-il bien aller chercher aussi tôt et aussi loin ? Elle soupira, le regard triste et un peu perdu. La période n'était pas facile pour elle. Son seul et unique grand-oncle décédait la semaine précédente et elle avait du vendre son cheval de dressage pour payer une partie des obsèques. Sa grand-mère, qui l'avait élevée, était de plus en plus mal en point et elle ne savait plus vraiment quoi faire pour garder la tête hors de l'eau. Elle avait trouvé un soutien solide en la personne de Liam, mais ses propres démons à lui l'empêchait de vraiment s'ouvrir au garçon...
Encore une fois, c'est Izikel qui l'a sorti de ses pensées.
Izikel ► Je crois qu'ils sont arrivés. Tu viens avec moi à l'élevage ? Myriam ► Euh... Oui...
Un sourire irlandais. Il sauta en bas de son tabouret haut et lui tendit la main pour l'aider à descendre, en galant gentleman. Ils ne tardèrent pas plus longtemps dans la salle à manger et allèrent directement aux élevages, pas très loin des manoirs. Ce qui intrigua la jeune femme en arrivant, ce fut le van garé devant l'allée allouée à Liam, puis le raffut à l'intérieur du bâtiment. Elle interrogea Izikel du regard, mais ce dernier restait concentré et regardait droit devant lui. Avant qu'ils n'atteignent la porte, Ezra et Louna sortaient, essoufflés mais souriant.
Louna ► Ah Myriam ! J'allais justement te chercher. Liam t'attend à l'intérieur. Myriam ► Oh... Merci... Louna ► On y va les mecs ? Izikel ► Ouep. À tout à l'heure Myriam !
La blondinette sourit sans vraiment comprendre alors que les trois acolytes s'éloignaient sans un mot, en emportant le van vide avec eux. Elle se retrouvait toute seule face à l'allée désormais silencieuse de l'élevage. Et c'est d'un pas hésitant qu'elle entra dedans...
Liam regardait l'intérieur d'un box, les bras croisé, avec un regard oscillant entre désespoir et joie. Myriam fit quelques pas, avant de briser le silence timidement.
Myriam ► Louna m'a dit que tu voulais me voir.
L'éleveur sursauta presque en entendant la voie fluette de la demoiselle et tourna la tête vers elle. Ses traits s'illuminèrent aussitôt et il ouvrit les bras vers elle pour l'attirer à lui.
Liam ► Oui ! Mais je ne pensais pas que tu arriverais aussi vite ! Myriam ► J'étais avec Izikel à la base et il m'a proposé de l'accompagner jusqu'ici. Liam ► C'est vrai ? C'est bien que tu passe un peu de temps avec eux...
La demoiselle se contenta d'hocher la tête en fermant doucement les yeux pour approuver. L'éleveur lui avait déjà demander de tenter d'apprendre à connaître ses amis proches, parce que c'était important pour lui. L'ostéopathe s'y appliquait mais sa timidité maladive la freinait un peu malgré tous les efforts qu'elle faisait.
Liam ► Ça va ? Tu as une petite mine... Myriam ► Je suis un peu fatiguée. Liam ► Ça se voit.
Ils restèrent ainsi un moment, l'un en face de l'autre avant que Liam ne se décide à déposer un léger baiser sur sa joue. Il la serra dans ses bras pour pouvoir plus facilement murmurer à son oreille.
Liam ► J'ai un cadeau pour toi.
La blondinette fronça les sourcils, interloquée. Un cadeau ? En quel honneur ? Est-ce pour cette raison qu'il avait été si cachottier ces derniers temps ?
Myriam ► Un cadeau ?
Liam avait simplement hocher de la tête et reculer pour l'emmener en douceur devant un box. À l'intérieur, ce qu'il semblait être un jeune étalon se roulait dans sa paille. Il se releva et se secoua, fier de lui, avant de les toiser la tête bien en l'air. La demoiselle tourna la tête vers Liam, les yeux ronds d'étonnement.
Myriam ► Tu m'offre un cheval ?! Liam ► Oui.
La demoiselle ne savait pas quoi dire. Un cheval... Le bai appaloosa aux reflets métalliques se détourna finalement d'eux pour se concentrer sur son abreuvoir automatique. De petites tâches blanches et noires parsemaient son dos, avant de terminé en une grosse tâche blanche sur sa croupe, entrecoupée de ronds plus sombre. Une étoile ornait son front et une unique mèche blanche se perdait dans sa crinière noire, courte. Sa queue bicolore se balançait au rythme de son humeur. Deux petite chaussettes lui remontait aux postérieurs colorant la corne de ses sabots arrières en rose. Il avait une étincelle farouche dans le regard, et le blanc de l'oeil voyant.
Liam ► Enfin, c'est un demi cheval. Il n'est pas encore débourré. Je l'ai récupéré d'une ancienne élève qui a quitté le Haras...
La demoiselle ne disait toujours rien, interdite face à un tel présent.
Liam ► Si tu veux, on se partagera son débourrage avec Izikel. Comme ça, on ira peut-être plus vite. Et je sais qu'il est efficace là dedans, il m'a déjà aidé avec un autre cheval en Nouvelle-Zélande...
L'éleveur regardait l'étalon tacheté, et quand enfin il tourna les yeux vers Myriam, il découvrit la fine larme qui tombait sur sa joue. Il passa délicatement la main sur son bras, la gorge nouée de la voir ainsi.
Liam ► Hey... Myriam ► Mais... Pourquoi ?
Le brun l'entoura de ses bras en émettant un lent soupir. Est-ce qu'il allait enfin vraiment le dire ? Lui qui était plutôt avare lorsqu'il s'agissait d'exprimer ses sentiments ?
Liam ► Parce que j'en ai envie. Et parce que je t'aime...
Il avait prononcé ses derniers mots en un murmure seulement, touchant la demoiselle au plus profond d'elle même. Comment avait-elle pu douter de lui ? Elle se le demandait maintenant...
Liam ► Tu veux qu'on aille petit déjeuner ?
Elle se recula doucement, lui prenant la tête entre ses mains, fixant son regard clair dans le sien.
Myriam ► Merci... Liam ► Avec plaisir. Petit déjeuner ? Myriam ► Oui.
Un sourire habilla ses lèvres rosées. Il n'y avait pas plus belle chose pour démarrer une journée...
Myriam ouvrit lentement les yeux alors que les rayons du soleil filtrait à travers les épais rideaux. Elle battu des paupières, cherchant un instant où elle se trouvait. Mais elle ne mit pas longtemps à savoir qu'elle était dans la chambre de Liam, allongé entre ses draps. Mais le trentenaire n'était pas de l'autre côté du lit, et ce depuis quelques jours maintenant. Elle soupira et se retourna, enlaçant un des nombreux oreillers qui parsemaient le lit de l'éleveur. Elle n'avait pas envie de se lever. La fatigue était encore là malgré le fait qu'elle avait dormi un sacré nombre d'heure. Et avec la fatigue du réveil, une vague de nausée l'assaillit. Elle ferma instinctivement les yeux pour tenter de faire passer cet état. Il fallut qu'elle attende quelques minutes avant que la nausée passe. Avouer son état à Ezra lui avait fait du bien. Mais malgré tout, elle continuait de ressentir un certain malaise et d'être apeurée en pensant à la façon dont Liam pourrait réagir. Ils étaient ensemble depuis très peu de temps finalement et elle ne le connaissait pas assez pour prévoir ce genre de réaction. Surtout que ce n'était pas rien. Surtout qu'ils n'avaient jamais abordé le sujet des enfants ensemble... Elle soupira en ouvrant de nouveau les yeux sur la chambre de l'éleveur. Tout était si calme...
Elle se leva finalement, après avoir comater durant quelques minutes, les yeux rivés sur la fenêtre. Il devait être presque dix heures quand elle passa dans la salle de bain. Elle ne risquait pas de croiser Izikel, qui devait s'être levé depuis un sacré moment. L'eau chaude lui fit le plus grand bien et elle la laissa couler longuement sur sa peau nue. Posant une main sur son ventre, sans pour autant ressentir de joie ou de bien être. Elle était complètement perdue face à cette grossesse et se serait le cas jusqu'à ce qu'elle l'avoue à Liam. Mais pour l'instant, elle avait besoin de se changer les idées. De trouver une occupation digne de ce nom. Et quoi de mieux que le cheval que lui avait offert Liam ? Pour l'instant, elle n'avait pas vraiment d'autres idées et de toute façon, il allait bien falloir qu'un jour elle travaille l'appaloosa.
Elle sorti de la douche pour se sécher et enfiler une tenue d'équitation. Assez classique à vrai dire, un pantalon noir, un chemisier ample blanc. Elle attacha ses cheveux mouillés en une queue de cheval négligée et se regarda dans le miroir. Elle avait un peu moins de cernes et un peu plus de couleurs, mais son état n'était pas encore complètement satisfaisant et elle le savait bien. Elle soupira et sorti de la salle de bain pour aller enfiler une paire de chaussure et finalement quitté la chambre. Elle avait un cheval à aller rencontrer.
***
L'élevage était calme. Call n'était pas dans son box, ainsi que Dom et Finwë. Il ne restait qu'Orcanta et Unforgotten Winter, le cheval que Liam lui avait offert. Le bai blanket était tranquillement dans son box, à manger la paille qui couvrait le fonde de ce dernier. Sa robe était couverte de boue et autre tâches. Cela devait faire un sacré bout de temps qu'il n'avait pas été pansé. Ce serait un bon début pour la demoiselle et sa future monture. Un moyen de faire connaissance en douceur au moins.
La jeune femme resta un moment devant le box du bai. Il avait levé le nez vers elle mais comme elle ne faisait rien, il était vite retourné à ses occupations premières. La demoiselle soupira avant de finalement s'emparer du licol qui pendait près de la porte du box. Il était temps de passer à l'action. Elle ouvrit doucement la porte, ce qui fit relever le nez de l'appalooze. Il fit un pas en arrière, ce qui stoppa la demoiselle dans son élan. Elle avait tendance à oublier qu'il était encore semi sauvage malgré le fait qu'il suivait plus ou moins un cavalier en main et qu'il vivait en box. Il restait un cheval qui n'avait encore jamais porté de cavalier sur son dos ni eu un mors dans la bouche. Il y avait encore un sacré chemin à faire mais la jeune femme avait tout le temps pour cela.
Elle resta sur le pas de la porte à regarder l'étalon, qui faisait de même. Un peu comme deux idiots attendant que l'autre fasse le premier pas. Finalement, elle tendit doucement la main, pour ne pas effrayer le cheval et tenter de l'attirer.
« Viens... »
La voix de la jeune femme était hésitante mais l'étalon avait quand même lever la tête encore un peu plus et s'intéressait à elle. C'était déjà pas mal. Il se passa un moment avant que le bai tacheté ne fasse le pas qui le sépare de la cavalière et vienne poser le duvet de ses naseaux dans le creux de sa main. Un sourire vint étiré les lèvres roses de Myriam, le premier depuis un moment. Elle laissa l'étalon la sentir, partir à la recherche de friandises qu'elle n'avait pas sur elle. Mais elle se promis de rattraper cette erreur pour les prochaines fois. Doucement, elle passa sa main libre sur le chanfrein de l'équidé, qui se laissait faire en fermant doucement les yeux. Il découvrait la douce sensation des caresses humaines et apparemment, il appréciait cela.
« Tu m'as l'air d'être un gentil cheval... »
Il pointa les oreilles vers elle, sans pour autant bouger autre chose, se laissant doucement caresser la tête. Un bruit d'éclat au dehors coupa court à cet instant. L'étalon releva un peu brusquement la tête et chercha l'origine du bruit des yeux, sans le voir. Il fini par ronfler des naseaux et s'intéressa au licol que tenait la demoiselle. Ça par contre, il savait ce que c'était et si elle venait dans son box avec, c'est qu'il lui était destiné. La demoiselle inspira profondément et lui présenta le licol de façon à lui enfiler. L'entier releva un peu la tête mais la blondinette n'eut quand même aucun mal à mettre le licol. Elle attrapa ensuite la longe et se plaça un peu en avant du cheval, prête à sortir.
« Bon aller, on y va bonhomme. »
Elle entama la marche avant et le cheval suivit docilement, bien qu'un peu étonné et pataud. Tant qu'ils marchaient au pas sans s'arrêter, tout allait bien. La demoiselle le fit sortir de l'allée pour aller l'attacher dehors. Autant profiter du beau temps ! A peine le pied dehors que l'entier leva bien haut la tête, oreilles en avant, à regarder tout autour de lui. Il poussa un puissant hennissement sans recueillir de réponse et la jeune femme eut bien du mal à capter son attention. Elle se stoppa devant un anneau, que le bai n'avait pas vu. Il ne s'arrêta que lorsqu'il butta dans le dos de la demoiselle, la bousculant un peu au passage. C'est que mine de rien, il pesait son poids l'animal !
« Hey Ho ! Regardes où tu mets les pieds un peu ! »
Le bai eu un mouvement de recul et se concentra sur elle, conscient qu'il venait de faire une bêtise. Mais la curiosité prenait souvent le dessus sur le reste avec lui. La demoiselle lui passa tout de même une main sur l'encolure et apprécia l'état général de l'entier. Il était sale. Très sale. Elle aurait du boulot durant la prochaine heure ! Mais elle ne tarda pas pour autant. Elle parti chercher la boîte de pansage de Liam -qui s'avérait être une malle sur roulette- et commença par curer les pieds du bai.
« Donne ! Unfor ! »
Un bon point, l'entier avait été bien éduqué concernant les pieds. Il les donnait sans rechigner et attendant sagement qu'on les lui lâche pour les poser. Il ne tentait même pas de les "voler" à son cavalier. Ainsi, la demoiselle avait tout loisir de lui faire les pieds tranquillement. Surtout qu'ils étaient tout de même en bon état. Le maréchal était déjà passé par là et il n'avait pas encore besoin d'y retourner, ce qui n'était pas plus mal. Une fois les quatre pieds de nouveau au sol, elle s'empara d'une étrille et commença à frictionner le corps de l'entier avec. La poussière et la boue lui rendait la vie dure mais elle persévérait. Et puis tant que le cheval se laissait faire, autant en profiter. Elle ne mit pas moins d'une demie heure en alternant étrille et bouchon pour retrouver une robe potable. Un poil sur lequel on pouvait enfin revoir les reflets métalliques et les ne plus confondre les tâches blanches avec le reste. Elle termina son pansage du corps par un passage de la brosse douce, la mouillant pour faire également les membres, là où la boue avait quand même persisté un peu. Unfor' se laissait toujours faire, calme à l'attache malgré son jeune âge et son manque d'éducation. Il regardait les va et vient des autres cavaliers, comme s'il était à un dîner spectacle. La cavalière ne manquait pas de le félicité souvent, de la voix ou d'une caresse. D'ailleurs, le bai appréciait de plus en plus ces contacts physiques avec la cavalière. A croire qu'il n'en avait jamais reçu encore. La demoiselle termina par lui démêlé les crins à la brosse, puis au peigne, avant de graisser ses sabots, qui en avait tout de même besoin.
Finalement, tout cela lui avait prit une bonne heure et demie et elle en ressortait épuisée. Déjà qu'elle était fatiguée avant de commencer, tout ces efforts ne l'avait pas fait aller mieux. Mais Unforgotten Winter avait au moins eu le mérite de lui faire oublier deux trois petites choses, ce qui lui avait fait du bien au moral. Elle termina par emmener le cheval dans un paddock, histoire qu'il puisse se défouler un peu, révisant en chemin les ordres élémentaires et les règles de bonnes manières du déplacement en main. L'étalon était un élève pas trop mauvais. Au final, il faisait un peu plus attention à sa cavalière. Mais la demoiselle avait bien vu que la clé avec lui serait l'attention. Il était facile de la perdre avec ce cheval...
Elle soupira de nouveau et rebroussa chemin, pour aller ranger le licol à l'élevage. Elle comptait aller se reposer un peu après ça, elle ne se sentait pas de sortir Orcanta. Mais elle voulait prévenir Izikel, même si lui s'occupait de toute façon des chevaux de l'élevage. C'était la moindre des choses selon elle... Elle passa à l'élevage, et elle ne l'y trouva pas. Il n'était pas non plus aux ronds de longe, ni dans un des manèges et dans l'arène. Pas même dans l'office des moniteurs. C'est avec une pointe de désespoir qu'elle se rendit finalement dans l'élevage de Louna. Elle n'y trouva pas Walig mais en revanche, il y avait Ezra, en train de brosser Nara.
« Salut... »
Le métisse stoppa son geste et se retourna vers elle. Aussitôt qu'il l'a reconnu, un sourire étira ses lèvres. Il laissa tomber sa brosse au pied du mur et s'approcha d'elle pour la serrer doucement dans ses bras.
« Hey ! Myriam ! »
La demoiselle sourit, se laissant enlacer. Elle avait comprit qu'Ezra était un garçon tactile et même si elle pouvait être gênée avec certain, avec lui cela passait. Ça faisait partie de sa personnalité et il n'en était pas désagréable et profiteur pour autant.
« Ça fait plaisir de te voir ici ! Alors comment tu te sens ? » « Fatiguée mais ça va... » « Tu as quand même meilleure mine ! Tu es venue monter ? »
Le jeune homme récupéra sa brosse et poursuivit son pansage avec des gestes sûrs et rapides. Nara se laissait faire sagement.
« Non... J'ai seulement sorti Unforgotten de son box pour le brosser. Et je l'ai mit au pré finalement... » « C'est déjà pas mal ça ! Il est sympa ? » « Ça va ! Il y a plus compliqué comme jeune cheval ! Pour l'instant il est quand même sage. » « Tant mieux alors. Tu veux que je le rentre après ? » « Euhm... Si tu as le temps... En fait je cherchais justement Izikel pour lui en parler... » « Il est parti en ballade. Mais ne t'en fais pas, je m'occuperais de le rentrer. Reposes-toi si tu en as besoin. »
Il lui sourit tendrement, comme le ferait un ami. C'était un type attachant ce Ezra et Myriam comprenait aisément pourquoi Izikel en avait fait son meilleur ami. Il n'avait pas été très bien accueillit par le groupe apparemment, mais Liam en pensait quand même le plus grand bien. Et Myriam de plus en plus avec lui.
« Merci alors... Et Ezra... » « Oui ? » « Merci pour hier. Vraiment. » « Y'a pas de soucis. Et vraiment, si tu as besoin de quelque chose, n'hésite pas. »
La demoiselle acquiesça avec un petit sourire. Bien sûr qu'elle hésiterait toujours, mais c'était rassurant d'avoir quelqu'un sur qui compter, sachant qu'elle n'était pas au top physiquement et moralement. Même si elle savait qu'Izikel répondrait tout aussi présent... Ezra avait désormais quelque chose de plus. Pour l'instant, c'était le seul à savoir qu'elle était enceinte. Seul lui pourrait la comprendre vraiment jusqu'au retour de Liam. Alors autant savoir en profiter.
La jeune femme reprit le chemin du manoir. Elle fit une courte halte aux cuicines avant de regagner la chambre de Liam. A vrai dire, elle ne fit pas très long feu et en quelques minutes, elle dormait de nouveau à poings fermés. En espérant que cette fois-ci, la sieste serait un peu plus régénérative...
Paul Ohl a dit un jour que la force naît de l'adversité et des souffrances. Il avait certainement raison, mais sur le moment, on ne se rend pas compte de la force que l'on acquiert, ainsi que des leçons qu'apportent l'expérience de l'adversité et de la souffrance...
Myriam ouvrit les yeux sur un monde qui lui paraissait chaque jour un peu plus dur et long. Chaque jour comme un morceau d'éternité qu'elle était obligé de subir. Elle n'arrivait pas à sortir de sa morosité, et elle n'arrivait presque plus à se dépasser pour aller de l'avant et faire quelque chose de sa journée. Elle se battait contre ses démons intérieur et elle en était fatigué. Elle n'avait pas la force de caractère de Liam et ses nausées matinales, accompagnées de toutes les petites gênes et douleurs dues à une grossesse la déprimait. Encore, si Liam savait et qu'il était là pour elle, se serait supportable. Mais ne pas lui avoir dit et craindre plus que tout sa réaction lui minait le moral comme jamais autre chose auparavant. A peine remise de son hiver compliqué qu'elle devait de nouveau faire face à des difficultés qui lui paraissaient complètement insurmontable désormais. Elle était resté forte suite à la cascade de décès qui avait frappé sa famille en hiver, face à la vente forcée de son cheval, mais là, elle perdait complètement espoir et se sentait abattu.
Elle se retourna pour faire face aux persiennes. Heureusement qu'elle avait accès à la chambre de Liam et qu'elle pouvait y passer le plus clair de son temps. Elle ne savait absolument pas comment elle aurait supporter la chose si elle avait du rester dans sa chambre, avec d'autres cavalières. La situation aurait été plus invivable encore. Elle soupira, entourant un oreiller de ses bras frêles. Elle se sentait lasse...
La demoiselle mit un certain temps à émerger. Lorsqu'elle regarda l'heure sur le radio réveil, elle ne fut même pas étonnée de voir qu'il était presque midi. Elle se sorti difficilement des draps et parti prendre une douche, prenant son temps. Izikel était encore une fois parti depuis longtemps. Elle termina sa douche et enfila une tenue d'équitation classique, même si elle ne comptait pas monter à cheval. Elle avait promis de s'occuper un peu d'Orcanta dans la journée, et elle devait aussi poursuivre l'entraînement de son cheval, Unfor'. Elle n'en avait pas vraiment envie mais elle n'avait pas vraiment le choix. Avec un dernier soupir, elle quitta la chambre de son compagnon et se dirigea vers l'élevage de celui-ci...
Orcanta était bel et bien là, dans son box, à manger de la paille qui était dans un coin. Sa litière en copeaux ne lui permettait pas de grignoter dans la journée. Elle n'était nourrie plus qu'au foin trois fois par jour mais Izikel lui mettait quand même de la paille de temps en temps, quand il ne la mettait pas au pré, histoire qu'elle ne s'ennuie pas trop. La demoiselle ne comptait pas vraiment la travailler, juste la sortir un peu de son box et la faire marcher, histoire qu'elle ne reste pas tout le temps enfermé. La jument, malgré sa gestation, pouvait être monté mais c'est la cavalière qui ne voulait pas prendre de risque avec elle-même. Elle s'appuya contre la porte du box et donna un claquement de langue pour interpeller Orcanta. La belle palomino leva sa tête fine vers elle et pointa ses oreilles en avant. Son regard doux engloba la cavalière qui se laissa un instant tombé dedans. Qui pouvait résister au regard de la belle palomino ? C'était difficile d'y faire face et de garder pied...
Myriam « On va aller se balader un peu ma grande ? »
La demoiselle avait une voix douce bien qu'un peu faible. Orcanta pivota sur elle-même pour laisser de la place dans son box à la cavalière, de bon coeur. Une perle cette jument de toute façon. Myriam ouvrit doucement la porte et entra, présentant ses deux mains en coupe à la jument. La palomino n'hésita pas une seconde et plongea le nez dedans, même s'il n'y avait pas de friandises. Ses doux naseaux vinrent effleurer les paumes de Myriam, qui frissonna un peu. Elle mit cependant fin à la séance toute douce et enfila son licol de cuir à la jument pour la faire ensuite sortir du box. Elle se contenta de vérifier et curer ses pieds, avant de partir en ballade en main.
Myriam « Aller viens ma fille, on y va... »
Elle ne comptait pas aller bien loin de toute façon. Un petit tour du Haras tranquillement et elle terminerait en mettant la jument au pré. Ainsi les deux "filles enceintes" se mirent en route, Orcanta dodelinant doucement de la tête à quelques pas derrière Myriam. La cavalière en profita pour regarder avec plus d'attention le paysage. A vrai dire, depuis qu'elle était au Pérou elle n'était pas sortie du Haras. Alors mettre le nez dehors lui ferait sans doute du bien, mais elle n'osait pas quitter le Haras seule. Elle se sentait un peu abandonnée à l'autre bout du monde. Déracinée. Heureusement qu'elle avait Ezra sur qui compter... D'ailleurs, où était-il ? Une subite envie de voir le jeune métisse l'envahit. Mais s'il travaillait avec les chevaux de Louna, elle ne voulait pas le déranger. Arrêtée sur un carré d'herbe, elle attendait que la jument palomino termine son temps de broutage pour repartir en avant, laissant ses pensées divaguer en attendant. Peut-être qu'elle ne devrait pas trop réfléchir, ça la déprimait, mais en attendant, elle n'avait rien d'autre de mieux à faire.
Elle poursuivit finalement son tour du Haras et repéra Ezra qui partait d'un rond de longe avec un cheval en sueur. Il allait vers les écuries de mission. C'était peut-être le moment où jamais. Elle mena tout de même tranquillement Orcanta au pré, en omettant pas une bonne séance de gratouilles avant de la libérer. La palomino avait l'air satisfaite de sa condition. Ça en faisait au moins une sur les deux. Après avoir suivit un instant la jument des yeux, la demoiselle avat fait demi tour et était parti rejoindre Ezra, espérant secrètement qu'il lui proposerait de sortir un peu. Il n'avait pas son pareil pour la comprendre...
Ezra « Hey ! Salut ! » Myriam « Salut... » Ezra « Comment tu vas aujourd'hui ? » Myriam « Ça va. Et toi ? » Ezra « Nickel ! »
La demoiselle s'approcha doucement du hongre pour lui tendre la main. Mais il n'avait pas l'air très commode et encore moins intéressé. c'est à peine s'il la regarda, effleura sa main et se détourna, la toisant de haut avec son air princier.
Ezra « Il a un peu mauvais caractère... » Myriam « Je vois ça... » Ezra « À ce que j'ai compris, tu es ostéo non ? » Myriam « Oui. » Ezra « Tu pourras lui faire une séance un de ces quatre ? Je vais le faire pas mal bosser et il en aura besoin pour récupérer je pense... » Myriam « Oui pas de soucis. »
Elle lui avait sourit. Après tout, elle pouvait bien faire ça pour lui après tout ce qu'il faisait pour elle. Et puis ça lui permettrait de se remettre un peu dans le bain. Elle n'avait pas trop eu de client régulier malgré le nombre de chevaux dans le Haras. Le centre de soin faisait appel à elle de temps à autre mais c'était tout jusque là. En somme, l'idée d'Ezra n'était pas mauvaise. Et ça lui permettrait aussi de se changer un peu les idées...
Ezra « Tu veux qu'on aille manger un morceau en ville ? » Myriam « Avec plaisir... »
***
Les deux jeunes gens étaient à une table en terrasse d'un petit café dans une rue un peu perdu de Lima. Myriam avait eu des doutes quand Ezra lui avait fait traversé une ruelle peu engageante mais finalement, elle était bien contente de se trouver là. Si elle n'était pas sortie et ne connaissait rien à la ville, lui en connaissait bien plus qu'elle et ça ne devait pas être sa première virée en ville. Ils n'avaient pas échanger grand chose en arrivant jusque là, seulement des banalités. Le temps d'avoir leurs boissons. Mais maintenant que le calme était revenu et qu'il ne serait pas dérangés, Ezra entama la conversation, une lueur d'inquiétude dans le regard.
Ezra « Bon, dis le moi franchement, comment tu vas ? »
La demoiselle eut un instant de fuite. Elle baissa le regard. Elle ne voulait pas mentir à Ezra. Pas après tout ce qu'il avait fait pour elle de toute façon. Et elle lui faisait confiance, alors pourquoi se retenir. Elle qui avait tant envie de se confier à lui l'heure précédente... La voilà muette. Finalement, elle réussi à trouver un second souffle et releva les yeux, sans pour autant de jouer avec ses doigts nerveusement.
Myriam « Ça va pas trop... » Ezra « Ça je m'en serait douté... Tu as toujours une petite mine même si c'est quand même un peu mieux... »
Il y eut un instant de silence. Ezra donna une lampée dans son grand coca glacé alors que la demoiselle regardait fixement son thé glacé et la condensation qui se faisait dessus. Le métisse avait raison, elle allait tout de même un peu mieux. Même si elle n'était pas encore au top de sa forme.
Ezra « Tu as pris rendez-vous chez le médecin du coup ? » Myriam « Pas encore... J'ai un peu peur de ce qu'il va me dire... » Ezra « Pourquoi avoir peur ? Tu sais déjà que tu es enceinte... »
La demoiselle haussa des épaules. Il n'avait pas tord. Elle savait qu'elle était enceinte. Elle ne savait seulement pas depuis quand. Mais il fallait qu'elle aille voir un médecin. Qu'elle déclare sa grossesse et toute la paperasserie qu'il fallait faire dans ses cas là. Une vague de larme se saisit d'elle. Elle sentit monter la chose et baissa les yeux en faisant son possible pour retenir ses larmes. Mais c'était sans compter sur le regard perçant du métisse. Il posa son verre et se pencha au dessus de la table pour lui prendre la main, caressant doucement son poignet avec son pouce.
Ezra « Hey... Làààà... Ça va aller... Faut pas se mettre dans un tel état. Tout va bien se passer, je te l'ai déjà dit... »
Il avait une voix douce et calme, qui imposait le calme aux autres. Doucement, la demoiselle reprit un peu de contenance et se calma adressant un faible sourire au garçon.
Ezra « Si tu veux je viendrais avec toi. Tu prends rendez-vous et je t'accompagne. » Myriam « Je veux bien... »
Déjà un bon point. La présence d'Ezra aurait au moins le mérite de la rassurer. La demoiselle prit une grande inspiration et attrapa son verre pour en boire une gorgée alors qu'Ezra se remettait dans son siège. La liquide froid lui dénoua la gorge et l'apaisa un peu.
La soirée se passa sans encombre. Ezra s'employa à faire rire la demoiselle, ce qu'il réussit à faire. Et qui procura un véritable bol d'air frais à Myriam. Cette sortie lui avait fait le plus grand bien et quand elle se coucha ce soir là, elle se sentait plus légère... Avec l'aide du métisse, elle passerait sans doute les quelques semaines d'absence de Liam plus facilement... Ou du moins, elle l'espérait...
000 Lignes Box d'Orcanta Merci pour la correction (:
Myriam regardait avec un certain scepticisme son ventre dans le miroir mural de la chambre de Liam. Elle avait relevé son t-shirt et passait sa main libre sur son ventre encore plat. Ses cheveux noués en une queue de cheval, ses sourcils froncés. Elle ne savait pas vraiment quoi penser. Les derniers événements lui avait ouvert les yeux sur une chose, et une chose essentielle : il y avait pire. Les discussions qu'elle avait eu avec Ezra et les sorties qu'ils avaient fait lui avait au moins remonté le moral, et même si elle appréhendait encore les réactions de Liam, elle était un peu plus sereine face à cette grossesse. C'était déjà un bon point. Elle soupira en baissant son t-shirt, le remettant en place sur sa culotte de cheval rayée grise. Elle devait se reprendre un peu en main.
La jeune femme descendit tranquillement dans la grande salle à manger du Haras, attenante à la cuisine. Quelques cavaliers étaient là, seuls ou en groupe. Elle ne s'attarda cependant pas, se servant un café dans un gobelet cartonné. Elle y posa un couvercle et attrapa un pain au lait avant de quitter la pièce. Elle parcouru les quelques deux cents mètres qui séparaient les écuries d'élevages du Manoir à pied, en quelques minutes. A vrai dire, c'est le chemin qu'elle faisait tout les jours. Elle longeait le grand pré, découpé en parcelle pour certains chevaux et tombait directement sur l'allée de Liam. Un pur bonheur, chaque matin.
En entrant dans l'écurie dont les portes battantes étaient grandes ouvertes, elle sourit. Un palefrenier était déjà passé par là : Call n'était pas dans son box. Il était mit au vert en ce moment, en même temps que Dom Pérignon et Caraanu Pi de chez Louna. Il ne restait donc plus qu'Orcanta et Unforgotten Winter. La jument palomino passa d'ailleurs la tête par la porte de son box en entendant la demoiselle arriver, pour la saluer. La blondinette, qui n'avait plus que son café à la main, s'approcha d'elle et passa une main douce sur son chanfrein.
« Bonjour toi ! »
Au son de la cavalière, Unfor passa la tête par l'ouverture de son box. Les oreilles bien en avant. La demoiselle lui sourit. Depuis qu'il était arrivé, et même s'il n'avait pas été beaucoup manipulé, le petit appaloosa s'était adoucit. Il était moins brusque, plus posé et calme. En main, il se comportait désormais comme un cheval normal. Certes encore jeune, mais tout à fait lambda. La seule chose, c'est qu'il ne connaissait toujours pas la selle ni la bride, seulement de vue. Mais les choses viendraient petit à petit, la demoiselle en était persuadée. Elle avala une gorgée de café en donnant aussi une caresse à Unfor. Le jeune cheval se laissa faire, pointant ses oreilles vers sa cavalière.
« Bon aller, c'est moi qui m'occupe de vous aujourd'hui les enfants. »
Elle avala une autre gorgée de café avant de posé celui-ci sur le mur d'un box vide. Il était temps de se mettre au boulot ! Elle commença par Orcanta. Elle sortit doucement la jument de son box et entama un pansage rapide mais efficace. Soignée tous les jours, la jument n'était pas très sale, seulement un peu poussiéreuse, alors le pansage était plutôt rapide avec elle. La jeune femme fit attention à son ventre rond et démêla enfin soigneusement ses crins. Elle était nickel. La remettant dans son box, elle fit de même avec Unfor, qui se laissa faire tout aussi sagement que la palomino. Entre temps, la cavalière prenait quelques gorgée de café, dans son gobelet toujours pas fini.
« Une petite ballade ça vous dirait ? »
Orcanta releva le nez de sa paille, mais Unfor ne fit rien. La demoiselle sourit encore. A quoi s'attendre avec deux chevaux en même temps ? Ils n'allaient pas lui répondre. Au moins, ils lui prêtaient attention ! C'était déjà pas mal. Elle tapota l'encolure de l'appaloosa et sortit de nouveau Orcanta de son box.
« Aller vient ma grande... »
Elle encouragea la jument d'un claquement de langue et une fois en bonne position, détacha Unfor. Chacun dans une main, elle fit sortir les chevaux de l'allée et prit le chemin de la plage. Elle ne comptait pas aller très loin de toute façon. Longer l'océan pour finir par le pré de l'autre côté du Haras. Elle y mettrait Orcanta et emmènerait Unfor au rond de longe pour jouer un peu. Mais en attendant cette partie là de la journée, le trio infernal était sur la plage. Unfor avait relevé le nez et regardait partout, intrigué. Il émettait de petit hennissement de gorge, sans ouvrir la bouche. Tournant la tête de tous les côtés et marchant sur des œufs. Pourtant il avait déjà vu la mer, mais celle là avait l'air de plus l'étonner que les autres. La demoiselle sourit à cette vision.
« Et bien ?! Tu connais ça pourtant Unfor ! »
Orcanta elle, restait calme. Elle avait l'habitude maintenant, elle passait par là tous les jours depuis qu'elle avait posé les pieds en Amérique. La cavalière passa la main sur l'encolure du jeune cheval pour le rassurer et poursuivit sa route. Elle fit un crochet jusqu'à l'eau, pour la montrer à l'appalooz'. Il mit les pieds dedans avec appréhension, reculant de quelques pas quand la vague arriva. Quand la petite houle se brisa sur ses jambes, il se figea en relevant le nez et hennissant doucement, surprit. Finalement, peut-être qu'il ne connaissait pas. Mais il faisait preuve d'un sacré courage en restant là. Comme pour montrer l'exemple, Orcanta gratta le sable humide et baissa le nez, prête à se rouler dans l'eau basse. La demoiselle la laissa faire, se poussant un peu pour lui laisser de la place, laissant la longe tremper dans l'eau. Unfor la regarda faire avec une grande curiosité, ne sachant pas s'il devait l'imiter ou pas. Myriam se protégea derrière l'appaloosa quand la jument se releva et se secoua.
« Orcanta ! »
C'est en souriant qu'elle reprit la longe pendante et caressa la jument. Avec son ventre rond, elle avait du mal à se rouler mais elle s'en sortait bien. Et surtout, elle était rayonnante. Maintenant qu'elle était trempée, sa robe brillait d'un doré profond au soleil de Californie. Elle soupira et bailla, prête à repartir.
« On continu Unfor ? »
Le jeune cheval hennit dans sa barbe et le trio repartit doucement vers la seconde entrée du domaine sur la plage. Les chemins de ce côté là n'étaient pas balisés et un peu plus abruptes. Ils traversaient une forêt basse et passaient entre les paddocks du centre de soin et le grand pré commun. C'est là que serait lâché Orcanta. Dans son état, elle ne risquait rien de toute façon, quels que soient ses copains de prés. En tout cas, dès qu'elle aperçu les barrières de bois du pré qui s'enfonçaient dans la forêt, elle comprit très vite où elle était et que la suite serait pour elle. Quelques minutes plus tard, alors que que la cavalière avait attaché Unfor à la barrière, Myriam menait Orcanta dans le pré. Elle lâcha la jument et la regarda un instant avant de revenir vers Unfor. Let's go to play !
Le jeune étalon galopait sagement sur la piste du rond de longe. Attentif à sa cavalière, il poursuivait son apprentissage à la voix.
« Ohh... »
Le bai tâcheté ralenti et repassa au trot en douceur. Il releva le nez et regarda un instant au dehors, avant de revenir sur sa cavalière. Encore une fois, la demoiselle lui demanda de ralentir puis enfin, de s'arrêter. Ce que fit le jeune cheval. Myriam, folle de joie, sautilla sur place et s'avança vers l'étalon pour le caresser chaudement. C'est qu'il avait quand même fait pas mal de progrès le petit.
« C'est bien ça !! C'est bien mon grand... »
Elle passa une dernière fois la main sur l'encolure de l'étalon et fit un pas en arrière.
« On joue maintenant ? »
Elle leva les mains en l'air pour inviter l'étalon à partir comme il le souhaitait. Le cheval ne se le fit pas dire deux fois. Il se leva sur ses postérieurs et pivota sur lui-même pour partir au galop dans l'autre sens, lançant quelques ruades. Après quelques tours, il se calma et approcha de la demoiselle sans pour autant la coller. Myriam recula de quelques pas avec le sourire, fixant l'étalon.
« Viens ! »
Après quelques secondes d'hésitation, le jeune cheval secoua la tête de haut en bas et avança sagement au pas. La demoiselle se retourna et marcha dans tout le rond, suivit par l'étalon tacheté. Elle compliqua les choses en accélérant un peu et en tournant brusquement. Mais malgré tout, le jeune étalon suivait, levant ses antérieurs si besoin. Le jeu dura un moment comme ça une bonne dizaine de minutes avant que la demoiselle ne commence à fatigué. C'est qu'elle n'avait plus la forme comme avant ! Elle fini par féliciter l'étalon et le récupérer. Doucement, elle le mena jusqu'au pré où elle avait lâché Orcanta. Le travail de l'étalon n'avait pas duré longtemps mais pour lui, c'était bien suffisant. Et puis elle ne voulait pas le brusquer. Le cheval n'était pas dur alors...
« Aller mon bonhomme ! Amuses-toi ! »
Elle détacha la longe et laissa le bai partir au petit trot vers ses copains de prés. Elle n'avait plus qu'à rentrer et chercher Ezra pour voir s'il n'avait pas besoin de son aide ! Avec les trois nouvelles recrues de Louna, il ne devait pas chômer...
L'air calme de septembre enflait ses cheveux détachés. Les bras appuyés sur la barrière, assise sur une chaise sur le bord de la carrière, le menton sur ses avant-bras, Myriam regardait en silence le travail du cheval et du cavalier dans la carrière. Son pull large et léger, crème, se plaquait doucement sur son ventre de plus en plus rond à chaque souffle de brise. Les jambes croisées sous sa chaise, elle attendait, sage. Dans la carrière, l'étalon double pearl s'appliquait sous les demandes de son cavalier. Liam, en selle, était enfermé dans sa bulle, comme à chaque fois qu'il montait seul. Plus rien d'autre que son cheval n'existait pour lui à cet instant de sa vie. Elle aurait pu faire un malaise, qu'il ne l'aurait même pas vu tant que son exercice était en cours. La jeune femme regardait et apprenait.
Le couple était beau en tant que tel. Harmonieux. Le cavalier donnait l'impression de ne bouger qu'à peine sur sa selle, alors qu'il était sans arrêt en mouvement. Sous lui, le lusitanien croisait les jambes, ou allait en avant, selon ce qu'il lui était demandé. L'encolure arquée, les oreilles couchées sur sa nuque, attentif à son cavalier, et soumis. Seul sa queue fouettait parfois l'air, faisant écho à son souffle pour battre la mesure, donner un rythme. Liam était silencieux. Il ne parlait pas à son cheval lors de répétitions de dressage comme celle là. Il répétait inlassablement un court répertoire de reprises de sa création, et en cherchait les failles. Il n'abandonnait jamais et demandait toujours plus d'application, toujours plus de perfection. Tendre vers l'excellence... Cela avait toujours été son mot d'ordre...
Piaffer. Le trot qui se raccourcit, pour faire un presque sur place. Le temps se suspens alors que le cavalier garde les yeux rivés sur la nuque de son cheval. Ses lèvres remuent mais il n'en sort aucun son. Il compte les pas, ressent chaque foulée et corrige selon ses sensations. Call renâcle pour avoir loupé un pas. Mais il est comme son cavalier, têtu. La jeune femme se demande même comment ils ont fait tous les deux pour si bien s'entendre. Deux fortes têtes de ce genre ne terminent que peu ensemble, dans une aussi belle harmonie. Mais eux si. Liam sera-t-il aussi appliqué lorsqu'il sera père ? Sera-t-il aussi attentionné qu'il ne l'est avec ses chevaux ? Les relations qu'il entretient avec le genre humain sont pourtant différentes de celles qu'il a avec ses équidés. La demoiselle devrait-elle avoir peur ? C'est ce qu'elle se demande... Quel genre de père il peut être...
Reprise du trot. Toujours aussi raccourcit mais relevé. Le passage. Call en serait presque au trot espagnol. Mais il se contient. Au bout de la ligne, le couple bifurque à droite sur la piste. Ils passent l'angle et galop. Un galop court, relevé. Même attitude qu'au trot, mais avec l'allure supérieure. Au milieu du grand côté, doublé dans la largeur et en x, pirouette. Le cheval pivote sur ses postérieurs par quart de cercle. Puis après avoir fait demi tour, il reprend le chemin de la piste, en revenant sur ses pas. Puis ils rejoignent de nouveau le petit côté et le cavalier demande un cercle. Vaste, de vingt mètre. Il maintient cette allure courte, presque sur place. Call souffle fort, la transpiration tâche ses flancs et son encolure. Mais il n'abandonne pas. L'écume colore ses lèvres de blanc et humidifie sa robe. Mais il n'y prend pas garde. De nouveau une pirouette à l'inverse de la première, au même endroit. Puis arrêt, net, face au jury imaginaire. Cheval et cavalier sont immobiles durant quelques secondes, avant que le lusitanien ne face quelques pas de reculer.
L'arrêt de nouveau, l'immobilité parfaite. Ils pourraient rester ainsi presque des heures s'ils le voulaient. Les sabots parfaitement alignés, le reste du corps également. La queue flottant doucement au vent faible. Ils sont beaux tout de même, "ses hommes". Puis le cavalier lâche tout doucement ses rênes. Le temps reprend son cours et s'accélère. L'étalon baisse la tête et remet les oreilles en avant. Il sait que le travail est terminé. Le cavalier se penche sur son encolure et l'englobe de ses bras, grattant de ses mains les deux côtés de l'encolure musclée. L'étalon prend le pas de lui-même, l'encolure basse. C'est sa meilleure récompense, que son cavalier ne recommence pas la reprise. Cela veut dire qu'il a tout bien exécuté.
Enfin, le regard du cavalier croise celui de la demoiselle. Il lui sourit et elle répond faiblement, en relevant la tête. Elle se lève finalement et ouvre la porte de la carrière. Elle se sent lasse et fatiguée. La grossesse ? Peut-être oui. Mais aussi autre chose. Ces questions qui la tourmente et auxquelles elle ne trouve pas de réponse. Des problèmes auxquels elle n'avait pas pensé jusque là, mais qui la décourage et la font douter...
« Merci ! »
Le cavalier lui sourit et saute à terre pour venir l'embrasser. Call en profite pour se secouer allègrement, du bout du nez jusqu'au bout de la queue. La demoiselle sourit faiblement et se tourne vers les écuries. Il est tant de rentrer, les autres sont déjà parti déjeuner. Elle a faim, mais elle le sait, le cavalier a encore du travail avec sa monture.
« T'es sûre que ça va ? » « Oui... Je... Je suis fatiguée. Je vais aller au club-house en attendant. » « D'accord. Mais t'es pas obligé de m'attendre pour déjeuner, tu peux manger avec les autres si tu veux. » « Non ça va, je t'attends. » « Très bien. À tout de suite alors. »
Il l'embrasse sur le front et sourit. Ils se séparent. L'un va vers les écuries, alors que l'autre prend le chemin de la maison...
***
La demoiselle attendait patiemment dans le club-house. Les autres étaient parti depuis longtemps déjeuner. Le cours de Logan de ce matin avait duré jusqu'à onze heure et demi et Liam s'était mit en selle à midi. Une heure et demi après, la blondinette avait faim et les autres en devait déjà être au dessert. Elle soupira, soudain reprise par les doutes qui l'avaient tourmenté le matin même. Un certain malaise l'habitait et elle était incapable de dire pourquoi. Elle ne savait plus à vrai dire. Elle ne savait plus si elle avait fait les bons choix. Elle était follement amoureuse de Liam, cela, personne ne pouvait le lui enlever. Mais est-ce qu'elle avait bien fait de garder ce bébé ? Si tôt dans leur relation... Elle voyait mal Liam s'occuper d'un enfant. Il était trop dans son élevage pour s'occuper d'autre chose. Déjà qu'il se négligeait lui-même par certains moment, comment gérerait-il un bébé ? Et elle ? Comment ferait-elle si elle se retrouvait seule ? Elle savait que Liam l'aimait aussi, mais il ne lui prouvait que peu et elle avait besoin qu'il le lui prouve.
Certes, ils ne se disputaient presque pas. Liam n'était pas du genre à élever la voix de toute façon. Il préférait feindre l'ignorance plutôt que se confronter au problème et crier un bon coup. Et ce comportement la frustrait plus qu'autre chose. Elle avait l'impression qu'il y avait des non-dits, qui la gênait beaucoup... Elle soupira de nouveau, le regard perdu sur le paysage. Elle ne fit même pas attention à la silhouette de sa moitié se dessiner dans le coin de ce paysage, marchant à vive allure vers la porte. Il regardait le sol et à ses pieds, Légolas sautillait comme un joyeux gardon. Le chien du moniteur de CSO ne lâchait plus Liam depuis qu'il l'avait vu. Au grand désespoir de son maître.
Peu de temps après, la porte s'ouvrit sur Liam et le berger australien qui donna un aboiement de joie. Myriam tourna alors la tête vers le cavalier. Il lui sourit la poignée de la porte encore dans la main.
« T'as fini avec tes chevaux ? »
Son ton avait été un peu sec, dépeignant son état psychologique du moment. Le sourire de Liam disparu, et même Légolas ne moufta plus. Le cavalier soupira doucement et se pencha sur le berger australien.
« Il est où le maître ? Va chercher le maître ! Aller va ! »
Le chien émit un couinement et détala au dehors, à la recherche de Logan. Il releva la tête vers elle, avec une certaine lassitude, ce qui pinça le coeur de la demoiselle. Elle regrettait un peu son ton. Elle n'aimait pas le voir ainsi et elle savait bien que les minutes qui allaient suivre allaient être silencieuses pour le cavalier.
« J'ai fini avec Call. Walig et Ezra s'occuperont des autres dans l'après-midi. Tu veux rentrer au bungalow ? »
Le ton neutre de celui qui se referme comme une huître. Elle hocha doucement de la tête sans dire un mot, la gorge nouée. Elle détestait ce genre de situation...
***
Le voyage jusqu'au bungalow avait été des plus silencieux. Liam se concentrait sur la route tandis que Myriam gambergeait encore, en essayant de se calmer et retenir ses larmes. C'est qu'avec sa grossesse elle était aussi très à fleur de peau et lunatique. Un effet secondaire indésirable sans doute. Liam encaissait sans rien dire, bien que certains moments, comme celui-ci, lui pèse un peu.
À peine la voiture garée que le conducteur en sortait et se dirigeait vers la porte d'entrée. Il n'y avait aucun doute, il faisait la tête. Plus précisément, il était vexé. Myriam soupira et suivit le mouvement en sortant du véhicule. En entrant, un courant d'air lui fit échapper la porte des mains et celle-ci claqua. Même si elle ne voulait pas d'une telle chose, ce fut un bon point de départ. Liam sursauta et se retourna vivement. L'air étonné qu'il portait au départ se mua rapidement en un regard colérique.
« Bon, qu'est-ce qu'il se passe ? Qu'est-ce que j'ai encore fait pour que tu me fasse la gueule ?! »
Il n'avait pas crié. Mais élevé un peu le ton. Il était sec dans ses mots et ses gestes, crispé d'une certaine colère. Frustré aussi de ne pas comprendre. Myriam le foudroya du regard et croisa les bras sous sa poitrine, serrant les dent de colère elle aussi. Il était certain qu'ils n'avanceraient pas beaucoup en restant planté là l'un devant l'autre mais pour l'instant, ils ne savaient faire que ça. Finalement, au bout d'une longue minute de silence à se détester du regard, c'est Myriam qui explosa.
« Rien justement ! Tu ne fais rien ! J'ai l'impression de ne plus exister à tes yeux ! » « Quoi ?! »
L'incompréhension la plus totale se lisait sur son visage. Certes, elle exagérait un peu, mais c'était fait exprès.
« Il n'y en a que pour tes chevaux et l'équipe ! Je suis fatiguée de devoir sans arrêt faire la navette pour vous regarder vous amusez ! » « C'est un projet qui me tiens à coeur ! Et oui, mes chevaux compte beaucoup pour moi ! Tu le savais dès le départ ! Je ne peux pas les délaisser ni laisser les autres s'en occuper indéfiniment. Se sont mes chevaux et j'en ai la responsabilité ! Et si tu ne monte pas, c'est parce que c'est toi qui l'a décidé ! Si tu ne veux plus venir au club, et bien ne viens plus. » « Et moi je ne te tiens pas à coeur ? Tu crois que tu n'as aucune responsabilité aussi dans notre couple ? Je l'ai décidé... Tu préférerais peut-être que je ne sois pas enceinte ?! » « Je n'ai pas dit ça ! Et pourquoi ça te pose problème maintenant ? Ça ne te posais pas de problème à Full Horse ! » « Et bien maintenant oui ! »
L'éleveur leva les yeux au ciel en posant les mains sur ses hanches. Il soupira, cherchant à se calmer. Il n'aimait pas ces débats sans fin, où il ne comprenait rien. Il regarda enfin Myriam un instant et se détourna, en allant vers la cuisine. Tout cela le dépassait un peu.
« Et bien vivement qu'on y retourne alors... »
La demoiselle resta un instant là, immobile. Elle souffla quelque chose pour elle-même, sans que personne ne l'entende. Puis répéta, plus fort.
« Non. Je ne veux pas y retourner. »
Liam se figea et porta la main à sa poitrine. Un pincement au coeur l'arrêta net. Il fit volte face pour de nouveau croiser le regard de la demoiselle. Les yeux écarquillés d'étonnement.
« Comment ça ? Mais et... Et l'équipe ? Et les chevaux ? » « Et notre enfant ?! » « ... » « Qu'est-ce que tu crois ?! Qu'un bébé ça peut voyager comme ça ? Qu'il suivra les déplacements du Haras ? » « Ben il... » « Ben il quoi !? Je ne veux pas qu'il subisse une vie nomade comme ça. Je veux qu'il aille à l'école, qu'il se fasse des copains. Qu'il ait une vie normale. » « ... »
L'éleveur ne répondit pas. A vrai dire, il ne savait pas quoi répondre. Il ne s'attendait pas du tout à cela. D'ordinaire, quand Myriam avait des doutes, il savait la rassurer. Il la prenait dans ses bras, lui parlait. Mais là... Il tombait des nues. Il ne trouvait pas les mots pour la rassurer et pas la force pour la câliner. Avec de tels doutes, elle mettait en cause le projet de l'équipe et beaucoup d'autres choses. Son regard se voila, une chape de tristesse lui tomba dessus. Les épaules de l'éleveur s'affaissèrent, ses bras tombèrent le long de son corps. Le regard vague, il avança lentement vers la baie vitrée du salon et l'ouvrit. Il allait sortir quand la voix penaude de Myriam le stoppa dans son geste.
« Où est-ce que tu vas ? » « J'ai besoin de réfléchir. »
Il passa la baie et referma la vitre, laissant la jeune femme seule. Tout cela n'augurait rien de très bon...
Les premières notes de Counting stars s'échappèrent en douceur de la chaîne hi-fi alors que la demoiselle ouvrait doucement les yeux. Elle tourna la tête pour constater que Liam n'était plus là. Comme chaque matin, il s'était glissé tôt hors du lit conjugal pour aller prendre son petit déjeuner avec Louna. Il ne dérogeait que très peu à cette règle de conduite. Ce qui désespérait un peu la demoiselle par moment. Elle admirait sa droiture et son sérieux. Mais elle aurait aimé l'avoir un peu plus avec elle de temps à autre. En attendant, elle n'avait pas trop le choix. Elle se leva tranquillement de son lit et se dirigea vers la salle de bain, son gros ventre la devançant. Elle n'avait plus de nausées, seulement quelques tiraillements de temps à autre, mais rien qui ne l'inquiétait. Elle était encore loin du terme quand même. Elle jeta un oeil à sa frimousse à peine éveillé dans la glace et mit l'eau à couler pour qu'elle chauffe. En attendant, elle enleva sa chemise de nuit et l'abandonna sur le lavabo avant de tiré ses cheveux en chignon sauvage. Elle se regarda ensuite plus en détail en soupirant. Elle avait abandonné tout soin attentif à son corps depuis qu'elle ne pouvait plus mettre de chaussettes toute seule. La tempête de neige n'arrangeait guère son problème, aucune esthéticienne ne pouvant venir à elle et vice versa. Et il lui était hors de question de demandé un tel service à l'une des filles de l'équipe, elle était trop pudique pour cela. En attendant, elle détourna son regard en entra dans la douche, savourant le contact de l'eau chaude sur sa peau.
C'est à ce moment là, sur les coups de neuf heures, que Liam revint dans la chambre. Il se levait vers sept heures. À la demi il était au petit déjeuner, et en revenant à neuf heures il avait distribué les rations et fait le tour de son élevage pour voir si tout son petit monde allait bien. D'habitude, il ne revenait pas et c'est Izikel qui restait avec elle jusqu'à neuf heure et demi, l'aidant à mettre ses chaussettes et lui tenant compagnie pour le petit déjeuner. Mais avec l'accident d'Arès, le jeune irlandais passait tous ses débuts de matinées au centre de soins pour s'occuper du pie. Il lui donnait sa ration et le pansait, tous les jours. Et cet événement, bien que malheureux, avait été bénéfique pour leur relation. Désormais, le jeune homme pouvait approcher le cheval et lui toucher l'encolure et l'épaule sans avoir besoin de calmants. Il pouvait même faire quelques pas en longe, tant qu'il ne le touchait pas, l'étalon gardant entre eux une distance plus que respectueuse. Il portait d'ailleurs sans arrêt un licol éthologique et maintenant qu'il était un peu habitué du box, il passerait ses nuits à l'intérieur, ce qui permettrait au jeune homme de vraiment commencer le travail. Il avait juste besoin d'une amorce pour l'approcher et désormais il l'avait.
La demoiselle termina de se laver et sécher et s'habilla rapidement. Dans la chambre, Liam était assit près de la fenêtre, son pc sur les genoux. Myriam s'approcha de lui avec un sourire et déposa un baiser sur son front.
« Bonjour mon chéri. » « Bonjour ma puce ! Ça va ? » « Ça va et toi ? » « Très bien ! Tu veux que je t'aide ? » « Je veux bien ! »
Elle lui tendit une paire de chaussettes épaisses et prit place sur le fauteuil en face du sien. En quelques gestes, le garçon était agenouillé devant elle pour lui enfiler les chaussettes.
« Tu as croisé Walig ce matin ? » « Oui... »
Elle fronça les sourcils. C'était un "oui" un peu évasif qui sous-entendait quelque chose. Mais elle ne savait pas quoi. Et concentré comme il le paraissait, l'éleveur ne comptait pas en dire plus sans être questionné.
« Il va bien ? » « Pas trop... » « Bon, dis moi ce qu'il se passe. »
Il soupira et se releva, se rasseyant dans son fauteuil avec cet air désespéré de l'homme qui ne sait plus quoi faire sur le visage.
« Il ne veut pas rejoindre l'équipe et je crois que j'ai envenimé les choses. Il ne veut même plus revoir Louna. » « Et Louna ? » « Toujours aussi butée. Mais je ne comprends toujours pas ce qu'elle a contre lui. » « Tu as essayé de lui parler ? » « Elle a éludé la question au petit déjeuner et je n'ai pas voulu insister... »
La demoiselle pinça les lèvres. La situation était délicate et Liam se sentait responsable, étant donné qu'il était à l'origine du projet. Elle, elle ne voulait pas s'en mêler, c'était leur affaire. Même si la situation la touchait aussi à travers Liam et Izikel. Elle était tout de même au contact des deux hommes tous les jours...
« On y va ? » « Oui chef ! »
Il l'aida à se relever et l'accompagna doucement jusqu'à la porte pour qu'elle enfile ses chaussures. Il attrapa leurs manteaux et écharpes et lui ouvrit galamment la porte. La journée était belle et bien partie !
Après son petit déjeuner, la demoiselle se rendit à l'élevage de son cher et tendre. Elle devait y retrouver Izikel et Sinok pour une première approche. Quand elle arriva, Izikel était déjà sur place. Liam était parti voir Louna et ils n'étaient donc que tout les deux pour travailler avec le poulain. Ce qui ne gênait aucunement la demoiselle, au contraire. Elle aimait beaucoup Izikel pour sa douceur avec les chevaux et l'attention continue qu'il leur portait. Bien qu'il ne soit pas aussi comprit des hommes que des chevaux, et qu'il pouvait parfois se montrer un peu brut, elle appréciait son contact souvent doux.
Le jeune homme était emmitouflé dans un gros manteau de ski et assit sur une botte de paille, pianotant sur son téléphone portable. Il n'était pas très électronique, ayant un téléphone seulement pour passer des appels ou y répondre la plupart du temps. Le voir envoyer un sms était donc surprenant. C'est pour cette raison qu'un sourire malicieux s'afficha sur les lèvres de la demoiselle quand elle s'approcha doucement de lui.
« T'écris à ton amoureuse ? »
L'irlandais releva les yeux avec d'abord un certain étonnement, puis enfin avec un sourire détendu.
« Pas tout à fait... » « Ah ? Ton... amoureux alors ? »
Le fait qu'Izikel avait aussi un penchant pour la gente masculine -de plus en plus marqué- n'était pas inconnu de l'équipe. Le jeune homme sourit, presque amusé, et se releva pour enlever son manteau et le laisser sur la botte de paille.
« Encore loupé ! Bon... On va bosser ici, les ronds de longe sont déjà prit. » « Ok. »
Pas trop d'humeur à la franche rigolade... Tant pis, la demoiselle essaierait de le dérider plus tard. En attendant, il avait quand même l'air détendu. Mais c'était toujours le cas avant qu'il ne travaille avec un cheval et en particulier un jeune. Il avait cette capacité à faire abstraction de tout ses soucis qui ne cessait d'étonner Myriam. Pour sa part, elle était incapable de faire autant le vide que lui avant d'entrer dans une écurie... Elle défit elle aussi son manteau et le déposa près de celui du jeune homme.
« On ne va pas rester très longtemps avec lui, juste qu'il se fasse à notre présence et à quelques caresses. Chaque jour, on augmentera de quelques minutes le temps de manipulation. Mais comme là c'est la première fois, on ne va pas aller trop loin. » « D'accord. Du coup c'est seulement des caresses aujourd'hui ? » « Oui. Demain on lui mettra un foulard autour de l'encolure. Puis après demain on lui demandera les pieds etc... Et chaque jour, on répétera les actions des jours précédents. » « Je comprends. »
Le jeune homme s'approcha doucement du box et ouvrit la porte en saluant Orcanta d'une voix douce. La jument leva le nez de sa paille pour pointer les oreilles vers lui et ronfler un peu des naseaux. Sinok, caché derrière elle, les regardait avec une certaine méfiance, mais voyant sa mère aussi accueillante, il se ragaillardit un peu et approcha à pas mesurés. Izikel caressa la tête de la palomino avant de lui grattouiller la base des crins. Il lui murmurait quelque chose que Myriam ne comprenait pas, mais que la jument avait l'air d'entendre. Elle plia son encolure pour lui tapoter le bras du bout de son nez, répondant à ses murmures par de doux ronflements de naseaux. Puis la jument fixa son poulain en un dialogue silencieux. Le petit doré dévisagea sa mère avec la même intensité et posa son regard vif sur Izikel. Ce dernier s'écarta un peu de son passage et s'appuya dos au mur et se laissa descendre, sans cesser de regarder le poulain.
Myriam avait plus souvent vu Izikel sur le dos d'un cheval ces temps-ci. Le voir ainsi au travail avec des chevaux en liberté, voir son comportement face à eux et surtout, la réaction aussi positive des chevaux était une chose qui l'impressionnait de plus en plus. En voyant cela, elle avait du mal à croire qu'il ne sache pas comment approcher Arès... Il était tellement proche des chevaux... Sinok approcha doucement du jeune homme et tendit son encolure au maximum pour venir le sentir. Ils se connaissaient déjà, mais cela n'empêchait pas de refaire connaissance. Izikel se laissa faire, sous le regard d'Orcanta. Un silence léger s'installa. L'éthologue leva tout doucement la main, présentant sa paume au poulain. Le doré la sentit comme le reste avec crainte mais curiosité. Puis ce fut le déclic. Izikel posa son index entre les naseaux du poulain. Ce dernier se figea, les oreilles pointées en avant respirant fortement. Orcanta hennit doucement à son attention et tourna la tête vers Myriam.
Le moment critique était passé. Izikel fit courir son index et son majeur sur le chanfrein du poulain, qui le regardait avec un étonnement grandissant. Sa mère le laissait faire ! Quel scandale... Il lança un hennissement étouffé mais se trouvant sans réponse, il du bien prendre son courage à deux sabots ! Izikel souriait, amusé par la réaction du poulain. Il était un peu plus craintif que son compère de chez Louna mais aussi curieux se ce n'est plus. Après quelques passages des doigts du garçon sur sa tête, il fini par se détendre et partir lui aussi à l'exploration du jeune homme. L'éthologue restait silencieux, acceptant de se faire renifler et mordiller sous toutes les coutures.
Orcanta pour sa part, ne s'intéressait plus à eux. Elle avait tendu l'encolure vers Myriam, posant son nez avec précautions sur son ventre rond. Les chevaux sentait-il cela ? Orcanta, toute jeune mère, se doutait-elle que la blondinette le serait aussi dans peu de temps ? Myriam tendit doucement la main pour caresser Orcanta, qui se laissa faire avec une extrême bonté, fermant même les yeux de plaisir.
« Elle sait que tu es enceinte. Elle le savait même avant toi. Si tu prends n'importe quel cheval de l'écurie, ils seront tous plus attentionnés avec toi qu'avec moi. »
Le jeune homme lui sourit. Sinok farfouillait dans ses cheveux avec grand intérêt.
« Tu crois ? » « J'en suis persuadé. Tu ne t'en ai pas rendu compte parce que tu ne monte plus depuis un moment. Mais Unfor n'était il pas plus sympa au début de ta grossesse quand tu le travaillais ? » « Si... Il était plus docile... »
Le jeune homme sourit, posant une main sur l'encolure de Sinok. Le poulain se décala sur le côté, tendant encore plus son encolure pour pouvoir tout de même garder le nez dans les cheveux du garçon. Mais il buta vite contre les postérieurs de sa mère, qui ne bougea pas d'un poil. Il finit par se rendre à l'évidence et se laissa faire sagement. C'est ce moment là que le jeune homme choisi pour se relever. Il cessa toutes caresses sur le poulain et flatta seulement l'encolure de la jument.
« Je pense qu'on va en rester là pour aujourd'hui. » « Euh... D'accord... » « Tu as l'air déçue ? » « Tu n'es pas rester longtemps. »
De nouveau, le garçon sourit, amusé, alors qu'ils sortaient du box et qu'il refermait la porte.
« Jamais trop longtemps. »
Myriam sourit faiblement. Il avait raison et elle le savait. Il enfila son manteau rapidement et referma la fermeture éclair.
« Tu t'en va ? » « Je voudrais travailler avec le cheval qui va participer au concours du mois avec moi. »
Cette fois, l'étonnement se lu sur le visage de la jeune femme.
« Tu t'es engagé sur les concours ? » « Pas tous, seulement le PTV et le parcours de confiance. » « Mais... Avec quel cheval ? »
Le jeune homme sourit de nouveau, presque content de son effet.
« Hollow Dun It, le cheval d'un ami. Tu veux venir avec moi ? » « Bah... Bien sûr que je veux ! »
La jeune femme attrapa son manteau et l'enfila également avant de suivre le jeune homme dans la tempête hivernale...
Ils n'étaient effectivement pas aller loin. Un compartiment voisin de l'élevage de Liam cachait un autre élevage, de chevaux américains à première vu. Les box pleins étaient bien plus nombreux que chez Liam et la demoiselle ne pu s'empêcher de jeter un oeil dans chacun d'eux, en faisant attention aux possibles grognons. Izikel dû le remarquer parce qu'il sourit envers la demoiselle, attendant vers le fond de l'allée, les mains dans les poches.
« Ne t'en fait pas, aucun ne viendra te mordre. Ils ne sont pas sauvages. » « Oui... Je me doute bien... »
La jeune femme s'approcha de l'éthologue, les bras croisés sous sa poitrine et après avoir balayé du regard l'allée déserte, elle fixa son regard dans le sien. Il souriait, détendu. Il avait même l'air presque euphorique, ce qu'elle ne lui connaissait plus depuis un certain temps maintenant.
« Mais... C'est l'élevage de qui ? » « Jeffrey Marshall. C'est un ami. » « Tu le connais depuis longtemps ? » « Oh oui ! C'est un très bon ami de longue date. On ne s'est pas vu depuis longtemps et on s'est retrouvé ici il y a peu. » « Ah... D'accord... »
Le jeune homme sourit de nouveau et approcha d'un box. Il enleva son manteau avant d'ouvrir doucement la porte et de mettre la chaîne de box. Aussitôt, un bai tout en rondeur avec une grande belle face approcha, fixant ses grands yeux bleus sur le couple tout neuf. Il ronfla un peu des naseaux et Izikel posa aussitôt la main sur son chanfrein pour caresser le bai, qui se rapprocha le plus possible pour coller l'éthologue. Celui-ci en sourit, amusé.
« Je te présente Hollow Dun It. Étalon Paint Horse de son état. » « Enchanté Hollow ! »
La demoiselle sourit se détendant un peu. Izikel ne leur parlait jamais de ses connaissances autre au sein du Haras. Il se cantonnait souvent entre ses cours et l'élevage de Liam et à vrai dire, elle ne savait absolument pas ce qu'il faisait de son temps libre. Elle le pensait sans arrêt avec les chevaux mais il fallait croire qu'il avait aussi d'autres points d'intérêt... Ce qui était même plutôt rassurant en fait ! Et si cet ami pouvait lui redonner un peu le sourire, elle voyait même d'un oeil très positif ce qu'un possessif comme Louna aurait pu prendre pour une sorte de trahison. Non... Izikel avait besoin de prendre du recul et de se détacher un peu d'eux et elle ne serait certainement pas celle qui s'y opposerait...
« En tout cas il est superbe ! Les autres aussi d'ailleurs... Ça donne envie de se mettre au western... »
Cette fois, le jeune homme rit véritablement. Il s'éloigna un peu pour disparaître dans ce qui devait être la sellerie, pour vite revenir avec un cure pied et un bouchon.
« Après la naissance du bébé tu pourrais tu sais. Jeff est d'ailleurs moniteur de western, tu pourrais prendre des cours avec lui. » « Pourquoi pas... En plus j'aurais le plaisir de rencontrer le garçon ! »
Ils échangèrent un sourire entendu. Alors que Myriam répondait aux petites poussettes de Hollow sur son bras.
« Je compte bien vous le présenter. En tout cas, à Liam et toi... »
Il l'avait encore amère envers Louna, ce qui était compréhensible. Il avait même l'air d'avoir perdu un peu de contact avec Lou-Khyan, Kwaïgon et Logan, mais en particulier Ezra. Le métisse passait désormais plus de temps avec le coréen et la rouquine que lui. C'est dans ces moments là qu'elle sentait bien qu'il y avait une cassure. Elle sourit tendrement alors que le jeune homme se penchait sur les sabots du bai. En quelques minutes il avait terminé et brossait avec énergie la robe de l'étalon.
« Et tu comptes faire quoi avec lui aujourd'hui ? » « Seulement faire un peu connaissance, apprendre ses boutons... » « Tu veux que je t'apporte sa selle et sa bride ? » « Non ! Je n'en aurais pas besoin. Merci Myriam... »
Il sourit tendrement vers la demoiselle et elle s'en retrouva un peu étonnée. Mais d'un autre côté, ce n'était pas si étonnant que cela de sa part. Il avait l'habitude de monter Finwë sans rien et s'il avait trouvé un cheval capable des même prouesses, pourquoi se priver ? Le jeune homme laissa sa brosse et son cure pied par terre près de la porte et enfila un licol éthologique au bai. Il noua une cordelette autour de son encolure et défit la chaîne pour sortir du box.
« Aller Hollow, viens. »
Il donna un appel de langue et le bai sorti de son box, pour suivre le jeune homme. Il le suivait au plus près, plaquant même parfois son chanfrein au dos du jeune homme. Toute la petite troupe se dirigea non sans quelques peines jusqu'à l'arène, seul lieu peu fréquenter de l'académie durant la tempête. Une fois à l'intérieur, ce fut le calme plat durant un instant. Ils restèrent un moment immobile à contempler les lieux, avant que Hollow ne ronfle légèrement des naseaux, en appuyant sa tête contre l'épaule d'Izikel. Le jeune homme sourit et se retourna pour caresser le chanfrein blanc de l'étalon.
« Oui on y va. Tu veux aller t'asseoir Myriam ? » « Oui, je serais mieux. »
Elle lui sourit gentiment en prenant la direction des gradins. L'arène était immense et ovale, complètement entourée de gradins. La demoiselle avait l'embarras du choix. Le jeune homme envoya Hollow sur le sable d'un geste rapide de la main et partit vers le boîtier électrique. Il enclencha les projecteurs sur la moitié de l'arène seulement, ce qui était déjà bien suffisant. Le bai marcha un instant avant de gratter le sol et se rouler allègrement. Myriam avait trouvé une place et Izikel revenait voir l'étalon de son pas tranquille, les mains dans les poches. Il s'arrêta à quelques mètres du bai, l'observant avec un fin sourire sur les lèvres. Le bai se releva et se secoua, posant sur Izikel un regard doux. Il mâchonna un peu et baissa le nez, pour rejoindre Izikel en faisant les derniers pas qu'il y avait entre eux. Aussitôt, le jeune homme caressa le bai derrière les oreilles.
« C'est bien grand ! T'es un bon cheval. De toute façon, je ne doute pas de l'éducation de ton maître ! »
Il sourit alors que l'équidé relevait le nez pour regarder Myriam. Attiré par un murmure.
« Tu veux jouer Hollow ? »
A l'entente de son nom, le cheval baissa de nouveau les yeux sur Izikel. Le cavalier ouvrit un bras et se décala de façon à être de profil au cheval, l'invitant ainsi à marcher, l'encourageant d'un claquement de langue. Le bai ne se fit pas prier et parti d'un pas joyeux, s'installant sur un cercle autour de Walig. Le moniteur le laissa ainsi un instant avant de lui demander le trot. Aussitôt le bai baissa le nez, prenant cette posture qu'il avait lorsqu'il avait une bride, devenu habituelle pour lui. Izikel le laissa trotter sans rien dire tant que le cheval gardait la même allure. Il le fit changer de sens une fois, la rappelant à lui pour ouvrir le bras de l'autre côté. Ils donnaient l'impression d'être dans une séance de longe, un fil invisible les reliant. Myriam avait le sourire en les voyant.
« Hollow ? Come on boy. »
Aussitôt, sans quitter le trot, le bai rejoignit Izikel, se stoppant quelques pas avant lui quand le jeune homme leva les paumes. Il s'approcha ensuite de l'étalon pour le caresser, passant sur tout son corps, insistant un peu sur son dos. L'étalon ne broncha pas, restant parfaitement immobile. Le jeune homme resta immobile quelques minutes avec le cheval, caressant doucement son épaule. C'est Myriam qui brisa le silence.
« Pourquoi tu ne bouge plus ? »
Izikel sourit en tournant la tête vers la demoiselle, en même temps qu'Hollow.
« C'est important d'avoir des temps de calme entre les exercices. Pour ne pas qu'il s'emballe et être sûr que j'ai toujours le contrôle. C'est moi qui doit décider quand bouger et quand se calmer, pas lui. »
La demoiselle hocha de la tête sans plus rien dire, observant toujours. C'était très instructif de regarder Izikel faire et elle apprenait souvent beaucoup. Elle ne savait pas si elle était capable de reproduire tout ce qu'il faisait mais au moins, elle apprenait.
Le jeune homme entama un peu de stick to me. Il variait souvent dans son tracé et les allures. Au début, il restait au pas et enchaînait les courbes larges et les arrêts. Puis il prit des virages plus secs et le trot. Hollow suivait toujours, sans jamais trop s'éloigner du jeune homme. Voyant que les choses se déroulaient comme il le voulait, le jeune éthologue se risqua à quelques sprint en ligne droite. Hollow prenait le galop et faisait des arrêts glissés pour toujours rester derrière son cavalier du jour. A chaque fois, Izikel lui parlait, annonçant la direction qu'il allait prendre et tendant la main du côté où il allait. Il n'avait guère besoin de répéter plus de deux fois un ordre, Hollow les exécutait toujours parfaitement. Puis de nouveau, le jeune homme revint au calme, laissant l'étalon coller son chanfrein contre son torse pour le caresser derrière les oreilles. Les deux avaient de toute façon besoin de reprendre leur souffle.
C'est à ce moment là que Liam passa tout doucement la porte de l'arène pour aller rejoindre Myriam. Il adressa un petit signe de la main à Izikel qui lui souriait mais ne dit rien. Myriam lui fit un rapide résumé de la situation en murmurant, alors qu'Izikel se préparait à monter sur le dos d'Hollow. Il mit le cheval au pas, marchant à côté de lui en agrippant sa crinière. Puis en quelques bonds, semblable à ceux que font les voltigeurs, il se propulsa sur le dos du bai. Quelques foulées plus tard, il était installé et marchait en large cercle.
Il testa la réponse du cheval aux jambes, surtout les virages, accompagnant toujours ses demandes d'un ordre vocal. Hollow eut une petit hésitation sur un virage serré mais les encouragements de son cavalier finirent par le convaincre. L'arrêt était aussi bien maîtrisé et, estimant sans doute que c'était bien, le jeune homme demanda le trot, simplement de la voix. Cette fois, c'était un peu moins évident et le jeune homme utilisa la cordelette qui pendait toujours à l'encolure du paint pour appuyer ses demandes. Mais visiblement, le cheval savait parfaitement ce qu'il avait à faire.
« Hollow, galop ! »
Le bai ne se fit pas prier, prenant un galop lent et souple, parfaitement stable pour son cavalier, en grand habituer du reining. Le garçon le félicita, se penchant sur son encolure en plein galop pour le caresser. Même sans selle, il gardait parfaitement son équilibre, sans jamais glissé. Ce n'est pas elle qui serait capable de ça. Et elle admirait le garçon pour ça aussi. Par jeu, le jeune homme chauffa un peu l'étalon et le laissa faire quelques sprints. Le bai s'en donna à coeur joie, sous le rire amusé du cavalier. Il en laissa même échappé quelques joyeux coups de cul, qui ne dérangèrent pas outre mesure le cavalier. Izikel se laissa finalement glisser au sol et envoya le cheval galoper pour qu'il se défoule un peu. Le cavalier en profita pour rejoindre Liam et Myriam, laissant toute l'arène libre pour l'étalon.
« Salut Liam. Ça va ? » « Bien et toi ? » « Nickel. » « Tu dîne avec nous ce soir ? » « C'est qui nous ? » « Toute l'équipe... » « Non. Mais merci de la proposition. »
L'éleveur baissa un instant les yeux, un peu déçu.
« On peut se voir demain ? J'aimerais qu'on discute. » « De Louna ? » « Entre autre... »
Ce qui voulait clairement dire "oui" en langage Liam. Izikel soupira. Apparemment il n'y couperait pas et il le savait.
« Si tu veux. »
L'éleveur hocha de la tête et se releva.
« Bon, il faut que j'y aille. Tu viens ou pas Myriam ? » « Euh... Oui... Je pense que je vais rentrer. On se voit plus tard Walig ? » « Pas de soucis ! Bonne soirée si on se revoit pas. »
Liam et Myriam le remercièrent avant de partir. Il avait tout de même cette formidable capacité de mettre pas mal de choses de côté. La jeune femme lança un regard en arrière et vit le jeune homme quitter l'arène pour aller vers les élevages, le cheval le collant dans le dos...
537 Lignes J'utilise un résumé x2 de Kwaïgon Réservé à Jeffou !! (: Box de Sinok & Hollow Dun It Merci pour la correction (:
Le calme est revenu dans l'équipe et elle quitte enfin l'Alaska pour retrouver le doux climat de l'automne australien. Petit retour nostalgique sur ce trimestre hivernal et préparation au départ en douceur...
La goutte d'eau chuta, irrémédiablement attiré par la terre, quelques mètres plus bas. Au passage, dans sa chute interminable, l'air glacial de l'Alaska la changea en un flocon, obligeant l'eau a s'organiser et dessiner une forme complexe mais parfaitement symétrique. La chute se fit plus longue et le flocon tomba sur le sol avec une douceur infini, se laissant d'abord porter un peu par le vent. Il ne lui fallut que quelques seconde pour se fixer aux autres, mais sa vie fut brève. Quelques minutes plus tard, un sabot ferré l'écrasait, sa chaleur et sa puissance détruisant ses arabesques...
Au fond, le Haras était une grande maison. Une très grande maison. Il y avait là tout ce dont on avait besoin, mais à une échelle infiniment plus grande que celle d'un chez soi traditionnel. Seulement, il n'y avait que très peu d'intimité en dehors de sa chambre et c'est ce que reprochait précisément Myriam à l'Académie. Mais elle ne pouvait pas le nier, Full Horse restait le paradis sur terre pour tous les cavaliers de la planète. Des compétitions régulières, des infrastructures impeccables et un personnel tout à fait charmant. Rien dans la machinerie ne faisait défaut. Même lors des changements de pays, qui se faisaient au compte goutte, la Haras gardait en lui toute sa superbe et son organisation. Non vraiment, elle ne pouvait pas reprocher à Liam de vouloir vivre ici. Il y avait tout ce dont il pouvait avoir besoin à porter de main. Finalement, elle en arrivait à se dire qu'il avait eu raison de se fâcher un peu et de la faire venir ici. Même si, à son sens, ce n'était l'endroit idéal pour élever un enfant, c'était tout de même un des meilleurs pour nombre d'organisations...
Maël était un bébé calme. Mis à part une jaunisse qui lui avait fait quelques frayeurs durant ses premiers jours de vie, il était même relativement parfait. Il faisait ses nuits, dormant dès neuf heures passés et ne se réveillant que lorsque le réveil sonnait. Il ne pleurait pas, même quand il avait faim. Il se contentait alors de fixer intensément la personne la plus proche de lui en suçant sa manche ou sa main. Il n'était tombé malade qu'une seule fois durant le premier mois de sa petite vie et passait le plus clair de son temps à dormir ou observer son entourage. Il commençait à sourire un peu et gazouillait quand on lui faisait la conversation. Mais il était encore bien jeune et ne faisait pas grand chose. Myriam passait la grande majorité de son temps avec lui. Liam le prenait quand elle se reposait et l'emmenait souvent avec lui à l'élevage. L'enfant s'endormait souvent dans son transat, sur une botte de paille, bercé par les bruits de l'écurie.
Malgré tout, comme toutes les mères, Myriam s'inquiétait souvent de son état et la première semaine, elle avait passé beaucoup de temps à appeler le pédiatre. Il l'avait sans arrêt rassuré, et maintenant qu'elle était un peu plus sereine dans son rôle de mère, elle s'inquiétait moins. Liam prenait les choses avec tout le sérieux qu'elle lui espérait. Même si elle avait beaucoup craint ses réactions. Mais il s'occupait du petit homme avec attention et beaucoup d'assurance. Ce qui ne cessait de l'impressionner, et de faire sourire Louna. Les autres membres de l'équipe venaient la voir de temps en temps. La jeune mère avait un peu de mal à se remettre de son accouchement et la fatigue se peignait encore souvent sur son visage. Mais après un mois et demi de repos complet, elle se sentait déjà nettement mieux et d'attaque pour le changement de pays à venir.
C'est en tout cas dans cette optique là que la jeune femme ouvrit les yeux en ce frais matin d'Avril. Le calme régnait dans le manoir. Les élèves partaient les premiers avec leurs chevaux, ainsi que ceux des stalles et des missions. Les cavaliers pro, les éleveurs et leurs coachs partaient ensuite, par vagues plus ou moins grandes. Il y avait quelques exceptions de temps à autres, des élèves qui restaient car rattachés à une équipe, comme Kwaïgon, Lou et Logan. Elle-même en faisait parti d'ailleurs. Mais rien de plus et le Haras était donc plus calme qu'à l'ordinaire. La blondinette ouvrit doucement les yeux. Liam n'était pas à côté d'elle, et Maël pas plus dans son lit. Son père l'avait sans doute emmené avec lui. Elle s'étira longuement et regarda le réveil. Il annonçait huit heures moins le quart, ce qui lui arracha un soupir. Le matériel et les chevaux partaient aujourd'hui avec le premier groupe de cavaliers dont elle faisait parti. Il était grand temps qu'elle se lève et qu'elle se mette au travail !
***
Quand elle entra dans l'allée de l'élevage, tout était calme. Au premier abord, il n'y avait pas un bruit pour venir déranger la quiétude des lieux. Sur chaque porte de box il y avait les protections de transport de chaque cheval. Coincé entre deux bottes de paille, Maël dormait dans son siège auto, surveillé par Caïpi, qui dormait à côté de lui sur une des bottes. Elle remuait doucement sa petite queue, ce qui témoignait de son état de sommeil bien léger. Myriam n'aimait pas voir la lynx aussi près de son enfant, mais il s'était avéré que le félin ne l'approchait pas à moins de trente centimètres sans qu'on ne l'y autorise, et elle défendait farouchement le berceau face à quiconque d'inconnu s'en approchant d'un peu trop prêt à son goût. Liam avait plus confiance en la lynx qu'en lui même en ce qui concernait la surveillance du bébé alors la jeune ostéopathe s'y était plié.
Elle fit quelques pas dans l'allée et entendit finalement des bruits doux en provenance de la sellerie. Elle rejoignit la petite salle d'un pas vif mais silencieux, et découvrit là Izikel, Ezra et Liam, en train de ranger le matériel des chevaux dans les cantines de transport. Trois mallettes colonnes prenaient les selles et les brides et trois grosses malles en métal abritaient le reste, soit les couvertures, les brosses et tout ce qui avait attrait aux chevaux. Myriam leur sourit, alors que sa silhouette s'encadrait dans l'embrasure de la porte.
— Bonjour les garçons !
Un "Bonjour !" chuchoté en coeur lui répondit, alors que les sourires lui répondaient. Liam se leva doucement pour venir l'embrasser tendrement. Il portait sur lui l'odeur du foin fraîchement remué ; Il devait avoir nourri les chevaux juste avant. Elle proposa son aide mais les hommes refusèrent en coeur. De toute façon, ils avaient presque terminé, les places vides de la sellerie en témoignaient. Au début, la jeune femme avait trouvé que ces changements de pays étaient une véritable corvée. Devoir, tous les trois mois, remballer et déballer le matériel était pour elle un acte détestable. Trois mois, elle trouvait cela trop court. Mais Liam lui avait présenté les choses sous un autre angle, et finalement elle ne trouvait plus la tâche si contraignante. Il lui avait expliqué que de cette manière, ils étaient tous obligés de tenir une certaine discipline. Rien dans la sellerie ne devait être dérangé. Et tous les trois mois, en rangeant le matériel dans les boîtes, ils le vérifiaient. La tâche était certes longue, car ils en profitaient pour faire les cuirs et nettoyer de fond en comble les brosses et autres, mais il fallait de toute façon le faire et cette occasion était idéale. De plus, ils ne devaient pas faire leurs bagages toutes les semaines comme nombre de cavaliers internationaux puisque les concours se faisaient sur place. Au final donc, le changement était moins pénible. À vrai dire, il devenait même appréciable, puisque cela permettait de passer du temps avec les autres membres de l'équipe, et de discuter tous ensemble de ce qui allait ou pas, et de leurs avenirs.
Myriam s'assit donc dans un coin, prenant l'initiative de rouler les bandes de polo sèches et de les empiler près de la malle qui les contiendrait pour le voyage. Tout en s'activant, elle écoutait les trois hommes poursuivre leur conversation à voix basse, pour ne pas risquer de réveiller Maël, qui dormait toujours aussi paisiblement.
— ... et je pense qu'on pourrait commencer les concours le trimestre prochain. — Tu sais ce qu'il y aura ? — Non, mais les chevaux sont prêts pour la plupart. — Surtout ceux de Louna. — Oui, je parlais justement des siens. — Tu sais ce qu'elle va faire pour Nakache alors ?
L'éleveur sourit et jeta un regard complice à Myriam. Celle-ci le lui rendit, hochant doucement de la tête.
— Oui, je sais ce qu'elle va en faire. — Raaah aller ! Dis moi ! — Elle compte te le donner.
Le métisse se mordit la lèvre en souriant. La rumeur courrait que Louna voulait lui céder Nakache. Elle lui avait dit quelques mois auparavant, mais elle n'avait jamais rien fait et le jeune homme était plutôt impatient de savoir ce qui allait se passer.
— Elle compte profiter du changement de pays et du passage obligé par les douanes pour faire les papiers. Dès que tu poseras les pieds sur le sol australien, il sera à toi !
Le jeune homme sourit de plus belle, dansant sur lui même en balançant ses bras devant lui. Izikel rit en voyant la joie de son ami. Ezra avait un caractère plutôt explosif bien que très réfléchi. Il ne faisait ou disait jamais quelque chose à la légère. Bien que ses réactions puissent paraître impulsives, elles étaient toutes réfléchies. Il avait toujours une grande maîtrise de lui et réfléchissait toujours à toute vitesse. Cette capacité à réagir avec une extrême rapidité et analyser les situations avec autant de justesse et de vélocité la laissait toujours en admiration devant lui. Izikel au contraire était plus dans l'émotion. Lui réfléchissait beaucoup moins à ses paroles et agissait sous le coup de l'impulsion et de ses émotions. Bien que ces derniers temps, ses altercations avec Louna lui ai apprit à garder plus souvent son sang froid, il n'en restait pas moins un être très émotif. Mais Myriam le sentait grandi et plus mûr autant dans son comportement que dans ses paroles et elle trouvait que cela allait plutôt bien au jeune homme.
— Et toi Walig, tu n'avais pas parlé de deux nouveaux chevaux ? — Si... Deux Quarter... Mais j'attends encore un peu avant de les ramener... — Pourquoi ? — Parce qu'il y a encore beaucoup de travail à faire ici avec tous les chevaux des élevages et je ne veux pas crouler sous la tâche...
Ezra et Liam sourirent. Le jeune homme n'avait pas tord. Pourquoi acheter des chevaux s'il n'avait pas le temps de s'en occuper ? Il avait gagné en pragmatisme au fil des ans et cela aussi, lui allait plutôt bien.
— En tout cas, j'ai hâte que tu nous le présente ce cher Jeff !
Liam répondit au sourire taquin d'Ezra. Toute l'équipe, sauf Louna peut-être, se prenait à plus ou moins taquiner Izikel sur son ami éleveur. Personne encore ne l'avait jamais vu et tout le monde était curieux de voir quel genre d'homme pouvait prendre autant de place dans la vie de l'éthologue. Il n'était inconnu de personne qu'Izikel avait des penchants pour la gente masculine. Mais jusque là, personne ne l'avait vu avoir une relation plus ou moins intime avec un autre être qu'une femme et il était tout de même surprenant de le voir parler d'un homme avec autant d'enthousiasme. Tous était persuadés de leur affection mutuelle, même si le principal intéressé le niais farouchement pour le moment, ne citant Jeff que comme un simple ami de longue date. En attendant, Ezra, qui connaissait le jeune homme certainement mieux que lui-même, n'était pas dupe. Et il n'avait eu aucun mal à convaincre les autres qu'il y avait hippopotame sous grain de sable, et que bientôt, les choses seraient toutes autres, et que Jeff ne serait plus présenter comme "l'ami". Tous attendaient ce moment avec impatience, même Louna.
Liam refermait la dernière malle de briderie quand un miaulement étouffé retentit à l'entrée de la sellerie. Tous tournèrent la tête vers la porte, dans laquelle Caïpi se détachait, tranquillement assise en les regardant en ronronnant. Liam s'approcha et elle prit le temps de s'étirer avant de repartir dans l'allée. Le message était bien passé, la petite lynx partait faire un tour. Liam ramena rapidement un petit Maël les yeux grand ouvert à regarder sagement autour de lui. Aucun d'eux ne savait depuis combien de temps il était éveillé mais en attendant, il ne faisait pas de bruit. Ils terminèrent rapidement leur empaquetage. Cette fois, Myriam prêta un peu plus main forte aux hommes, Liam étant parti montrer les chevaux au petit Maël. En une demi-heure, ils avaient chargés les malles, et il ne restait plus que les protections de voyage des chevaux. L'éleveur fini par rassembler tout le monde.
— Parfait ! Bon, il ne reste plus qu'à habiller les chevaux et les charger. Tous ici partent avec les palefreniers et le groupe de Louna. Nous on part demain avec Arès et Lovely Alibi comme vous le savez... — Je vais aller voir comment ça se passe chez Louna. — Ok ! Nous on va commencer à habillé les chevaux.
Tous se mirent à la tâche. Maël retrouva le confort de son cosi alors que chacun équipait un cheval puis passait à un autre. Licol, protection aux membres, protection de queue et couverture de voyage. En une grosse vingtaine de minutes, tous les chevaux de l'élevage étaient équipés. Louna apparu dans l'encadrement, en compagnie d'Ezra.
— Coucou ! Alors vous êtes prêts ?
Liam releva la tête et lui sourit. Izikel la salua vaguement. C'est Myriam qui confirma la chose.
— Oui ! Il ne reste plus que Yoda qui est avec Izikel et c'est bon. — Alors on va chercher le camion.
Ils disparurent dans le froid hivernal de l'Alaska. Tous étaient bien content d'enfin quitter cet hiver sans fin pour retrouver l'automne Australien... Ils pourraient enfin quitter leurs gros manteaux ! Et ce n'était pas sans déplaire à la demoiselle en attendant... Mais pour Myriam, il était temps de remonter Maël au manoir. Il allait être l'heure de son biberon et même si le petit garçon ne le réclamait pas, elle se devait de quand même le lui proposer. Elle ne manqua pas de déposer un baiser sur les lèvres de son cher et tendre et s'échappa avec son fils.
Elle ne verrait pas la monter dans les camions mais elle irait saluer l'équipe partante en premier. Le trimestre se terminait et elle en était soulagé. C'était de loin le trimestre le plus mouvementé et fort en émotion qu'elle avait vécue. Bien sûr, comparé au passé de Liam, Louna et Izikel, ou même Kwaïgon, son trimestre devait avoir été relativement plat. Mais elle avait tout de même donné naissance à son premier enfant... Le rêve de toute une vie...
En attendant, elle n'était pas prête d'oublier ce trimestre en Alaska... Elle baissa les yeux sur ceux de Maël, aussi brun et profonds que ceux de son père. Il aurait un charme fou... Elle en était persuadé. Un soupir de satisfaction s'échappa de ses lèvres alors qu'au loin, elle vit Yoda et Dom monter ensemble dans le camion. Elle sourit. Elle avait hâte de partir...
Lorsque Myriam était revenu au Haras avec Logan et Maël, c'était une équipe réduite qu'elle avait trouvé, et qui s'était encore plus réduite quelques jours plus tard. Les hommes présent étant parti en randonnée, elle se retrouvait presque qu'entre fille. Mais Louna avait également prit congé pour une randonnée avec son tout fraîchement mari, la laissant seule avec Logan et Angora. Les quelques jours qu'ils avaient passé tous les trois avait été calme. Ils avaient travailler les chevaux de concours, mit au repos ceux en pré-retraite et travailler un peu ceux qu'il fallait faire évoluer. Neyla s'était joint à la tâche et Lou-Khyan les avait également rejoint peu de temps avant le retour des garçons. Ainsi, quand les quatre aventuriers revinrent au Haras, l'équipe était presque au complet ! Il ne manquait que Louna et Kwaïgon. Les hommes s'étaient un peu reposé, puis le travail quotidien avait reprit. Tout le monde était plus serein après cette coupure. Lou avait retrouvé le moral et la gaieté qui l'avaient quitté après New York. Izikel était plus souriant -peut-être aussi à cause du fait de l'absence de Louna- Liam et Ezra étaient égaux à eux-même, Ale s'intégrait un peu mieux, Angora commençait à sourire, et Neyla à s'ouvrir un peu aux autres. Logan était aussi plus serein, content d'avoir clarifié sa situation. L'équipe respirait de nouveau la joie de vivre et c'était bien la seule chose qui comptait !
En cette belle matinée de fin de printemps, Liam s'occupait de Maël, lui apprenant les rudiments du langage et du pansage avec Dom. A genoux pour être à hauteur de son fils, Dom attaché au milieu de l'allée avec des rallonges de longes pour qu'elles soient à sa taille, le trio était plutôt comique. Mais la jeune femme n'avait rien dit, préférant laisser faire. Maël avait bien grandi, et restait un enfant sage pour son âge. Il apprenait vite et galopait avec ferveur sur ses deux jambes dès qu'il en avait le loisir. Il parlait un peu mais comme tout les enfants en bas-âge, la compréhension avec les autres adultes était compliquée. Mais il réfléchissait et faisait des efforts pour se faire comprendre et obtenir ce qu'il voulait. Il ne se contentait pas de faire une crise en se roulant par terre et désignant du doigt l'objet de son désir... Et c'était bien ce qui effrayait un peu Myriam. Un enfant aussi réfléchit aussi jeune ne serait que plus turbulent par la suite... Mais pour l'instant, elle se contentait de profiter de ce calme dont il faisait preuve. Elle sourit en entrant dans l'élevage et se dirigea doucement vers le box de son troisième cher et tendre : Unforgotten Winter.
« T'as vu maman ! » « Oui ! Bravo mon chéri ! » « Après on va pronner. » « Avec papa et Dom ? » « Vi. »
Liam sourit, ainsi que Myriam et Maël retourna à sa tâche, passant avec détermination un bouchon sur le petit corps du poney. Myriam ouvrit alors la porte du box de son étalon, qui l'accueillit en reculant respectueusement d'un pas, et ronflant doucement des naseaux. La jeune femme passa doucement la main sur son chanfrein avant d'aller lui grattouiller le garrot, chose qu'appréciait fortement le grullo. Il en soupira d'ailleurs de plaisir, fermant les yeux et étendant son encolure. Après ce salut, la jeune femme attacha la chaîne de box et alla chercher les affaires du Lusitanien. Elle commença le pansage tranquillement, jetant de temps à autre un œil à ses deux hommes. Elle posa ensuite des bandes de polo à l'étalon avant d'aller chercher sa selle et sa bride. C'est quand elle posa la selle sur le dos d'Unfor' qu'elle vit Maël se détacher dans l'encadrement du box, l'étalon tendant curieusement le nez vers lui. Mais Maël ne se laissa pas faire, de ses petites mains, il repoussa l'étalon en lui poussant le nez, restant concentré sur sa mère.
« Oui mon chéri ? » « Tu veux te pronner avé nous ? »
La jeune femme sourit. Pourquoi pas, cela ferait office de détente à Unfor !
« Oui pourquoi pas ! »
Le petit homme sourit et courut vers son père pour lui rapporter la réponse de sa mère. Ils se mirent alors à seller le petit poney avec ferveur. Quelques minutes plus tard, ils étaient tous les trois dehors. Liam aida Myriam à se mettre à cheval, laissant Maël tenir Dom, puis se fut son tour. Liam marchait à côté, tenant le poney en longe au cas où. Ils partirent tranquillement, au pas, vers les plaines qui entouraient le Haras. La ballade ne dura guère longtemps, Maël fatiguait vite à poney. Ainsi, au bout d'une demie heure, ils étaient de retour au Haras. Liam et Maël prirent la direction de l'élevage alors que Myriam celle d'une carrière avec encore un peu de place. Elle n'eut pas trop de mal à en trouver une et comme Unfor' était déjà bien détendu, elle entama directement le travail avec l'étalon.
Elle se contenta d'une séance d'assouplissements. Cela ne pourrait que faire du bien à l'entier et à elle même. Unfor était un cheval volontaire au travail et elle s'entendait parfaitement bien avec lui. Avec Liam, c'était un peu plus difficile, il avait ses têtes, mais ce n'était pas aussi prononcé qu'avec celui de Lou, Great, qui avait fait plusieurs fois mordre la poussière à Liam. Et ce, au sens littéral du terme. En attendant, la séance se passa bien et une fois la grosse demie heure de travail intensif terminée, la jeune femme laissa marché l'étalon avant de rentrer pour le doucher. Autant profité un peu du soleil de la Mongolie !
Après quoi, elle devait aller au centre de soin pour assurer une permanence au bloc ostéo. Cela ne la gênait pas outre mesure, étant désormais rompue à cet exercice. Elle y retrouvait ses collègues et voyait les quelques chevaux qui en avait besoin. Essentiellement des chevaux de missions ou des élevages, mais aussi, de temps à autre, ceux des nombreux cavaliers propriétaires du Haras. Mais c'était surtout les gros compétiteurs qui passaient entre ses mains...
en fin de journée, elle devait retrouver toute l'équipe pour une réunion. Louna rentrait dans la journée, et ils devaient voir ensemble le planning des compétitions des chevaux d'élevage et les attribué à des cavaliers. Les engagements se faisaient un peu à l'avance et il fallait donc réfléchir maintenant à qui sortirait qui et en quoi. Le soleil se couchait sous l'horizon quand elle traversa le domaine pour rejoindre le Manoir, perché au milieu de son lac. Il avait quelque chose de majestueux ainsi placé... Elle se dépêcha de monté au salon commun et y retrouva toute l'équipe déjà réunie.
« Chérie ! On n'attendait plus que toi ! »
Elle sourit et s'assit entre Izikel et Ale sur un des canapés. Izikel avait l'air passablement ennuyé. Ale était attentif. Lou et Ezra se chamaillaient un peu, partageant les accoudoirs d'un fauteuil sur lequel Angora était assise, visiblement agacée par le comportement des deux au dessus d'elle. Logan était un peu en retrait, debout les bras croisés, et Louna et Liam présidaient sur l'autre canapé, en face de Myriam. Neyla était là aussi, timidement assise sur un pouf près du sol. Mis à part Kwaïgon, tout le monde était présent.
« Alors, on va commencer par Logan qui a une annonce à faire. »
Le français acquiesça et s’éclaircit la gorge avant de commencer.
« En effet... En fait je vais partir cet été, je vais retourner en France. Je reviendrais à l'automne pour voir où vous en êtes et reprendre la saison. Cet été ce ne sont pas de grosses épreuves donc vous pourrez vous en sortir sans moi. Je vous laisse Bill pour les concours et le travail, mais il est en fin de carrière lui aussi désormais. Ne soyez pas trop dur avec lui, c'est un bon bougre. »
Des sourires passèrent sur les visages. Logan avait déjà annoncé qu'il partirait et ne reviendrait qu'occasionnellement au Haras donc la nouvelle ne surprenait personne. Restait à voir désormais la fréquence de ses retours au Haras.
« Cet été c'est axé jeux en équipe et des petites épreuves ludiques. L'élevage de Louna sera donc un peu en stand-by, surtout pour les gros compétiteurs, soit Nara, Bill, Priam et Cara. Chez moi, seul Dom est en pré-retraite. Le début de l'été, c'est un attelage, il va donc falloir sortir les miens par binôme. Après il y a un surf donc si vous voulez vous pouvez sortir dessus avec les mêmes binômes ou pas. Ensuite c'est un M&A donc dans l'idéal, tout le monde sort, même Dom. En parallèle il y a les PG, ça, ça dépend de vous si vous voulez les faire ou pas. » « Et le polo. » « On y reviendra après ne t'en fais pas Angora. Des volontaires pour tout ça ? » « Moi. Binôme avec qui vous voulez. » « Avec moi pour l'attelage ? » « Et moi pour le surf ? » « Ça marche ! » « Je veux bien faire l'attelage aussi... » « Moi aussi... »
Tous les regards se tournèrent vers la jeune Neyla, toute timide.
« Avec moi ? » « Ok... »
Lou sourit, fière d'elle.
« Myriam on fait les deux ? » « Pas de soucis ! » « Angora et Izikel ? » « Je ne concours pas. » « Sympa... »
Ils se fusillèrent mutuellement du regard. Mais Ale vint à la rescousse avec un sourire enjôleur.
« Avec moi les deux ? » « Ok ! » « Parfait ! Pour le M&A on sortira tous, même toi Izikel et un max de chevaux. Dans l'idée, tout ceux qu'on possède, ainsi que ceux des missions. Ok ? »
Il y eut un murmure d'approbation sans pour autant des oui francs.
« Maintenant... » « Le polo ! »
Liam acquiesça et laissa la parole à Angora qui se leva d'un bond.
« Qui serait partant pour monter une équipe ? Polo et PG ! »
Personne n'osa rien dire au départ puis Louna leva la main, ainsi que Lou. Ezra suivit mais eu un rire.
« On peut faire deux équipes. Une de mecs et une de filles ! » « Oh oui ! »
Cette fois l'approbation fut un peu plus enthousiaste, même si Izikel restait toujours un peu rabougrit. Il soupira aux côtés de Myriam et se leva dans l'intention de partir mais Liam l'arrêta d'un geste et il se laissa tomber lourdement à côté de Myriam.
« Côté élevages, Nara est pleine donc ménagez là un peu quand même. Il faut bosser en priorité Kim, Chouchou, Sinok, Great, Orcanta et Yoda. Prenez cela en compte dans vos séances. Un tableau sera mit en place dans les allées, notez si vous prenez un cheval. Et ! Se serait bien de se mettre sérieusement à vos chevaux de mission. Merci à tous ! »
Cette fois Izikel parti pour de bon alors que tout le monde se dispersait doucement. Liam et Louna poursuivirent leur discussion tandis qu'Ezra prenait Lou et Ale à parti. Angora disparu aussi assez rapidement et il ne restait plus que Logan et Neyla, dont Myriam se rapprocha tout naturellement. Mais la jeune mère gardait un regard en coin pour la silhouette sombre qui avait vite prit la tangente. Elle s'excusa auprès de Logan et Neyla -qui semblait terriblement bien s'entendre- et s'esquiva en direction de l'extérieur, sur les traces d'Izikel. L'éthologue traçait rapidement son chemin et en un rien de temps, il était presque à l'autre bout du Haras. Il entra dans une allée d'élevage que Myriam ne connaissait que de nom : New Life. Elle s'arrêta alors devant la porte. Devait-elle entrer ? Elle savait qu'à l'intérieur, le jeune homme retrouverait son cheval, Arès. Mais contre toute attente, elle n'eut pas le temps de réfléchir, Izikel reparaissait déjà devant elle, à l'entrée de l'élevage, sans cheval. Il s'arrêta net, un peu surprit.
« Myriam ? » « Oui ! Tu vas travailler Arès ? » « Un peu peut-être... Ça dépendra dans l'état dans lequel il est... » « Il est au paddock ? » « Oui... » « Je peux rester un peu avec toi ? » « Oui si tu veux... »
Le jeune homme la regarda d'un air un peu suspicieux mais prit doucement le chemin des paddocks, Myriam à côté de lui. La jeune femme attendit un peu avant de reprendre la parole mais Izikel ne semblait pas se faire d'illusions...
« Tu es toujours en colère contre Louna ? »
Le jeune homme soupira et leva les yeux au ciel. Il tapa rageusement dans un caillou qui croisa sa route.
« Je suis seulement fatigué. » « Fatigué ? » « Fatigué de subir ses mensonges. D'exécuter sans avoir le moindre remerciement. Oui, fatigué... » « Je ne comprends pas... En quoi a-t-elle menti ? »
Le jeune homme soupira encore alors qu'ils arrivaient au paddock d'Arès. Il s'accouda aux barrières, regardant un instant l'entier bicolore brouter tranquillement.
« Elle nous a fait tout un cirque quand on a décidé de partir à New York. Tu te souviens ? Elle m'a dit qu'elle était fatiguée, qu'elle avait peur... Tout ça pour me convaincre de partir avec les autres... J'y ai cru. J'ai même accepté d'être son témoin à son mariage... Et Dieu seul sait combien ça m'a demander, de passer cette entière journée à la voir ainsi avec Enzo... » « Je sais... Tu l'aime toujours... » « Bien sûr que je l'aime toujours... »
Le jeune homme soupira et serra les dents. Il détestait faire ce genre d'aveu et à vrai dire, c'était bien la première fois depuis très longtemps qu'il avouait avoir encore des sentiments pour Louna.
« Mais je ne comprends pas pour les mensonges... » « Elle a été à New York, quand on y était aussi. Sans le dire à personne. C'était irresponsable et dangereux, autant pour elle que pour nous. » « Oh... »
La demoiselle comprenait un peu mieux le ressentiment du jeune homme. Mais elle devait bien avouer que dans ce cas là, elle ne comprenait pas Louna non plus.
« Comment l'as tu appris si elle ne l'a dit à personne ? » « J'ai discuté avec son père au mariage... Elle est allé le voir lors de son passage à New York. » « Je vois... Et tu lui en as parlé ? » « A quoi bon ? On n'est plus sur la même longueur d'onde... Je ne veux pas me la mettre à dos plus que ça ne l'est déjà. » « Mais tu sais qu'à garder tout cela pour toi, ça finira mal... » « Je sais Myriam... Je sais... »
Le jeune homme tapota la barrière avant de finalement escalader la barre de bois pour entrer dans le paddock. Aussitôt Arès leva la tête et pointa les oreilles vers le cavalier. Mais dès qu'il fut assez prêt, il coucha les oreilles et fit mine de charger. Pourtant il ne le fit pas et se laissa passer le licol, non sans tenter de mordre le cavalier. Izikel entreprit donc de le ramener à l'élevage de Tom alors que Myriam reprenait doucement le chemin du Manoir. Il était temps qu'elle récupère Maël et qu'elle rejoigne Liam pour le dîner... Elle aurait bien le temps de réfléchir à une façon de calmer les choses entre Izikel et Louna. Mais elle devait bien avouer que ses histoires de cachotteries de la part de l'éleveuse ne lui plaisait pas non plus...
J'ai 248 Lignes J'utilise un "résumé x2" de Louna Box de Unforgotten Winter Merci pour la correction ! =)
« Maman ? Pourquoi tati Louna elle dort autant ? Elle est très fatiguée ? »
Myriam sourit faiblement et acquiesça. Elle ne pouvait pas se résoudre à dire la vérité à Maël. Il était trop petit de toute façon. Il ne comprendrait pas...
« Oui, c'est ça mon chéri. Elle a beaucoup travaillé et elle est très fatiguée. »
Le petit garçon, assit au bord du fauteuil en sky rose à côté du lit, ses petites jambes se balançant dans le vide, regardait Louna avec beaucoup d'intensité, la mine grave. Il réfléchissait, cela se voyait à son air concentré.
« Mais maman... Papa il travaille autant que tati Louna ! Il va devoir dormir beaucoup lui aussi ? »
Cette fois le sourire de Myriam se brisa en cours de route. Elle inspira profondément et s'agenouilla près de son fils. Les yeux sombre du petit homme la suivant du regard. Il avait le regard de son père...
« Non, ne t'inquiète pas pour papa. Ça va aller mon chéri. D'accord ? » « D'accord... »
Il avait dit cela en haussant des épaules, mi-convaincu mi-résigné. Il soupira doucement et observa ses pieds se balancer sous le fauteuil. Il avait été plus que courageux jusque là. Restant sage malgré le manque d'activité et les heures interminables passées au chevet de Louna. Myriam se releva en douceur et posa ses yeux sur Louna. L'éleveuse était comme endormie, étendue dans son lit d'hôpital blanc. Les ecchymoses consécutives à l'accident disparaissaient un peu. Désormais, ses pommettes arboraient une couleur jaune-verte maladive. Ses lèvres avaient désenflées et la brûlure qui lui couvrait le cou à cause de la ceinture perdait aussi de sa vivacité. Elle n'avait pas besoin de respirateur, ce qui était un plus selon le corps médical, mais seulement d'une perfusion et d'une sonde. Deux poches se balançait sur l'arbre métallique. Chacune au liquide translucide dont la composition restait un mystère pour Myriam. Un électro-cardiogramme était branché sur son index, mais le bip régulier de la machine avait été coupé. Elle paraissait paisible ainsi... De l'autre côté du lit, il y avait Enzo. Assit sur un autre fauteuil, tenant la main de Louna. Il n'était plus que le fantôme de lui même...
Quelques coups discrets retentirent derrière la porte et Kwaïgon entra, suivi de près par une femme que Myriam ne connaissait que brièvement. Auréline, la mère d'Enzo. Elle venait d'arriver de Chicago, Kwaï avait été la chercher pour permettre à Enzo de rester avec Louna. Les deux femmes se prirent dans les bras et finalement, Auréline enserra son fils longuement. Maël les regardait avec une certaine curiosité, mais sans rien dire.
« On va vous laisser un moment. »
La jeune femme croisa le regard vide d'Enzo qui acquiesça d'un bref hochement de tête.
« Appelles moi s'il y a du changement. » « Oui... Merci Myriam. »
L'éleveuse sourit et tendit la main à son fils qui s'en saisit en sautant à bas du fauteuil. D'un pas joyeux, il sorti à la suite de sa mère et Kwaïgon et les suivit sagement dans le couloir.
« Un café ? » « Volontiers ! » « Tu as soif Maël ? » « Un peu. » « Qu'est-ce que tu voudrais boire ? »
Le petit garçon s'approcha du distributeur et colla son nez dessus, levant les yeux sur les canettes et bouteilles en hauteur. Il fini par tendre le doigt vers un jus de pomme, en jetant un regard à sa mère.
« Je peux avoir ça ? » « Oui, ça tu peux. »
Le petit garçon se tourna vers le coréen et tendit le doigt vers la canette.
« Je veux bien ça s'il te plait. » « Alors on y va ! »
Il sélectionna la canette en question qui tomba dans un bruit métallique dans le bac de réception. Non sans mal, Maël récupéra sa canette et entreprit de l'ouvrir pendant que les deux adultes attendaient leurs cafés. Finalement, Myriam vint à la rescousse de son fils qui la remercia d'un sourire joyeux.
« Tu veux que je l'emmène cet après-midi ? »
Myriam fit une sorte de grimace gênée.
« Ça ne te gêne pas de faire baby-sitter ? » « Je préfère largement ça à l'hôpital. Et je pense que lui aussi. »
La demoiselle acquiesça d'un signe de tête et s'accroupi pour être à hauteur de son fils.
« Maël, mon chéri, ça te dirais de passer l'après-midi avec tonton Kwaïgon ? »
L'enfant cessa de boire dans un bruit de succion et releva les yeux sur sa mère et Kwaïgon.
« Je veux bien. On fera quoi ? » « Ce que tu veux. Mais on part de l'hôpital. »
L'enfant sourit à pleine dent et secoua vigoureusement la tête. Cette perspective l'enchantait !
« Alors c'est d'accord ! »
Ils restèrent un bon moment dans la salle d'attente avant de se séparer. Maël fila au dehors d'un pas conquérant, se dandinant au bout de la main de Kwaïgon. Myriam les regarda partir et remonta dans la chambre de Louna, la mine un peu plus sombre...
*** *** *** ***
Lorsque Myriam regagna la chambre de Louna une grosse demi-heure plus tard, après avoir appelé Liam, elle trouva Enzo endormie et Auréline en pleine lecture. Les deux femmes échangèrent un sourire et quelques banalités, mais rapidement, le silence reprit ses droits. Il était compliqué de parler dans ces cas là, le malaise étant trop grand encore. Ils passaient beaucoup de temps à attendre, à espérer. Un réveil ou simplement une amélioration. Le kiné passait tous les jours pour faire garder une certaine tonicité au corps de Louna. Une infirmière venait changer les poches de perfusions quand elles en avaient besoin. Et changer aussi les pansements qu'il restait.
L'accident qu'avait eu Louna avait été assez fort. Elle passait un feu vert à un croisement dans le centre ville, et un chauffard grillant le feu rouge de son côté l'avait percuté, sur l'aile conducteur, projetant la voiture de la demoiselle en plusieurs tonneaux. La voiture s'était finalement arrêté en s'enroulant autour d'un poteau électrique. Louna avait subi plusieurs fractures et fêlures, ainsi que quelques plaies provoquées par les vitres volant en éclats. La ceinture de sécurité qu'elle portait lui avait brûlé le cou. Le choc l'avait fait tombé dans l'inconscience, et elle ne s'était pas réveillée depuis. Elle respirait cependant toute seule et ses organes internes n'avaient pas reçu de dégâts irréparables. c'était déjà un bon point... Elle était passé au bloc pour réparer les os brisés et depuis, elle était dans une chambre, comme endormie...
Les heures qu'ils passaient là, souvent en silence, ou à s'échanger des banalités d'ordre vital, laissait libre loisir à l'esprit de réfléchir. Mais la gravité de la situation et l'ambiance morose rendait peu à peu les réflexions de Myriam moroses... La déprime était là, sans conteste et elle n'était pas spécialement facile à vivre. Mais ils se devaient de rester forts et soudés pour Louna. Une évidence qu'il n'était pas forcément facile de gérer au quotidien. Heureusement, Auréline était venu. Myriam allait pouvoir repartir quelques temps au Haras. La séparation d'avec Liam était aussi un peu compliqué à vivre, autant pour elle que pour Maël. D'ailleurs, la prochaine fois qu'elle reviendrait, elle laisserait Maël au Haras avec son père. Depuis sa naissance, elle n'avait jamais été séparée de lui. Se serait bien une première... Sa relation avec Liam avait connu des hauts et des bas, pas mal de temps loin l'un de l'autre, mais leur amour en était resté intact. Le manque était là, mais ils l'acceptaient, plus ou moins facilement. Elle sentait dans la voix de Liam chaque jour l'épuisement autant physique que moral. Elle ne savait même pas comment il faisait pour ne pas craquer. Autant physiquement que mentalement d'ailleurs. Avait-il une si grande force de caractère qu'il pouvait lutter ainsi indéfiniment ? Non... Ce ne serait pas infini. Voilà pourquoi elle devait rentrer et recharger ses batteries.
Leur vie au Haras n'avait pas été des plus calme. Bien loin de là même. Elle était trop agité à son goût. Liam paraissait avoir l'habitude. Myriam le savait, ce qu'il avait vécu avant qu'elle ne mette les pieds au Haras y était pour quelque chose. Mais elle qui n'était pas aussi aventureuse se retrouvait bien souvent déboussolée et dans l'incompréhension totale. Comparée à celle de Liam, sa vie avait été calme. Elle avait certes été abandonnée par sa mère, mais élevée par sa grand-mère. Elle avait toujours eu des repères. Une vie structurée et "normale". Liam n'avait pas eu cette chance... Orphelin de mère à sa naissance, orphelin de père dans sa jeunesse, il avait finalement été recueillit par son parrain, Charles. Il avait abandonné un cursus classique pour suivre des cours de théâtre, mais le travail manquait cruellement, et il avait fini par travailler dans un bar des bas-fond californien. Finalement, la chance lui avait sourit pendant une audition : un premier rôle, au cinéma, qui avait projeter sa carrière aussi haut que vite. En l'espace de trois ans il était devenu millionnaire et le succès lui avait fait gonflé la tête. Et c'est un cheval qui l'avait fait redescendre sur terre... Un film avec des chevaux dont il avait accepté le rôle pour une raison obscure. A la fin du tournage il avait acheté l'équidé au fort caractère, avait fait ses bagages et quitté Hollywood pour poser ses fesses au Haras nomade. Il y avait fait la rencontre de Louna, déjà sur place depuis un moment, et d'Izikel, arrivé quelques semaines après lui. Le trio avait évolué ensemble et vécu sa première aventure... La mort de Charles, liée au passé houleux de Louna. Cette première expérience de la mort lui avait forgée une carapace si épaisse que tout ce qui avait suivi n'avait pas pu la fendre... Même lorsqu'il avait été torturé, dans un autre passage de ses débuts au Haras tumultueux...
Myriam avait été horrifiée en apprenant tout ce qu'il lui été arrivé. Mais que pouvait-elle y faire ? Après tout, sans tout ce qu'il avait vécu, il ne serait plus lui. Elle avait été la seule personne pour laquelle il avait craquelé sa carapace. Et Louna était sans doute la seule autre personne pour qui il le ferait également... Mais Myriam ne voulait pas penser à cela. Elle se refusait à imaginer ce qu'il se passerait si Louna venait à les quitter définitivement. C'était au dessus de ses forces. Malgré ses longues absences, et avec difficultés, le Haras était devenu son foyer. Et les membres de l'équipe était sa famille. Et Louna en faisait parti plus que tout autre. Avec Liam, elle était le pilier de cette équipe, le principal morceau de son âme. Sans âme, elle ne savait pas si l'équipe pourrait encore exister...
Le soleil déclinait fortement quand le médecin arriva dans la chambre. Enzo se redressa, attentif et plein d'espoir, tout comme les deux femmes. Le jeune homme présenta sa mère au médecin et Myriam échangea un sourire avec lui, comme à son habitude. Il prit ensuite doucement la parole pour saluer Auréline et faire un point.
« Alors, nous avons décidé de lui faire passer un scanner cérébral demain matin. Pour voir s'il y a du changement plus en détail. Il me faut votre signature Mr. Levy sur ce formulaire pour accepter la démarche. »
Il tendit un bloc et un stylo à Enzo qui signa machinalement et lui rendit le tout.
« Vous pensez qu'il y aura une amélioration ? » « Je l'espère sincèrement. Elle est presque complètement remise physiquement, on va pouvoir cesser les peu à peu les anti-douleur. Peut-être que cet arrêt provoquera un réveil... En tout cas c'est notre théorie actuelle. »
Tout le monde acquiesça sagement et le médecin prit congé. Espérer... Que pouvait-ils faire de plus de toute façon ? Rien, mise à part attendre...
Le calme. Le silence. En ce doux matin automnal néo-zélandais, le temps était à la pluie. La pluie tombait sans relâche, droite et implacable, vous transperçant de part en part. Un temps maussade, qui avait décidé Liam à laisser sa journée à l'équipe, ou presque -la journée était tout de même consacrée aux box, qu'il fallait vidé, nettoyé et remplir à nouveau de litière propre. Le temps mais aussi l'état inquiétant dans lequel se trouvait Izikel. Sa chute avec Unforgotten Winter avait été spectaculaire. Cheval comme cavalier se retrouvaient au tapis... Cette chute avait jeté une ombre sur le concours et les deux élevages. Heureusement, il n'y avait pas de casse pour l'un ni pour l'autre. Unfor se retrouvait boiteux suite au choc mais il se remettrait vite. Izikel quand à lui, était cloué au lit de façon préventive. Il se remettait à peine de ses profondes blessures physiques et une chute n'était pas la bienvenue. Ezra était fou de rage et d'inquiétude mais Myriam avait insisté pour prendre la main. Elle veillait donc Izikel, avec toute la bienveillance dont elle pouvait faire preuve...
Assise dans le fauteuil club que l'éthologue avait choisi pour mettre près de sa fenêtre, elle regardait la pluie s'abattre du ciel gris au dehors. Une tasse de thé fumant posé sur la console à côté d'elle, un livre de poche dont elle retenait la page avec son pouce sur ses genoux, un plaid entourant ses épaules, elle attendait, perdue dans ses pensées. Depuis son retour, Izikel avait changé. Tout le monde l'avait constaté, mais personne n'en parlait vraiment. Liam s'inquiétait pour lui plus qu'il ne s'inquiétait pour Louna. La jeune femme était un peu perdu, mais elle se rapprochait de plus en plus d'Enzo et sa troupe, s'éloignant peu à peu d'eux. Sa longue convalescence n'avait pas aidé à la garder près d'eux. Elle était toujours dans leur cœurs bien sûr, mais l'équipe avait dû se reconstruire différemment à la suite de son accident, et elle n'avait pas émit le souhait de reprendre leur ancien système. Alors ils avaient continuer ainsi, sans se poser de question. Quand elle était là, sans l'éthologue dans les parages, elle était souriante, joyeuse, pleine de vie. La Louna qu'ils avaient toujours connu, les soucis en moins. La Louna de ses débuts au Haras. Elle était devenue une jeune mariée pétillante et cela réchauffait le cœur de chacun. Mais il y avait une ombre à son tableau : Izikel. L'éthologue la haïssait au plus profond de son être et cela chamboulait l'éleveuse plus qu'elle ne le laissait paraître. Mais ni l'un ni l'autre n'était prêt à en discuter, à faire le point. Alors les choses suivaient leur cours, aussi paisiblement que possible. La vie quotidienne les accaparait trop pour qu'ils se penchent sur de tels tourments...
L'éleveuse soupire avant de boire une gorgée de son thé fumant. Son regard doux se pose sur Izikel. L'éthologue dormait encore, bien que son visage exprime les rêves qui le tourmentent. A en croire ses froncements de sourcils, ce n'est pas un beau rêve. Il se mue d'ailleurs en cauchemar, agitant peu à peu le corps entier de l'irlandais. Il parle dans son sommeil, mais la jeune femme ne saisi pas ce qu'il dit. En douceur, elle pose sa tasse et se lève, s'asseyant au bord du lit de l'éthologue pour le prendre doucement par les épaules et le secouer.
« Izikel... Izikel ! »
L'éthologue se fige et ouvre les yeux d'un coup sec, désorienté. Il regarde fixement Myriam sans comprendre. Couvert de sueur et pâle, il est encore dans ce court laps de temps où on ne sait si c'est encore le rêve ou déjà la réalité.
« Izikel tout va bien. Tu es au Haras, dans ta chambre... Tout va bien. »
Il baisse les yeux, dans une intense réflexion, et fini par se détendre, retombant doucement sur le lit. Sa respiration haletante de fait plus calme. Il lève un bras pour le mettre sur ses yeux et reprendre ses esprits, alors que la jeune femme reprend sa place dans le fauteuil à côté du lit. Elle lui laisse le temps de se reprendre, sirotant doucement son thé. Elle se fige quand elle voit une larme perler sur la tempe du jeune homme. Malgré le fait que ses sanglots soient silencieux, elle ne peut les ignorer aux mouvements de sa poitrine, aux tressautements de son corps entier. De nouveau elle pose sa tasse et s'assoit au bord de son lit. D'un geste doux, elle dégage le bras qui lui cache le visage et l'attire contre elle. Pour une fois, l'irlandais se laisse faire et s'assoit à son tour, posant le front sur l'épaule offerte de la jeune femme et passant ses bras autour d'elle. L'éleveuse referme aussi ses bras autour de lui, lui caressant les cheveux d'une main, l'autre caressant la peau brûlante de son dos nu. Son regard se perd au dehors, parmi les gouttes de pluie qui tombent sans relâche. Elle ne dit rien, laissant le temps nécessaire à l'éthologue pour se calmer. Elle sait ce qui le tourmente, ou du moins, en partie. Mais elle ne peut rien faire. La vie ne l'épargne décidément pas... Sa détresse la touche cependant, mais elle ne peut rien pour lui, seulement lui offrir son soutien et sa présence...
Il finir par se calmer et reprendre ses esprits, après ce qui paru être à Myriam une éternité. Elle s'était mise à le bercer doucement, comme elle le ferait avec Maël pour le consoler. Malgré le fait qu'Izikel ne soit plus un enfant... Malgré tout, l'éthologue attendit d'avoir retrouvé un rythme de respiration calme pour se détaché se la demoiselle. Sans un mot il attrapa le paquet de mouchoir sur sa table de nuit et se moucha. Il se frotta les yeux et poussa finalement un long soupir, sous le regard attentif de Myriam, avant de plongé ses yeux gris clair dans les siens. Les tâches bleuté se mêlant au gris très pâle témoignait de la profonde tristesse qui l'habitait. L'éleveuse lui adressa un sourire chaleureux, tendant la main pour lui caresser la joue. L'éthologue ferma brièvement les yeux à ce contact, penchant légèrement la tête pour appuyé le geste de la jeune femme. Elle rompit le silence en chuchotant, en douceur dans ce monde silencieux.
« Tu veux qu'on en parle ? »
L'éthologue la fixa un moment sans rien dire, pesant le pour et le contre, plongé dans des pensées qui n'appartenaient qu'à lui. Sa lèvre se fit tremblotante, ses yeux plus brillant, et il haussa les épaules. Sa réponse était à peine un murmure, étranglé par un sanglot naissant.
« Je ne sais pas... »
Il se mordit la lèvre inférieure et baissa les yeux, inspirant profondément pour chasser les pleurs qui l'envahissaient à nouveau. Myriam ne l'avait jamais vu aussi vulnérable et le voir dans cet état lui serra le cœur. Mais elle attendit patiemment qu'il s'ouvre, en douceur.
« J'ai rêvé qu'elle... Que Moïra mourrait et que je ne pouvais rien faire. Elle était au bord d'une falaise, je la tenais à bout de bras et elle... -il réprime un sanglot, sa voix se brise- Elle a glissé et elle tombait encore et encore et je ne pouvais pas la suivre... J'étais paralysé... »
Une larme roula sur sa joue. Myriam la cueillit du pouce et soupira doucement.
« Ce n'était qu'un cauchemar Walig... Rien de plus qu'un cauchemar. D'accord ? »
L'éthologue hocha doucement de la tête et posa sa main par dessus celle de Myriam, fermant les yeux un instant. Quand il les rouvrit, il abaissa leurs deux mains. Son regard était toujours aussi pâle mais un peu plus déterminé.
« Comment tu te sens, physiquement ? »
Le jeune homme hausse les épaules et baisse les yeux sur ses mains un instant avant de jeter un œil par la fenêtre en répondant.
« Courbatu mais ça va. Je n'ai plus mal au crâne. » « C'est déjà pas mal. Pas de douleur autre ? »
Il secoue négativement de la tête et soupire de nouveau.
« Tu veux manger quelque chose ? » « Je n'ai pas très faim... » « Tu mange trop peu Walig... S'il te plait... Je t'emmène quelque part. Ça fait longtemps qu'on s'est pas fait une sortie que tous les deux. »
La jeune femme sourit, ce qui fait sourire timidement le jeune homme en retour. Une première victoire.
« Ok, si tu veux... » « Super ! Habilles toi, je vais chercher les clés de la voiture. » « Je voudrais prendre une douche avant. On se retrouve en bas dans... Dix minutes ? » « En bas dans dix minutes. »
Ils échangent un sourire et la demoiselle se penche pour déposer un léger baiser sur le front du jeune homme. Avec douceur elle se lève et attrape sa tasse, prenant le chemin de la sortie...
Ezra et Liam n'aurait jamais laissé Izikel s'approcher d'un cheval de la journée. Elle a donc eu bien raison de proposé à l'éthologue cette petite sortie. Liam approuve, Ezra rage intérieurement de ne pouvoir les suivre. Mais il a confiance en l'éleveuse, elle le rassure d'un regard en reprenant le chemin du Manoir avec les clés du SUV de Liam. Elle fait le chemin du retour en courant, pour ne pas rester trop longtemps sous la pluie encore battante, et quand elle franchit les portes du hall, Izikel est là, au bas de l'escalier. Les mains glissées dans les poches de son jean noir, de petites tennis bleues aux pieds et un polo rayé ciel et marine sur le dos. Les manches sont délicatement remontées au dessus de ses coudes. Ses cheveux, encore humides de sa douche récente sont négligemment rejeté en arrière, mais quelques mèches folles passent devant ses yeux pâles. Un frisson d'envie parcours la jeune femme. Comment ne pas résister à ses charmes ? Sa peau doucement hâlée par des heures de soleil, des muscles finement sculptés, ses yeux gris si pénétrants... Elle n'a aucun mal à comprendre les femmes qui l'aiment. Mais elle réprime cette pulsion soudaine et nouvelle. Izikel est comme un frère pour elle, et elle est follement amoureuse de Liam. Elle sourit à l'éthologue et celui-ci le lui rend, bien que la spontanéité et la joie lui manque un peu. En quelques pas il est à côté d'elle et ensemble, ils sortent du Manoir, Izikel lui tenant la porte d'un bras. Ils pressent le pas, ignorant la pluie, échangeant quelques mots sur l'avancé des "faisage de box" des élevages...
*** *** ***
Dunedin fourmille d'activité. Seconde ville étudiante du sud du pays, on y croise sans arrêt des jeunes venu de partout. La péninsule d'Otago est tout ce qu'il y a de plus attractif, même en cette fin d'automne. Ils n'ont pas de mal à trouver des cafés et des pubs, mais ce qui est le plus compliqué, c'est de trouver des places assises à l'intérieur. Ils finissent par opté pour un pub irlandais, venu se perdre aux confins du monde. Il n'y a pas de table, mais ils trouvent deux places au coin du bar, un peu à l'écart. A peine installé, le barman s'approche tout sourire. Le rouquin aux yeux verts pétillants qu'il est leur parle avec un très fort accent irlandais et la jeune femme a bien du mal à saisir tout ce qu'il dit. Mais Izikel n'a aucun mal à revenir à sa langue maternelle de son côté.
« Bonjour et bienvenue ! Qu'est-ce que je vous sers ? » « Vous avez de la Kilkenny ? » « Bien sûr ! »
Le jeune homme interroge l'éleveuse du regard qui acquiesce avec un sourire timide.
« Alors deux pintes et deux fish & chips. » « Très bien ! Je vous ramène tout ça ! »
Un autre sourire radieux et il s'éloigne, accostant avec panache un de ses collègues. Izikel se tourne de nouveau vers la jeune femme, reprenant le français avec une facilité déconcertante. Dans l'équipe, malgré le fait qu'ils soient plus nombreux à être anglophones, c'est le français qu'ils utilisent couramment. C'est d'ailleurs la langue parlée au sein de l'académie. Mais la demoiselle n'ignore pas que certains utilisent l'anglais plus souvent qu'ils ne le pensent. Ezra a tendance à engueuler Izikel en anglais par exemple. Ale garde un très fort accent américain, New Yorkais. Dean également, mais il vient plus de l'intérieur des terres. Lou a un léger accent québécois. Neyla quand à elle, un accent australien. Les exemples ne manquent pas. Mais ils se font très bien à ce mode de langage. Myriam surprend un petit sourire en coin de l'irlandais et fronce les sourcils.
« Quoi ? » « Rien. Ça te va les fish & chips ? » « C'est parfait. »
Le jeune homme acquiesce et détourne les yeux en entendant le barman revenir et déposer devant eux leurs deux pintes. Les verres sont déjà plein de condensation de la bière fraîche, rempli jusqu'au bord. Ils lèvent leurs verres pour trinquer doucement et boivent en silence quelques gorgées du breuvage blond. Quand l'éthologue repose son verre, il a une mine contrite et la jeune femme n'a pas à attendre longtemps pour savoir ce qui lui passe par la tête.
« Je suis désolé pour... Pour tout à l'heure. J'ai eu... -il soupire profondément- un moment de faiblesse. » « Ce n'est rien... »
Elle sourit doucement, pour le rassurer, et un instant de silence flotte autour d'eux. Après une longue inspiration, Myriam reprend d'une voix douce, apaisante.
« Tu sais Walig, ce n'est pas facile de gérer la perte... Surtout quand on est amoureux. Et je trouve que pour l'instant, après tout ce que tu as vécu, tu te débrouille plutôt bien. »
L'éthologue a un sourire amer et garde le regard fixé sur sa bière, traçant des dessin dans l'eau condensé à la surface du verre.
« A coup de cauchemars toutes les nuits et d'autodestruction ? » « Tu te mutile ? »
Cette fois le jeune homme tourne vers elle des yeux ronds, passablement étonnée.
« Non ! » « Alors pourquoi de l'autodestruction ? » « Regardes mon état physique... C'est pas très glorieux... » « Mais ce n'est pas de ta faute si tu as fait une chute de cheval absolument splendide ! »
Malgré la gravité du sujet, elle arrive à arracher un sourire au jeune homme qui boit une gorgée de bière. Finalement c'est lui qui reprend, d'une voix calme et douce, nostalgique, toujours à jouer avec son verre.
« Elle me manque... Pourtant on n'a pas été en contact si longtemps que ça. Si souvent. En comparaison avec Kwaïgon, j'ai passé très peu de temps avec elle. Mais elle était là à Paris, bien que j'étais obnubilé par Louna -le ton est plus dur avant de se radoucir- Ensuite elle était là en Egypte. On a mieux fait connaissance à ce moment là. Puis New York... Et maintenant, après une année avec Kwaïgon, elle vient à ma rescousse sans hésiter. Et je l'aide, sans hésiter... Je ne comprends pas trop pourquoi elle m'a envoyé Naïg, à moi. Je n'arrive pas non plus à cerner ce qui m'a poussé à l'aider... » « Ce n'est pas parce qu'on ne voit pas quelqu'un très souvent qu'on ne s'y attache pas... Si elle t'as envoyé Naïg, c'est parce qu'elle avait confiance en toi et qu'elle savait que tu ferais tout pour la protéger. » « Oui... Mais il y avait Kwaïgon, au Haras... C'était peut-être plus sûr qu'avec moi. Sans doute même. » « Mais elle t'as vu juste avant... Vous étiez ensemble pour rejoindre le Montana. »
A ce souvenir, le jeune homme a un sourire. Nul doute que cette partie de son voyage lui a été agréable.
« C'est vrai... On a passé quelques jours sympa le temps d'aller du Canada au Montana... On a fait la route en voiture. » « Tu vois ! Et vous vous êtes attaché l'un à l'autre... »
L'irlandais hausse un sourcil et plonge le nez dans sa bière pour en avaler une longue gorgée. C'est à ce moment là que leurs plats arrivent. Le barman pose deux assiettes bien garni devant chacun d'eux et il revient avec un bol de sauce et des couverts.
« Bon appétit ! »
Les deux cavaliers le remercie et s'attaquent à leurs assiettes avec un certain enthousiasme. C'est plaisant de voir l'irlandais manger avec un tel appétit... Il avait tendance à le perdre ces derniers temps...
« Walig ? » « Mmh ? »
Il relève vers elle un œil interrogateur et attend la suite.
« Je peux te poser une question indiscrète ? »
Il émet un petit rire et sourit, les yeux pétillants, à la fois curieux de ce qu'elle va dire et méfiant.
« Vas-y... Mais je te promets pas d'y répondre... » « Est-ce que tu as... eu une relation intime avec Moïra ? »
La surprise dilate les pupilles du jeune homme et lui fait cesser de mastiquer pendant quelques secondes. Il finit par avaler sa bouchée et s'éclaircir la gorge. Ce n'est pas vraiment dans ses habitudes d'étaler sa vie sexuelle au grand jour... Jamais d'ailleurs. Même avec Ezra il a du mal à échanger sur ces choses là. Il se reprend en quelques secondes cependant et un soupir s'échappe de ses lèvres. Un fin sourire cependant l'y remplace, ce qui fait sourire Myriam en retour.
« Ouai... Bon... On peut rien te cacher à toi ! » « C'est mon côté maman. »
Cette fois il rit en buvant une gorgée de sa bière et la cavalière revient à la charge.
« Et beh raconte ! Ne me laisse pas sur ma faim ! » « Te raconter ? Je te préviens, je ne rentrerais pas dans les détails. » « Pas de soucis. »
La jeune femme picora dans ses frites du bouts des doigts, un sourire malicieux flottant sur ses lèvres. Izikel sourit doucement, s'en amusant. Enfin il se détendait un peu !
« La première fois c'était à New York. Pendant notre préparation... Je faisais équipe avec Ale mais... -il soupire- On est pareil au fond. On savait déjà comment on fonctionnait alors au lieu de passer du temps ensemble comme Ezra et Lou devait le faire pour mieux s'appréhender et s'anticiper, on se laissait du temps libre. Ça allait à l'encontre des règles d'Ale mais bon... -il hausse des épaules- Moïra était là, on s'est vu. J'ai passé une nuit chez elle. Deux jour après on était au bord de l'agonie... Elle voulait que je reste avec elle et Kwaï au départ... » « Ah bon ? »
La jeune femme est étonnée, alors que le cavalier opine du chef avec une pointe de regret dans le regard.
« Mmmh... Je suis rentré par obligation je crois... » « Je ne savais pas que vous étiez déjà aussi proche. Je savais que tu la connaissais depuis un sacré moment maintenant mais. » « On est toujours resté en contact. Les semaines où on ne s'envoyait un petit mail étaient rares. » « Je ne savais pas... »
Le jeune homme a un petite sourire amer. Il fixe son verre sans pour autant le voir et joue avec les gouttelettes d'eau qui persiste à s'accrocher à sa surface. Lorsqu'il reprend la parole, c'est d'abord dans un souffle, à peine audible dans le bouhaha du pub. Mais il continu ensuite plus fort, en fixant à nouveau ses yeux gris dans ceux de l'éleveuse.
« Il y a beaucoup de choses que vous ne savez pas sur moi... Mais bon... Quand on s'est revu au Canada, qu'elle est venu me chercher parce que je n'arrivais pas à émerger de ma fatigue et que j'avais perdu toute notion du temps, on s'est un peu retrouvé... Même si on ne s'était jamais vraiment perdu. J'étais dans une bulle, loin du Haras et... Même si j'étais concentré sur mon objectif, j'ai passé ces quelques jours à lâcher prise. Je vais peut-être te décevoir mais je n'ai pas compté les fois où on s'est sauté dessus ! »
Un sourire malicieux habille sa bouche un instant alors qu'il prend une gorgée de bière, vidant une bonne partie de sa pinte d'un coup. Il grignote un peu de son plat aussi et revient sur son récit en voyant la moue de la jeune femme.
« On est pas vraiment un couple mais... Je l'aime beaucoup. » « Tu es fou amoureux d'elle... »
Myriam lui sourit tendrement mais cette fois, c'est la souffrance qui passe brièvement sur les traits du garçon.
« Ouai... » « Et elle ? »
Un mélange de surprise et d'effroi passe sur le visage figé du garçon. Mais Myrial garde un regard doux et attend. L'éthologue fini par soupirer et esquisse un sourire, au souvenir d'un moment heureux.
« Aussi. »
Le ton est sûr et calme. Myriam lui sourit en fronçant le nez et ils se remettent à leurs assiettes en silence, perdu un instant dans leurs pensées respectives. Encore une fois c'est Myriam qui prend la parole pour briser le silence.
« Au fait, merci pour le chat. Maël m'a dit que tu avais lancé l'idée et fait céder Liam. » « Je crois que sur ce coup là, Liam ne gagnera pas. »
Les deux cavaliers partent en fou rire, Myriam partageant avec Izikel la fois où Liam s'était retrouver en tête à tête avec un amas de plumes sanguinolente au réveil d'une sieste. La panique passagère de l'éleveur et le voir grimper sur les malles les plus proches comme une ménagère face à une souris était mémorable.
Après le déjeuner les deux cavaliers déambulèrent un moment dans la ville, s'éloignant petit à petit vers une zone commerciale. Un gros magasin d'équitation fit vaciller leur résolution de ne rien acheter et ils s'engouffrèrent dedans. Ils naviguèrent dans les rayons, gloussant comme des écolières devant certains articles. Ce n'est qu'arriver en tête de gondole qu'Izikel prit pour la première fois un air un peu plus sérieux. Un morceau de rayon était consacré à une cavalière éthologique bien connu en Nouvelle-Zélande. Un grand panneau présentait la cavalière et une tablette insérée dans le panneau faisait tourner en boucle plusieurs de ses vidéos. Les deux cavaliers restèrent immobiles pour regarder, silencieux. Ce n'est qu'une fois la boucle revenue à son début qu'Izikel reprit la parole, un air admiratif dans le voix.
« C'est fou ce qu'elle arrive à faire... » « Tu rigole ? »
La jeune femme avait failli s'étrangler avec sa propre salive. Elle avait oublié à quel point l'irlandais reniait ses propres capacités. A quel point il lui était facile se dévaloriser.
« Quoi ? » « Tu vois, c'est ça l'autodestruction. On en parlait tout à l'heure. Reconnais un peu que toi aussi t'as des pouvoirs magiques ! »
L'éthologue se contenta de lever les yeux au ciel avant de hausser des épaules. Il n'irait pas plus loin dans la joute verbale, c'était le sujet par excellence duquel il abandonnait toutes les batailles d'avance ; lui-même. En riant, la jeune femme l'entraîna vers le rayon des chaussettes, une joie enfantine non contenu la faisant sautiller à côté de l'irlandais, plus calme.
*** *** ***
De retour au Haras, Izikel avait retrouvé son sourire, pour la première fois depuis qu'il était revenu de son périple autour du monde. La décontraction qu'avait réussi à installer Myriam tout au long de l'après midi se dissipa en un quart de seconde ; dans le hall du Manoir pour monter aux chambres, ils croisèrent Louna. L'irlandais, qui était en train de raconter à Myriam une anecdote drôle, se figea instantanément et se tue. Il glissa les mains dans ses poches et posa sur Louna un regard glacial. Myriam, qui n'avait pas vu Louna immédiatement, mit un moment avant de comprendre la soudaine réaction de l'éthologue. Mais elle sourit cependant à Louna, qui hésitait à s'approcher d'eux, jetant à Izikel des regards méfiants. Elle croisa nerveusement les bras sur sa poitrine et vint embrasser Myriam sur les joues. Izikel resta poliment en retrait, sans pour autant s'échapper dans les étages. Il y avait une certaine évolution... Mais elle était aussi présente chez Louna ; depuis quand avait elle peur de l'éthologue ?
« Salut ! » « Salut. » « Comment tu te sens après la grosse séance ostéo d'hier ? » « Un peu fatiguée mais moins que la dernière fois. » « Bon, c'est déjà ça. Demain tu revois le médecin ? » « Oui ! Je te dirais ce qu'il en est. » « Super ! A plus tard ! » « A plus tard. »
Elles échangèrent un sourire et Louna sortit du Manoir alors que les deux autres grimpèrent les marches menant aux chambres. Ezra avait tenu à ce que Myriam fasse subir à Izikel un check-up ostéo complet et la jeune femme ne s'était pas vu refuser. Izikel resta crispé durant toute leur ascension, jusqu'à la chambre de l'éleveuse. Ils n'échangèrent pas un mot. Une fois à l'intérieur, la jeune femme frotta vigoureusement les bras d'Izikel.
« Aller détends toi ! C'est fini. »
Le jeune homme lui sert un sourire timide et détend ses épaules. Myriam sourit enfin et une fois le jeune homme installer, commence sa séance. Il va y avoir du boulot sur cette relation Louna / Walig... Beaucoup de boulot...
L'air matinal arracha un frisson à la jeune femme. Elle resserra son gilet devant elle et accéléra le pas en passant devant les paddocks. Cependant, en atteignant l'allée de son élevage, elle constata avec surprise que la porte était déjà ouverte. Sherlock, assit devant la porte comme s'il montait la garde, ferma doucement les yeux à son approche et ronronna avec force. Avec un tel accueil, elle ne pouvait pas s'empêcher de sourire et se pencher pour lui caresser la tête. En se relevant, elle attrapa l'élastique qui enserrait son poignet et se fit une queue de cheval avant de passer par l'ouverture de la porte. A l'intérieur, le bruit caractéristique de la mastication équine emplissait l'espace. Prise au dépourvu, la jeune femme regarda à droite et à gauche, cherchant l'auteur de ce silence royal. Si elle s'était levé aussi tôt, c'était pour venir nourrir les chevaux et apparemment, quelqu'un l'avait devancé. Et elle avait une petite idée de son identité... Ce qui lui arracha un soupir de désespoir.
« Walig ? »
La réaction ne tarda pas. Le visage aux traits tirés de l'éthologue apparu dans l'allée, flottant au dessus du sol, le reste de son corps se trouvant dans la sellerie. Il fit un pas de côté pour faire face à la jeune femme, à quelques mètres de lui.
« Oui ? » « Qu'est-ce que tu fais là ? » « Je te files un coup de main ! »
Un sourire qui se voulait joyeux se dessina sur ses lèvres mais ne montait pas jusqu'à ses yeux. La demoiselle posa les mains sur ses hanches et lui servit une grimace de désapprobation. Il y répondit en glissant les mains dans ses poches et en haussant les épaules. Il savait que la veille, comme chaque soir, Liam lui avait demandé de dormir. Il avait besoin de sommeil. Ses nuits étaient toujours agitées, Myriam le savait, et désormais, au lieu de se rendormir après ses cauchemars, il se levait. Ce qui avait pour principal effet de réduire considérablement son temps de repos. Et le fatiguait plus encore.
« Rassures moi, t'as fait que les AUPA encore ? » « Euh... Ben... C'est à dire que... » « Walig ! T'es pas croyable ! » « Mais j'ai prévenu Ale qu'il avait pas à se lever trop tôt... »
L'éleveuse leva les yeux au ciel et laissa retomber les bras le long de son corps avant de parcourir les quelques pas qui la séparait de l'irlandais et lui asséna un coup de poing sur l'épaule.
« Aoutch ! »
Le jeune homme sorti une main de sa poche pour se frotter l'épaule et fit une petite grimace.
« Il faut dormir Walig ! Quand on te dit "demain dors" c'est que le lendemain tu ne dois pas te lever avant les autres ! » « Je peux pas... »
Il soupira et leva les yeux au ciel un instant avant de poser son regard sur la porte battante de l'allée. Myriam lui asséna un nouveau coup de poing sur l'épaule mais cette fois bien plus amical.
« Café ? » « Mmmh... Il un peu tôt encore... J'ai une autre idée. Tu me suis ? »
Un fin sourire éclaira son visage. Cette fois, un éclair de vie passa dans son regard. L'éleveuse n'en sourit que d'avantage et suivit le jeune homme qui sortait de l'allée. Il ne fit que passer dans l'allée suivante, celle de Jeffrey. Là aussi les chevaux étaient tout à leurs rations. Mais certains levèrent la tête au passage des deux cavaliers. L'éthologue ne s'arrêta pas pour autant : il fila droit à la sellerie et attrapa un filet et une cordelette. Il sorti aussi vite et sourit à la jeune femme, levant ses trouvailles devant ses yeux.
« Petite promenade ! »
Myriam sourit devant son sourire enfantin. Il était rarement comme ça ces derniers temps. Il lui attrapa la main et elle se laissa entraîner jusqu'au box de Leota. L'éthologue se faufila dans le box de la jument grullo et lui enfila en douceur son filet. Elle se laissa faire sans broncher, accueillant même son propriétaire avec un léger ronflement. Myriam le regardait faire sans broncher. Il fit sortir la jument de son box, ouvrant grand la porte et tendit les rênes -une paire de rênes ouvertes- à la blondinette. Il passa ensuite dans le box de Custom, ouvrant grand la porte et lui enfila la cordelette autour de l'encolure. Il sortit, le bai le suivant sagement en baillant. Leota et Myriam firent de même et ils se retrouvèrent bientôt dans la cours. A cette heure là, il n'y avait que les palefreniers dans les infrastructures et de rares élèves ou éleveurs. Le matin se levait à peine et dans la forêt qui les entourait, il n'avait pas encore percé au dessus des cimes. Le jeune homme stoppa son cheval dans la petite cours devant la porte de l'élevage et se tourna vers Myriam.
« Je te fais la courte ? » « Je veux bien merci ! »
Le jeune homme fit le tour de la grullo et attrapa la jambe de Myriam. Il fit un court décompte et la demoiselle s'installa sur le dos nu de la jument. Izikel s'aida d'un tronc et se mit à cheval à son tour, attrapant la cordelette d'une main distraite. Ils se mirent en route au pas, tranquillement, de front. Le silence qui les environnait était apaisant, ressourçant. Ils s'engagèrent sur le chemin menant au parcours de cross, passant devant le pavillon des éleveurs en silence. Ce n'est qu'une fois le pavillon derrière eux que Myriam brisa le silence.
« Tu as essayé de prendre des somnifères ? »
Le jeune homme tripotait la cordelette d'un air distrait et haussa les épaules. Son bassin suivait les mouvements de son étalon avec souplesse, les jambes au contact sans pour autant sollicité son cheval. Ses épaules étaient relâchées et il avait le regard baissé sur ses mains.
« Non. » « Tu sais, il serait peut-être temps que tu ailles voir un médecin. Tu es arrivé à un point où tu ne peux pas t'en sortir sans un peu d'aide... » « Et ta solution c'est des cachets ? » « Walig... Tu refuses de nous écouter nous... Et je ne te parles pas d'anti-dépresseurs, je te parles de décontractant pour t'aider à dormir. C'est un moindre mal... Quelques vraies nuits de sommeil et de meilleurs repas ne te ferais pas de mal, au contraire. »
Le jeune homme soupira, mais ne répondit rien. Il était plongé dans ses pensées. La gorge de la jeune femme se serra. Elle n'aimait pas le voir dans cet état. Personne n'aimait le voir dans cet état.
« S'il te plaît Walig... Réfléchis-y au moins... » « D'accord... »
Il avait dit cela sans convictions et au fond d'elle, Myriam savait qu'il n'envisagerait jamais une telle option. Leur balade matinale se poursuivit en silence. Autour d'eux, la forêt se réveillait doucement, amenant avec elle des bruits feutrés. Le silence, un peu tendu au départ, devenait agréable au fil de leur pas. L'éthologue fini par se détendre également, poussant un soupir profond et fermant les yeux. Il se laissait porter par Custom qui marchait tranquillement, la tête basse. Leota faisait de même, rassurée par la présence de son congénère. Myriam restait tout de même aux aguets, tout en profitant de la balade. Elle avait rarement l'occasion, dans son quotidien, de partager un moment d'intimité avec l'éthologue et ses chevaux. Elle ne l'avait guère vue durant l'été et n'avait eu que les retours de Liam et Ale à son sujet. Elle les avait senti complètement démuni face à l'état de l'éthologue et maintenant qu'elle était de retour, elle comptait bien reprendre les choses en main. Les autres étaient en forme, et tant que Louna et Izikel ne se trouvaient pas dans la même pièce trop longtemps, l'ambiance était au beau fixe dans le groupe. Quelque chose qui n'était pas arrivé depuis quelques temps. Non seulement qu'ils soient tous réunis mais qu'en plus, la bonne ambiance soit au rendez vous. Leur seul problème semblait être l'éthologue. Mais quand on savait qu'il était le garant du bien être de leur cavalerie, c'était inquiétant. Heureusement, il arrivait à laisser ses démons à l'entrée des écuries... Pour l'instant.
Perdue dans ses pensées, Myriam fut quelque peu surprise du brusque arrêt de sa jument. Elle leva les yeux sur le chemin mais ne vit rien et tourna la tête vers Izikel. L'irlandais avait tendu une main vers elle et elle comprit que c'est ce qui avait stoppé sa jument. Il s'était redressé sur le dos de son étalon et l'un comme l'autre écoutaient avec attention. Custom en avait même presque arrêté de respirer, tendu, prêt à bondir au moindre commandement. Qu'avaient-ils entendu ou vu pour se retrouver dans un tel état ? Instinctivement, la jeune femme se tendit elle aussi sans pour autant comprendre pourquoi. Il se passa une longue minute ainsi avant qu'Izikel fronce les sourcils et lance Custom en avant. Il fit signe à Myriam de l'attendre et parcouru une dizaine de mètre dans le plus grand silence. L'éleveuse les regardait avec attention, prudente. Soudain, l'éthologue se figea et fit faire demi tour à Custom rapidement.
« Demi tour !! »
La jeune femme ne se fit pas prier et elle comprit vite pourquoi : une famille de sanglier les chargeait. L'éthologue la dépassa au galop et ralenti sa monture pour faire passer Myriam devant lui. Ils firent le chemin inverse au galop et ne ralentirent qu'une fois le pavillon des éleveurs à quelques mètres. Ils regagnèrent la cours au petit trot et prit d'un fou rire. Après plusieurs minutes de rire, pliés en deux sur l'encolure de leurs chevaux ils finirent par mettre pied à terre et rejoindre l'allée de Jeff pour rentrer les chevaux.
« Bon et maintenant, un café ! » « T'as raison, c'est moins dangereux ! »
Encore souriant et se taquinant sur leur folle chevauchée, ils rejoignirent la cuisine du Haras où Ale préparait le premier café de la matinée. Quelques minutes plus tard, le reste de la troupe arriva au compte goûte et une fois l'équipe au complet, elle parti s'installer dans le salon du Haras. Ce matin là était destiné à la réunion de rentrée. Et cette fois, Liam ne tolérerait aucun retard !
***
« Aller les enfants ! Un peu de calme ! C'est l'heure du tour de table. Je vous écoute ! On commence dans l'ordre alphabétique et c'est donc... Ale qui prend le premier tour ! »
Tous les regards se tournèrent vers le coach, affalé dans un fauteuil, son café dans une main et un sourire au coin des lèvres. Il se redressa et posa sa tasse de café sur la table basse devant lui.
« Ok... Alors euhm... Je voudrais faire évoluer Invictus et le sortir en concours externe et interne. Et je voudrais essayer de m'investir un peu plus dans le vie du Haras. » « C'est déjà un bel objectif. En plus de ton travail à l'élevage. »
Le jeune américain sourit et récupéra sa tasse pour en boire une gorgée avant de s'affaler de nouveau dans son fauteuil. Liam -et tout les regards de l'assemblée- se tournèrent vers Dean, prochain sur la liste. Il regarda les autres tours à tours un instant bouche bée avant de répondre avec une certaine hésitation.
« Et bien pour ma part euh... Je voudrais lier une relation avec Dux puisque c'est mon cheval et terminer le challenge de l'académie avec Crazy Boy. » « Pas d'objectif de concours ? » « Pas trop pour l'instant. » « Ok. Ezra ? »
Le métis se redressa et sourit. Assit dans le canapé à côté d'Izikel, il était rayonnant... Et très bronzé. Ce qui ravissait tout le monde à vrai dire.
« Déjà j'ai Mériador. Ensuite il y a du boulot avec les petits nouveaux et je vais continué d'aider Inna. Objectif concours : oui bien sûr, faut toujours sortir les têtes des élevages. » « Tu vas demander une nouvelle quête ? » « Je ne sais pas encore. » « Parfait. Kwaï ? »
Le coréen, toujours aussi discret, se redressa tranquillement de son pouf. Izikel leva les bras en signe de protestation mais se tut en se laissant tomber dans son canapé. Liam l'avait volontairement sauté, la jeune femme en était certaine.
« Et bien... Déjà, je voudrais essayer de faire adopter ou de vendre Getsugâ. Faire aller Kim au plus haut et poursuivre le travail avec Eurodisney. »
Un murmure d'étonnement passa dans les rangs.
« Vendre Getsugâ ? »
Le coréen acquiesça sans rien ajouter d'autre. Sa décision était prise et mûrement réfléchie.
« Ok. Côté Haras et compétition ? » « Compet' oui, Haras, tout dépend de ce qu'ils me proposent. » « C'est noté... Pour ma part il y a toujours l'élevage bien sûr avec un poulain à naître et les nouvelles recrues à travailler. La compétition autant à Full Horse qu'à l'extérieur et je voudrais faire venir de nouvelles têtes aussi mais je suis toujours en recherche. Voilà ! Logan ? »
Avec un fin sourire, le cavalier pro chercha un instant ses mots avant de répondre.
« Et bien maintenant que je n'ai plus de cheval de tête, je voudrais me consacré à mes cours et à Starwax mon petit jeune, sans oublié le poulain à naître de Katy. Et bien sûr je vous aiderais à sortir les chevaux d'élevage. » « Ok ! Lou ? »
La rouquine adressa un grand sourire à Liam, ravie que se soit son tour.
« Alors, de mon côté, j'ai Viking et Rocky à travailler et je voudrais m'améliorer moi et sortir en compet'. » « De bons objectifs ! Louna ? »
L'éleveuse avala sa gorgée de café et sourit à son tour.
« Et bien moi je voudrais retrouver mon niveau et développer mon élevage. » « Et c'est déjà pas mal ! Puce ? » « Non c'est moi d'abord ! »
Le petit homme, assit sur un petit pouf et buvant un verre de lait, avait été plus prompt et virulent à réagir qu'Izikel. Ce qui arracha cependant un sourire à tout le monde. Coopératif, Liam lui laissa la parole.
« Vas-y Maël. » « Je voudrais un poney plus grand, faire des concours et passé mon deuxième examen ! » « Et bien ! Ça c'est de l'ambition ! »
Cette remarque arracha une nouvelle salve de sourire dans l'assemblée. Liam nota sur son calepin les revendications de son fils et releva les yeux.
« C'est noté. Myriam ? » « Pour ma part je vais me concentré sur l'élevage et le moral des troupes et ce sera déjà bien. »
Liam sourit et déposa un baiser léger sur les lèvres de sa femme avant de poursuivre.
« Parfait ! Neyla ? »
La blondinette rosie sous le regard des autres et répondit avec hésitation.
« Ben je pense que je vais poursuivre comme cette année. Et peut-être voir ce que le Haras me propose... Et si Izikel est d'accord, je voudrais en apprendre un peu plus sur l'éthologie... »
Elle tourna un oeil timide vers l'irlandais qui acquiesça d'un geste vif. Les bras croisé sur sa poitrine, il rongeait son frein.
« C'est bien noté ! Siobhan ? »
Le vétérinaire, les bras autour de Lou assise devant lui, se redressa légèrement.
« De mon côté je ne sais pas encore dans quelle proportion je pourrais être avec vous avec mon job au centre de soin. Et je voudrais avancé avec Dean sur Crazy Boy aussi. » « D'accord. On avisera alors selon ton emploi du temps... Ok. Et enfin, Walig. »
L'irlandais lança un regard noir à l'éleveur et se redressa, décroisant les bras pour les faire reposer sur ses cuisses, croisant les doigts devant lui.
« Et bien il y a Kaiser, mes chevaux chez Jeff, Arès, les poulains à naître, Tanets, mes cours, les concours, ton projet Liam et je vais voir ce que le Haras me propose. »
Liam soupira et failli se prendre la tête dans les mains mais se retint. Il nota sur son carnet « trop de projets » et releva les yeux.
« Ok. On fera le tri de tes projets quand même... On en parlera plus tard. Est-ce que vous avez des revendications ? Des choses que vous voudriez changer pour cette année ? » « Moins de drames. »
Lou avait répondu avec spontanéité mais une légère grimace au coin des lèvres. Un léger silence suivit ses paroles et c'est Ezra qui fini par clôturer le sujet.
« On va essayé Lou... On va essayé... »
Myriam échangea un regard avec Liam en y attendant une lueur rassurante mais ce qu'elle y trouva ne la rassura pas du tout. Elle ne savait pas ce qui se tramait mais ça n'était rien de très bon... Il lui cachait quelque chose, mais elle trouverait vite de quoi il s'agissait...
Depuis qu’ils avaient quitté le Haras, assez discrètement d’ailleurs, Izikel n’avait plus dit un mot, restant enfermé dans un mutisme inquiétant. Son vocabulaire c’était réduit à « oui » « non » et « merci » en réponse aux nombreuses questions qu’on lui posait. Heureusement il avait été un peu plus bavard avec la douane, ce qui lui avait permis de passer cette fastidieuse étape sans encombre. L’ambiance aux Etats-Unis était un peu électrique. Les américains votaient pour élire leur prochain président et les candidats en lice pour le sésame n’étaient pas au goût de tous. Autant l’un que l’autre, ce qui divisait le pays, et inquiétait le reste du monde… Mais ils n’étaient pas là pour ça. Ils venaient pour Izikel et sa fille et rien d'autre.
La situation rendait Myriam quelque peu mal à l’aise. Les conditions dans lesquelles l’irlandais devenait père étaient très loin d’être idéales. Non seulement il n’avait pas pu suivre la grossesse de sa compagne mais il n’avait pas non plus eu le choix. Bien que le connaissant -Myriam ne pouvait pas même concevoir qu’il choisisse l’avortement- la nouvelle lui était tombé dessus d'un seul coup, telle une épée de Damoclès s'abattant sur le destin. Mais en plus de cela, il devait avoir bien du mal à se positionner face à cette enfant. Ils avaient tous tendance à oublier le passé des autres, mais dans l’équipe, Izikel était l'un de ceux qui avait le plus lourd bagage. Il faisait son possible pour le leur faire oublier sans le renier, mais Myriam, elle, n’oubliait pas qu’il n’avait jamais eu de père. Qu’il n’avait d’ailleurs jamais connu ses parents biologiques. Abandonné dès la naissance aux portes d’un couvent, il avait été élevé au sein de la congrégation de sœurs bénédictines qui l'habitait, en ne connaissant un univers qu’exclusivement féminin et religieux durant bien des années. Malgré tout, il n’avait pas suivi la voie religieuse et s’était détaché de tout cela quand était venu le temps d’entamer des études un peu plus sérieuses. Mais jamais avant que Maël ne vienne au monde il n’avait vu de figure paternelle en action… Il devait sans doute être complètement perdu face à ce nouveau rôle qu’il devait endosser… Mais Myriam, paradoxalement, ne doutait pas de lui. Malgré le fait qu’il ne sache pas ce que c’était que d’être père, il avait toujours eu un comportement exemplaire avec Maël. Ferme quand il le fallait, mais aussi très tendre et affectueux aux moments opportuns. Il avait posé des limites que Maël respectait de façon exemplaire avec lui, là où le petit homme testait toujours les limites face aux autres. D’ailleurs, Izikel était sans aucun doute le cavalier préféré de Maël au sein de l’équipe. Et c’est principalement pour cette raison que Myriam pensait fortement à lui pour être le parrain de son fils…
Une pluie fine tombait sur Great Falls quand ils sortirent de l’aéroport. Kwaïgon avait tout prévu pour leur voyage. Une voiture était réservée et les attendait à la sortie de l’avion. Un appart-hôtel proche de la maternité avait été payée d’avance. Ils n’avaient rien à faire, si ce n’est un peu de paperasse et attendre que la petite ait ses papiers pour pouvoir quitter le pays et rentrer au Haras avec elle. Izikel se laissait conduire et suivait Myriam avec discrétion. Il ne pleurait plus depuis quelques jours maintenant, mais il était soucieux et cela se lisait sur son visage. Il refusait toujours de parler de Moïra, refusant ne serait-ce que de croire qu’elle pouvait être morte. Pour lui, c’était simplement une vaste blague de mauvais goût. Il n’expliquait pas la présence de sa fille mais l’acceptait. Difficilement mais il l’acceptait. Ils roulèrent en silence jusqu’à l’hôtel pour y laisser leurs affaires, avant de ressortir à la recherche d’un restaurant où déjeuner. Ils avaient rendez-vous avec Sarah Smith, l’assistante sociale qui avait fait le déplacement jusqu'au Haras, pour le début d’après-midi. Myriam redoutait ce moment car elle n’avait aucune idée de la façon dont allait réagir l’irlandais. Est-ce qu’il allait fondre en larme ? Ou au contraire prendre sur lui et rester stoïque ? Ou encore rester léthargique, enfoncer dans son profond mutisme ? À la vue de son état actuel, la jeune femme n’en avait aucune idée, et cela lui faisait un peu peur…
Comme s’y attendait l'éleveuse, l’irlandais se contenta d’avaler son troisième café de la journée et un club sandwich très loin d’être assez nourrissant pour lui. Il ne mangeait presque plus rien depuis que Myriam lui avait annoncé la mauvaise nouvelle et il avait perdu du poids. Cela se voyait sur son visage : il avait les joues creusées et le teint pâle. Ses yeux cernés étaient également un gage de la grande fatigue qui l’habitait mais de cela, elle avait un peu plus l’habitude désormais. Myriam ne fit aucun commentaire. Elle savait qu'il se braquerait et ce n’était certainement pas le moment pour cela. Elle s’employa donc à lui parler des chevaux, des poulains à naître, des élevages, mais c’était sans succès. L’éthologue restait absent, le regard vide, à faire des réponses courtes. Mais la jeune femme mit un point d’honneur à ne pas abandonner et l'irlandais se laissait faire, ne faisant lui aussi aucune remarque alors qu’il avait très bien comprit où elle voulait en venir…
Le déjeuner terminé ils reprirent la route pour rejoindre l’hôpital. Sur place, Sarah les attendait déjà, tout sourire. Elle leur tendit à chacun une main chaleureuse, qu’ils serrèrent avec la même conviction mitigée.
« Bonjour ! Bienvenue à Great Falls ! » « Bonjour Sarah ! Merci ! » « Ce n’est pas le meilleur jour de l’année mais bon… On y va ? »
Izikel lui servit un faible sourire et acquiesça. Une fois encore il avait gardé le silence, mais il avait le regard un peu plus éveillé, ce qui était déjà un bonne chose.
« On vous suit ! »
Sarah sourit de toutes ses dents et les précéda dans le hall de l’hôpital, les faisant échapper aux gouttes glacées de la pluie automnale du Montana. L’hôpital grouillait d’activité, comme c’était souvent le cas dans ce genre d’endroit. Ils traversèrent un dédale de couloir et prirent un ascenseur pour aller dans une aile plus calme du complexe. Contrairement à ce que la jeune femme attendait, il n’y avait pas de cris de bébés ou autre chose du genre. L’endroit était calme et étrangement silencieux. La lumière grise entrant par la file de baies vitrées sur un côté du couloir n’amenait pas beaucoup de gaieté, ce qui n’arrangeait pas les choses. Izikel restait silencieux, les mains dans les poches, le regard vers l’extérieur, un peu anxieux. Myriam le voyait à la légère ride qui barrait son front. Cependant elle continuait de discuter avec Sarah, joyeusement. L’assistante sociale lui expliquait à quel point elle était contente qu’ils soient venus chercher l’enfant. Malgré le fait que ce soit en parti son travail, cela lui fendait le cœur de devoir trouver des foyers ou familles d’accueil pour les enfants qui était régulièrement abandonnés ou orphelins. Elle avait également bien compris que le cas du jeune homme était particulier et dans sa profession, bien que cela soit déjà arrivé, une telle extrême restait exceptionnelle. Elle était même admirative de la réaction du jeune père. Elle avait déjà vu des hommes nier en bloc et refuser même de voir leur enfant. L’irlandais écoutait d’une oreille distraite. Au fil des pas, il se rendait de plus en plus compte de ce qui était en train de se passer. Il ne savait pas s’il était prêt ou non. Il ne se posait pas ce genre de question. Il ne savait pas non plus ce à quoi il devait s’attendre et comment les choses allaient se dérouler par la suite. Il savait qu’à partir de ce jour, sa vie entière changerait. Mais il n’arrivait pas à mesurer à quel point. Il n’arrivait plus à imaginer ce que serait son avenir. Il vivait au moment présent. Pas même jour après jour, ou heure après heure, mais vraiment à la minute, improvisant complètement. Cela faisait bien des jours maintenant qu’il avait perdu l’entier contrôle de sa vie… Il était en roue libre et il détestait cette sensation. Mais d’un côté, il était curieux de voir où tout cela le mènerait. Une part de lui vivait le moment à l’instant présent et une autre, complètement détachée, observait la scène de plus haut et se demandait ce qui allait se passer. De même qu’une part de lui se sentait lasse, incapable de faire quoi que ce soit, vide de toute émotion alors qu’une autre tentait de réfléchir et d’amener un peu de sérénité à la situation ; en vain. Le vide était trop grand pour qu’autre chose puisse prendre le pas dessus.
Ils finirent par entrée dans un bureau. Une infirmière était là, en blouse rose. Ses cheveux blonds relevés en chignon lâche. Ses yeux clairs étaient joyeux, bien qu’un petit quelque chose de grave teintait ses traits. Elle les salua d’un sourire circonspect, ne sachant trop comment réagir face à cet homme détruit. Ils s’installèrent tous les quatre autour d’une petite table ronde et « les choses sérieuses » commencèrent. Cette fois, Izikel ne pouvait plus garder le silence. Il était obligé de participer. Cela concernait son enfant… Son sang…
« Alors pour commencer, voici la déclaration à finir de remplir ! En fait il ne manque plus que les prénoms de cette petite demoiselle. Vous avez choisi alors ? »
Sarah sourit à l’éthologue qui réussit à étendre un peu les lèvres en un sourire qui n’en était pas vraiment un, mais c’était la première fois depuis des jours que Myriam le voyait ainsi. Alors elle n’allait pas s’en plaindre.
« Oui je crois… Se sera Cathleen pour le prénom principal… Et Bérénice pour le second prénom… Et si c’est possible, j’aimerais qu’elle porte nos deux noms de familles, à sa maman et moi. » « C’est très jolie ! Pour les noms de famille, je pense que c’est possible. Se serait donc Abraams-Todd ? » « Oui, exactement. » « Très bien. Mademoiselle McAvoy va vous parler de la petite Cathleen alors. C’est principalement elle qui s’en est occupé cette semaine. »
Sarah sourit à nouveau alors qu’Izikel remplissait rapidement la fin du formulaire, signant au bas de la feuille. L’infirmière posa les avant-bras sur la table, croisant les doigts devant elle et sourit également aux deux cavaliers.
« Avant de commencer, je suis contente que cette petite Cathleen puisse aller dans sa famille… C’est… Une bonne chose. On avait peur que personne ne veuille d’elle… Elle est… Une enfant très calme. Légèrement prématurée mais en bonne santé. Elle fait un peu plus de quarante centimètres et pèse deux kilos deux. Une petite crevette donc mais elle est absolument adorable. Elle ne pleure que très peu et est très alerte pour son âge ! Ce qui est plutôt bon signe… » « Je ne pouvais pas… Me résoudre à l’abandonner. C’était inconcevable. »
Il était sincère, cela pouvait se sentir dans sa voix autant que se lire dans son regard. Et cela rassura Myriam. Il ne rejetait pas l’enfant, même si pour lui, le fait d’apprendre son existence et même de concevoir simplement son existence aussi abruptement devait être aussi difficile que douloureux. La jeune ostéopathe n’arrivait même pas à imaginer à quel point la chose devait être compliquée pour lui. Cela lui prouvait à quel point, encore une fois, il était d’une grandeur d’âme sans bornes. Elle serait devenue folle si une telle chose lui arrivait… Dans une mesure différente étant donné qu’elle pouvait difficilement être maman sans le savoir. Elle était tout simplement incapable de rassembler autant de sang-froid et d’énergie pour faire ce qu’il faisait. Au quotidien tout comme dans des moments extrêmes comme celui-là. Elle n’avait jamais cessé de le penser mais cela la frappait plus encore maintenant : Izikel était vraiment un homme exceptionnel. On ne croisait que très rarement dans sa vie des hommes comme lui. Elle eut une bouffée de fierté envers celui qu’elle considérait comme son petit frère et bien d’autres choses encore. Elle était plus que ravie de pouvoir le considéré comme faisant partie de sa « famille ».
« Je suis contente de l’entendre. Je vous la ramène ? Elle est à la nurserie mais elle peut sortir désormais, elle n’a plus besoin de soins. » « Oui s'il vous plaît... Tant mieux… »
Il eut un faible sourire et inspira profondément alors que l’infirmière sortait de la salle. Myriam sentait que le jeune homme se tendait un peu. On arrivait au moment fatidique. Elle sentait qu’il prenait sur lui, tout en arrivant à garder son calme. Un véritable exploit. Sarah reprit la parole au départ de l'infirmière, un joyeux sourire sur les lèvres.
« Vous allez rester quelques temps ici avant de rentrer à l’Académie ? »
Les deux cavaliers échangèrent un regard. Izikel laissa Myriam répondre, l’y incitant d’un doux hochement de tête.
« Oui. Le temps que la petite ait des papiers temporaires. On ne pourra pas passer les douanes sinon… On a loué un petit appartement en attendant de pouvoir repartir. On a aussi quelques achats à faire pour la petite… » « Vous n’aurez pas trop à prendre au début, les infirmières lui ont déjà offert plein de choses ! » « Une petite très gâtées alors ! » « Oh oui ! C’est la petite mascotte de la nurserie ! Toutes les infirmières s’occupent d’elle. Elles en sont folles ! »
La jeune femme sourit et Myriam fit de même. Elle n’avait jamais vu de bébé rejeter par le service maternité mais une affection plus grande que la moyenne était toujours possible. Surtout pour un bébé dans son cas… Ils poursuivirent leur conversation, surtout les filles, jusqu’à ce que l’infirmière revienne, poussant devant elle un berceau transparent. Le bébé à l’intérieur somnolait, emmitouflé dans une couverture chaude rose. Elle portait un pyjama rose pâle orné de petits cœurs roses et un bonnet rose lui tombant un peu sur les yeux. Myriam redoutait un peu ce moment mais toutes ses craintes s’envolèrent quand elle vit la réaction d’Izikel…
Dès que la porte s’ouvrit, l’éthologue se leva de sa chaise pour s’approcher doucement du berceau. Ses gestes étaient un peu hésitants mais il avait un regard sûr malgré sa mine un peu grave. L’infirmière arrêta le berceau près de lui et le laissa faire, sagement. La petite Cathleen ouvrit les yeux et croisa le regard de son père. Même si à cet âge-là elle ne voyait que des formes floues, elle ouvrit ses grands yeux bleus et fixa son père, sans que celui-ci ne puisse détacher son regard d’elle. Ils restèrent ainsi un moment, sans bouger. Izikel retenant à grand peine les larmes qui menaçaient au bord de ses yeux. Les trois jeunes femmes n’osaient rien dire, de peur de briser cette première rencontre hors du commun. Finalement, c’est Cathleen qui brisa le silence, en remuant ses petits bras et secouant un peu la tête, une grimace se peignant quelques secondes sur son visage. L’éthologue releva les yeux vers l’infirmière et demanda avec précaution, la voix enrouée par l’émotion.
« Je peux la prendre ? » « Bien sûr allez-y. C’est bientôt l’heure du biberon. Je vous laisse faire un peu connaissance le temps que j’aille le préparer. Je reviens tout de suite. »
Elle sourit et s’éclipsa doucement alors que le jeune homme se penchait sur le berceau pour prendre la petite Cathleen avec une délicatesse infinie. Le père et la fille ne se quittèrent plus des yeux après ça. Le tout jeune père s’installa dans un fauteuil et pour la première fois depuis ce qui semblait être à Myriam une éternité, un vrai sourire passa sur ses lèvres…
Kwaïgon descendit du jet peu après l’heure d’atterrissage de Myriam et Izikel. Le remord lui rongeait déjà les tripes, mais il ne pouvait pas faire autrement. Il savait qu’il allait faire du mal à Izikel et il se détestait pour cela. Comment pouvait-il lui faire ça ? Lui qui s’était promit de tous les protéger… D’un côté, c’est ce qu’il faisait. Il protégeait Izikel. Mais de l’autre, il avait l’impression de lui planter un couteau dans le dos. A lui comme à Myriam d’ailleurs… Il soupira et regarda sa montre, immobile sur la dernière marche de son jet. Au loin, une ambulance blanche roulait silencieusement dans sa direction. Autour de lui, au pied de l’avion, le personnel de l’aéroport s’affairait. Il fallait refaire le plein et les contrôles avant le départ. Ils ne resteraient pas très longtemps sur le sol américain. Il glissa de nouveau la main dans sa poche, fixant des yeux l’ambulance, sa gorge se serrant en repensant à l’enchaînement des événements… Il s’en était fallu de peu pour qu’ils soient découverts. De quelques secondes seulement en réalité…
Le pilote s’approcha de lui, tenant un parapluie au-dessus de sa tête et un autre dans sa main. La pluie fine et glaçante qui tombait sur Great Falls arracha un frisson à l’homme en uniforme. Il se posta derrière le coréen et regarda lui aussi l’ambulance arriver doucement. Elle n’était plus très loin maintenant.
« Tenez. La pluie est loin d’être agréable quand on est convalescent. » « Merci Luis. »
Le coréen prit le parapluie qu’il lui tendait et l’ouvrit tout doucement. Cela faisait des années maintenant qu’ils se connaissaient tous les deux. A chaque fois que Kwaïgon en avait eu besoin, Luis s’était montré présent. Lui et son jet privé. Une « amitié » de longue date que Kwaïgon entretenait chaque année au moment des fêtes, avec un cadeau assez conséquent pour lui offrir, pour une année supplémentaire, les services et le silence du pilote hollandais. Service que seul une personne au monde partageait avec le coréen et ce n’était autre que son maître et mentor : Mr Tanaka.
« Nous serons prêt à repartir d’ici une quinzaine de minutes normalement. J’ai eu la validation du créneau pour Tokyo. » « Parfait. Nous n’allons pas trainer de toute façon. »
Le pilote adressa un signe de tête bref au coréen et remonta dans l’avion, repliant son parapluie en entrant dans la cabine. Pendant ce temps-là, le camion de fuel avait fini de faire le plein et repartait tandis que l’ambulance se garait devant le coréen. Deux infirmiers ouvrirent la porte latérale et transportèrent au sol un fauteuil roulant. La jeune femme assise dessus, le teint encore pâle, leva les yeux vers le coréen. Elle avait des cernes et ses yeux étaient rougies de larmes. Elle échangea un regard grave avec le coréen mais n’eut pas le temps de plus : les deux infirmiers reprenaient le fauteuil pour le monter dans l’avion. Le coréen s’écarta pour les laisser passer et observa les alentours d’un œil alerte. Simple habitude, il n’avait rien à craindre ici. Il soupira encore avant de monter à la suite des ambulanciers. Ils échangèrent des amabilités avec le coréen –sous forme d’une liasse de billets verts chacun- avant de repartir dans leur ambulance. Luis vint les saluer et fermer la porte avant de repartir dans son cockpit, laissant le coréen seul avec son « invitée ». Kwaïgon s’installa en face de la jeune femme sans un mot, ne pouvant cependant pas s’empêcher de lui lancer un regard accusateur. S’il trompait les siens, c’était à cause de son souhait à elle. Une larme perla sur sa joue et elle détourna le regard. Cela lui faisait aussi mal qu’à lui, si ce n’est plus. Elle ne trompait pas seulement celui qu’elle aimait, elle abandonnait aussi son enfant… Entre de bonnes mains, certes, mais elle l’abandonnait tout de même.
« S’il te plait Kwaïgon… Pardonnes moi. »
Le coréen ne répondit pas. Il préférait ne rien dire plutôt que de lui mentir. Malgré tout ce qu’ils avaient vécu ensemble, il était pour l’instant incapable de lui accorder son pardon. Il comprenait, mais cela ne voulait pas dire qu’il cautionnait son projet. S’il l’aidait, c’était simplement parce qu’il avait lui aussi une famille à protéger et qu’il savait que c’était le seul moyen. Il avait longuement réfléchi depuis que la jeune femme avait pris sa décision, mais il n’avait trouvé aucune autre solution. Et il s’en voulait également pour cela… Son incapacité à trouver une solution meilleure que la fuite… La jeune femme s’emporta dans un sanglot incontrôlable alors que leur petit avion décollait pour quitter définitivement Great Falls.
Ce n’est que quelques heures plus tard qu’il brisa le silence, sortait également la tueuse à gage de sa somnolence relative. Il avait demandé à Myriam de lui dire quel prénom l’éthologue avait choisi, en toute innocence, prétextant vouloir en faire part à Naïg, et la cavalière venait de lui envoyer la réponse.
« Il lui a donné un nom. »
Moïra releva les yeux vers le coréen, pleine d’espoir, et il ne fit pas planer le suspense plus longtemps.
« Cathleen Bérénice Abraams-Todd… »
Les lèvres de la jeune femme tremblèrent et de nouveau elle éclata en sanglot. Mais cette fois, le coréen fut incapable de rester en face d’elle. Il plaça un plaid autour des épaules de la jeune femme et rejoignit Luis dans le cockpit, en silence. Le pilote le laissa faire, d’un regard entendu. Il n’y avait plus qu’à attendre la fin de ce vol interminable… Et chercher une solution pour mettre fin à toute cette histoire…
Les paupières lourdes. Les oreilles bourdonnantes. Le malaise général. Malgré la lenteur de ses gestes, l'impression de courbatures dans tout son corps et l'irritation de sa gorge, la jeune femme était plutôt contente : sa tête ne la martelait plus et son nez n'était plus bouché. Elle pouvait respirer normalement et penser sans en subir d'atroces souffrances. Et comble du bonheur si cela était encore possible, lorsqu'elle ouvrit les yeux, la première chose qu'elle vit, ce fut Izikel, nonchalamment assit sur le fauteuil de lecture de Liam, endormi. Un rayon de soleil tombait sur lui, mettant en valeur ses traits fins. Il était apaisé quand il dormait ainsi, plus beau que jamais. L'ostéopathe ne put empêcher la vague de papillon parcourir son bas-ventre et rougit à cette idée. Depuis qu'elle l'avait rencontré elle ressentait une attirance particulière pour l'éthologue. C'était sans doute pour cette raison qu'elle le protégeait autant et était si attentive à ses besoins et ses états d'âme. Malgré tout, elle refusait catégoriquement de céder à cette pulsion purement physique -c'est ce dont elle essayait de se persuader également- et doutait fort que la réciproque soit la même. Elle détacha son regard de lui et soupira, fermant les yeux un instant, histoire de s'éclaircir les idées. Cela faisait deux jours qu'elle était clouée au lit à cause de ce maudit virus et elle commençait seulement à s'en remettre. Il était temps ! Quand elle ouvrit de nouveau les yeux pour regarder l'éthologue, il la fixait, soucieux. Le soleil touchait ses iris, les rendant presque translucide. Ce matin là il avait les yeux gris, très clair : il allait neiger, ou pleuvoir. Il avait cette capacité inconsciente d'avoir des yeux changeant, en fonction du temps. Une capacité qui servait chaque jour à Myriam mais qu'elle se plaisait à garder pour elle -même si elle ne doutait pas que d'autres l'ai remarqué. Elle sourit à l'éthologue et aussitôt, ses traits se détendirent. Il lui rendit son sourire, timide.
« Bonjour belle au bois dormant. »
Elle rit et se redressa sur ses oreillers avec lenteur. Il lui était tout de même encore difficile de faire certains gestes.
« On m'aurait menti ? Se serait toi mon prince charmant ? » « Peut-être, qui sait ? »
Il rit doucement et s'avança, posant les coudes sur ses genoux. Il était un peu plus sérieux, mais un fin sourire flottait quand même sur ses lèvres.
« Comment tu te sens ce matin ? » « Mieux qu'hier. Comment se fait-il que tu sois là ? Tu n'as pas des chevaux à monter ? » « Ne t'occupe pas de ce que je dois faire ou pas. Ça me regarde ça. Mais... J'avais une dette de veille à rendre. »
La jeune femme sourit, et il lui rendit son sourire. Quand il allait mal, elle était resté auprès de lui. Il lui rendait la pareille en ce frais matin de février.
« Merci. » « Tu te sens capable de te lever et de petit déjeuner ? » « Et bien, on va essayer ! »
Elle entreprit de se lever tranquillement, soutenue par Izikel. Il craignait les chutes de tension du fait de sa faiblesse passagère et du peu d'aliments qu'elle avait ingurgité au cours de ces derniers jours. Elle se sentait faible et quelque peu tremblante, mais elle réussi à se mettre sur pied et prendre une douche. Moment d'ailleurs quelque peu gênant, à cause de la présence d'Izikel. Il resta en dehors de la salle de bain mais insista pour qu'elle laisse la porte ouverte, au cas où elle fasse un malaise sous la douche. Elle accepta cependant, sans broncher. Elle aurait fait la même chose pour lui, bien qu'elle trouve l'inverse moins gênant à vivre. Il dû tout de même l'aider à enfiler un pull et quand elle le passa enfin et qu'elle soupira, les cheveux en bataille, il ne put s'empêcher de rire, et elle aussi. Malgré la gêne, l'esprit bon enfant était toujours là. Il déposa un plaid sur ses épaules et l'entraîna jusqu'au salon du Manoir, dans une voiturette de golf. Elle pu constater qu'elle avait raison : des flocons commençaient à tomber tout autour d'eux...
***
« Alors ce nouveau au fait ? J'ai loupé son arrivée et tout... »
Emmitouflée dans le plaid que l'éthologue lui avait donné un peu plus tôt, un mug de bouillon dans les mains, enfoncée dans un fauteuil, la jeune femme observait Izikel, assit sur l'une des tables de travail du salon, non loin d'elle. L'ordinateur ouvert, penché sur des papiers, Myriam ne savait pas trop ce qu'il faisait mais il s'appliquait. A la question de Myriam, il se redressa et inspira, cherchant un instant ses mots.
« Il est sympa ! Il s'entend bien avec Dean. Par contre, je crois qu'il ne fait pas l’unanimité dans le groupe... Ale nous a raconté que Louna avait été très surprise par son état physique et qu'elle est dans la retenu quand il est là... Logan et Lou sont également un peu circonspects... Liam se montre très sérieux avec lui. Ezra, Ale et Kwaï sont plutôt cool. Ils le comprennent parce qu'ils viennent du même monde... Enfin, pas du même monde mais... Enfin... Tu comprends... » « Ils ont vécu des choses similaires... Ils ont tué. »
Elle avait dit cela presque dans un murmure. Une vérité grave dont elle venait seulement de prendre l'entière ampleur face au regard de l'éthologue. Un regard qu'elle ne lui connaissait pas ainsi. Un regard sombre, presque maléfique, mais empli d'une hantise qui le rendait trop vivant pour être méchant. Ce n'est pas « Ils » que je devrait lui dire, mais « vous »... L'irlandais ne fit qu'acquiescer doucement sans répondre et se penchant à nouveau sur ses papiers. Myriam se remit à son bouillon, regardant par la fenêtre la danse des flocons blancs. Bercée par le crépitement du feu, le rythme régulier des touches de clavier et hypnotisée par la ronde infinie des flocons, la jeune femme s’endormit, blottie dans le plaid...
***
Quand elle ouvrit les yeux, Kwaïgon les avait rejoint. Il était en face d'Izikel, lui aussi face à un ordinateur portable, les yeux plongé dessus. Quand elle croisa le regard d'Izikel, il lui sourit.
« Bien dormi ? »
Elle lui rendit son sourire et acquiesça. Elle s'étira doucement et reporta son attention sur les deux hommes. Ils semblaient concentré à leurs tâches sans qu'elle ne sache ce qu'ils faisaient réellement. C'est Kwaïgon qui brisa le silence le premier.
« Tu as besoin de quelque chose ? Thé, chocolat chaud ? » « Non rien merci... »
Il eu un bref hochement de tête avant de faire de nouveau face à son écran. La demoiselle le voyait d'où elle était. Une page internet était ouverte, présentant des statistiques. Dans un coin de l'écran, une barre de chargement progressait doucement. En bas, une conversation clignotante était ouverte. Il ouvrit la conversation, lu rapidement et répondit avant de se replonger dans ses statistiques. Izikel lui semblait faire des recherches. Des livres étaient ouverts à côté de lui. Il parcourait son ordinateur et prenait des notes, mais elle ne voyait pas son écran. Impossible de savoir ce qu'il faisait. Elle voulut les laisser travailler un moment mais la curiosité était trop grande et elle ne tint pas.
« Qu'est-ce que vous faites tout les deux ? »
Ils échangèrent un regard durant quelques secondes et Izikel prit enfin la parole.
« Je fais des recherches pour Insane, Arès et Kaiser... Et je réfléchis à quoi faire de Custom. » « Quoi faire de Custom ? Tu ne veux pas le garder ? » « Je ne sais pas... J'ai deux poulains qui arrivent là, plus Rise... Custom est super mais il n'y a pas le feeling que j'avais avec Finwë... Je pensais à le faire adopter ou le vendre... » « C'est pas faux... Tu peux toujours en faire don au Haras sinon... Je suis sûre que les élèves seraient content d'avoir un cheval de son niveau dans les stalles ! » « Aussi oui ! C'est à réfléchir... »
Il haussa les épaules, indécis. Il détestait se séparer d'un cheval.
« Et tu trouves pour les autres ? » « Oui ! J'ai de nouvelles pistes de travail intéressantes. C'est cool. »
Il eut un fin sourire et la jeune femme y répondit, avant de se tourner vers le coréen.
« Et toi Kwaï, qu'est-ce que tu fais ? »
Avant de répondre, il prit le temps de se tourner vers la demoiselle. Il avait un visage neutre, comme à son habitude.
« Je vérifie les stats de mon réseaux et je redistribue les tâches. J’investis dans l'art et je fais aussi de la recherche d'informations en tout genre via le site des services secrets américains. Ils font parti des mieux fournis de ce monde. »
Izikel lâcha son stylo qui tomba mollement sur son carnet pour lever les yeux sur le coréen. Les deux cavaliers restèrent sans voie.
« Quoi ? Ne faites pas les étonnés. Tu m'as demandé, je te réponds Myriam. Vous savez que je réponds aux questions quand on m'en pose. » « C'est vrai. Et c'est quoi comme business que tu gères ? » « Rien d'illégal si c'est ce que tu veux savoir. J'ouvre une galerie d'art à Tokyo et j'ai deux gars qui font de la prospection pour trouver des artistes. Je fais des recherches et des stats sur ce qui s'expose et se vend le mieux pour choisir au plus juste ce que je vais exposé, c'est tout. » « Toi dans l'art ? C'est une facette qu'on ne te connaissait pas ! »
Le coréen eu un fin sourire et haussa des épaules.
« J'aime bien vous surprendre. » « C'est le cas de le dire ! »
Ils rirent doucement avant de reprendre leur discussion, sur l'art cette fois. Et, chose étonnante, le coréen se montra plutôt prolixe... Yennefer avait-elle un effet bénéfique sur lui ? Ou était-il seulement passionné, ce qui le rendait bavard ? Au fond, Myriam ne le saurait jamais vraiment. Le coréen était si mystérieux. Elle avait l'impression de le connaître et la seconde d'après, il arrivait à leur prouver que c'était bien loin d'être le cas. Combien d'autres secrets leur cachait-il ? Combien d'autres facettes de sa personnalité gardait-il au fond de lui ? Seul le temps le lui révélerait... En encore... Même de cela, elle doutait... C'est sur ce genre de pensée que ses yeux se fermèrent une fois de plus et qu'elle perdit le fil de la discussion pour retomber dans les bras de Morphée.
***
« ... Mais tu ne peux pas faire ça ! ... Parce que je te l'interdis ! C'est tout simplement hors de question. Et si tu t'avise encore une fois de m'appeler, je te jure que tu le regretteras ! ... Je te traite comme je veux ! ... Si ! Tu es une enfant et tu ne m'enlèveras pas cette idée de l'esprit. »
La voix du coréen était sèche et rude. On y ressentait toute sa colère ainsi qu'une haine profonde. Myriam ne savait pas à qui il parlait, mais elle espérait de tout cœur qu'il ne lui parle jamais à elle sur ce ton là. Il raccrocha violemment et lui jeta un coup d’œil. Instantanément, ses traits s'adoucirent et retrouvèrent leur neutralité habituelle.
« Izikel est parti faire du thé. » « Oh... Il m'a prévu dans ses plans ? » « Je crois oui. »
Elle s'étira. Venant à peine d'ouvrir les yeux, elle n'avait pas remarqué la disparition de l'éthologue avant que le coréen ne lui fasse remarquer. Encore une fois, il avait prit les devant. Ou alors l'avait-il fait exprès dans l'espoir qu'elle oublie plus vite la conversation houleuse qu'il avait eu ? Le repos et les bons soins de l'éthologue lui avait fait reprendre un peu du poil de la bête et elle ne pu s'empêcher de poser la question qui lui brûlait les lèvres.
« C'était qui au téléphone ? Si c'est pas trop indiscret... » « C'est indiscret. Mais ce n'était personne d'important. »
Son ton était sans appel : il ne dirait plus rien sur le sujet. Peut-être que c'était en rapport avec ses tout nouveaux investissements ? Mais la demoiselle en doutait... Plongée dans ses pensées, c'est le voix un peu boudeuse de Lou qui approchait du salon qui retint son attention. Elle attira également celle de Kwaïgon qui s'empressa de fermer son pc et le ranger dans sa sacoche.
« Tu ne fais pas confiance à Lou ? » « Si, mais je n'ai pas envie qu'elle fouille dans mes affaires aujourd'hui. Un autre jour peut-être. »
Il sourit gentiment à Myriam, qui lui rendit son sourire. Elle comprenait. Lou était assez invasive dans ces moments là et à plusieurs reprises elle ne s'était pas gênée pour lire par dessus son épaule, ce qui agaçait le coréen assez fortement. Myriam se redressa dans son fauteuil, l'approchant également de la table, au moment où la chevelure rousse de la cavalière apparaissait à la porte. Elle portait une boite de gâteaux et était suivi de prêt par Izikel qui lui, portait un plateau comportant des tasses et une théière en train d'infusé un thé blanc. Il posa le tout sur la table et s'installa à sa place, adressant un sourire à Myriam, alors que Lou poursuivait son discours.
« ... Tiens, c'est comme l'autre jour : il avait toute son après-midi de libre et il a refusé de m'accompagner en trotting. J'aurais pu sortir d'un seul coup mes deux chevaux mais non ! Monsieur a préféré aller dormir ! C'est insensé ! »
Kwaïgon se plongea dans un journal japonais, qu'il déplia savamment, de façon à pouvoir voir tout le monde, tout en pouvant feindre de lire de façon convaincante. Izikel servit avec attention les tasses de thé, hochant la tête distraitement à l'attention de la rouquine pour lui faire comprendre qu'il suivait toujours la conversation. Myriam attrapa sa tasse et suivit le tout, avec un fin sourire sur les lèvres.
« Mais tu sais, je crois qu'il est un peu comme ça... Casanier. C'est dans sa nature... » « Ben il pourrait faire un effort ! On ne se voit pratiquement pas et quand je lui propose des sorties, il refuse ! C'est fatiguant à la fin ! » « Alors dans ce cas, pourquoi tu reste avec lui ? Si vous ne vous entendez pas, pourquoi continuer ? » « Ben... Je l'aime bien... » « Tu l'aime bien, ou tu l'aime ? Il y a une différence Lou... N'est-ce pas Myriam ? »
Tous les regards se tournèrent vers elle, y comprit celui du coréen, qui était tout de même le plus discret de tous. Catapulté ainsi dans la conversation, l'éleveuse se retrouva prise au dépourvue, mais elle trouva assez vite ses mots.
« Bien sûr qu'il y a une différence. Regardes, concrètement, j'aime bien Kwaïgon mais j'aime Liam. » « Mais tout le monde aime bien Kwaï'... Du concret se serait plutôt : tu aime bien Walig et tu aime Liam. Non ? »
Il y eu un moment de flottement durant lequel l'éthologue et l'éleveuse échangèrent un regard. Myriam s'en détacha avant que Lou ne puisse en tirer de conclusions hâtive -c'était trop tard pour le coréen par contre- et reprit la parole.
« Ouais... On pourrait dire ça... » « Mais ce n'est pas tout à faire juste. Remplaces moi par Logan par exemple plutôt. » « En fait Lou la question, c'est surtout de savoir si tu es amoureuse de Siobhan ou pas. C'est bien ça le sujet ? » « C'est exactement ça. » « Ahh... »
La jeune femme fit la moue et plongea la tête dans ses mains, marmonnant dans sa barbe en même temps. Quand elle releva les yeux quelques secondes plus tard, elle soupira.
« Je ne sais pas... Comment tu sais que tu es amoureuse ? Si il faut je ne l'es jamais vraiment été alors je ne sais pas faire la différence ! Bon, pas la peine de demander à Kwaï', il n'a pas de cœur lui. »
Le coréen rabattit un instant son journal pour planté le regard dans celui de Lou. Un instant, Myriam cru qu'il allait la contredire, mais il prit un air théâtral qui leur arracha un sourire à tous.
« Enfin ! Quelqu'un le remarque ! Il était temps ! »
Il se remit ensuite à lire -ou à faire semblant- laissant le regard de Lou se poser sur Myriam puis sur Izikel. Là encore, l'éthologue et l'ostéopathe échangèrent un regard avant que la jeune femme ne reprenne la parole.
« Et bien, être amoureux c'est avoir des petits papillons dans le ventre quand tu vois celui que tu aime ou que tu pense à lui. » « C'est aussi s'inquiéter pour l'autre ou chercher à faire attention à l'autre. Lui faire plaisir, par des petites attentions ou des plus grandes... » « Prendre soin de l'autre... » « Apprécier son contact, le chérir même plus que tout. » « Aimer sa présence, désirer l'autre aussi. » « C'est un ensemble de petites choses en fait. De sentiments que tu as pour une personne et qui sont plus fort encore que pour tout les autres. »
De nouveau, la jeune cavalière fit la moue.
« Mouais... Ben j'ai pas tout ça alors... Je m'inquiète pas tout le temps pour Siobhan déjà, jamais en fait. Il est jamais en danger au centre de soins... J'aime sa présence et tout, j'aime passer du temps avec lui... Et puis il est plutôt bon au lit mais... »
Elle haussa des épaules, incapable de formuler la suite. Myriam prit de nouveau le relais, avec une légère moue désolée.
« S'il y a un 'mais', c'est que quelque chose ne va pas... »
Izikel se contenta d'acquiescer vivement en sirotant son thé. De nouveau, la cavalière soupira.
« Bon, dans ce cas, je crois que je vais aller lui parler... Merci en tout cas ! »
Elle leur sourit et s'éclipsa en emportant sa tasse de thé avec elle. Le silence s'abattit sur le trio restant et Kwaïgon attendit de longues minutes avant de replié minutieusement son journal et de croiser les doigts sur la table. Il regarda Izikel puis Myriam longuement, avant de prendre une inspiration.
« Avoir des papillons dans le ventre en voyant l'autre ; prendre soin de l'autre ; s'inquiéter pour l'autre ; faire attention à l'autre ; chérir sa présence... Ça ne vous rappelle rien ? »
Myriam et Izikel échangèrent un regard mais le coréen ne leur laissa pas le temps de répondre et enchaîna.
« Je trouve que ça vous ressemble beaucoup. » « Je... Euh... » « C'est différent. Je connais Myriam depuis des années maintenant et... » « Autant que moi si je ne m'abuse. » « C'est différent quand même. » « Izikel c'est comme mon frère ! Enfin Kwaï... On s'aime oui mais c'est un amour fraternel ! » « Merci Myriam ! C'est exactement ce qu'elle a dit. » « Si vous le dites. » « C'est le cas Kwaï. Ce n'est rien d'autre. » « D'accord. Je ne suis pas là pour vous jugez, simplement, si je l'ai remarqué, d'autres l'ont fait également. Et si je ne suis pas sensible à cela, d'autre le sont. Tout le monde n'est pas comme moi : souvenez vous en. C'est simplement un conseil... » « Et il a été entendu. Merci Kwaï. » « Je vous aime bien, je ne voudrais pas que les gens se méprennent sur vous. » « Merci... C'est réciproque. »
Les deux hommes échangèrent un regard grave avant que le coréen ne s'éclipse à son tour avec sa tasse de thé. Myriam et Izikel restèrent un moment dans un silence de réflexion avant de reprendre le fil de leurs activités première... Des recherches pour Izikel et la contemplation de son entourage pour Myriam, accompagné de la récupération...
***
Calée dans son lit, le dos appuyé contre la tête de lit, l'éleveuse était plongée dans ses pensées. Les paroles de Kwaïgon l'avait un peu secouée et elle ne savait pas trop quoi en penser. Des rumeurs sur elle et Izikel circulaient-elles dans le groupe ? Non, ce n'était pas le genre du groupe, loin de là. Malgré tout, si Kwaïgon les avait mit en garde, c'est qu'il avait une raison de le faire : il n'était pas homme à faire les choses au hasard. Et la personne qui serait le plus touché par ce genre de rumeur, se serait Liam. Il fallait qu'elle en ai le cœur net, ou du moins, qu'elle mette les choses à plat avant que quelque chose ne puisse dégénérer, de près ou de loin. L'éleveur ne tarda pas à la rejoindre et s'installa à côté d'elle. Elle dût lui servir un regard étrange car il s'immobilisa au milieu d'un geste et la regarda avec inquiétude.
« Quelque chose ne va pas ? » « Je ne sais pas... Il faut qu'on parle de quelque chose. »
L'éleveur posa le livre qu'il s'apprêtait à ouvrir et se tourna pour faire face à sa fiancée.
« Je crois savoir ce que c'est. » « Ah oui ? »
Il eu un bref hochement de tête.
« Ale m'a fait presque innocemment remarqué que toi et Walig étiez vraiment proches. » « Oui... »
Elle allait poursuivre mais il leva un index et elle se tut. Il n'avait pas terminé apparemment.
« Je lui ai répondu qu'il n'y avait aucune inquiétude à avoir et que vous étiez proches parce qu'à chaque fois qu'il a vécu un truc vraiment moche, tu as été là pour lui tout de suite après. Que forcément ce genre de situation crée des liens très forts qui s'apparente même à de l'amour. Je pense d'ailleurs que s'en est mais sous une forme qui diffère un peu de ce qu'on a tendance à voir... N'ai-je pas raison ? »
La demoiselle eu un sourire et hocha doucement de la tête, posant une main sur sa joue rugueuse.
« Si tout à fait. » « Bon... Et puis c'est bien qu'il ai été là pour toi aujourd'hui. » « C'est vrai ! Et Lou et Siobhan ? Ils ont parlé ? » « Oui ! Je crois qu'ils ne sont plus ensemble, Lou a réintégrée ses quartiers en pavillon cavalier pro. »
La demoiselle fit une grimace alors que Liam confirmait en hochant de la tête, tout en se réinstallant. Il invita Myriam à venir contre lui d'un bras ouvert et c'est ce qu'elle fit, se calant contre son torse. L'éleveur reprit son livre et se plongea dans sa lecture un instant.
« Liam ? » « Mmmh ... ? » « Qu'est-ce que tu dirais de fin juillet ? » « C'est pas mal... C'est pas loin de mon anniversaire. » « J'irai voir le directeur pour voir ce qu'on peut faire... » « Mmmh... Tu me diras. » « Mmmh. »
Ils échangèrent un regard et sourirent avant que la jeune femme ne se réinstalle sur son épaule. Cette journée n'avait pas été très productive mais elle soulevait quelques questions : qui était l'inconnu que Kwaïgon haïssait tant ? Comment allait tourner l'ambiance dans la Team avec la séparation de Lou et Sio ? A quel point Kwaïgon leur cachait-il des petits secrets ? ... Trop de questions dont elle n'aurait pas les réponses ou du moins, pas dans l'immédiat...
Musique : [url=https://www.youtube.com/watch?v=LpcnU0Hnw-s&index=2&list=PLDfKAXSi6kUZczwycO8UcABjn-w3WJ_71]Playlist Downtempo[/url]
Épisodes précédents : [url=http://fullhorsev3.forums-rpg.com/t2056-one-team-one-goal-victory]One Team, One Goal : Victory[/url]</div> <div style="width: 450px; padding-top: 10px;"><img src="http://img15.hostingpics.net/pics/978821iconlili.png" style="height: 50px; width: 50px; border-radius: 100px; border-right: 5px solid teal;"/> <img src="http://img11.hostingpics.net/pics/910286iconizi1.png" style="height: 50px; width: 50px; border-radius: 100px; border-right: 5px solid dimgrey;"/> <img src="http://img15.hostingpics.net/pics/289711iconmimi.png" style="height: 50px; width: 50px; border-radius: 100px; border-right: 5px solid rosybrown;"/> <img src="http://img15.hostingpics.net/pics/548051iconlou.png" style="height: 50px; width: 50px; border-radius: 100px; border-right: 5px solid lightcoral;"/> <img src="http://img11.hostingpics.net/pics/173585sungkang020.png" style="height: 50px; width: 50px; border-radius: 100px; border-right: 5px solid purple;"/> <div style="font-family: 'Handlee'; font-size: 12px; color: black; text-align: justify;"><blockquote>Les paupières lourdes. Les oreilles bourdonnantes. Le malaise général. Malgré la lenteur de ses gestes, l'impression de courbatures dans tout son corps et l'irritation de sa gorge, la jeune femme était plutôt contente : sa tête ne la martelait plus et son nez n'était plus bouché. Elle pouvait respirer normalement et penser sans en subir d'atroces souffrances. Et comble du bonheur si cela était encore possible, lorsqu'elle ouvrit les yeux, la première chose qu'elle vit, ce fut Izikel, nonchalamment assit sur le fauteuil de lecture de Liam, endormi. Un rayon de soleil tombait sur lui, mettant en valeur ses traits fins. Il était apaisé quand il dormait ainsi, plus beau que jamais. L'ostéopathe ne put empêcher la vague de papillon parcourir son bas-ventre et rougit à cette idée. Depuis qu'elle l'avait rencontré elle ressentait une attirance particulière pour l'éthologue. C'était sans doute pour cette raison qu'elle le protégeait autant et était si attentive à ses besoins et ses états d'âme. Malgré tout, elle refusait catégoriquement de céder à cette pulsion purement physique -c'est ce dont elle essayait de se persuader également- et doutait fort que la réciproque soit la même. Elle détacha son regard de lui et soupira, fermant les yeux un instant, histoire de s'éclaircir les idées. Cela faisait deux jours qu'elle était clouée au lit à cause de ce maudit virus et elle commençait seulement à s'en remettre. Il était temps ! Quand elle ouvrit de nouveau les yeux pour regarder l'éthologue, il la fixait, soucieux. Le soleil touchait ses iris, les rendant presque translucide. Ce matin là il avait les yeux gris, très clair : il allait neiger, ou pleuvoir. Il avait cette capacité inconsciente d'avoir des yeux changeant, en fonction du temps. Une capacité qui servait chaque jour à Myriam mais qu'elle se plaisait à garder pour elle -même si elle ne doutait pas que d'autres l'ai remarqué. Elle sourit à l'éthologue et aussitôt, ses traits se détendirent. Il lui rendit son sourire, timide.
[color=dimgrey]« Bonjour belle au bois dormant. »[/color]
Elle rit et se redressa sur ses oreillers avec lenteur. Il lui était tout de même encore difficile de faire certains gestes.
[color=rosybrown]« On m'aurait menti ? Se serait toi mon prince charmant ? »[/color] [color=dimgrey]« Peut-être, qui sait ? »[/color]
Il rit doucement et s'avança, posant les coudes sur ses genoux. Il était un peu plus sérieux, mais un fin sourire flottait quand même sur ses lèvres.
[color=dimgrey]« Comment tu te sens ce matin ? »[/color] [color=rosybrown]« Mieux qu'hier. Comment se fait-il que tu sois là ? Tu n'as pas des chevaux à monter ? »[/color] [color=dimgrey]« Ne t'occupe pas de ce que je dois faire ou pas. Ça me regarde ça. Mais... J'avais une dette de veille à rendre. »[/color]
La jeune femme sourit, et il lui rendit son sourire. Quand il allait mal, elle était resté auprès de lui. Il lui rendait la pareille en ce frais matin de février.
[color=rosybrown]« Merci. »[/color] [color=dimgrey]« Tu te sens capable de te lever et de petit déjeuner ? »[/color] [color=rosybrown]« Et bien, on va essayer ! »[/color]
Elle entreprit de se lever tranquillement, soutenue par Izikel. Il craignait les chutes de tension du fait de sa faiblesse passagère et du peu d'aliments qu'elle avait ingurgité au cours de ces derniers jours. Elle se sentait faible et quelque peu tremblante, mais elle réussi à se mettre sur pied et prendre une douche. Moment d'ailleurs quelque peu gênant, à cause de la présence d'Izikel. Il resta en dehors de la salle de bain mais insista pour qu'elle laisse la porte ouverte, au cas où elle fasse un malaise sous la douche. Elle accepta cependant, sans broncher. Elle aurait fait la même chose pour lui, bien qu'elle trouve l'inverse moins gênant à vivre. Il dû tout de même l'aider à enfiler un pull et quand elle le passa enfin et qu'elle soupira, les cheveux en bataille, il ne put s'empêcher de rire, et elle aussi. Malgré la gêne, l'esprit bon enfant était toujours là. Il déposa un plaid sur ses épaules et l'entraîna jusqu'au salon du Manoir, dans une voiturette de golf. Elle pu constater qu'elle avait raison : des flocons commençaient à tomber tout autour d'eux...
[center]***[/center]
[color=rosybrown]« Alors ce nouveau au fait ? J'ai loupé son arrivée et tout... »[/color]
Emmitouflée dans le plaid que l'éthologue lui avait donné un peu plus tôt, un mug de bouillon dans les mains, enfoncée dans un fauteuil, la jeune femme observait Izikel, assit sur l'une des tables de travail du salon, non loin d'elle. L'ordinateur ouvert, penché sur des papiers, Myriam ne savait pas trop ce qu'il faisait mais il s'appliquait. A la question de Myriam, il se redressa et inspira, cherchant un instant ses mots.
[color=dimgrey]« Il est sympa ! Il s'entend bien avec Dean. Par contre, je crois qu'il ne fait pas l’unanimité dans le groupe... Ale nous a raconté que Louna avait été très surprise par son état physique et qu'elle est dans la retenu quand il est là... Logan et Lou sont également un peu circonspects... Liam se montre très sérieux avec lui. Ezra, Ale et Kwaï sont plutôt cool. Ils le comprennent parce qu'ils viennent du même monde... Enfin, pas du même monde mais... Enfin... Tu comprends... »[/color] [color=rosybrown]« Ils ont vécu des choses similaires... Ils ont tué. »[/color]
Elle avait dit cela presque dans un murmure. Une vérité grave dont elle venait seulement de prendre l'entière ampleur face au regard de l'éthologue. Un regard qu'elle ne lui connaissait pas ainsi. Un regard sombre, presque maléfique, mais empli d'une hantise qui le rendait trop vivant pour être méchant. [i]Ce n'est pas « Ils » que je devrait lui dire, mais « vous »...[/i] L'irlandais ne fit qu'acquiescer doucement sans répondre et se penchant à nouveau sur ses papiers. Myriam se remit à son bouillon, regardant par la fenêtre la danse des flocons blancs. Bercée par le crépitement du feu, le rythme régulier des touches de clavier et hypnotisée par la ronde infinie des flocons, la jeune femme s’endormit, blottie dans le plaid...
[center]***[/center]
Quand elle ouvrit les yeux, Kwaïgon les avait rejoint. Il était en face d'Izikel, lui aussi face à un ordinateur portable, les yeux plongé dessus. Quand elle croisa le regard d'Izikel, il lui sourit.
[color=dimgrey]« Bien dormi ? »[/color]
Elle lui rendit son sourire et acquiesça. Elle s'étira doucement et reporta son attention sur les deux hommes. Ils semblaient concentré à leurs tâches sans qu'elle ne sache ce qu'ils faisaient réellement. C'est Kwaïgon qui brisa le silence le premier.
[color=purple]« Tu as besoin de quelque chose ? Thé, chocolat chaud ? »[/color] [color=rosybrown]« Non rien merci... »[/color]
Il eu un bref hochement de tête avant de faire de nouveau face à son écran. La demoiselle le voyait d'où elle était. Une page internet était ouverte, présentant des statistiques. Dans un coin de l'écran, une barre de chargement progressait doucement. En bas, une conversation clignotante était ouverte. Il ouvrit la conversation, lu rapidement et répondit avant de se replonger dans ses statistiques. Izikel lui semblait faire des recherches. Des livres étaient ouverts à côté de lui. Il parcourait son ordinateur et prenait des notes, mais elle ne voyait pas son écran. Impossible de savoir ce qu'il faisait. Elle voulut les laisser travailler un moment mais la curiosité était trop grande et elle ne tint pas.
[color=rosybrown]« Qu'est-ce que vous faites tout les deux ? »[/color]
Ils échangèrent un regard durant quelques secondes et Izikel prit enfin la parole.
[color=dimgrey]« Je fais des recherches pour Insane, Arès et Kaiser... Et je réfléchis à quoi faire de Custom. »[/color] [color=rosybrown]« Quoi faire de Custom ? Tu ne veux pas le garder ? »[/color] [color=dimgrey]« Je ne sais pas... J'ai deux poulains qui arrivent là, plus Rise... Custom est super mais il n'y a pas le feeling que j'avais avec Finwë... Je pensais à le faire adopter ou le vendre... »[/color] [color=rosybrown]« C'est pas faux... Tu peux toujours en faire don au Haras sinon... Je suis sûre que les élèves seraient content d'avoir un cheval de son niveau dans les stalles ! »[/color] [color=dimgrey]« Aussi oui ! C'est à réfléchir... »[/color]
Il haussa les épaules, indécis. Il détestait se séparer d'un cheval.
[color=rosybrown]« Et tu trouves pour les autres ? »[/color] [color=dimgrey]« Oui ! J'ai de nouvelles pistes de travail intéressantes. C'est cool. »[/color]
Il eut un fin sourire et la jeune femme y répondit, avant de se tourner vers le coréen.
[color=rosybrown]« Et toi Kwaï, qu'est-ce que tu fais ? »[/color]
Avant de répondre, il prit le temps de se tourner vers la demoiselle. Il avait un visage neutre, comme à son habitude.
[color=purple]« Je vérifie les stats de mon réseaux et je redistribue les tâches. J’investis dans l'art et je fais aussi de la recherche d'informations en tout genre via le site des services secrets américains. Ils font parti des mieux fournis de ce monde. »[/color]
Izikel lâcha son stylo qui tomba mollement sur son carnet pour lever les yeux sur le coréen. Les deux cavaliers restèrent sans voie.
[color=purple]« Quoi ? Ne faites pas les étonnés. Tu m'as demandé, je te réponds Myriam. Vous savez que je réponds aux questions quand on m'en pose. »[/color] [color=dimgrey]« C'est vrai. Et c'est quoi comme business que tu gères ? »[/color] [color=purple]« Rien d'illégal si c'est ce que tu veux savoir. J'ouvre une galerie d'art à Tokyo et j'ai deux gars qui font de la prospection pour trouver des artistes. Je fais des recherches et des stats sur ce qui s'expose et se vend le mieux pour choisir au plus juste ce que je vais exposé, c'est tout. »[/color] [color=rosybrown]« Toi dans l'art ? C'est une facette qu'on ne te connaissait pas ! »[/color]
Le coréen eu un fin sourire et haussa des épaules.
[color=purple]« J'aime bien vous surprendre. »[/color] [color=dimgrey]« C'est le cas de le dire ! »[/color]
Ils rirent doucement avant de reprendre leur discussion, sur l'art cette fois. Et, chose étonnante, le coréen se montra plutôt prolixe... Yennefer avait-elle un effet bénéfique sur lui ? Ou était-il seulement passionné, ce qui le rendait bavard ? Au fond, Myriam ne le saurait jamais vraiment. Le coréen était si mystérieux. Elle avait l'impression de le connaître et la seconde d'après, il arrivait à leur prouver que c'était bien loin d'être le cas. Combien d'autres secrets leur cachait-il ? Combien d'autres facettes de sa personnalité gardait-il au fond de lui ? Seul le temps le lui révélerait... En encore... Même de cela, elle doutait... C'est sur ce genre de pensée que ses yeux se fermèrent une fois de plus et qu'elle perdit le fil de la discussion pour retomber dans les bras de Morphée.
[center]***[/center]
[color=purple]« ... Mais tu ne peux pas faire ça ! ... Parce que je te l'interdis ! C'est tout simplement hors de question. Et si tu t'avise encore une fois de m'appeler, je te jure que tu le regretteras ! ... Je te traite comme je veux ! ... Si ! Tu es une enfant et tu ne m'enlèveras pas cette idée de l'esprit. »[/color]
La voix du coréen était sèche et rude. On y ressentait toute sa colère ainsi qu'une haine profonde. Myriam ne savait pas à qui il parlait, mais elle espérait de tout cœur qu'il ne lui parle jamais à elle sur ce ton là. Il raccrocha violemment et lui jeta un coup d’œil. Instantanément, ses traits s'adoucirent et retrouvèrent leur neutralité habituelle.
[color=purple]« Izikel est parti faire du thé. »[/color] [color=rosybrown]« Oh... Il m'a prévu dans ses plans ? »[/color] [color=purple]« Je crois oui. »[/color]
Elle s'étira. Venant à peine d'ouvrir les yeux, elle n'avait pas remarqué la disparition de l'éthologue avant que le coréen ne lui fasse remarquer. Encore une fois, il avait prit les devant. Ou alors l'avait-il fait exprès dans l'espoir qu'elle oublie plus vite la conversation houleuse qu'il avait eu ? Le repos et les bons soins de l'éthologue lui avait fait reprendre un peu du poil de la bête et elle ne pu s'empêcher de poser la question qui lui brûlait les lèvres.
[color=rosybrown]« C'était qui au téléphone ? Si c'est pas trop indiscret... »[/color] [color=purple]« C'est indiscret. Mais ce n'était personne d'important. »[/color]
Son ton était sans appel : il ne dirait plus rien sur le sujet. Peut-être que c'était en rapport avec ses tout nouveaux investissements ? Mais la demoiselle en doutait... Plongée dans ses pensées, c'est le voix un peu boudeuse de Lou qui approchait du salon qui retint son attention. Elle attira également celle de Kwaïgon qui s'empressa de fermer son pc et le ranger dans sa sacoche.
[color=rosybrown]« Tu ne fais pas confiance à Lou ? »[/color] [color=purple]« Si, mais je n'ai pas envie qu'elle fouille dans mes affaires aujourd'hui. Un autre jour peut-être. »[/color]
Il sourit gentiment à Myriam, qui lui rendit son sourire. Elle comprenait. Lou était assez invasive dans ces moments là et à plusieurs reprises elle ne s'était pas gênée pour lire par dessus son épaule, ce qui agaçait le coréen assez fortement. Myriam se redressa dans son fauteuil, l'approchant également de la table, au moment où la chevelure rousse de la cavalière apparaissait à la porte. Elle portait une boite de gâteaux et était suivi de prêt par Izikel qui lui, portait un plateau comportant des tasses et une théière en train d'infusé un thé blanc. Il posa le tout sur la table et s'installa à sa place, adressant un sourire à Myriam, alors que Lou poursuivait son discours.
[color=lightcoral]« ... Tiens, c'est comme l'autre jour : il avait [i]toute[/i] son après-midi de libre et il a refusé de m'accompagner en trotting. J'aurais pu sortir d'un seul coup mes deux chevaux mais non ! Monsieur a préféré aller dormir ! C'est insensé ! »[/color]
Kwaïgon se plongea dans un journal japonais, qu'il déplia savamment, de façon à pouvoir voir tout le monde, tout en pouvant feindre de lire de façon convaincante. Izikel servit avec attention les tasses de thé, hochant la tête distraitement à l'attention de la rouquine pour lui faire comprendre qu'il suivait toujours la conversation. Myriam attrapa sa tasse et suivit le tout, avec un fin sourire sur les lèvres.
[color=dimgrey]« Mais tu sais, je crois qu'il est un peu comme ça... Casanier. C'est dans sa nature... »[/color] [color=lightcoral]« Ben il pourrait faire un effort ! On ne se voit pratiquement pas et quand je lui propose des sorties, il refuse ! C'est fatiguant à la fin ! »[/color] [color=dimgrey]« Alors dans ce cas, pourquoi tu reste avec lui ? Si vous ne vous entendez pas, pourquoi continuer ? »[/color] [color=lightcoral]« Ben... Je l'aime bien... »[/color] [color=dimgrey]« Tu l'aime bien, ou tu l'aime ? Il y a une différence Lou... N'est-ce pas Myriam ? »[/color]
Tous les regards se tournèrent vers elle, y comprit celui du coréen, qui était tout de même le plus discret de tous. Catapulté ainsi dans la conversation, l'éleveuse se retrouva prise au dépourvue, mais elle trouva assez vite ses mots.
[color=rosybrown]« Bien sûr qu'il y a une différence. Regardes, concrètement, j'aime bien Kwaïgon mais j'aime Liam. »[/color] [color=lightcoral]« Mais tout le monde [i]aime bien[/i] Kwaï'... Du concret se serait plutôt : tu [i]aime bien[/i] Walig et tu [i]aime[/i] Liam. Non ? »[/color]
Il y eu un moment de flottement durant lequel l'éthologue et l'éleveuse échangèrent un regard. Myriam s'en détacha avant que Lou ne puisse en tirer de conclusions hâtive -c'était trop tard pour le coréen par contre- et reprit la parole.
[color=rosybrown]« Ouais... On pourrait dire ça... »[/color] [color=dimgrey]« Mais ce n'est pas tout à faire juste. Remplaces moi par Logan par exemple plutôt. »[/color] [color=rosybrown]« En fait Lou la question, c'est surtout de savoir si tu es amoureuse de Siobhan ou pas. C'est bien ça le sujet ? »[/color] [color=dimgrey]« C'est exactement ça. »[/color] [color=lightcoral]« Ahh... »[/color]
La jeune femme fit la moue et plongea la tête dans ses mains, marmonnant dans sa barbe en même temps. Quand elle releva les yeux quelques secondes plus tard, elle soupira.
[color=lightcoral]« Je ne sais pas... Comment tu sais que tu es amoureuse ? Si il faut je ne l'es jamais vraiment été alors je ne sais pas faire la différence ! Bon, pas la peine de demander à Kwaï', il n'a pas de cœur lui. »[/color]
Le coréen rabattit un instant son journal pour planté le regard dans celui de Lou. Un instant, Myriam cru qu'il allait la contredire, mais il prit un air théâtral qui leur arracha un sourire à tous.
[color=purple]« Enfin ! Quelqu'un le remarque ! Il était temps ! »[/color]
Il se remit ensuite à lire -ou à faire semblant- laissant le regard de Lou se poser sur Myriam puis sur Izikel. Là encore, l'éthologue et l'ostéopathe échangèrent un regard avant que la jeune femme ne reprenne la parole.
[color=rosybrown]« Et bien, être amoureux c'est avoir des petits papillons dans le ventre quand tu vois celui que tu aime ou que tu pense à lui. »[/color] [color=dimgrey]« C'est aussi s'inquiéter pour l'autre ou chercher à faire attention à l'autre. Lui faire plaisir, par des petites attentions ou des plus grandes... »[/color] [color=rosybrown]« Prendre soin de l'autre... »[/color] [color=dimgrey]« Apprécier son contact, le chérir même plus que tout. »[/color] [color=rosybrown]« Aimer sa présence, désirer l'autre aussi. »[/color] [color=dimgrey]« C'est un ensemble de petites choses en fait. De sentiments que tu as pour une personne et qui sont plus fort encore que pour tout les autres. »[/color]
De nouveau, la jeune cavalière fit la moue.
[color=lightcoral]« Mouais... Ben j'ai pas tout ça alors... Je m'inquiète pas tout le temps pour Siobhan déjà, jamais en fait. Il est jamais en danger au centre de soins... J'aime sa présence et tout, j'aime passer du temps avec lui... Et puis il est plutôt bon au lit mais... »[/color]
Elle haussa des épaules, incapable de formuler la suite. Myriam prit de nouveau le relais, avec une légère moue désolée.
[color=rosybrown]« S'il y a un 'mais', c'est que quelque chose ne va pas... »[/color]
Izikel se contenta d'acquiescer vivement en sirotant son thé. De nouveau, la cavalière soupira.
[color=lightcoral]« Bon, dans ce cas, je crois que je vais aller lui parler... Merci en tout cas ! »[/color]
Elle leur sourit et s'éclipsa en emportant sa tasse de thé avec elle. Le silence s'abattit sur le trio restant et Kwaïgon attendit de longues minutes avant de replié minutieusement son journal et de croiser les doigts sur la table. Il regarda Izikel puis Myriam longuement, avant de prendre une inspiration.
[color=purple]« Avoir des papillons dans le ventre en voyant l'autre ; prendre soin de l'autre ; s'inquiéter pour l'autre ; faire attention à l'autre ; chérir sa présence... Ça ne vous rappelle rien ? »[/color]
Myriam et Izikel échangèrent un regard mais le coréen ne leur laissa pas le temps de répondre et enchaîna.
[color=purple]« Je trouve que ça vous ressemble beaucoup. »[/color] [color=rosybrown]« Je... Euh... »[/color] [color=dimgrey]« C'est différent. Je connais Myriam depuis des années maintenant et... »[/color] [color=purple]« Autant que moi si je ne m'abuse. »[/color] [color=dimgrey]« C'est différent quand même. »[/color] [color=rosybrown]« Izikel c'est comme mon frère ! Enfin Kwaï... On s'aime oui mais c'est un amour fraternel ! »[/color] [color=dimgrey]« Merci Myriam ! C'est exactement ce qu'elle a dit. »[/color] [color=purple]« Si vous le dites. »[/color] [color=rosybrown]« C'est le cas Kwaï. Ce n'est rien d'autre. »[/color] [color=purple]« D'accord. Je ne suis pas là pour vous jugez, simplement, si je l'ai remarqué, d'autres l'ont fait également. Et si je ne suis pas sensible à cela, d'autre le sont. Tout le monde n'est pas comme moi : souvenez vous en. C'est simplement un conseil... »[/color] [color=rosybrown]« Et il a été entendu. Merci Kwaï. »[/color] [color=purple]« Je vous aime bien, je ne voudrais pas que les gens se méprennent sur vous. »[/color] [color=dimgrey]« Merci... C'est réciproque. »[/color]
Les deux hommes échangèrent un regard grave avant que le coréen ne s'éclipse à son tour avec sa tasse de thé. Myriam et Izikel restèrent un moment dans un silence de réflexion avant de reprendre le fil de leurs activités première... Des recherches pour Izikel et la contemplation de son entourage pour Myriam, accompagné de la récupération...
[center]***[/center]
Calée dans son lit, le dos appuyé contre la tête de lit, l'éleveuse était plongée dans ses pensées. Les paroles de Kwaïgon l'avait un peu secouée et elle ne savait pas trop quoi en penser. Des rumeurs sur elle et Izikel circulaient-elles dans le groupe ? Non, ce n'était pas le genre du groupe, loin de là. Malgré tout, si Kwaïgon les avait mit en garde, c'est qu'il avait une raison de le faire : il n'était pas homme à faire les choses au hasard. Et la personne qui serait le plus touché par ce genre de rumeur, se serait Liam. Il fallait qu'elle en ai le cœur net, ou du moins, qu'elle mette les choses à plat avant que quelque chose ne puisse dégénérer, de près ou de loin. L'éleveur ne tarda pas à la rejoindre et s'installa à côté d'elle. Elle dût lui servir un regard étrange car il s'immobilisa au milieu d'un geste et la regarda avec inquiétude.
[color=teal]« Quelque chose ne va pas ? »[/color] [color=rosybrown]« Je ne sais pas... Il faut qu'on parle de quelque chose. »[/color]
L'éleveur posa le livre qu'il s'apprêtait à ouvrir et se tourna pour faire face à sa fiancée.
[color=teal]« Je crois savoir ce que c'est. »[/color] [color=rosybrown]« Ah oui ? »[/color]
Il eu un bref hochement de tête.
[color=teal]« Ale m'a fait presque innocemment remarqué que toi et Walig étiez vraiment proches. »[/color] [color=rosybrown]« Oui... »[/color]
Elle allait poursuivre mais il leva un index et elle se tut. Il n'avait pas terminé apparemment.
[color=teal]« Je lui ai répondu qu'il n'y avait aucune inquiétude à avoir et que vous étiez proches parce qu'à chaque fois qu'il a vécu un truc vraiment moche, tu as été là pour lui tout de suite après. Que forcément ce genre de situation crée des liens très forts qui s'apparente même à de l'amour. Je pense d'ailleurs que s'en est mais sous une forme qui diffère un peu de ce qu'on a tendance à voir... N'ai-je pas raison ? »[/color]
La demoiselle eu un sourire et hocha doucement de la tête, posant une main sur sa joue rugueuse.
[color=rosybrown]« Si tout à fait. »[/color] [color=teal]« Bon... Et puis c'est bien qu'il ai été là pour toi aujourd'hui. »[/color] [color=rosybrown]« C'est vrai ! Et Lou et Siobhan ? Ils ont parlé ? »[/color] [color=teal]« Oui ! Je crois qu'ils ne sont plus ensemble, Lou a réintégrée ses quartiers en pavillon cavalier pro. »[/color]
La demoiselle fit une grimace alors que Liam confirmait en hochant de la tête, tout en se réinstallant. Il invita Myriam à venir contre lui d'un bras ouvert et c'est ce qu'elle fit, se calant contre son torse. L'éleveur reprit son livre et se plongea dans sa lecture un instant.
[color=rosybrown]« Liam ? »[/color] [color=teal]« Mmmh ... ? »[/color] [color=rosybrown]« Qu'est-ce que tu dirais de fin juillet ? »[/color] [color=teal]« C'est pas mal... C'est pas loin de mon anniversaire. »[/color] [color=rosybrown]« J'irai voir le directeur pour voir ce qu'on peut faire... »[/color] [color=teal]« Mmmh... Tu me diras. »[/color] [color=rosybrown]« Mmmh. »[/color]
Ils échangèrent un regard et sourirent avant que la jeune femme ne se réinstalle sur son épaule. Cette journée n'avait pas été très productive mais elle soulevait quelques questions : qui était l'inconnu que Kwaïgon haïssait tant ? Comment allait tourner l'ambiance dans la Team avec la séparation de Lou et Sio ? A quel point Kwaïgon leur cachait-il des petits secrets ? ... Trop de questions dont elle n'aurait pas les réponses ou du moins, pas dans l'immédiat...
Le mois de février, sans le coréen, avait été plus rude que Myriam ne l'aurait imaginé. Liam avait été d'une humeur exécrable et tendu une bonne partie du mois après le départ de Kwaïgon, se déchargeant un peu sur l'équipe. Les seuls qu'il arrivait à épargner de ses remarques massacrantes étaient Izikel et Maël. Même elle n'y échappait pas. Elle avait bien essayé de lui faire cracher le morceau mais cela avait été en vain. Une grosse dispute les avait même séparer quelques jours durant lesquels elle avait partagé la chambre de l'éthologue. Une réunion explosive durant laquelle tout le monde avait fini par dire ses quatre vérités à Liam avait fini par calmer le jeu. Et dès lors qu'Ezra était apparu, un midi, en annonçant qu'il avait croisé Kwaïgon sur le seuil de sa chambre, le sourire et la bonne humeur était revenu sur le visage de l'éleveur. Personne ne savait ce qu'il se passait entre eux, mais c'était flagrant : il y avait quelque chose entre le coréen et l'éleveur. Toute l'après-midi avait ensuite été animée du murmure des rumeurs et hypothèses concernant l'absence du coréen. Il avait dit qu'il était parti au Japon pour raisons personnelles, mais il y était revenu avec un bagage surprise qui n'était autre que son apprentie à elle, Yennefer. Cela n'avait absolument pas échapper à Ezra, qui s'était empressé de leur partager la nouvelle. L'étonnement avait d'abord marquer la majorité du groupe avant que les premières prémices de taquinerie ne fusent. Les garçons étaient bien plus moqueurs entre eux que ne l'était les femmes de l'équipe. Toutes les cavalières s'accordaient même à dire que c'était une très bonne chose pour le coréen et qu'il le méritait bien... Et désespérait secrètement de pas être à la place de la polonaise. Ale et Ezra, qui avaient fini par réellement s'apprécier et s'entendaient comme larrons en foire, étaient les deux plus piquants dans leurs remarques. Liam défendait le coréen du mieux qu'il pouvait. Logan, Carter et Siobhan restaient assez neutres, étant ceux qui connaissait le moins bien le coréen. Izikel essayait aussi de le défendre. Après tout, avec Liam, il était celui qui le côtoyait depuis le début de leur aventure au Haras. Quand à Dean, il suivait Ezra et Ale de loin, participant autant à l’échafaudage de leurs hypothèses qu'au démantèlement de celles-ci. En l'espace d'une après-midi malgré tout, les jours sombres avaient été oublié, et l'esprit de camaraderie enfantine qui avait régner avant l'absence du coréen revint planer sur le groupe.
Kwaïgon avait mit un peu de temps à reprendre le rythme. Durant quelques jours après son retour, ils ne le virent pas au petit déjeuner de l'équipe. Il venait aux séances de cours collectifs, disparaissait ensuite à l'heure du déjeuner, pour enchaîner ses après-midi entre Eurodisney et Triss. Et pour le dîner, ils ne le voyaient pas non plus. Les occasions de le taquiner restaient donc rares, ce qui ne semblait pas lui déplaire, au contraire. Si Myriam ne le connaissait pas aussi bien, elle aurait pu croire qu'il les évitait -comme semblait le penser Ale. Mais elle savait que ce n'était pas le cas. Et elle savait aussi une chose : ce voyage l'avait quelque peu changé... Yennefer, dès son arrivée, avait provoqué un léger changement chez lui, le rendant un peu plus ouvert et chaleureux. Au retour de ce voyage, il paraissait désormais plus humain. Il restait fidèle à lui même, mais quelque chose dans son regard avait changé. Et Myriam était intimement persuadée que c'était en bien... Après une journée de travail particulièrement harassante et une réunion, Liam avait proposé au groupe d'aller dîner à l'extérieur. Pas mal avaient refusés. Neyla, après deux chutes dans l'après-midi, ne rêvait que de dormir. Lou et Logan avaient déjà prévu un cinéma, Siobhan était d'astreinte et Carter refusa gentiment la proposition, lui aussi ne voulant que retrouver son lit après cette journée difficile, même pour lui et Louna avait aussi quelque chose de prévu. Liam avait dû batailler ferme pour qu'Izikel accepte de venir et surtout, de laisser Cathy à sa nourrice et plus encore pour que Kwaïgon se joigne à eux. Le coréen avait espéré s'échapper après la réunion mais Liam ne le voyait pas de cet œil. Il avait même été jusqu'à aller chercher Yennefer dans l'élevage de Jeff pour lui demander son autorisation de lui enlever le coréen quelques heures. Il avait eu droit à un regard assassin de la part de Kwaï à son retour dans l'allée mais il avait obtenu ce qu'il voulait : qu'il vienne dîner avec eux. Keira garderait également un œil sur Maël en plus de Cathy, bien que le petit homme puisse passer quelques heures dans son dortoir avec ses copains sans provoquer de catastrophe.
Ils avaient décidé de prendre deux voitures. Kwaïgon prendrait bien sûr la sienne et Liam, la jeep de l'équipe. Les cinq hommes embarquèrent dans la jeep et Myriam accepta de monter avec Kwaïgon qui partait un peu la mort dans l'âme. Il aurait clairement préféré rejoindre la tranquillité de sa chambre mais il était assez bien élevé pour ne pas en faire part à Myriam. Elle grimpa sur le siège passager et attacha sa ceinture, souriant au coréen qui démarrait le moteur.
« Aller va ! Fais pas cette tête ! Ce n'est pas toi qu'on va manger ! »
Le coréen eu un léger sourire accompagné d'un soupir, se retournant pour partir en marche arrière.
« Connaissant les lascars, je n'en suis pas aussi sûr... »
L'ostéopathe ne put empêcher un petit rire. Il avait sans doute raison, les garçons ne pourraient pas se retenir de le bombarder de questions. Il allait devoir se montrer patient s'il ne voulait pas les rendre encore plus taquins. La Chevrolet s'engagea sur la route à la suite de la jeep, en silence.
« En tout cas ça te va bien. » « Quoi donc ? » « D'être amoureux. »
Le coréen tourna vers elle un regard mi-surpris, mi-sévère avant qu'un sourire en coin n’apparaisse sur son visage et qu'il repose les yeux sur la route. Il ne répondit rien cependant. Une chose au moins n'avait pas changé : aucune parole superflue avec lui.
« Comment s'est passé ce mois de février alors ? » « Difficilement... Liam a été d'une humeur massacrante après ton départ jusqu'à quelques jours avant ton retour... »
Le coréen hocha doucement de la tête, sans quitter la route des yeux.
« Une idée de la raison ? » « Non... Pas vraiment... »
Il avait secoué la tête de façon évasive et haussant doucement des épaules. Bien évidemment qu'il savait mais il ne dirait rien à la jeune femme.
« Et toi ? Comment s'est passé ton mois de février ? »
Un sourire malicieux sur les lèvres, elle croisa son regard et il ne pu empêcher lui aussi qu'un sourire ne se dessine sur ses lèvres.
« Riche en émotions. » « Et en découvertes ? » « Et en découvertes émotionnelles. » « Elle est entré plus loin dans ton monde que quiconque ne l'avait fait jusque là... » « Oui... Mais je n'arrive toujours pas à savoir si c'est en bien ou en mal. » « Pourquoi se serait en mal ? »
Une lueur inquiète passa dans le regard du coréen, qu'il chassa d'un soupir.
« Personne ne reste bien longtemps en sécurité à mes côtés. » « Je pense que tu te trompes... On est jamais plus en sécurité que lorsque tu es là, au contraire... »
Ils échangèrent un regard, auquel Myriam ajouta un sourire, mais elle savait que l'inquiétude resterait au fond du cœur du coréen. Ce n'est pas en quelques mots qu'elle arriverait à calmer ses craintes...
La Chevrolet ne tarda pas à se garer auprès de la jeep et ils prirent le chemin d'un restaurant dans lequel Liam leur avait réservé une table. Ils se joignirent au groupe en retrouvant le sourire, bien que Kwaïgon ait l'esprit un peu ailleurs. Ils s'installèrent à leur table -une table ronde en bois- et se penchèrent sur les menus, avec une certaine concentration. Mais une fois la commande passée, les premiers sourires moqueurs ne tardèrent pas à poindre sur les visages. C'est Alejandro qui lança les hostilités en premier, tapant doucement des deux mains sur la table, un sourire en coin et se laissant aller contre le dossier de sa chaise.
« Finalement on dirait bien que j'avais tord ! T'es pas sans cœur... »
Le coréen lui lança un regard noir mais s'abstint de tout commentaire.
« On le savait déjà qu'il avait un cœur Kwai ! T'es dur... » « Arrêtes un peu de le taquiner... Ça fait plaisir de te voir avec quelqu'un. » « C'est pas qu'on commençait à désespérer mais... » « On se demandait si t'étais pas gay. » « Ou asexuel... » « Ne les écoute pas ! C'est pas vrai. » « C'est juste des jaloux de toute façon... » « Ah ça pour être jaloux... » « Ooooh ! »
Le coach avait dit cela avec un sourire en coin. Le coréen s'était contenté d'un soupir, croisant les bras sur son torse et se laissant aller sur son dossier.
« Quoi ? Avouez qu'elle est pas mal Yennefer... » « Je ne répondrais pas à cette question. » « Oh Ezra... C'est pas parce que t'es accro d'Inna que t'es aveugle... » « De toute façon Ale, si on te retenait pas un minimum tu sauterais sur tout ce qui passe. » « Ah non ! Pas sur tout. J'ai mes limites... » « C'est vrai ça, j'avais oublié... » « Mais y'a pas un petit jeune qui te tourne autour d'ailleurs... ? »
Le coach prit de suite un air un peu plus renfrogné.
« Oui... Mais c'est juste pas possible... »
Son air d'enfant malheureux fit rire toute la tablée -même le coréen- et ils accueillirent leurs boissons avec gourmandise. Le repas se poursuivit sur le même modèle : des rires, des taquineries et des soupirs las du coréen. Malgré tout, au fil du dîner, il se détendait et répondait lui aussi par de petites taquineries. La conversation déviait d'un sujet à un autre avec fluidité, tout comme ils enchaînaient les plats... Bientôt cependant, la conversation reprit sur un sujet concernant directement le couple d'éleveur...
« Bon finalement, elle est posée cette date de mariage alors ? »
Liam et Myriam échangèrent un regard et un sourire, avant que l'éleveur ne prenne la parole.
« Fin juillet... Le vingt-deux plus exactement. » « La veille de ton anniversaire ? » « Oui. » « Ah ! Enfin on a une date ! » « Et vous avez choisi vos témoins ? » « Je pense oui. On s'est arrêté sur deux chacun mais ça pourrait être trois chacun... » « Trop d'hésitations ? » « C'est ça ! » « Et c'est qui alors vos témoins ? »
De nouveau, les deux fiancés échangèrent un regard et Myriam prit la parole cette fois, avec un fin sourire sur les lèvres.
« Et bien pour moi, ils le savent déjà mais... Se sera Izikel et Louna. » « Top ! Et toi Liam ? » « Et bien... Moi ils ne le savent pas encore mais... J'ai pensé à Reanna ; que la plupart d'entre vous ne connaissent pas mais elle est au Haras. Et... »
L'éleveur hésite, pousse un soupir et tourne finalement la tête vers le coréen.
« Et toi Kwaïgon. »
Le coréen resta interdit un moment, fixant longuement l'éleveur.
« Tu es certain de toi ? » « Qui mieux que toi pour garder le secret de notre mariage ? N'est ce pas le rôle du témoin que d'être le garant des vœux prononcés ? »
Ils se toisèrent un moment avant que le coréen n'acquiesce finalement.
« D'accord... Si tu le souhaite. » « Merci. »
Ils échangèrent un sourire et levèrent les yeux sur le reste de la table, dont toute l'attention s'était concentré sur cet échange. C'est Ezra qui poursuivit, avec curiosité.
« Vous allez faire un mariage civil et religieux ou que civil ? » « J'aimerais les deux mais Liam n'est pas trop pour le mariage religieux... » « Par contre, si vous faites un mariage religieux, je ne pourrais pas être ton témoin pour cette partie là. »
Liam hocha de la tête alors que d'autres furent plus étonné.
« Pourquoi ça ? » « Je ne suis pas de confession catholique. » « Ah ? T'es quoi ? » « Athé ? » « Non. Bouddhiste... »
Un « Oh... » surpris parcouru la tablée. Le coréen les regarda rapidement tour à tour avant de prendre un ton rassurant.
« Mais ça m'empêche pas d'être très honoré d'être le témoin de Liam et de répondre présent pour le mariage civil. » « Et heureusement, c'est bien tout ce que je demande... »
De doux rires parcoururent la tablée, faisant disparaître la surprise.
« Je suis pas sûr de vraiment croire au mariage... » « C'est à dire ? » « Je crois en l'amour mais... Le coucher sur un contrat... Je trouve ça pas très net... » « Ça perd de son charme ? » « C'est ça... » « Ouai mais ça a un côté pratique... » « Et sécurisant. » « Tu épouserais Yennefer pour ta sécurité ? » « Non... Pour la sienne. »
Le maréchal fronça des sourcils. Mais le coréen ne semblait pas trouver ses mots. Heureusement, Liam s'en chargea pour lui.
« Dans un couple, si tu n'es pas marié, aux yeux de la loi de très nombreux pays, s'il vient à t'arriver quelque chose, ton conjoint ne touche rien de ce qui a pu t'appartenir. Alors qu'avec un mariage et un contrat bien fait, tu peux mettre ton conjoint à l'abri, au moins financièrement parlant, à ta disparition. »
Le maréchal acquiesça et tourna de nouveau les yeux vers le coréen.
« Tu épouserais Yennefer seulement pour ça ? » « Non... Non, pas seulement pour ça. Mais... Si je prenais que mon côté rationnel et pragmatique en compte, se serait une des raisons qui pencherait le plus dans la balance. » « Mais heureusement pour Yen, on a découvert que Kwai n'avait pas qu'un côté pragmatique et rationnel mais qu'il éprouvait également des sentiments. »
Des sourires parcoururent la tablée alors qu'un serveur emportait une partie des assiettes. En attendant une série de cafés, Dean, Ale, Ezra et Izikel sortirent, certains d'entre eux voulant fumer une cigarette, et Myriam s'éclipsa pour faire une escale au petit coin. Liam attendit quelques minutes, soupirant, pour finalement se tourner vers le coréen.
« Tu voudrais épouser Yen ? Vraiment ? »
Le coréen prit une légère inspiration avant de répondre.
« Laisse moi encore quelques mois, voir une année, et on ira chercher une bague ensemble si tu veux. »
L'éleveur sourit, sourire auquel le coréen répondit avant de devenir de nouveau plus sérieux.
« Myriam m'a dit que le mois de février avait été un peu mouvementé... » « Tu avais raison... C'est un peu lourd comme secret. Et je me demande d'autant plus comment tu fais pour vivre avec tout ça... »
Le coréen pinça des lèvres, mais Liam reprit la parole avant qu'il n'ajoute quelque chose.
« Mais ça va mieux maintenant que t'es rentré. Je sais que je vais pouvoir en parler si ça va pas... Mieux vaut que j'explose devant toi que les autres... » « Oui en effet. » « Tu l'as vu ? Pendant ton séjour au Japon ? » « Oui. Elle ne va pas bien. Il ne faut pas qu'elle vienne dans son état... Elle fait une grave dépression. Et Izikel ? Il a l'air d'aller mieux. » « Oui. Il va de mieux en mieux ! Il est de nouveau aussi blagueur qu'avant, il regarde de nouveau ce qui se trouve autour de lui avec malice... Il est pas encore complètement sevré mais... Il arrive à prononcer son nom sans éclater en sanglot. D'ici quelques semaines ou mois, il pourra en parler. » « C'est une bonne chose. » « Oh oui ! »
Ils échangèrent un sourire et la conversation se clôtura là, sur le retour de Myriam et d'Izikel. Le sujet dévia à moitié sur les poulains et à moitié sur Cathy. Izikel avait réellement l'air plus enjoué et serein. Il surmontait son chagrin et remontait la pente et il le faisait avec brio. Izikel et Liam étaient plongés dans leur conversation et Myriam en profita pour se rapprocher du coréen, se penchant pour laisser sa tête reposer sur son épaule. Kwaïgon, les bras croisés sur son torse, ne broncha pas. La jeune femme se mit à murmurer. Plongé comme ils étaient dans leur conversation et de l'autre côté de la table, Liam et Izikel n'entendraient rien.
« Regardes comme ils sont beaux. »
Le coréen émit un petit rire.
« Ben, je préfère quand même les femmes mais bon... Si tu le dis. »
Myriam sourit, regardant un moment les deux hommes en silence avant de reprendre.
« Je suis contente que tu sois rentré. » « Mmmh... Moi aussi. » « C'est vrai ce mensonge ? »
Le coréen rit doucement à son tour.
« Oui c'est vrai. » « Alors arrête de te cacher. Tu nous manque. » « D'accord... »
La jeune femme se redressa et ils échangèrent un sourire, alors que le serveur apportait les cafés et que les garçons revenaient. Alejandro s'employa ensuite à raconter à Kwaïgon la réunion houleuse qu'ils avaient eu en y ajoutant force de dérision, ce qui arracha des sourires à tout le monde et rendit la scène bien moins marquante qu'elle ne l'avait été. Cependant, une pensée se retrouva confirmée dans l'esprit de la jeune femme. Quelque chose qu'elle avait déjà constaté mais dont elle n'avait pas encore eu la preuve... Malgré ce qu'il pensait, le coréen était bel et bien le ciment qui tenait les piliers de l'équipe debout... Et sans lui, le monde paraissait bien plus menaçant...
Épisodes précédents : [url=http://fullhorsev3.forums-rpg.com/t2056-one-team-one-goal-victory]One Team, One Goal : Victory[/url]</div><div class="sepbarre"></div><img src="https://s-media-cache-ak0.pinimg.com/originals/06/24/b0/0624b0e55e6eda656e3d191db22ae46c.jpg" style="width: 500px; opacity: 0.8;"/><div class="sepbarre"></div><div style="width: 500px; padding-top: 10px;"><img src="http://img15.hostingpics.net/pics/978821iconlili.png" style="height: 50px; width: 50px; border-bottom: 5px solid teal;"/><img src="http://img11.hostingpics.net/pics/910286iconizi1.png" style="height: 50px; width: 50px; border-bottom: 5px solid dimgrey;"/><img src="http://img15.hostingpics.net/pics/723027iconezra.png" style="height: 50px; width: 50px; border-bottom: 5px solid maroon;"/><img src="http://img15.hostingpics.net/pics/289711iconmimi.png" style="height: 50px; width: 50px; border-bottom: 5px solid rosybrown;"/><img src="http://img11.hostingpics.net/pics/173585sungkang020.png" style="height: 50px; width: 50px; border-bottom: 5px solid purple;"/><img src="http://img15.hostingpics.net/pics/781202iconale.png" style="height: 50px; width: 50px; border-bottom: 5px solid darkgoldenrod;"/><img src="http://img15.hostingpics.net/pics/357521icondean.png" style="height: 50px; width: 50px; border-bottom: 5px solid cornflowerblue;"/><div class="bloctext"><blockquote>Le mois de février, sans le coréen, avait été plus rude que Myriam ne l'aurait imaginé. Liam avait été d'une humeur exécrable et tendu une bonne partie du mois après le départ de Kwaïgon, se déchargeant un peu sur l'équipe. Les seuls qu'il arrivait à épargner de ses remarques massacrantes étaient Izikel et Maël. Même elle n'y échappait pas. Elle avait bien essayé de lui faire cracher le morceau mais cela avait été en vain. Une grosse dispute les avait même séparer quelques jours durant lesquels elle avait partagé la chambre de l'éthologue. Une réunion explosive durant laquelle tout le monde avait fini par dire ses quatre vérités à Liam avait fini par calmer le jeu. Et dès lors qu'Ezra était apparu, un midi, en annonçant qu'il avait croisé Kwaïgon sur le seuil de sa chambre, le sourire et la bonne humeur était revenu sur le visage de l'éleveur. Personne ne savait ce qu'il se passait entre eux, mais c'était flagrant : il y avait quelque chose entre le coréen et l'éleveur. Toute l'après-midi avait ensuite été animée du murmure des rumeurs et hypothèses concernant l'absence du coréen. Il avait dit qu'il était parti au Japon pour raisons personnelles, mais il y était revenu avec un bagage surprise qui n'était autre que son apprentie à elle, Yennefer. Cela n'avait absolument pas échapper à Ezra, qui s'était empressé de leur partager la nouvelle. L'étonnement avait d'abord marquer la majorité du groupe avant que les premières prémices de taquinerie ne fusent. Les garçons étaient bien plus moqueurs entre eux que ne l'était les femmes de l'équipe. Toutes les cavalières s'accordaient même à dire que c'était une très bonne chose pour le coréen et qu'il le méritait bien... Et désespérait secrètement de pas être à la place de la polonaise. Ale et Ezra, qui avaient fini par réellement s'apprécier et s'entendaient comme larrons en foire, étaient les deux plus piquants dans leurs remarques. Liam défendait le coréen du mieux qu'il pouvait. Logan, Carter et Siobhan restaient assez neutres, étant ceux qui connaissait le moins bien le coréen. Izikel essayait aussi de le défendre. Après tout, avec Liam, il était celui qui le côtoyait depuis le début de leur aventure au Haras. Quand à Dean, il suivait Ezra et Ale de loin, participant autant à l’échafaudage de leurs hypothèses qu'au démantèlement de celles-ci. En l'espace d'une après-midi malgré tout, les jours sombres avaient été oublié, et l'esprit de camaraderie enfantine qui avait régner avant l'absence du coréen revint planer sur le groupe.
Kwaïgon avait mit un peu de temps à reprendre le rythme. Durant quelques jours après son retour, ils ne le virent pas au petit déjeuner de l'équipe. Il venait aux séances de cours collectifs, disparaissait ensuite à l'heure du déjeuner, pour enchaîner ses après-midi entre Eurodisney et Triss. Et pour le dîner, ils ne le voyaient pas non plus. Les occasions de le taquiner restaient donc rares, ce qui ne semblait pas lui déplaire, au contraire. Si Myriam ne le connaissait pas aussi bien, elle aurait pu croire qu'il les évitait -comme semblait le penser Ale. Mais elle savait que ce n'était pas le cas. Et elle savait aussi une chose : ce voyage l'avait quelque peu changé... Yennefer, dès son arrivée, avait provoqué un léger changement chez lui, le rendant un peu plus ouvert et chaleureux. Au retour de ce voyage, il paraissait désormais plus humain. Il restait fidèle à lui même, mais quelque chose dans son regard avait changé. Et Myriam était intimement persuadée que c'était en bien... Après une journée de travail particulièrement harassante et une réunion, Liam avait proposé au groupe d'aller dîner à l'extérieur. Pas mal avaient refusés. Neyla, après deux chutes dans l'après-midi, ne rêvait que de dormir. Lou et Logan avaient déjà prévu un cinéma, Siobhan était d'astreinte et Carter refusa gentiment la proposition, lui aussi ne voulant que retrouver son lit après cette journée difficile, même pour lui et Louna avait aussi quelque chose de prévu. Liam avait dû batailler ferme pour qu'Izikel accepte de venir et surtout, de laisser Cathy à sa nourrice et plus encore pour que Kwaïgon se joigne à eux. Le coréen avait espéré s'échapper après la réunion mais Liam ne le voyait pas de cet œil. Il avait même été jusqu'à aller chercher Yennefer dans l'élevage de Jeff pour lui demander son autorisation de lui enlever le coréen quelques heures. Il avait eu droit à un regard assassin de la part de Kwaï à son retour dans l'allée mais il avait obtenu ce qu'il voulait : qu'il vienne dîner avec eux. Keira garderait également un œil sur Maël en plus de Cathy, bien que le petit homme puisse passer quelques heures dans son dortoir avec ses copains sans provoquer de catastrophe.
Ils avaient décidé de prendre deux voitures. Kwaïgon prendrait bien sûr la sienne et Liam, la jeep de l'équipe. Les cinq hommes embarquèrent dans la jeep et Myriam accepta de monter avec Kwaïgon qui partait un peu la mort dans l'âme. Il aurait clairement préféré rejoindre la tranquillité de sa chambre mais il était assez bien élevé pour ne pas en faire part à Myriam. Elle grimpa sur le siège passager et attacha sa ceinture, souriant au coréen qui démarrait le moteur.
[color=rosybrown]« Aller va ! Fais pas cette tête ! Ce n'est pas toi qu'on va manger ! »[/color]
Le coréen eu un léger sourire accompagné d'un soupir, se retournant pour partir en marche arrière.
[color=purple]« Connaissant les lascars, je n'en suis pas aussi sûr... »[/color]
L'ostéopathe ne put empêcher un petit rire. Il avait sans doute raison, les garçons ne pourraient pas se retenir de le bombarder de questions. Il allait devoir se montrer patient s'il ne voulait pas les rendre encore plus taquins. La Chevrolet s'engagea sur la route à la suite de la jeep, en silence.
[color=rosybrown]« En tout cas ça te va bien. »[/color] [color=purple]« Quoi donc ? »[/color] [color=rosybrown]« D'être amoureux. »[/color]
Le coréen tourna vers elle un regard mi-surpris, mi-sévère avant qu'un sourire en coin n’apparaisse sur son visage et qu'il repose les yeux sur la route. Il ne répondit rien cependant. Une chose au moins n'avait pas changé : aucune parole superflue avec lui.
[color=purple]« Comment s'est passé ce mois de février alors ? »[/color] [color=rosybrown]« Difficilement... Liam a été d'une humeur massacrante après ton départ jusqu'à quelques jours avant ton retour... »[/color]
Le coréen hocha doucement de la tête, sans quitter la route des yeux.
[color=rosybrown]« Une idée de la raison ? »[/color] [color=purple]« Non... Pas vraiment... »[/color]
Il avait secoué la tête de façon évasive et haussant doucement des épaules. Bien évidemment qu'il savait mais il ne dirait rien à la jeune femme.
[color=rosybrown]« Et toi ? Comment s'est passé ton mois de février ? »[/color]
Un sourire malicieux sur les lèvres, elle croisa son regard et il ne pu empêcher lui aussi qu'un sourire ne se dessine sur ses lèvres.
[color=purple]« Riche en émotions. »[/color] [color=rosybrown]« Et en découvertes ? »[/color] [color=purple]« Et en découvertes émotionnelles. »[/color] [color=rosybrown]« Elle est entré plus loin dans ton monde que quiconque ne l'avait fait jusque là... »[/color] [color=purple]« Oui... Mais je n'arrive toujours pas à savoir si c'est en bien ou en mal. »[/color] [color=rosybrown]« Pourquoi se serait en mal ? »[/color]
Une lueur inquiète passa dans le regard du coréen, qu'il chassa d'un soupir.
[color=purple]« Personne ne reste bien longtemps en sécurité à mes côtés. »[/color] [color=rosybrown]« Je pense que tu te trompes... On est jamais plus en sécurité que lorsque tu es là, au contraire... »[/color]
Ils échangèrent un regard, auquel Myriam ajouta un sourire, mais elle savait que l'inquiétude resterait au fond du cœur du coréen. Ce n'est pas en quelques mots qu'elle arriverait à calmer ses craintes...
La Chevrolet ne tarda pas à se garer auprès de la jeep et ils prirent le chemin d'un restaurant dans lequel Liam leur avait réservé une table. Ils se joignirent au groupe en retrouvant le sourire, bien que Kwaïgon ait l'esprit un peu ailleurs. Ils s'installèrent à leur table -une table ronde en bois- et se penchèrent sur les menus, avec une certaine concentration. Mais une fois la commande passée, les premiers sourires moqueurs ne tardèrent pas à poindre sur les visages. C'est Alejandro qui lança les hostilités en premier, tapant doucement des deux mains sur la table, un sourire en coin et se laissant aller contre le dossier de sa chaise.
[color=darkgoldenrod]« Finalement on dirait bien que j'avais tord ! T'es pas sans cœur... »[/color]
Le coréen lui lança un regard noir mais s'abstint de tout commentaire.
[color=teal]« On le savait déjà qu'il avait un cœur Kwai ! T'es dur... »[/color] [color=maroon]« Arrêtes un peu de le taquiner... Ça fait plaisir de te voir avec quelqu'un. »[/color] [color=dimgrey]« C'est pas qu'on commençait à désespérer mais... »[/color] [color=cornflowerblue]« On se demandait si t'étais pas gay. »[/color] [color=darkgoldenrod]« Ou asexuel... »[/color] [color=teal]« Ne les écoute pas ! C'est pas vrai. »[/color] [color=rosybrown]« C'est juste des jaloux de toute façon... »[/color] [color=darkgoldenrod]« Ah ça pour être jaloux... »[/color] [color=maroon]« Ooooh ! »[/color]
Le coach avait dit cela avec un sourire en coin. Le coréen s'était contenté d'un soupir, croisant les bras sur son torse et se laissant aller sur son dossier.
[color=darkgoldenrod]« Quoi ? Avouez qu'elle est pas mal Yennefer... »[/color] [color=maroon]« Je ne répondrais pas à cette question. »[/color] [color=dimgrey]« Oh Ezra... C'est pas parce que t'es accro d'Inna que t'es aveugle... »[/color] [color=cornflowerblue]« De toute façon Ale, si on te retenait pas un minimum tu sauterais sur tout ce qui passe. »[/color] [color=darkgoldenrod]« Ah non ! Pas sur tout. J'ai mes limites... »[/color] [color=maroon]« C'est vrai ça, j'avais oublié... »[/color] [color=teal]« Mais y'a pas un petit jeune qui te tourne autour d'ailleurs... ? »[/color]
Le coach prit de suite un air un peu plus renfrogné.
[color=darkgoldenrod]« Oui... Mais c'est juste pas possible... »[/color]
Son air d'enfant malheureux fit rire toute la tablée -même le coréen- et ils accueillirent leurs boissons avec gourmandise. Le repas se poursuivit sur le même modèle : des rires, des taquineries et des soupirs las du coréen. Malgré tout, au fil du dîner, il se détendait et répondait lui aussi par de petites taquineries. La conversation déviait d'un sujet à un autre avec fluidité, tout comme ils enchaînaient les plats... Bientôt cependant, la conversation reprit sur un sujet concernant directement le couple d'éleveur...
[color=cornflowerblue]« Bon finalement, elle est posée cette date de mariage alors ? »[/color]
Liam et Myriam échangèrent un regard et un sourire, avant que l'éleveur ne prenne la parole.
[color=teal]« Fin juillet... Le vingt-deux plus exactement. »[/color] [color=dimgrey]« La veille de ton anniversaire ? »[/color] [color=teal]« Oui. »[/color] [color=darkgoldenrod]« Ah ! Enfin on a une date ! »[/color] [color=maroon]« Et vous avez choisi vos témoins ? »[/color] [color=teal]« Je pense oui. On s'est arrêté sur deux chacun mais ça pourrait être trois chacun... »[/color] [color=dimgrey]« Trop d'hésitations ? »[/color] [color=teal]« C'est ça ! »[/color] [color=maroon]« Et c'est qui alors vos témoins ? »[/color]
De nouveau, les deux fiancés échangèrent un regard et Myriam prit la parole cette fois, avec un fin sourire sur les lèvres.
[color=rosybrown]« Et bien pour moi, ils le savent déjà mais... Se sera Izikel et Louna. »[/color] [color=maroon]« Top ! Et toi Liam ? »[/color] [color=teal]« Et bien... Moi ils ne le savent pas encore mais... J'ai pensé à Reanna ; que la plupart d'entre vous ne connaissent pas mais elle est au Haras. Et... »[/color]
L'éleveur hésite, pousse un soupir et tourne finalement la tête vers le coréen.
[color=teal]« Et toi Kwaïgon. »[/color]
Le coréen resta interdit un moment, fixant longuement l'éleveur.
[color=purple]« Tu es certain de toi ? »[/color] [color=teal]« Qui mieux que toi pour garder le secret de notre mariage ? N'est ce pas le rôle du témoin que d'être le garant des vœux prononcés ? »[/color]
Ils se toisèrent un moment avant que le coréen n'acquiesce finalement.
[color=purple]« D'accord... Si tu le souhaite. »[/color] [color=teal]« Merci. »[/color]
Ils échangèrent un sourire et levèrent les yeux sur le reste de la table, dont toute l'attention s'était concentré sur cet échange. C'est Ezra qui poursuivit, avec curiosité.
[color=maroon]« Vous allez faire un mariage civil et religieux ou que civil ? »[/color] [color=rosybrown]« J'aimerais les deux mais Liam n'est pas trop pour le mariage religieux... »[/color] [color=purple]« Par contre, si vous faites un mariage religieux, je ne pourrais pas être ton témoin pour cette partie là. »[/color]
Liam hocha de la tête alors que d'autres furent plus étonné.
[color=cornflowerblue]« Pourquoi ça ? »[/color] [color=purple]« Je ne suis pas de confession catholique. »[/color] [color=maroon]« Ah ? T'es quoi ? »[/color] [color=darkgoldenrod]« Athé ? »[/color] [color=purple]« Non. Bouddhiste... »[/color]
Un « Oh... » surpris parcouru la tablée. Le coréen les regarda rapidement tour à tour avant de prendre un ton rassurant.
[color=purple]« Mais ça m'empêche pas d'être très honoré d'être le témoin de Liam et de répondre présent pour le mariage civil. »[/color] [color=teal]« Et heureusement, c'est bien tout ce que je demande... »[/color]
De doux rires parcoururent la tablée, faisant disparaître la surprise.
[color=maroon]« Je suis pas sûr de vraiment croire au mariage... »[/color] [color=dimgrey]« C'est à dire ? »[/color] [color=maroon]« Je crois en l'amour mais... Le coucher sur un contrat... Je trouve ça pas très net... »[/color] [color=rosybrown]« Ça perd de son charme ? »[/color] [color=maroon]« C'est ça... »[/color] [color=darkgoldenrod]« Ouai mais ça a un côté pratique... »[/color] [color=purple]« Et sécurisant. »[/color] [color=cornflowerblue]« Tu épouserais Yennefer pour ta sécurité ? »[/color] [color=purple]« Non... Pour la sienne. »[/color]
Le maréchal fronça des sourcils. Mais le coréen ne semblait pas trouver ses mots. Heureusement, Liam s'en chargea pour lui.
[color=teal]« Dans un couple, si tu n'es pas marié, aux yeux de la loi de très nombreux pays, s'il vient à t'arriver quelque chose, ton conjoint ne touche rien de ce qui a pu t'appartenir. Alors qu'avec un mariage et un contrat bien fait, tu peux mettre ton conjoint à l'abri, au moins financièrement parlant, à ta disparition. »[/color]
Le maréchal acquiesça et tourna de nouveau les yeux vers le coréen.
[color=cornflowerblue]« Tu épouserais Yennefer seulement pour ça ? »[/color] [color=purple]« Non... Non, pas seulement pour ça. Mais... Si je prenais que mon côté rationnel et pragmatique en compte, se serait une des raisons qui pencherait le plus dans la balance. »[/color] [color=darkgoldenrod]« Mais heureusement pour Yen, on a découvert que Kwai n'avait pas qu'un côté pragmatique et rationnel mais qu'il éprouvait également des sentiments. »[/color]
Des sourires parcoururent la tablée alors qu'un serveur emportait une partie des assiettes. En attendant une série de cafés, Dean, Ale, Ezra et Izikel sortirent, certains d'entre eux voulant fumer une cigarette, et Myriam s'éclipsa pour faire une escale au petit coin. Liam attendit quelques minutes, soupirant, pour finalement se tourner vers le coréen.
[color=teal]« Tu voudrais épouser Yen ? Vraiment ? »[/color]
Le coréen prit une légère inspiration avant de répondre.
[color=purple]« Laisse moi encore quelques mois, voir une année, et on ira chercher une bague ensemble si tu veux. »[/color]
L'éleveur sourit, sourire auquel le coréen répondit avant de devenir de nouveau plus sérieux.
[color=purple]« Myriam m'a dit que le mois de février avait été un peu mouvementé... »[/color] [color=teal]« Tu avais raison... C'est un peu lourd comme secret. Et je me demande d'autant plus comment tu fais pour vivre avec tout ça... »[/color]
Le coréen pinça des lèvres, mais Liam reprit la parole avant qu'il n'ajoute quelque chose.
[color=teal]« Mais ça va mieux maintenant que t'es rentré. Je sais que je vais pouvoir en parler si ça va pas... Mieux vaut que j'explose devant toi que les autres... »[/color] [color=purple]« Oui en effet. »[/color] [color=teal]« Tu l'as vu ? Pendant ton séjour au Japon ? »[/color] [color=purple]« Oui. Elle ne va pas bien. Il ne faut pas qu'elle vienne dans son état... Elle fait une grave dépression. Et Izikel ? Il a l'air d'aller mieux. »[/color] [color=teal]« Oui. Il va de mieux en mieux ! Il est de nouveau aussi blagueur qu'avant, il regarde de nouveau ce qui se trouve autour de lui avec malice... Il est pas encore complètement sevré mais... Il arrive à prononcer son nom sans éclater en sanglot. D'ici quelques semaines ou mois, il pourra en parler. »[/color] [color=purple]« C'est une bonne chose. »[/color] [color=teal]« Oh oui ! »[/color]
Ils échangèrent un sourire et la conversation se clôtura là, sur le retour de Myriam et d'Izikel. Le sujet dévia à moitié sur les poulains et à moitié sur Cathy. Izikel avait réellement l'air plus enjoué et serein. Il surmontait son chagrin et remontait la pente et il le faisait avec brio. Izikel et Liam étaient plongés dans leur conversation et Myriam en profita pour se rapprocher du coréen, se penchant pour laisser sa tête reposer sur son épaule. Kwaïgon, les bras croisés sur son torse, ne broncha pas. La jeune femme se mit à murmurer. Plongé comme ils étaient dans leur conversation et de l'autre côté de la table, Liam et Izikel n'entendraient rien.
[color=rosybrown]« Regardes comme ils sont beaux. »[/color]
Le coréen émit un petit rire.
[color=purple]« Ben, je préfère quand même les femmes mais bon... Si tu le dis. »[/color]
Myriam sourit, regardant un moment les deux hommes en silence avant de reprendre.
[color=rosybrown]« Je suis contente que tu sois rentré. »[/color] [color=purple]« Mmmh... Moi aussi. »[/color] [color=rosybrown]« C'est vrai ce mensonge ? »[/color]
Le coréen rit doucement à son tour.
[color=purple]« Oui c'est vrai. »[/color] [color=rosybrown]« Alors arrête de te cacher. Tu nous manque. »[/color] [color=purple]« D'accord... »[/color]